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Sujet: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Mer 19 Oct - 20:34
Deux semaines s'étaient écoulées. Lentement, les blessures de Liam s'étaient refermées. Il avait du garder le lit pendant plusieurs jours, mais peu à peu son état s'était amélioré. Son état physique, du moins. Pour ce qui était du mental, tout restait très confus. Il ne savait plus où il en était. Il n'avait plus revu Emy depuis la dernière fois. Une fois, il l'avait aperçue de loin, alors qu'on la conduisait vers les cuisines et que lui se tenait à l'autre bout du couloir. Il était en train de discuter avec un groupe de rebelles. Mais, en la voyant, il s'était soudainement arrêté de parler, et arrêté de prêter attention à ce qu'on lui disait. Il ne l'avait vue que quelques secondes, le temps qu'elle passe la porte des cuisines. Mais cela avait suffi à raviver en lui toute la confusion qu'elle lui inspirait. Il avait la sensation que la brûlure ne l'avait jamais quitté depuis l'épisode de l'infirmerie. Mais, à son contact, à sa simple vue, tout se trouvait décuplé.
Il faisait machinalement tourner le verre qui était entre ses doigts, tandis qu'il prêtait une attention limitée à ce que se racontaient Curtis et Jack, installés autour de lui à table. Des dizaines de ces petites tables -parfois de véritables meubles récupérés à droite ou à gauche à travers la ville, parfois de simples planches posées sur des tréteaux fabriqués du mieux possible- étaient dispersées à travers la cour des miracles, et en occupaient presque tout l'espace. Autour de chacune d'elles étaient installés des rebelles, souvent un sourire aux lèvres, une assiette devant eux ou un verre à la main. Au centre de la grande salle voûtée, on n'avait volontairement rien installé afin que les quelques musiciens parmi les rebelles puissent faire danser la foule. Ce soir, on ne fêtait pas la victoire des rebelles sur la Milice. Mais on fêtait leur avancée, on fêtait l'ensemble de leurs accomplissements jusqu'ici. Ils étaient parvenus à s'emparer de plusieurs cargaisons stratégiques d'armes ou de nourriture -ce qui avait d'ailleurs rendu possible ce grand rassemblement- et avaient également contraint des familles entières à se réfugier dans la Pump Room en brûlant leurs appartements ; de quoi mettre en rogne les officiers de la Milice. Cerise sur le gâteau ? Cette semaine, aucun rebelle n'était mort. C'était une première ! Alors, le temps d'une soirée, on se réjouissait comme on le pouvait. Certains, bien sûr, n'avaient pas le coeur à faire la fête : leurs proches ne s'en étaient pas aussi bien sortis que les autres rebelles. On le voyait à leur regard triste, à leur morosité. L'ambiance générale n'était certainement pas à l'hystérie. Cependant, ce rassemblement aidait à maintenir l'espoir qui était si difficilement réapparu parmi les rebelles. Cette petite fête aidait à apporter un peu de chaleur, un peu de foi à tous ceux qui sentaient leur détermination vaciller. C'était compréhensible : cela faisait maintenant presque quatre mois qu'ils vivaient sous terre. Qu'ils survivaient, plutôt. Même si c'était toujours mieux que les cellules de l'Hôtel de ville, mieux que les tortures de la Milice, que de crever de faim ou que la potence ; cela restait tout de même difficile, au jour le jour.
- Et alors, où est-ce que tu as caché Beth, Liam ? Tu te la gardes pour toi tout seul, hein ? Ou alors, est-ce que c'est Grace qui t'intéresse ? Demandait Jack, enjoué car il n'en était plus à son premier verre, en jouant des coudes avec Curtis à qui il jetait un regard plein de sous-entendus. Liam leva les yeux de son verre pour regarder Jack, et il leva un sourcil. Il eut ensuite un semblant de sourire, mais pas réellement convaincant. - L'alcool te donne tellement d'imagination, mon bon vieux Jack ! Fit-il pour détourner ses questions, auxquelles il n'avait certainement pas envie de répondre de toute façon. Et, en disant cela, il attrapa la cruche de bière posée sur la table devant eux et en resservit au rebelle, qui accepta en riant.
***
Plongé dans la plus parfaite des obscurités, Liam ne distinguait rien autour de lui. Il fronça les sourcils, dérouté par ce grand vide. Il lui semblait entendre l'écho de sa propre respiration se répercuter sur des murs autour de lui. Son souffle n'était pas tranquille. Ses yeux, inquiets, cherchaient en vain quelque chose à quoi se raccrocher. Mais rien ne se démarquait du reste. Il était assis par terre. Sous ses doigts, le contact rugueux et humide de la pierre au sol lui fut désagréable. Son ventre se serra. Il avait l'impression de connaître cet endroit, mais n'arrivait pas à le replacer dans son esprit. Il avait l'impression que quelque chose compressait ses poumons, et l'empêchait de respirer convenablement. L'air était lourd, et une odeur nauséabonde lui prenait les tripes. Soudain, il y eut un craquement, puis de la lumière qui le força à plisser les yeux. Devant lui, quelqu'un venait de craquer une allumette. Il fut finalement capable d'identifier le lieu dans lequel il se trouvait : prisonnier entre trois murs et une large grille de barreaux en guise de quatrième, il n'eut plus aucun mal à reconnaître sa cellule. Et, devant lui, le visage de la personne qui se trouvait aussi dans sa cellule s'éclaira enfin, dans une cascade de cheveux roux.
- Joan ? Elle hocha la tête, alors que la lueur venant de l'allumette vacilla légèrement. Qu'est-ce que tu fais là ? - Et toi, Liam, qu'est-ce que tu fais là ? répondit-elle d'une voix lointaine. Son image flottait dans les airs, floue, livide, fantomatique. Je ne t'ai pas laissé pour que tu te retrouves ici. - Je sais... Mais je... - Alors qu'est-ce que tu attends ? le coupa-t-elle avec cette distance mystique qui caractérisait sa voix. - Je ne sais pas. Je ne sais pas qui je suis. Il y eut un silence, pendant lequel il baissa les yeux. C'est comment, de l'autre côté ? - Ce n'est pas à la mort que tu devrais t'intéresser. Il releva les yeux, mais l'allumette avait fini de se consumer, et l'image de Joan avait disparu. Il ressentit comme un souffle glacial, et il eut droit à un dernier murmure, sombre et lointain, prononcé dans un souffle. Tu es vivant, Liam. Alors réveille-toi...
- Liam ! Réveille-toi ! La voix de Bessy résonnait dans ses oreilles alors qu'elle lui secouait doucement l'épaule. Liam échappa finalement au monde des rêves. Il mit du temps à comprendre où il se trouvait, mais, en voyant le visage de Bessy, il se rappela qu'll était toujours allongé sur son lit, à l'infirmerie. Ah, c'est pas trop tôt ! Fit-elle en le voyant finalement émerger. Il ne faut pas que tu dormes trop : je maîtrise encore mal les doses d'anti-douleurs, alors il ne faudrait pas que tu ne te réveilles plus... - Très rassurant, fit-il dans une voix rendue pâteuse par le sommeil, mais en esquissant un petit sourire amical. Il croyait en l'aptitude de Bessy à être une bonne infirmière, et il ne se faisait pas de réel souci à propos de tout cela. Elle fit le tour du lit et se pencha sur les blessures de son torse, dont elle souleva quelques bandages pour observer directement les plaies. Liam était là depuis deux jours. - Ça cicatrise bien ! Elle a fait du bon travail, Emily. Tu as eu de la chance qu'elle soit dans le coin ! Quelle idée tu as eu de gigoter dans tous les sens, aussi, alors que tu es perforé de partout ! C'était dit sur le ton de la plaisanterie, avec cette intonation spécifique aux mères-poules qui couvent leurs enfants, mais Liam n'en sourit pas. Au contraire, son regard s'assombrit, et se perdit dans le vide. Bessy le remarqua, et posa une main sur son bras. Il la regarda, intrigué. - Ecoute, je ne sais pas qui elle est, et ce ne sont pas mes affaires. Mais... Sois prudent, Liam, c'est tout ce que je te demande. Des centaines de gens comptent sur toi. Ils ont mis leurs vies entre tes mains. Il hocha la tête, pas vraiment revigoré par sa tirade, mais il fit mine d'être convaincu. - Je ne voudrais pas les décevoir... Bessy eut un air triste, et se rendit compte du poids qu'il avait sur les épaules. Elle soupira doucement, et sa voix se fit plus basse, compatissante. - Tu mènes une vie infernale, n'est-ce pas ? Liam lui rendit son regard et eut un petit sourire rassurant, mais plein de fatigue. - Oui, mais c'est ce que j'ai choisi.
***
Il prit une gorgée de son verre, en jetant un regard sur l'assemblée qui se tenait dans la cour des miracles. Tout cela, c'était son enfer personnel. Il donnait toute son énergie à préserver l'ordre, à se battre, à établir l'égalité entre tous. Mais il manquait de repos, et plus la cause rebelle avançait, plus son âme se vidait. Toujours plus de morts, toujours plus de souffrance sur le visage des gens. C'était comme si cela ne finirait jamais. Il ne savait pas où était Beth pour la simple raison qu'il n'en avait rien à faire. Pareil pour Grace. En fait, Jack venait tout juste de lui faire comprendre qu'elle le convoitait, alors qu'il ne s'en était pas douté : il s'en moquait. Rien de tout cela n'avait d'importance à ses yeux. Quand bien même il l'aurait désiré, son coeur ne battait pas plus vite en leur présence. Il se contentait d'amener normalement son sang jusqu'à ses muscles pour pouvoir bouger, jusqu'à ses poumons pour pouvoir respirer. Et c'était tout ce qu'il faisait. Rien ne comptait, rien n'avait plus de saveur. C'était comme être plongé dans un profond silence ; dans une abîme sombre dont on ne distinguait pas les parois. Il s'y trouvait seul, et sans rien. Plongé dans le noir et dans l'oubli. C'était comme s'il avait laissé son âme ou son coeur prisonniers dans sa cellule. Comme s'il les avait oubliés sur place. Il n'y avait plus rien d'autre, à l'intérieur de lui, que les ténèbres.
Mais d'un coup, face à ses yeux, une allumette craqua : Emy, à l'autre bout de la pièce, venait d'entrer dans son champ de vision. Son regard se riva automatiquement à la seule source de lumière de son Enfer, et il la suivit des yeux. Ses prunelles, finalement capables de se rattacher à quelque chose, se firent ardentes et intenses, comme deux brasiers pointés dans sa direction.
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Jeu 20 Oct - 1:23
- Emily, tu es en train de le faire déborder. ... Emily !
Emy sursauta, comme subitement retombée sur terre. Rapidement, elle enleva son bras, au bout duquel se trouvait une cruche de bière. Devant elle, Noah lui lança un regard exaspéré. Elle ne faisait toujours attention à rien. Elle secoua la tête et s'excusa faiblement. Il lui fit un signe de la main pour lui indiquer que ce n'était rien et un sourire moqueur. Emy se dégagea de la table rapidement, car on l'appelait plus loin. Ses relations avec Noah s'étaient nettement améliorées, depuis un mois et demi. Ils n'étaient pas amis, mais il était l'un des seuls à lui parler plus ou moins normalement. C'était souvent lui qui l'accompagnait lors des trajets entre sa cellule et l'endroit où elle devait aider. Au début, ils ne se parlaient pas du tout, il ne se contentait que de la regarder d'un oeil mauvais. Mais petit à petit, le dialogue s'instaura, froid au début, puis se réchauffant au fur et à mesure. Il avait fini par se rendre compte qu'elle n'était pas l'ennemi à abattre, mais seulement qu'elle s'était trouvée au mauvais endroit au mauvais moment, ce qui avait tout fait basculer. De son côté, Emy avait pris conscience qu'il n'était pas qu'une brute qui voulait exterminer tous les aristocrates, même si ce portrait lui restait fidèle dans une certaine mesure. Désormais lorsqu'ils se voyaient, ils s'échangeaient deux ou trois paroles, rien de bien important. Mais aux yeux d'Emy, cela représentait quelque chose de considérable.
Un mois et demi qu'elle était ici. Qu'elle étouffait ici, plus exactement. Le mal qu'il l'avait habitée depuis qu'elle avait ouvert les yeux dans sa cellule ne l'avait pas quittée. Bien au contraire, il s’amplifiait davantage chaque jour, alors qu'elle se sentait dépérir. Car c'était cela : elle dépérissait dans cet endroit. Sans même compter la culpabilité qui la bouffait à chaque instant, être sous terre ne lui convenait absolument pas. Elle avait de fréquentes crises d'insuffisances respiratoires, que personne ne remarquait. La chaleur du soleil lui manquait. Sentir l'air frais sur son visage lui manquait. Ici, tout était noir et humide. Elle avait l'impression que d'autres démons s'étaient ajoutés à ceux qui l'habitaient déjà. Ce mal s'était accentué avec sa perte de moral. Peut être que si elle n'avait pas été aussi anéantie, elle supporterait mieux sa condition. Peut être que si elle ne se remémorait pas toutes les conversations qu'elle avait eues avec lui, ça irait mieux. Mais le fait était là : ces moments s'étaient réellement passés, et elle ne pouvait les occulter de sa mémoire. Depuis deux semaines, elle repensait à sa perte de contrôle, à l'infirmerie. Combien s'être ouverte lui avait fait du mal. On aurait pu croire qu'elle se serait sentie plus légère mais c'était l'exact opposé. Elle vivait depuis avec un poids encore plus pesant sur les épaules. Parce que tout ceci ne servait à rien, et qu'elle s'était personnellement infligé plus de peine en déballant ces sentiments de la sorte. Une fois, l'espoir - cet espoir qu'elle bannissait depuis de nombreux mois - s'était de nouveau emparé d'elle. C'était un matin, au réveil. Elle ne savait pas pourquoi elle l'avait ressenti, mais elle l'avait chassé aussitôt.
Elle n'avait plus été affectée à l'infirmerie depuis ce soir là, où elle avait explosé. Elle passait son temps aux cuisines. Le temps était long, et il lui semblait qu'elle se trouvait là depuis une éternité. Mais elle avait commencé à graver les jours sur l'un des murs de sa cellule. Un mois et demi. Cela ne faisait qu'un mois et demi. Le temps passait si lentement, ici. Elle pouvait le sentir s'insinuer en elle, et l'accabler encore plus. Elle avait beaucoup maigri, depuis qu'elle était enfermée. Non pas que les rebelles l'affamaient, mais elle perdait petit à petit l'appétit. Plus rien n'avait vraiment d'importance. Elle avait entendu parler de prisonniers qui se faisaient parfaitement à leur conditions, et qui s'adaptaient. Elle savait qu'elle ne pourrait jamais. Elle allait pourrir ici. Et pourtant, elle prenait sur elle. Elle faisait des efforts, pour se faire accepter, du mieux qu'elle le pouvait. Encaissant le fait d'être repoussée jour après jour, elle s'efforçait de discuter avec les gens qui l'entouraient, de les comprendre. Le plus souvent, ils la rejetaient en bloc. Mais de temps en temps, elle tombait sur des rebelles qui prenaient le temps de l'écouter, et de lui répondre. Ils n'étaient pas nombreux, mais ils étaient tout de même là, à lui offrir une mince lueur. Certains d'entre eux avaient même retenu son nom, et lui disaient bonjour lorsqu'ils passaient devant elle. Ce n'était pas grand chose mais pour Emy, c'était désormais lequel élément auquel se raccrocher pour ne pas s'effondrer. Elle avait beau être une personne forte et sûre d'elle, aucun être humain ne peut supporter ainsi l'isolement et la haine, surtout pendant un bon moment. Elle approcha de la table où on l'avait appelée.
- Emily ! Pourquoi tu ne te joins pas à nous ? Emy lança un regard à Dean, l'un de ceux qui lui parlaient le plus, lorsqu'elle n'était pas enfermée. - Tu sais bien que je ne peux pas. Pour appuyer ses dires, elle fit bouger les menottes qu'elle portait aux poignets, et qui ne lui avaient pas été enlevées pour la fête. Elle n'avait pas bien saisi le pourquoi de cette fête, d'ailleurs. Comme d'habitude, on ne lui avait rien dit, et elle ne savait donc pas s'il y avait réellement quelque chose à fêter, ou si ce genre de rassemblements étaient communs, dans la cour des miracles. - Ah, c'est donc elle la fameuse prisonnière dont tout le monde parle ! Emy, interloquée, leva un sourcil pour regarder l'homme qui venait de parler. Il semblait avoir une trentaine d'années, et brandissait son échoppe. - Et tu es ? Malgré son état mental, Emy avait tout de même décider de ne plus se laisser marcher sur les pieds. Si lui la connaissait, autant que ce soit réciproque !
Il lui répondit, mais elle ne l'écoutait déjà plus. Depuis quelques secondes, elle sentait qu'on l'observait. C'était étrange comme sentiment, mais elle avait eu la nette impression que des yeux s'étaient posées sur elle. Elle tourna la tête, et sa mâchoire se crispa légèrement. Elle le vit, au loin, assis à côté de deux hommes - dont l'un était celui qui avait parlé d'un tunnel, le jour maudit, elle s'en rappelait - et la regardait. Le regard d'Emy trembla légèrement, mais elle garda son air le plus neutre possible. Elle ne l'avait plus vu depuis qu'il avait atterri à l'infirmerie suite à une bataille. Elle n'avait même pas eu de ses nouvelles, pour savoir s'il était guéri ou non. Une fois dans un couloir, il lui avait semblé l'apercevoir, mais le temps qu'elle regarde avec attention, il avait disparu. Depuis, rien. Le vide. Elle savait qu'elle allait le voir ce soir, lorsqu'on lui avait dit qu'il y aurait une fête, elle s'y était mentalement préparée. Mais l'imaginer et le vivre étaient deux choses complètement opposées, et elle s'en rendait parfaitement compte, désormais. Elle ne le regarda pas longtemps, quelques secondes tout au plus, et détourna la tête pour reporter le peu d'attention qu'elle avait à l'homme, qui continuait à lui parler.
- Ce que je ne comprends pas, c'est comment tu t'es retrouvée ici, ma jolie. Il lui fit un clin d'oeil graveleux. J'ai entendu dire que tu étais une petite espionne. Se balançant légèrement sur sa chaise, il la regarda de la tête aux pieds, détaillant sans aucune discrétion son corps. Ces chiens de la Milice utiliseraient n'importe quel moyens pour nous faire craquer ! Il se mit à rire grassement, pendant qu'Emy serrait ses doigts si fort sur la anse de la cruche que ses phalanges blanchirent.
A la table de Liam, Curtis, hilare, regarda passer un groupe de filles, à qui il fit un clin d'oeil malicieux. Elle pouffèrent, et passèrent rapidement devant les trois hommes. Il passa alors son bras autour des épaules de Liam, et prit une voix basse, comme s'il voulait le mettre dans la confidence.
- Regarde les, elles se pâment d'admiration devant nous ! C'est de ces moments là dont il faut profiter, mon ami ! Qu'aurions nous s'il ne restait pas les filles et le rhum ? De son autre main, il but une gorgée de son verre, tout en riant gaiment.
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Sam 22 Oct - 0:44
Un instant, leurs regards se croisèrent, et alors ce furent de véritables flammes qui naquirent dans les yeux de Liam. Aucun des deux ne sembla ciller, pendant quelques secondes. Pendant ce court laps de temps, Liam n'entendit plus rien de ce qui se passait autour de lui. Pourtant, les musiciens avaient commencé à jouer, et quelques rebelles s'étaient mis à danser en riant.
- Regarde les, elles se pâment d'admiration devant nous ! C'est de ces moments là dont il faut profiter, mon ami ! Qu'aurions nous s'il ne restait pas les filles et le rhum ? En le prenant ainsi par les épaules, Curtis sortit Liam de ses pensées, et l'obligea à détourner le regard d'Emy. Liam vit alors le groupe de filles, que Curtis lui désignait, et qui pouffait encore de voir leurs deux icônes masculines discuter ainsi d'elles. Liam eut un bref sourire, plutôt par gentillesse envers son ami que par réel intérêt - son intérêt se concentrait à des mètres de là, à l'autre bout de la pièce - et il lui lança un petit regard, qu'il ne put empêcher d'être amusé. Curtis était un sacré personnage. Il faisait chavirer les coeurs, tourner les têtes et sourire n'importe qui. Liam se demandait parfois comment il faisait, pour aller ainsi de jupe en jupe sans se prendre une gifle entre temps. Oh, il devait bien y en avoir, quelque fois. Mais il devait bien se garder de le raconter à tout va, voilà tout. Histoire de garder sa réputation de tombeur intacte et sans bavure. Liam prit une gorgée de son verre, qui contenait du rhum, à l'instar de celui de Curtis. Il appuya ensuite son regard, pour le faire plus taquin et moqueur.
- Oh, je ne sais pas... Mais je suis bien plus exigeant que toi en matière de femmes, l'ami. Tu sauterais sur n'importe qui ! Fit-il dans un sourire moqueur et provocateur. Pourvu qu'elle creuse suffisamment bien à ton goût ! Ajouta-t-il, ce qui fit rire Jack, car il avait parfaitement saisi la métaphore. Jack tapa joyeusement dans l'épaule de Curtis, et Liam profita de ce moment pour chercher à nouveau ce qu'il l'intéressait des yeux. Lorsque son regard retrouva Emy, son visage se fit tout de suite beaucoup plus sérieux, et son expression devint parfaitement mystérieuse. Le verre à quelques centimètres des lèvres, il la fixait, et observait chacun de ses mouvements. Sans s'en rendre compte, il parla à voix basse. Bien plus exigeant... Il prit une nouvelle gorgée de son verre, sans jamais la quitter des yeux.
Elle parlait avec un groupe de rebelles. Des hommes attablés à quelques mètres devant. Ils étaient trop loin pour que Liam puisse entendre leur conversation. Il devait se contenter d'observer leurs gestes, leurs regards et leurs attitudes. Dans un premier temps, toute sa concentration resta focalisée sur Emy. "Il n'avait d'yeux que pour elle" est une expression qui sembla prendre tout son sens, alors qu'il occultait complètement tout ce qui l'entourait. Mais quelque chose dans son attitude, une sorte de tension, intrigua Liam sur la nature de la situation qu'elle était en train de vivre, et il commença alors à regarder également les hommes qui l'entouraient. Il vit notamment les regards qu'ils lui jetaient, cette façon qu'ils avaient de la dévorer des yeux, tout en la déshabillant du regard. Certes lui la fixait avec une intensité incomparable, mais c'était différent. Non... En quoi l'était-ce ? Il n'avait plus le droit de penser de cette manière, n'est-ce pas ? C'était fini, il l'avait dit lui-même. Cette réflexion lui fit baisser les yeux sur son verre, qu'il vida nerveusement. Il était ridicule. Son vide émotionnel lui retournait le cerveau, et lui faisait faire n'importe quoi. Mieux valait oublier sa présence, et continuer de faire la fête avec ses amis.
Mais la rébellion - toujours elle - finit par pointer le bout de son nez en lui, et le força à regarder à nouveau. Si, c'était complètement différent ! Lui la regardait parce que... Parce que c'était Emy. Mais ces rebelles qui la reluquaient... C'était comme s'ils observaient un morceau de viande. Ses doigts se resserrèrent autour de son verre, et sa mâchoire se crispa. Une ancienne rage remonta progressivement en lui ; une colère enfouie dans sa mémoire qu'il ne soupçonnait pas voir réapparaître un jour. Mais il n'y pouvait rien. Il n'aimait pas que ces hommes puissent espérer tirer avantage de la situation : en plus d'être une femme, elle se retrouvait ici en tant que prisonnière, et les rebelles faisaient comme si de fait, tout leur était permis. Les phalanges de Liam se crispaient sur son verre au fil des secondes. Le reste de son corps restait néanmoins parfaitement calme. Seuls sa main tendue, et ses yeux noirs et assassins dirigés vers les rebelles laissaient entendre qu'il était énervé. Enervé n'était même pas le bon mot. Mais ce qui se passait, sans qu'il sache exactement de quoi il s'agissait puisqu'il n'entendait rien de ce qu'ils se disaient, ne lui plaisait pas du tout. Il avait comme un élan soudain de possessivité à propos d'Emy. Comme si, d'un coup, il avait voulu être le seul à pouvoir la regarder. A pouvoir l'observer de loin, à pouvoir la brûler des yeux.
Mais, malgré cet élan, Liam resta assis à sa place. Sa raison ne l'avait pas encore complètement abandonné, et il savait qu'il serait totalement mal venu qu'il se lève soudainement pour aller arracher Emy à la vue de ces types, qui, en soi, n'avaient rien fait de mal. Surtout dans la situation actuelle. Alors il se contenta d'observer la scène de loin, pour voir ce qu'il adviendrait ensuite. Un moment, Jack s'adressa à lui, mais Liam ne le remarqua même pas. Tout en restant focalisé sur ce qui se passait du côté d'Emy, il essayait de comprendre ce qui se passait dans sa propre tête. Ses pensées étaient confuses, à nouveau. Serait-ce donc toujours le cas à présent, dès qu'elle serait dans les parages ? Il fallait croire que oui. En ce moment, Liam se sentait encore plus ardent que le brasier qu'avait été l'Hôtel de Ville.
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Lun 24 Oct - 23:15
A des mètres de là, Emy fixait le vide, les doigts toujours résolument serrés sur l'anse de la cruche. L'homme continuait à parler, tout en poursuivant l'analyse oculaire qu'il faisait d'elle. Elle ne supportait pas ce genre de comportement. Elle avait déjà remarqué que beaucoup de rebelles la fixaient, mais c'était souvent avec animosité, parfois avec dédain. Ce regard là, elle ne l'avait pas encore vu ici. A vrai dire, elle ne l'avait plus vu depuis de nombreux mois. Il lui rappelait le regard de ceux qui venaient au bordel, à Meryton. Qui ne pensaient qu'au sexe, qu'à se taper une fille et la laisser là, allongée tristement sur un lit. Elle revoyait les visages de tous ceux qui lui avaient lancé ce regard, un jour ou l'autre, et cela lui fit froid dans le dos. Elle n'écoutait absolument plus ce que disaient les hommes et sans un regard, elle partit de la table. Elle sentait qu'elle commençait à étouffer, et ce n'était pas bon. Elle alla aux cuisines, pour remplir la cruche qui s'était rapidement vidée. Elle remarqua alors que les stocks de nourriture étaient bien plus conséquents que ce qu'ils l'étaient quelques jours plus tôt. Elle trouvait ça louche. Où les rebelles s'étaient ils procuré toutes ses denrées ? Elle se doutait bien qu'elles ne leur avaient pas été données par des riches bien attentionnés, ils n'étaient que très rares, là haut. Alors où ? Cette question la frustra, et elle fronça les sourcils tout en remplissant sa cruche dans un baril. Elle finit par hausser les épaules. Elle ne le saurait probablement jamais, de toute façon.
Elle revint finalement dans la salle principale, et entendit que les musiciens avaient commencé à jouer de la musique. De nombreux rebelles s'étaient levés pour aller danser, tous ensemble. Emy s'appuya contre un mur, les bras croisés et sourit, sans s'en rendre compte. Ils avaient l'air moins tristes. Elle savait déjà que la musique apaisait, mais elle en avait la preuve sous les yeux. Un instant, elle fut tentée de regarder vers sa table, mais se retint au dernier moment. Cela était inutile, ça lui ferait plus de mal qu'autre chose. Elle se mordit les lèvres et reporta son attention sur le groupe de danseurs. Il était amusant de voir comme certains dansaient mal. Il n'était pas dans le caractère d'Emy de se moquer des autres, mais il y avait de quoi, pour une fois. Certains se dandinaient comme s'ils étaient attachés à un balais, d'autres se lâchaient complètement. Le contraste était intéressant. Elle vit même Bessy danser avec un jeune homme plutôt charmant, ce qui lui fit plaisir. Elle qui avait été à tant de bals - ennuyeux - depuis qu'elle était à Bath, il lui semblait que c'était de cette façon qu'une fête devait se dérouler, peu importe la raison pour laquelle était célébrée. Elle voyait les gens rire, boire, danser. Dans les bals, c'était à peu près la même chose mise à part que tout le monde se jugeait, là bas. C'était à celui qui était le plus riche, celle qui avait la plus belle robe. Ce comportement révulsait Emy. Ici, ils semblaient être tous frères, même si certains se méprisaient copieusement. Elle aimait cette ambiance, elle s'y retrouvait.
C'est alors qu'Emy vit devant elle le groupe d'hommes qu'elle avait servi plus tôt. Ils étaient toujours ensemble, ils dansaient. Dean lança un hochement de la tête en sa direction, pour la saluer. Elle lui répondit par un sourire. A ce moment là, l'homme de toute à l'heure, qui s'appelait Nick arrêta de danser, et commença à venir vers elle. Emy lança des regards de droite et de gauche, cherchant une échappatoire. Mais il était trop tard, il se tenait désormais droit devant elle, sentant l'alcool à plein nez. Elle n'avait eu donc d'autre choix que de rester appuyée contre le mur. Il en profita pour poser un de ses bras sur celui ci, presque penché sur elle.
- Alors, ma jolie, tu ne danses pas ? Emy leva un sourcil, l'air légèrement agacée. - J'ai déjà expliqué à Dean pourquoi je ne pouvais pas. De nouveau, elle tira sur ses menottes, histoire de lui rappeler qu'elle était prisonnière, et qu'elle était là pour faire le service, point. Nick se mit à rire grassement, alors qu'il n'y avait rien de bien drôle. - Exact, tu es une prisonnière ! Son air changea tout à coup, et il devint presque menaçant. Ces chiens de la Milice... Oui, ils croient qu'en nous envoyant des filles, on va leur tomber dans les bras ! Il approcha son visage d'Emy, qui essaya de reculer, mais qui ne put pas. Mais je vais te montrer, moi, comment on vous traite, vous autres raclures ! Il cracha sur le sol, alors qu'Emy eut une petite grimace de dégoût. Montrer ? Montrer quoi ? Elle réussit finalement à se dégager. - Non, ça ira. Je n'ai pas envie que vous me montriez quoique ce soit.
Finalement dégagée, elle commença à s'éloigner de lui, en direction du couloir qui menait aux cuisines. Elle n'avait pas vraiment envie de devoir supporter un homme ivre. Mais elle n'avait fait que quelques pas qu'il la rattrapa, tirant sur le fil qui reliait ses menottes avec une force qui n'était pas propre aux hommes souls. Emy eut un air surpris et paniqué.
- Mais lâchez moi ! Qu'est ce que vous me voulez à la fin ?! Elle ne le montrait pas, mais elle commençait à avoir peur. Tout cela ne lui disait rien de bon. Nick approcha ses lèvres de son oreille, provoquant un frisson de dégoût en elle. - Je t'ai dit que j'allais te montrer. Il se mit à tirer carrément Emy par les menottes, lui entaillant les poignets au passage, pour la faire entrer dans le couloir sombre. Le ton, l'attitude... Tout y était. Elle savait qu'il fallait qu'elle arrive à l'arrêter, sinon son compte était bon. Elle lança un regard paniqué derrière elle, mais ils dansaient tous. Ou alors, ils ne voulaient pas voir. Elle tirait en arrière, mais il avait plus de force qu'elle. - Ces chiens... Je parie qu'ils t'ont envoyée pour séduire un de nos chefs, hein ! Qui sait ce que tu leur aurais fait ?! Il s'arrêta brusquement, faisant perdre l'équilibre à Emy de plus en plus apeurée, et reprit son sourire graveleux. Mais tu peux toujours le faire avec moi... Au moins personne ne sera blessé ! Il se mit à rire alors qu'Emy se décomposait complètement. Ils étaient toujours dans la faible lumière du couloir mais bientôt ils pénétreraient dans l'obscurité et il serait trop tard, elle le savait. Une boule vint se former dans son estomac, et de nouveau sa respiration se fit saccadée. Elle sentait que le noir l'envahissait une nouvelle fois.
Curtis avait ri à la réponse de Liam, et lui avait répondu par une phrase hautement philosophique sur le fait de prendre du bon temps avec ce que la nature lui avait offert. La musique s'était alors lancée, et le groupe de filles vint près de leur table, les yeux tout débordant d'amour. Curtis s'était mis de nouveau à rire, avant de donner un petit coup de coude à Liam.
- Regarde faire le maître ! Il se leva alors, bras grand ouvert, en direction des filles. Alors mes jolies, on danse ? Les filles en étaient toutes chamboulées, et Curtis se tourna vers Liam pour lui faire un clin d'oeil complice, avant de retourner vers elles, dans un déhanché qui se serait voulu sexy.
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Mer 26 Oct - 23:53
- Regarde faire le maître ! Curtis avait une fois de plus ramené Liam à la réalité, et l'avait ainsi forcé à regarder dans sa direction. Alors mes jolies, on danse ? Liam rendit son regard complice à Curtis lorsqu'il se retourna vers lui. Il était amusé par le comportement de son ami, il faut bien le dire, en dépit du fait qu'il n'arrivait pas totalement à oublier la présence d'Emy à quelques tables de là. Pour l'instant, il ne la regardait plus. Lorsqu'il l'avait quittée des yeux, elle se tenait adossée contre un mur, en face du groupe de rebelles qui avaient commencé à danser sur la musique. Une vague de satisfaction était montée en lui lorsqu'il l'avait vue s'éloigner de la table de rebelles où on la regardait comme si on allait lui sauter dessus à la première occasion. Il prit une gorgée de rhum, le sourire aux lèvres, en voyant une fille se jeter littéralement au cou de Curtis, pendant qu'une autre râlait à côté, sous prétexte qu'elle l'avait vu en première. Il leva les yeux au ciel, alors qu'à ses côtés Jack riait grassement. Il manqua d'ailleurs s'étouffer avec une gorgée de bière, et Liam se tourna alors vers lui pour lui donner une grande tape dans le dos, histoire de faire glisser tout ça. Ce fut à ce moment-là qu'il lança un bref regard dans la direction où se trouvait Emy la dernière fois. Mais, à la place, il vit que le rebelle -comment s'appelait-il, déjà ? Ils étaient si nombreux !- s'était approché d'elle. Pire, il la prenait littéralement en sandwich entre lui et le mur dans le dos d'Emy. Liam fronça les sourcils et serra la mâchoire, immédiatement mécontent de ce qu'il voyait. Encore ce même élan de possessivité, d'exclusivité à propos d'Emy, ressurgit en lui. Il tapait toujours dans le dos de Jack, mais en fixant Emy et le rebelle des yeux avec animosité. Il était si peu concentré sur ce qu'il faisait que Jack dut finir par l'arrêter lui-même, car il ne s'étouffait plus depuis un moment.
- Oh, t'as ta tête des mauvais jours, toi ! fit Jack en plissant les yeux, suspicieux. Il tourna la tête pour essayer de suivre le regard de Liam, mais ce dernier détourna les yeux de la source de sa colère pour regarder Jack dans les yeux. - Oublie... Ce n'est rien. Répondit-il comme une justification, mais cela sonnait terriblement faux. Il termina son verre d'une traite, et tâcha de se re-concentrer sur les fabuleuses conquêtes de Curtis. Le groupe de filles riait, se trémoussait plus ou moins en rythme. Certaines lui lançaient des regards appuyés, d'autres n'avaient d'yeux que pour Curtis. Une, aussi surprenant que cela puisse paraître, couvait même des yeux ce bon vieux Jack ! Il finit d'ailleurs pas se lever au bras de la-dite demoiselle. Liam regardait les filles danser. Il faisait des efforts pour ne pas jeter encore un coup d'oeil plus loin, dans la direction d'Emy. Ce n'étaient pas ses affaires, même si cela le mettait hors de lui. Elle était grande et forte, elle saurait envoyer ce rebelle sur les roses. Puis elle reprendrait son service, tout naturellement. Il se répétait cela en boucle, tâchant de s'en persuader. Surtout, pas un regard vers elle. C'était fini, tout ça. Fini. Deux filles s'approchèrent de Liam et le tirèrent chacune par un bras pour le forcer à se lever. Il n'y mit pas un grand entrain, mais il se laissa entraîner. Mais il était incapable d'écouter ce qu'elles lui disaient. Allez... Juste un petit regard. Un dernier. Pour être sûr.
Mais là, plus rien. Immédiatement, tout son corps se tendit, sa mâchoire se crispa et, instinctivement, il se mit à la chercher du regard. Elle était là il y a encore quelques secondes ! Deux minutes à peine ! Il la chercha à travers toute la salle. Où était-elle passée ?
- Liam, qu'est-ce que tu cherches ? fit une des deux filles qui le tenaient toujours dans une petite moue, déçue de ne pas être son centre d'intérêt premier. Mais Liam ne répondit pas.
Il ne la voyait nulle part ! Et ce rebelle... Il n'était plus là non plus. Son regard faisait des allers-retours dans toute la salle. Sans prononcer le moindre mot, il se détacha -un peu brusquement, sans s'en rendre compte- des deux filles et commença à avancer dans la direction dans laquelle il avait vu Emy pour la dernière fois. C'était comme s'il répondait à un appel implicite, auquel il ne pouvait pas déroger. Son ventre était serré. Sa mâchoire crispée, ses yeux aux aguets. Ses prunelles inquisitrices et colériques lançaient des éclairs à quiconque avait le malheur de les croiser. Il bouscula quelques personnes et arriva finalement à l'endroit où elle se trouvait, mais où il n'y avait plus personne désormais. Il serra ses poings si fort qu'ils craquèrent. Si ce type avait ne serait-ce que pensé à la toucher...
Il tourna le visage, et vit le couloir qui menait aux cuisines, et qui était le plus proche. En apparences désert, et surtout mal éclairé. Sans plus attendre, il s'y engouffra à grands pas. Il ne lui fallut qu'une demi-seconde pour analyser ce qu'il vit une fois arrivé à leur hauteur. Ses yeux voyaient rouge dans la pénombre du petit couloir. Son regard fit un aller-retour entre les mains de l'homme -sur les menottes et bientôt le corps d'Emy- et le visage de celle-ci, terrifié et dégoûté. Il ne s'arrêta même pas pour annoncer sa présence. Non, au lieu de ça, son pas se fit plus pressant encore.
- Hé toi ! Alors que l'homme se rapprochait de plus en plus d'Emy, il se prit le poing serré de Liam en plein visage, ce qui le fit basculer en arrière et lâcher prise sur elle. Liam l'empoigna aussitôt par le col de sa chemise et l'éloigna du corps d'Emy. Il plaqua sans retenue le rebelle contre un mur du couloir, si fort et si haut que les pieds du rebelle décollaient un peu du sol. Liam le fusillait littéralement du regard. Sa voix avait des accents dégoûtés et méprisants. Il parlait avec une véhémence incroyable ; paradoxalement, il ne criait pas, ce qui rendait le tout plus terrible encore. Ah, je me souviens de toi... Nick, c'est bien ça ? Le rebelle, encore un peu désorienté par ce soudain retournement de situation, hocha la tête. Je crois que tu sais qui je suis, Nick, on va pas s'encombrer avec les présentations, qu'est-ce que t'en penses ? Les poings de Liam se resserraient toujours un peu plus sur le col de la chemise de Nick, dont on pouvait voir le visage blêmir au fil des secondes, même dans l'ombre. Alors écoute-moi bien... Liam rapprocha son visage du sien, pour lui cracher toute sa colère à la figure, toujours avec cette froideur inquiétante. Tu la laisses tranquille. Et c'est valable aussi pour tes petits copains, tu comprends ? T'as bien du voir qu'elle était pas d'accord. Et tu sais très bien de quoi je suis capable Nick, n'est-ce pas ? Alors tu laisses tomber. Si tu tiens à ce qui te sert de couilles, tu ne la touches plus jamais. Il resserra d'un coup ses poings, et Nick eut un petit sursaut, croyant qu'il allait se faire frapper. Le regard de Liam était sombre, plus imposant de seconde en seconde. Et sa voix atteignit finalement son paroxysme de menace et de froideur. Surtout, surtout quand je suis dans les parages.
- Mais ce n'est qu'une chienne d'espio- La fin de cette phrase, prononcée avec mépris et dégoût, resta étranglée dans la gorge de Nick : Liam venait de lui enfoncer son poing dans le ventre. Il le relâcha d'un coup et le laissa tomber au sol, où le rebelle reprit son souffle en toussant. Liam le regardait du haut de son mètre quatre-vingt-cinq avec un air de domination tout à fait intimidant. - Elle va causer ta perte, Liam, réussit à articuler Nick entre deux quinte de toux. - Dégage ! Cette fois, la voix de Liam s'était élevée dans les airs, impatiente, coléreuse, sans appel.
Nick se releva et déguerpit sans plus attendre, en titubant toutefois sur son départ. Liam le surveilla, les poings serrés, jusqu'à ce que son image se soit évanouie du petit couloir sombre. Mais, une fois seul avec Emy, la tension qui habitait son corps ne s'envola pas ; elle se contenta de se transformer. Il ne la regarda d'abord pas. Il ferma les yeux une secondes ou deux, pour étouffer sa colère. L'orage était passé, après tout... Mais au fond, il avait eu peur. Peur d'être arrivé trop tard. Et cette impression avait été atroce. Elle avait nourri toute sa colère avec une violence incroyable. Il tâchait désormais de ne pas laisser paraître à quel point il avait été inquiet. A quel point il aurait pu devenir fou, si jamais il était arrivé après que Nick a pu... Il ne voulait même pas se le formuler. Mais c'était déjà trop tard pour sauver les apparences, n'est-ce pas ? Il n'avait pas parlé énormément, mais il en avait dit bien assez pour éveiller les soupçons d'Emy. Il ne s'était pas contenté de préserver n'importe quelle prisonnière face à un débordement, ce soir. Il s'était montré beaucoup trop touché, beaucoup trop impliqué pour ne pas qu'elle en tire des conclusions, et elle aurait raison. Il s'était senti directement concerné par cet événement. Personnellement concerné. Au plus profond de lui-même, l'idée que quelqu'un puisse la toucher l'avait poussé à agir.
Finalement, il rouvrit les yeux. Il semblait plus calme, mais il restait tendu. Il tourna finalement son visage vers Emy, lentement, et releva progressivement la tête vers elle, ce qui fit que son regard glissa de ses pieds à sa tête. Il la regarda dans les yeux. Son regard disait « Je suis désolé », sa bouche ne dit rien. Lentement, il s'approcha d'elle. Sans toucher sa peau - il l'effleura par mégarde à cause de l'obscurité, et il ressentit comme une décharge électrique sous ses doigts - il prit ses menottes dans ses mains, et les lui retira avec la clé qu'il avait gardée sur lui. Il laissa tomber les menottes au sol en relevant les yeux de ses poignets blessés vers elle, pour plonger son regard dans le sien. Tout se faisait dans un silence tendu, comme suspendu dans les airs.
- Viens, murmura-t-il ensuite, dans une voix étrange. Étrangement douce, étrangement coupable. Et il glissa sa main dans la sienne, se brûlant au passage, pour l'entraîner dans les profondeurs des couloirs...
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Dim 13 Nov - 5:55
Le couloir se faisait de plus en plus sombre, et le bruit de la fête de plus en plus lointain. Emy avait beau tirer, lui dire de la lâcher, rien n'y faisait. Il ne la regardait pas, ne prenait pas attention à ses supplications. Il se contentait de la tirer de plus en plus fort, de plus en plus loin dans le couloir. La boule qui s'était formée dans son estomac se faisait de plus en plus lourde, oppressante. Pourquoi agissait il de la sorte ? Elle n'avait pourtant rien fait. Elle avait beau y réfléchir, elle n'avait rien fait. Rien qui puisse provoquer une telle réaction, du moins. Elle avait l'impression que le monde lui en voulait d'être ce qu'elle était, d'avoir le corps qu'elle avait. Ce corps qui semblait être destiné à être toujours un peu plus meurtri, sali. Il n'avait pas expliqué ce qu'il allait lui faire, mais elle n'était pas idiote. Elle avait reconnu dans sa façon d'être certaines attitudes qui ne trompaient pas. Elle qui se croyait si forte, si combative, qu'était elle, désormais ? Elle se laissait trainer de la sorte, par un homme qu'elle ne connaissait pas, et qu'il lui voulait obstinément du mal. Mais pourquoi ? Pourquoi devaient ils tous être ainsi ? Durant les long mois passé à attendre dans l'appartement de sa famille, on lui avait reproché à de nombreuses reprises d'être glaciale, en particulier avec les hommes. Et ils se demandaient encore pourquoi ? Outre le fait qu'elle était en attente de quelqu'un, qui occupait continuellement ses pensées, elle avait également cette attitude pour que plus aucun homme ne l'approche. Pour qu'ils arrêtent d'être ce qu'ils étaient toujours avec elle. Qu'ils arrêtent de la voir un objet à mettre dans leur lit, et rien d'autre. Parce que c'était ce dont il s'agissait, non ? Elle n'était que cela, un objet sexuel. Personne ne lui avait jamais donné une autre image d'elle même. Personne sauf Liam. Mais tout cela n'avait plus aucun rapport avec lui, désormais. Alors il ne restait plus que les autres. Tous les mêmes. Tous des bourreaux.
Cependant, malgré cette résignation qui s'était emparée d'elle, elle continuait à tirer, à tenter tant bien que mal de se dégager, même si cela ne servirait strictement à rien. Elle cherchait désespérément un moyen de le faire lâcher. Elle ne parlait même plus, criait encore moins. Sur son visage, toute l'horreur qui l'habitait s'installa en une seconde. Elle ne pensait plus à son masque neutre, ni plus à rien. Elle avait juste peur, et elle voulait qu'il arrête. Il n'y avait rien à faire. Rien du tout. Liam...
Hé toi ! Emy n'eut pas le temps de tourner le visage, ni de penser à quoi que ce soit, qu'elle vit le rebelle la lâcher, parce qu'il venait de se faire percuter de plein fouet. Elle reconnut Liam instantanément, et un sentiment indescriptible s'empara de tout son être. Elle ne l'avait pas entendu arriver. Elle avait juste senti un courant d'air passer lorsqu'il s'était jeté sur Nick. Elle restait statique, trop choquée pour faire le moindre mouvement. Elle assista à la scène, sans dire un mot. Elle vit Liam le plaquer violemment contre la paroi du mur. Ah, je me souviens de toi... Nick, c'est bien ça ? Je crois que tu sais qui je suis, Nick, on va pas s'encombrer avec les présentations, qu'est-ce que t'en penses ? Alors écoute-moi bien... Elle ne bougeait toujours pas, sonnée, perturbée. N'en croyant pas ses yeux. Elle l'avait appelé dans sa tête... Et il était apparu. Pourquoi ? Tu la laisses tranquille. Et c'est valable aussi pour tes petits copains, tu comprends ? T'as bien du voir qu'elle était pas d'accord. Et tu sais très bien de quoi je suis capable Nick, n'est-ce pas ? Alors tu laisses tomber. Si tu tiens à ce qui te sert de couilles, tu ne la touches plus jamais. Emy ne remarqua que vaguement que sa façon de parler avait décidément bien changé. Son coeur était serré et sa respiration toujours aussi saccadée. Il était si froid... C'était pire que de le voir en colère. Elle remarqua d'ailleurs que Nick était de plus en plus pâle. Elle le comprenait. Ses colères froides étaient pires que tout. Elle avait toujours ce sentiment qui l'envahissait, et qu'elle ne s'expliquait pas. Il y avait du soulagement. De la stupeur. Et quelque chose... Quelque chose qu'elle n'avait encore jamais réellement ressenti, jusqu'ici. Surtout, surtout quand je suis dans les parages. Les yeux d'Emy s'écarquillèrent légèrement dans la pénombre, alors qu'elle restait toujours obstinément silencieuse. De la protection. C'était un sentiment de protection qui l'envahissait. Elle se sentait protégée par lui. Elle sentait qu'il la mettait en sécurité. Pourtant... Ca avait toujours été le cas, non ? Alors pourquoi le ressentait elle aussi intensément, désormais ? Elle ne comprenait pas réellement le sens de ses paroles. Il y attachait tant d'importance ? Alors... Alors qu'il n'y avait plus rien ? Que c'était fini ? Pourquoi ? Il avait l'air de prendre tout cela tellement à coeur. Elle avait beau être choquée, elle pouvait le sentir, c'était une conviction qui s'était ancrée en elle. Il semblait si concerné... Mais peut être l'était il pour tout le monde, après tout. Ou alors peut être... Peut être que ce n'était pas fini.
Mais ce n'est qu'une chienne d'espio -. Emy sursauta devant la violence du coup que Liam venait d'asséner au rebelle. Elle le vit s'effondrer au sol, pris d'une quinte de toux. Elle va causer ta perte, Liam. Une fois de plus, ses yeux s'écarquillèrent, et elle eut un mouvement de recul léger. Si elle avait pu, elle aurait hurlé un "non" catégorique. Mais les mots restaient étranglés dans sa gorge. Elle gardait les yeux rivés sur la scène. Il n'avait peut être pas tord... Elle n'était qu'un poids inutile pour lui, après tout. Elle vit alors le rebelle déguerpir, après que Liam lui eut crié de dégager. Elle le suivit une seconde ou deux du regard, toujours choquée. Il lui lança un regard mauvais. L'un des plus mauvais regards qu'elle ait vu de sa vie. Elle reporta finalement son regard sur Liam, qui avait fermé les yeux. Elle le fixa, ne pouvant pas détourner les yeux. Tout son corps était tendu, et elle se rendit compte qu'elle tremblait. Elle le regardait, et essayait de le comprendre, mais il lui semblait qu'un mur invisible les séparaient. Il était venu. Elle avait pensé à lui, et la seconde d'après, il était là. Pourquoi ? Pourquoi ?! Tout ceci n'avait aucun sens, si c'était fini, alors pourquoi était il apparu subitement ?! Elle était dans un trouble profond. Finalement, il rouvrit les yeux. Emy le fixait toujours, et elle croisa donc son regard, qu'elle comprit immédiatement, sans se poser de question. Pourquoi semblait il si désolé ? Il n'y avait pas de quoi s'excuser. Il venait de la sauver. Il était venu à son secours, alors qu'elle ne le méritait aucunement. Lorsqu'il s'approcha d'elle, elle ne fit aucun mouvement, et même si son corps était tendu, elle se laissa faire lorsqu'il saisit ses mains. La peur était toujours là, mais elle s'était légèrement apaisée. Ses sourcils se levèrent lorsqu'il lui enleva ses menottes - qui lui avaient laissé des traces qu'elle garderait pendant de nombreux mois, tant leur profondeur était grande. Elle savait que cela ne signifiait pas qu'elle était libre. Mais elle se sentit tout de même soulagée. Elle leva un regard interrogatif vers lui, sans toutefois rien dire. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait vraiment pas.
Viens. Emy ressentit la brûlure habituelle qui la saisissait à chaque fois qu'ils se touchaient. Mais elle était encore trop en état de choc pour avoir une réaction quelconque. Comme pétrifiée, elle le suivit donc. Ils marchèrent ainsi quelques dizaines de mètres, jusqu'à ce qu'Emy finisse par reprendre un peu conscience. Elle eut un léger sursaut, puis s'arrêta, lâchant sa main. Son geste n'avait pas été brusque, ni dégoûté, mais plutôt doux. Elle prit son poignet droit dans sa main, se le massant discrètement. La pression qu'avaient exercée les menottes avait été intense, et la douleur qu'elle ressentait désormais l'était aussi. Elle resta silencieuse quelques secondes, le regard fixé sur le sol. Elle ouvrit finalement les lèvres, et se mit à murmurer.
- Pourquoi... D'un coup, elle releva le regard vers lui. Elle ne s'en était pas rendu compte, mais des larmes perlaient aux coins de ses yeux. Pourquoi es-tu venu à mon aide ? Cette question la bouffait depuis qu'il était apparu. Elle ne comprenait pas le sens de cette situation, ni la tournure des évènements. Elle ne comprenait pas pourquoi il était toujours là, alors qu'ils n'avaient plus rien à faire ensemble.
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Lun 14 Nov - 20:36
Liam l'emmenait à travers les couloirs, qui se succédaient dans un réseau compliqué de tunnels plus ou moins grands. N'importe qui ne connaissant pas ces chemins et se retrouvant seul ici s'y perdrait. Mais ce chemin-là, Liam aurait pu le faire les yeux fermés. Il ne réfléchissait pas réellement à l'endroit où il l'emmenait. Ce lieu s'était simplement imposé à lui, comme une évidence, et ses jambes avaient commencé à marcher. Il ne la regardait pas, gardant le visage bien droit et tourné face à lui, même s'il n'avait pas réellement besoin de regarder où il allait. Sa peau contre la sienne, au creux de leurs doigts joints, diffusait une chaleur particulière dans tout son être. Rien sur son visage ne le trahissait, car il faisait tout pour garder son air froid et distant. Cependant, il était particulièrement troublé. La tension dans ses épaules et dans sa mâchoire le prouvait. Bien qu'il agisse comme le maître de la situation, il ne savait pas ce qu'il faisait encore là. Il n'expliquait pas pourquoi il n'avait pas pu se retenir de partir à sa recherche en se rendant compte de son absence. Il ne comprenait pas. Quand il sondait son coeur, il n'y trouvait qu'un vide immense. Un chaos, ni plus ni moins. Comme une ville entière, rasée par la guerre, et dont il ne reste plus que des ruines. Et pourtant, il était là, avec elle. Indéniablement, sa présence et son contact provoquaient en lui des réactions physiques, et lui chamboulaient les idées. Cependant, il ne pouvait pas dire que son coeur battait la chamade. Il ne pouvait pas dire que son ventre se serrait, d'une manière à la fois douce et enivrante ; il ne pouvait pas prétendre qu'il se sentait libre avec elle, qu'il se sentait bien, complet, affirmé. Au contraire, être à ses côtés ne rendait son vide émotionnel que plus concret et plus inquiétant encore. Il se sentait mal à l'aise, comme s'il n'était pas à sa place. Et pourtant, il était là. Il n'avait pas réfléchi avant d'aller la trouver, cela avait été un automatisme. Ce qui le perturbait, était que cet automatisme, ce « réflexe » n'avait ressemblé en rien à une quelconque habitude qu'il aurait pu avoir autrefois. Il n'aurait jamais été capable de faire preuve d'une telle violence, auparavant. Ce n'était pas son amour qui l'avait mené jusqu'ici. Il n'y avait plus d'amour. Il n'y avait plus rien... En tout cas, l'amour de cette époque-là était mort. Sa cousine avait raison... Il était vraiment en train de perdre la tête. Alors qu'est-ce qui l'avait conduit jusqu'ici ? Sa mâchoire se serra un peu plus.
Ce qu'aurait pu faire Nick à Emy lui paraissait inacceptable, même dans l'état actuel des choses. Il ne pouvait pas supporter l'idée. Certains rebelles se croyaient vraiment tout permis avec les prisonniers et... Non, il n'arrivait même pas à se jouer sa propre comédie. Ce n'était pas ça qui l'avait conduit ici. Bien sûr, il aurait été question de quelqu'un d'autre, il serait intervenu également. Mais pas de cette manière-là, soyons lucides. Le regard perdu dans l'obscurité des couloirs, il sentit d'un coup la main d'Emy lui échapper, et il se tourna finalement vers elle, affrontant son regard après ces quelques minutes de distance. Sauf qu'elle baissa bientôt la tête, tout en se frottant le poignet. Liam baissa les yeux vers les blessures que les menottes avaient fait à ses bras frêles. Son visage était si fermé, si distant et impassible que c'en était effrayant. Mais la pénombre jouait en sa faveur ; elle dissimulait à la perfection ce que cette façade renfermait réellement. Voir ce corps blessé... Quelque part, seul Dieu sait où, cela le blessait aussi. Pourquoi ? C'était inexplicable. Et il ne laissait rien paraître, ce qui était encore plus étrange. Autrefois... Non ! Il fallait arrêter avec les « autrefois », avec les retours en arrière ! C'était fini ! C'était mort ! C'était... Terminé. Il ne ressentait plus rien... Rien n'expliquait sa présence ici. Et pourtant... Pourtant il était toujours là. « Pourquoi...»Rien dans son air ne le trahissait. Parfait, Liam, continue sur cette voie-là. Il fallait être à l'intérieur de lui pour se rendre compte du cataclysme qui y régnait, déchaînant tout sur son passage. « Pourquoi es-tu venu à mon aide ? »Ses pupilles se dilatèrent. Sa main, le long de son corps, se crispa dans les airs, alors que le scintillement des larmes d'Emy lui sauta aux yeux. Il ne savait pas quoi lui répondre...
- Je ne sais pas...
Qu'aurait-il pu dire ? Lui-même ne savait pas ce qui l'avait poussé dans sa direction. Quelque chose l'avait mené ici, c'était certain. Il y avait été obligé. Forcé par quelque chose d'invisible et d'absolu, quelque chose d'incontournable. Il avait eu peur de ce qui aurait pu arriver. Et il avait tellement méprisé ce type, ce type qui allait toucher son Emy !
Son... Son Emy ? Non ! Ce n'était plus... Si, au fond. C'était ce qui l'avait amené ici. Ce qui avait guidé sa colère, ce qui l'avait poussé à frapper, à la défendre. Il se rappelait, maintenant. De cette volonté qu'il avait eue, et qui l'avait poussé à survivre, lors des mois les plus sombres de son existence. Il ferait son bonheur. Il serait le seul à pouvoir l'atteindre. Lui. Seul. Il faut croire qu'aujourd'hui encore, quelque part, un peu de ça était resté. Différemment, sans doute. Mais en y réfléchissant bien, il n'aimait pas qu'elle puisse être avec quelqu'un d'autre, même si ça ne représentait aucun danger pour elle. Il n'aimait pas qu'elle puisse sourire à quelqu'un d'autre, se plaire avec quelqu'un d'autre... Alors que lui... Lui n'avait plus le droit à tout ça. Puisque que c'était fini. C'était tellement paradoxal ! Mais le fait d'avoir sous les yeux les marques de ce que quelqu'un d'autre que lui avait pu faire à son corps, cela lui faisait ouvrir les yeux. Il aurait voulu avoir un droit d'exclusivité sur elle, alors même qu'il ne ressentait plus rien pour elle. Détraqué. Totalement détraqué. Il ne voulait pas qu'elle puisse avoir mal. Sauf si c'était de sa propre initiative. Mais cela voulait-il dire qu'il souhaitait lui faire du mal ? Non. Le mal était déjà fait, n'est-ce pas ?
Seules quelques secondes s'étaient écoulées, dans le silence le plus total. Il la regardait dans les yeux. Pas froid, mais distant, irrémédiablement inatteignable. Tout prêtait à croire qu'il resterait immobile. Allait-il seulement lui répondre ? C'était peu probable, à voir son attitude. Mais il fit autre chose. Toujours son regard de marbre, comme éteint, dans le sien, il tendit la main vers son visage, et essuya une larme qui avait réussi à couler de ses yeux. Et il ne s'arrêta pas là. Il tendit ses mains jusqu'à ses poignets, qu'il prit avec une précaution qui était à l'extrême opposé de la violence dont il avait fait preuve avec Nick, et il laissa glisser tout doucement son pouce le long des traces de blessures.
- Parce que je ne voulais pas te laisser entre d'autres mains que les miennes. Sa voix, honnête, claire, brisa le silence. Il se pencha un peu vers elle, pour mieux la voir dans la pénombre. Je t'emmène respirer. Sur ce, il l'entraîna à nouveau à sa suite. Sa voix n'avait pas trahi d'inquiétude ou de trouble particulier, elle avait été simple, franche. Ils allèrent à travers les couloirs, changèrent quelques fois de trajectoire, montant toujours plus vers la surface.
Ils s'arrêtèrent finalement face à ce qui ressemblait à un mur. Mais Liam lâcha Emy, et posa ses deux mains sur la pierre jusqu'à la repousser un peu en arrière, suffisamment pour laisser un passage entre les deux pans du mur. L'air frais s'engouffra à l'intérieur du tunnel. L'air de l'extérieur. Liam, dos au trou dans la roche, fit face à Emy et attrapa sa main pour l'entraîner avec lui au dehors en reculant, ce qui lui permettait de garder ses yeux rivés sur elle. Comme il sortit de la roche le premier, Emy put voir la lueur pâle de la lune et des étoiles se refléter progressivement sur la silhouette de Liam. Le ciel était dégagé. Lorsqu'Emy fut à découvert à son tour, Liam lâcha ses mains doucement. Le faible clapotis de la fontaine, le vent dans les buissons qui formaient le labyrinthe, voilà les seuls choses qui brisaient la quiétude. Ils étaient seuls au milieu de la nuit. Liam jeta un regard aux astres.
- C'est mon endroit préféré. Il rabaissa lentement son visage vers Emy. Pour la première fois depuis son arrestation, il la voyait dans une autre lumière que celle, lugubre, des bougies des Catacombes. Ses cheveux bruns détonnaient sur sa peau de porcelaine. Je ne veux pas être ton ennemi.
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Lun 14 Nov - 22:53
Toute cette situation échappait complètement à Emy. Elle qui d'habitude se félicitait d'être d'une clairvoyance exceptionnelle, quand elle le voulait bien, voilà que désormais tout perdait son sens. Depuis quelques semaines, elle s'était fait une raison. La réalité ne lui plaisait certes pas, et elle se sentait plus détruite qu'autre chose mais au moins, elle avait des bases. Quelque chose sur quoi s'appuyer. Des certitudes qui l'aideraient, peut être, à avancer, lorsqu'elle l'aurait décidé. Il était vrai qu'elle était dans un état végétatif avancé depuis qu'on l'avait jetée derrière les barreaux, mais parce qu'elle le voulait bien. Elle pouvait se plaindre, mais elle ne pouvait pas nier l'évidence. Elle se raccrochait à ce qu'elle avait, ses souvenirs, ses sentiments, pour ne pas avancer. Pour rester telle qu'elle était. C'était tellement pratique ! Alors oui, elle déprimait. Oui, elle se laissait complètement aller. Mais elle avait l'impression que c'était la meilleure chose à faire. Elle l'avait déjà expliqué, quelques jours auparavant. Si lui pouvait avancer, elle en était incapable. Elle ne pourrait jamais porter ce poids seul, et elle le savait. Mais elle ne pouvait pas non plus avancer avec lui, car tout cela était désormais terminé. Alors, la seule alternative qui lui restait était de rester dans cet état. Et toute cette façon de penser reposait sur une idée solide, une idée qu'il lui avait profondément enfoncée dans le crâne et dans le coeur. Il ne l'aimait plus, c'était fini. C'était dur, mais elle savait qu'elle devait se baser là dessus. Mais maintenant... Le comportement qu'il venait d'avoir remettait sérieusement en cause les faibles racines qu'Emy possédait désormais. Une fois de plus, il l'avait chamboulée au point qu'elle dusse se remettre totalement en question, une fois de plus. C'était exagéré, elle le savait. Mais le choc qu'elle venait d'avoir avait tendance à laisser son excessivité s'épanouir. Elle aurait voulu se faire croire que ce qui venait de se passer n'était qu'un évènement anodin, qu'il ne voulait rien dire. Qu'elle n'avait même pas à lui demander pourquoi, comme elle venait de le faire. Mais au fin d'elle, une petite voix lui soufflait que non, ce n'était pas anodin. Non, ce n'était pas rien. Alors qu'était ce ? Allait elle devoir s'accrocher à d'autres racines ?
Droite, la respiration toujours légèrement saccadée, elle le fixait désormais, attendant une réponse. Elle qui était plutôt du genre à faire profil bas dans ce genre de situation, surtout maintenant, ne pouvait rester sans explication. Elle en avait désespérément besoin, pour savoir comment se reconstruire. Elle ne pouvait plus rester sans idée fixe à laquelle se raccrocher. Parce que c'était tout ce qu'elle avait, désormais. Elle se mordit intérieurement les joues. Il avait l'air si distant, si neutre, alors que quelques minutes à peine auparavant elle avait pu lire la colère dans ses yeux. C'était donc ce à quoi elle avait à faire face, désormais ? De la distance ? Elle pourrait s'y faire, elle le savait. Elle n'avait pas le choix, de toute façon. Elle s'était elle même ordonné de rester en retrait. Le simple fait qu'elle soit là était une énorme erreur. Alors, si elle n'avait droit qu'à de la neutralité, elle s'y ferait. C'était mieux que rien, même si cette distance la consumait. « Je ne sais pas... » Troublée, elle fronça les sourcils. Cette réponse ne lui convenait pas. Elle dissimula cependant son trouble d'une main de maître. Ce n'était pas une réponse, ça ! Elle voulait des mots concrets, une explication claire et précise ! Si lui même ne savait pas, alors comment ferait elle, elle ? Non, c'était impossible. Il devait forcément savoir pourquoi il était venu. On ne l'y avait pas forcé, après tout. Elle ne comprenait plus rien et son trouble s'agrandissait de seconde en seconde. Au fond d'elle même, elle savait que la réaction violente qui se déroulait en elle résultait du fait que, dans un ultime élan d'espoir, elle s'était attendue à quelque chose d'autre. Quoi, elle ne savait pas, mais quelque chose qui aurait pu lui faire chaud au coeur. Ca aurait pu être n'importe quoi, elle s'en serait contentée. Mais qu'il ne sache pas... Même avec tous les efforts du monde, elle ne pouvait pas se suffire de cela. Cependant, elle allait devoir jouer la comédie, même si elle n'en avait pas envie. Prétendre que tout cela ne l'atteignait pas. Qu'elle n'avait pas mal.
Elle ne s'était pas encore rendue compte que le malêtre qui l'habitait commençait à se montrer à l'extérieur. Aussi, elle ne se rendit compte qu'elle pleurait que lorsque Liam tendit la main vers son visage. Avant même qu'il ne la touche, elle sentit la chaleur de l'eau qui coulait le long de son visage. Pourquoi pleurait elle ? C'était ridicule ! Elle avait bien assez pleuré comme cela, non ? Elle s'en voulut immédiatement de cet instant de faiblesse. Cela ne lui plaisait pas. Elle garda le regard planté dans celui, toujours aussi distant, de Liam. Cette distance la tuait, mais elle se forçait à la regarder de pleine face. A la confronter, même si elle savait que le combat contre elle était déjà perdu depuis bien longtemps. Lorsque, finalement, la main de Liam se posa sur son visage, elle ne recula pas. Elle ne fit rien, mais son geste la perturba bien plus que ce qu'elle ne le laissa paraître. Elle ne bougea pas non plus lorsqu'il saisit ses mains. Même s'il n'était pas brusque, le contact de ses doigts sur ses blessures lui fit mal, et elle retint une grimace. Fichues menottes. Fichue prison. Elle donnerait tout ce qu'elle avait pour partir d'ici et en même temps, elle voulait y rester. Juste pour lui. Mais cela n'importait pas.
« Parce que je ne voulais pas te laisser entre d'autres mains que les miennes. » Les pupilles d'Emy se dilatèrent, et tout le trouble qu'elle ressentait intérieurement s'exprima à travers ses prunelles. Si elle se trouvait déjà perdue, là elle ne savait carrément plus où elle en était. Qu'est ce que cela voulait dire ? A bien y réfléchir, c'était peut être pire que le fait qu'il lui dise qu'il ne savait pas. Son honnêteté l'avait frappée de plein fouet, sans qu'elle ne s'y attende une seconde. il avait dit cela si simplement ! Ne se rendait il donc pas compte qu'il venait d'empirer les choses ? Il ne pouvait pas dire cela. Non, il ne pouvait pas, pas après tout ce qu'il lui avait déjà dit auparavant. Ces choses qui l'avaient détruite, et qui étaient marquées dans sa chair d'une façon indélébile. Et maintenant... Maintenant voilà qu'il la faisait espérer à nouveau. Elle ne comprenait pas le sens de cette réponse. Elle avait beau la retourner dans tous les sens dans son cerveau, elle ne parvenait pas à voir une explication claire. Cela signifiait il que malgré tout, il voulait qu'elle ne soit qu'à lui ? Parce que c'était simplement une façon détournée de traduire ce qu'il venait de dire. Mais dans ce cas là... Pourquoi ? Pourquoi ne devrait il y avoir que lui qui la touche, alors que c'était fini ? Il ne s'en rendait probablement pas compte, mais il était en train de jouer avec son coeur, et cela faisait mal. Il n'avait pas le droit de dire ça. Pas après tout ce qu'il avait dit. Il ne pouvait pas raviver l'espoir qu'elle avait passé de longues heures à détruire, petit à petit. Il ne pouvait pas. Et pourtant... Pourtant elle voulait qu'il le fasse. Elle était trop contradictoire, et elle se perdait elle même dans toutes ses réflexions. Elle aurait tant aimé que la situation soit simple. Mais elle savait qu'elle ne la serait jamais vraiment.
« Je t'emmène respirer. » Emy n'avait rien pu répondre, et son trouble n'avait pu s'exprimer qu'à travers son regard perdu. Il venait à nouveau de soulever diverses questions en elle, mais elle ne les formula pas. Elle verrait bien où ils allaient, après tout. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de sentir une certaine tension en elle. La dernière fois qu'elle l'avait suivi de la sorte, cela ne s'était pas vraiment bien terminé. Et même si elle savait qu'elle n'allait pas vivre l'expérience deux fois, elle se méfiait tout de même. A nouveau, Emy le suivit dans les couloirs, le regard fixé sur son dos. Qui était il, finalement ? Elle ne savait pas. Elle ne le connaissait pas. e temps en temps, ses yeux dérivaient sur leurs mains entrelacées. Ce geste paraissait simple et pourtant, il lui demandait un effort considérable. Elle faisait de son mieux pour ne pas le lâcher, alors que sa raison lui hurlait de le faire. Elle en profitait, au contraire. Égoïstement, elle profitait du fait de pouvoir tenir sa main, même si ce n'était que pour quelques secondes. Même si lui ne ressentait rien par rapport à cela. Lorsqu'ils s'arrêtèrent, Emy ne put s'empêcher de froncer les sourcils. il voulait l'emmener respirer dans un couloir sombre et humide ? Ils auraient tout aussi bien pu rester dans l'autre couloir, c'était la même chose. La même angoisse, la même noirceur. Mais elle vit alors Liam s'appuyer contre le mur, et elle ne put s'empêcher de s'avancer pour comprendre ce qu'il fabriquait. C'est alors qu'elle vit que le mur était amovible, et elle ne put empêcher un air surpris de s'installer sur son visage. Elle sentit alors de l'air souffler sur celui ci, et son expression surprise ne fit que s'accentuer. C'est alors que Liam se retourna, mais elle ne put reprendre son masque neutre. Sans s'en rendre compte, elle gardait obstinément son air surpris et benêt. Elle le laissa l'entraîner avec lui, sans vraiment comprendre ce qu'il se passait. Elle était sous terre depuis si longtemps, désormais, elle s'était déjà mis en tête l'idée qu'elle ne reverrait jamais la surface de la terre. Elle ne regardait plus Liam, désormais. Son regard était absorbé par le ciel étoilé. Elle ne se rendit même pas compte qu'il lui avait lâché la main. Elle sentit un énorme poids s'envoler en elle.
De l'air. De l'air frais. Les angoisses qui l'habitaient depuis plusieurs semaines s'envolèrent en partie et, le regard toujours fixé sur le ciel, elle ne put empêcher un sourire de venir habiter ses lèvres. Elle ne savait pas pourquoi il avait fait cela mais pour le moment, elle s'en fichait. Tout ce qui comptait, c'était qu'elle pouvait voir le ciel. Qu'elle pouvait sentir la brise se déposer doucement sur son visage. C'était tout ce qu'elle demandait, et il venait de lui donner. Elle baissa finalement la tête, pour regarder tout autour d'elle, toujours aussi surprise. Ils se trouvaient près d'une fontaine, entourée de buissons et d'arbustes. Elle ne connaissait pas cet endroit ou du moins, elle ne se rappelait pas y être un jour venue. « C'est mon endroit préféré.» Elle tourna la tête vivement vers lui, son sourire s'était déjà estompé, il n'avait duré qu'une demie seconde. De nouveau, elle reporta son regard sur les éléments qui les entouraient. Cet endroit était vraiment beau. Elle ne comprenait pas pourquoi il l'y avait emmenée.
- Où sommes nous ? La question était stupide, et sans importance, mais elle lui tenait à coeur. En une seconde, l'endroit l'avait conquise, et elle s'était promis d'y revenir. C'est alors qu'elle se rappela qu'elle ne pourrait probablement jamais y revenir. Qu'elle allait devoir retourner dans les entrailles de la terre pour finir par y mourir, un jour ou l'autre. A cette pensée, son visage s'assombrit, et de nouveau la tristesse qui l'habitait ressurgit.
Emy était si heureuse de voir la nuit de cette façon. C'était le moment qu'elle préférait, lorsque toutes les étoiles étaient allumées et que la lune irradiait de lumière. Elle se sentait bien, malgré les pensées noires qui l'habitaient. « Je ne veux pas être ton ennemi. » A nouveau, elle tourna la tête vers lui, intriguée et perturbée. Elle baissa finalement les yeux et ne répondit rien, pour l'instant. A la place, elle se dirigea vers la fontaine pour passer sa main dans l'eau fraiche. Elle y vit deux poissons qui se tournaient autour. Les yeux rivés sur eux, elle finit par ouvrir la bouche.
- C'est pourtant ce que nous sommes, non ? Tu l'as dit toi même, je suis impliquée dans tout ça. Elle marqua un petit temps d'arrêt, se disant à quel point elle aurait aimé ne rien avoir à faire avec la situation. Elle eut un léger soupir, presque inaudible. Et que je le veuille ou non, je suis du mauvais côté de la barrière, désormais. Elle ne s'en rendait pas compte, mais ces quelques semaines d'enfermement l'avait fait mûrir à un point qu'elle ne soupçonnait aucunement.
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Mar 15 Nov - 0:46
Il l'observa un moment. Il vit son air heureux lorsqu'ils furent à l'extérieur. Une lueur nouvelle semblait briller dans ses yeux, rivés vers les étoiles, et son sourire, bien qu'il fut bref, ne lui échappa pas. Liam comprit alors pourquoi il l'avait amenée ici, et pas ailleurs, même inconsciemment. C'était un endroit paisible, et, ainsi perdu au milieu des hauts buissons du labyrinthe, avec le bruit de l'eau qui coule doucement, la vue sur le ciel... Il savait qu'elle allait aimer ce lieu, au moins autant que lui l'aimait. Ici, on oubliait tout le reste ; on oubliait même qu'on se trouvait au beau milieu de la ville. On se retrouvait au contraire projeté en pleine campagne, dans un lieu isolé et calme ; un lieu parfait. Liam venait lui-même souvent ici. Lorsqu'il était seul, une fois la nuit tombée et tout le monde endormi ou presque, il se glissait hors de son compartiment, et commençait à marcher à travers les nombreux tunnels qui menaient jusqu'à cet endroit, qui était le plus éloigné de la Cour des miracles, qui se trouvait directement sous les bas quartiers de Bath, elle. Il était fréquent qu'il n'arrive pas à fermer l'oeil, rongé par ses pensées, de plus en plus noires au fil des jours et des semaines. Venir ici, et rester tout simplement la tête dans les étoiles, cela seul réussissait à l'apaiser, à le vider de ses pensées. Ici, il oubliait ses cauchemars. Il oubliait la mort des dizaines de rebelles qu'il n'avait pas pu sauver, et qui avaient fini tués sous ses yeux. Il oubliait le regard des hommes qu'il avait lui-même tués ; ce même regard qu'il cherchait pourtant à garder bien en tête en temps normal, comme une punition pour ce qu'il faisait, comme une vilaine piqûre de rappel, que tout ceci n'était pas sans conséquences. Mais, lorsqu'il rendait visite aux étoiles, Liam ne voyait plus qu'elles, et rien d'autre. Il ne se posait plus de questions, ne prenait plus de décision, ne souffrait plus. Oui, en emmenant Emy ici, il espérait lui offrir ce même sentiment de soulagement et de calme. Après avoir vu l'horreur sur son visage lorsqu'elle était sous l'emprise de Nick, la nécessité de lui offrir une bouffée d'air frais s'était imposée d'elle-même.
Maintenant que la lune éclairait ses traits, la façade glaciale de Liam n'était plus aussi parfaite. Une étrangeté pouvait être décelée dans son apparente distance. Mais le tout restait profondément mystérieux. Alors que le petit sourire d'Emy s'estompait peu à peu de ses lèvres, on aurait pu croire que les yeux de Liam se noyaient dans leur tristesse. Ils renfermaient une sorte de souffrance indéchiffrable. Mais il agissait pourtant exactement de la même manière que dans le couloir, un peu plus tôt. Cette étincelle de souffrance avait-elle été là depuis le départ ? Ou bien était-ce le fait de se retrouver ici qui réveillait quelque chose en lui ? Liam finit par détacher ses yeux d'Emy et s'asseoir sur le petit muret qui servait de rebord à la fontaine, comme il le faisait d'habitude. Son corps était dans l'axe du muret, si bien que s'il le souhaitait, il pouvait s'allonger dessus pour ne voir plus que le ciel en face de lui. C'était ce qu'il faisait d'habitude. Mais, pour l'instant, il resta assis, se contentant de laisser errer ses yeux dans le vague. Sa culpabilité, le poids de ses responsabilités, ses mois de souffrance... Tout cela avait fait de lui quelqu'un de froid et de silencieux. Même lorsque les autres rebelles étaient à la fête, il ne pouvait jamais être joyeux bien longtemps. Il se sentait incomplet. Et ce vide en lui l'empêchait de se comporter normalement. Souvent, lors de rassemblements comme ce soir, il finissait par s'éclipser. La plupart des rebelles avaient fini par s'en rendre compte : rares étaient les sourires de Liam, et peu d'entre eux pouvaient se vanter de l'avoir entendu rire au moins une fois. Certains trouvaient également étrange que, malgré sa jeunesse et les quelques opportunités qui s'étaient présentées à lui, il ne semblait s'être rapproché d'aucune femme en particulier parmi les rebelles. On avait d'abord pensé à de la timidité, mais l'idée avait vite été balayée des esprits. On voyait bien qu'il s'agissait d'autre chose. Mais, souvent, on avait trop peur pour oser poser la question. Des fois qu'on réveille la terrible Bête qui sommeillait en lui. Celle qui déchaînaient ses effrayantes colères sur les officiers de la Milice, par exemple. Les rebelles les plus observateurs avaient fini par comprendre un peu ce qui arrivait à Liam, mais encore, pas totalement. On lui en demandait beaucoup en permanence, et il répondait toujours présent. Il subissait beaucoup de pression, mais ne s'en plaignait jamais. Il gérait ses responsabilités toujours du mieux qu'il le pouvait. Et il était parmi les rebelles qui partaient le plus souvent à la surface. Il était parmi ceux qui en voyaient le plus. Des massacres. Et chaque mort s'entassait dans sa tête, les un sur les autres, les éloignant un peu plus de leur liberté, écrasant un peu plus leurs espoirs. C'était aussi pour cette raison qu'on ne laissait pas partir de femmes en mission, ni de trop jeunes adolescents. Pas parce qu'on sous-estimait leurs capacités ; chez les rebelles, toute vie se valait, tous étaient égaux, femmes comme hommes. C'était un des principes qu'ils avaient décidé dès le départ. Mais ils essayaient de préserver de cette manière les êtres les plus sensibles, les plus fragiles. Et quand on constatait les dégâts que les affrontements à répétition pouvaient faire même sur les mentalités les plus fortes comme celle de Liam, on pouvait penser que le tout était fondé. En réalité, le problème de Liam était qu'il se transformait peu à peu en ombre. En fantôme. Comme si son monde se dénuait lentement de ses couleurs. Voilà pourquoi il aimait tant les étoiles. De petits points blancs sur un fond noir. Pas besoin de couleurs là-dedans ; elles avaient toujours été les mêmes. Cela lui donnait l'illusion que rien en lui ne changeait, que tout allait bien. Mais, dès que le jour se levait et qu'il fallait rentrer, et reprendre du service... Les choses étaient alors bien différentes. Maintenant, lorsqu'un rebelle mourrait sur un lit d'infirmerie des suites de ses blessures, il n'avait plus de haut-le-coeur. Sa gorge se serrait, mais moins violemment qu'auparavant. Il se contentait de rester debout, planté devant le cadavre, et de le regarder. Et dans ses yeux, cette étincelle particulière de souffrance triste s'accentuait. Elle s'accentuait de jour en jour. Et lorsqu'il allait annoncer le décès aux proches du pauvre rebelle qui les avait quittés, sa voix ne tremblait plus, et il n'était plus malade à en recracher ses tripes, ensuite. Mais, chaque fois, ses cernes se creusaient un peu plus, et son visage devenait un peu plus livide. Voilà pourquoi il n'y avait plus de place pour rien d'autre que cet incessant manège, désormais.
Et pourtant, à travers sa carapace de givre avait percé un élan de douceur, juste avant de reprendre la marche, dans le couloir. Liam le réalisait à présent, et s'étonnait de ce qui s'était passé. Ce n'est pas comme s'il avait eu envie... envie d'embrasser Emy, ou quoique ce soit de ce genre. Mais effacer ses larmes... « Effacer » les marques de ses blessures en passant ses propres doigts dessus. Ces gestes étaient sortis de nulle part. Cette précaution, cette douceur, c'étaient des choses qui lui étaient étrangères, désormais. Mais pas totalement, visiblement. Sans doute la montée d'adrénaline avait contribué à ce petit chamboulement. Sans doute la crainte de ce qui aurait pu arriver s'il ne l'avait pas retrouvée aussi vite y était pour quelque chose. Il ne savait plus. Il se concentrait sur ce qui se passait dans sa tête, sur les impressions que tout cela lui faisait, mais il n'arrivait pas à échapper totalement à l'horreur de ses cauchemars, à la cruauté de ce qu'il avait vu ces dernières semaines. Il essayait... Il essayait de savoir ce qu'il ressentait, mais chaque fois ces images terribles le rattrapaient. Il menait avec elles une course infernale, une bataille sans merci, encore plus terrible que les affrontements auxquels il participait contre la Milice. Il voulait sonder son coeur et son esprit, et y trouver autre chose que de l'horreur. Autre chose que la guerre. Mais elle était partout. Elle s'insinuait dans son esprit, de jour comme de nuit, et ne le laissait jamais tranquille. Il ne pouvait plus se focaliser sur ses ressentis sans se prendre de plein fouet une vague de souffrance à cause des événements qui s'étaient passés la veille, l'avant-veille, ou le jour d'encore avant. Partout où il regardait, il voyait des rebelles qui croyaient en lui, mais qui finiraient sans doute morts ou déçus. Cela le détruisait à petit feu. Il ne pouvait plus ressentir sans souffrance. Dans ces conditions, ne plus rien ressentir du tout apparaissait comme l'issue la plus simple. Même s'il ne s'agissait que de prétendre. Même si c'était se jouer la comédie à soi-même. Même si c'était volontairement bloquer ses émotions... Si c'était ce qui fallait pour rester fort, et pour pouvoir continuer de se relever chaque jour... Car il en fallait, de la force, pour ça. Pendant des mois, sa motivation avait été de retrouver Emy. Et maintenant ? C'était de finir cette guerre au plus vite. C'était d'être libre... Mais il avait l'impression que sa propre destruction allait plus vite que n'avançait leur cause. Peut-être qu'ils avaient raison. Tous ceux qui pensaient qu'il courrait à sa perte. Liam n'était pas dupe ; si peu de monde osait lui dire en face ce qu'ils pensaient tout bas, il se doutait bien que Nick n'était pas le seul rebelle à voir clair dans son petit jeu. Liam regarda Emy.
« Où sommes nous ? » Il hocha la tête et répondit d'une voix neutre.
- On l'appelle la Meta Sudans... C'est l'ancien centre du labyrinthe du Royal Victoria Park. Mais ils ont agrandi le labyrinthe il y a des années pour remplacer le centre par un autre, plus imposant, et maintenant, ici ce n'est plus qu'une pauvre fontaine isolée au milieu de l'immensité. Liam tendit sa main pour effleurer la roche, là où l'eau coulait à petits flots continus. Parfois je me dis que c'est pour ça qu'elle pleure.
Il retira ses doigts de l'eau et laissa ses deux bras se poser sur ses genoux. Il regarda droit devant lui, avant de jeter un regard à Emy. Il vit alors que son air s'était assombri. Il la suivit du regard lorsqu'elle s'approcha de la fontaine. « C'est pourtant ce que nous sommes, non ? Tu l'as dit toi même, je suis impliquée dans tout ça. Et que je le veuille ou non, je suis du mauvais côté de la barrière, désormais. » Il baissa les yeux une seconde, l'air sombre, puis la regarda à nouveau. Il restait très calme, mais on pouvait sentir dans sa voix qu'elle perdait en neutralité. Il semblait plus impliqué dans ce qu'il lui disait, plus sincère. Un peu comme lorsqu'il lui avait dit qu'il la voulait entre ses mains plutôt qu'entre celles d'un autre.
- Ça n'a pas forcément à se passer comme ça. Pour être franc... Il baissa le visage, regardant le sol devant lui, alors qu'il était toujours assis sur le muret, le corps légèrement penché en avant. Je suis fatigué de ces étiquettes qui nous collent à la peau. Il lui lança un regard appuyé. Si je pouvais foutre le feu à ces histoires de statut social, je le ferais. Son regard se perdit de nouveau dans le vague. Il haussa les épaules. Mais je suppose que tu as raison. L'égalité parfaite est une utopie, je le sais. Il y aura toujours des puissants et des faibles. J'essaie juste de réduire l'écart. Il y eut quelques secondes de silence. Puis, au bout de cet instant, il releva la tête vers elle, et son regard avait changé. La petite étincelle de souffrance, si minuscule et discrète d'habitude... Elle venait tout bonnement d'éclater dans ses yeux. Et si je voulais te faire passer de mon côté de la barrière, est-ce que tu dirais oui ?
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Mar 15 Nov - 2:33
Les cheveux d'Emy se balançaient doucement au rythme de la brise légère qui soufflait au milieu du labyrinthe. Elle ne pensait pas être un jour aussi heureuse de se retrouver à l'air libre. Malgré tout ce qu'elle pouvait ressentir, malgré la destruction qui s'opérait en elle depuis plusieurs semaines, elle se sentait bien. Étrangement légère. Elle n'était plus habituée à cette sensation, et cela la perturbait profondément. Elle avait toujours été éprise de liberté, depuis l'enfance. Elle avait grandi avec cette liberté sauvage qui lui était caractéristique. Mais depuis qu'elle était arrivée dans cette maudite ville, elle en avait été progressivement privée. D'abord, il y a avait la vie d'aristocrate et ses contraintes. Elle n'avait pas pu faire ce qu'elle voulait pendant plusieurs mois. Si l'envie la prenait de faire une sortie nocturne, elle ne pouvait pas. Si un concert l'ennuyait, elle ne pouvait pas se lever subitement pour sortir de la salle étouffante. Elle ne pouvait pas partir seule dans les champs. Elle ne pouvait pas aller respirer l'air marin sur les falaises. Elle ne pouvait pas être elle même. A la place, elle avait été conditionnée, on l'avait forcée à n'être que de la décoration. A faire ce qu'on lui disait, quand on le lui disait. Car c'était cela après tout, non ? Elle avait eu le temps d'observer toutes les autres jeunes femmes dans son cas et c'était à chaque fois la même chose. Il n'y avait qu'une règle, apparemment. Sois belle et tais toi. Et pour celles que la nature n'avait pas gâtées et bien... Il n'y avait qu'à se taire. Elle ne pouvait pas vivre comme cela, elle ! Elle avait besoin de s'exprimer, besoin de faire ce qu'elle voulait quand elle le voulait. Elle comprenait néanmoins que certaines femmes se complaisent dans cette vie. Après tout, Caiterina semblait parfaitement heureuse. Mais peut être cachait elle des secrets, après tout. Peut être qu'elle aussi contournait le système. Emy n'en savait rien. Mais elle regrettait de ne pas avoir discuté de cela avec sa soeur, avant de se faire enfermer. Tout ceci constituait une partie des raisons qui avait conduit Emy à ses sorties dans les bas quartiers de la ville, en plus du fait que la pauvreté des gens la touchait directement. Elle avait besoin du danger pour survivre, ou du moins de faire des choses excitantes, interdites. C'était qui elle était. Personne ne la dompterait jamais. Du moins... Elle l'avait toujours cru, jusqu'à ce qu'elle se fasse enfermer dans ses deux prisons. L'une dorée, et l'autre sombre. Elle ne savait pas encore laquelle était la pire, mais elles avaient toutes deux constitués à son brusque changement de caractère. La première l'avait fait devenir l'être glacial et méprisant qu'elle était quelques semaines à peine auparavant. C'était une façon pour elle de se rebeller que de mépriser tout le monde. De s'exprimer. Cela n'était pas très malin, et elle s'en rendait désormais compte. Mais elle n'avait, à l'époque, rien d'autre sous la main. Sa vraie personnalité se battait toujours un peu plus pour ressortir, et le seul moyen qu'elle avait trouvé pour qu'elle n'éclate pas au grand jour était ce masque de petite aristocrate gâtée et capricieuse. Elle même trouvait qu'elle n'était pas crédible dans ce rôle. Mais après ce que Liam lui avait dit... Elle s'était rendu compte qu'elle était allée bien plus loin que ce qu'elle le voulait. Mais une nouvelle prison s'était imposée à elle, et avec cela son attitude s'était de nouveau trouvée bouleversée. Désormais, elle n'était qu'une épave, qui se cachait encore et toujours derrière un masque de froideur. Elle ne tiendrait pas longtemps ainsi - du moins, moins longtemps que lorsqu'elle jouait à l'aristocrate - et le savait. Mais qui était elle, alors ? A force de changer d'environnement, elle s'était perdue elle même. N'être ainsi constituée que de douleur ne lui ressemblait pas. Elle avait vécu l'enfer pendant des années et des années et pourtant, elle avait gardé le sourire, non ? Elle était bien plus heureuse lorsqu'elle n'était qu'une vulgaire prostituée que maintenant, alors qu'elle était libérée de ce poids. Elle voulait se persuader du fait qu'elle ne savait pas ce qui la faisait tenir, mais le mensonge était bien trop gros pour qu'elle se l'impose. C'était lui. Et désormais qu'elle ne l'avait plus, que restait il ? Qu'avait elle pour tenir ? Plus rien. Elle ne savait plus quoi faire. Elle ne savait plus comment se retrouver parmi tout cela. C'est terrible, de ne plus savoir qui l'on est.
Pendant un temps, elle s'était dit qu'elle pouvait essayer de se constituer une espèce d'être hybride entre ce qu'elle avait été. Mais cela n'aurait mené à rien et là non plus, elle n'aurait pas tenu longtemps. Elle voulait rire à nouveau. Elle voulait être heureuse. Mais malheureusement, ses désirs n'étaient pas des priorités, loin de là, et elle en avait conscience. A la fin de la journée, elle se retrouvait seule. Sans personne sur qui se reposer, lorsque ça n'allait pas. Elle ne voyait même pas son frère, ni Lola. Et pourtant, elle avait appris qu'ils étaient là, tous les deux. Ils n'étaient pas venus la voir. Ils ne lui avaient pas parlé. Oui, la fin de la journée était un triste moment.
Le calme de l'endroit lui faisait presque oublier ses soucis, elle ne pensait plus à ce qu'elle venait de vivre. Elle profitait simplement de l'instant. De l'air et des étoiles. C'était tout ce qu'elle demandait. Une fois de plus, il lui avait accordé ce qu'elle avait tacitement supplié d'avoir. Elle ne comprenait toujours pas son comportement, ni ce qui l'avait amené à la conduire ici. Sans menottes, en plus. Il ne craignait donc pas qu'elle en profite pour partir ? Cela aurait été simple, après tout. Mais elle ne pensait pas à s'enfuir. Elle ne pouvait pas. Quand bien même elle pourrissait au fond de sa cellule, elle ne pouvait plus partir loin de lui. Elle l'avait déjà fait une fois et le regrettait depuis, elle n'allait plus commettre les mêmes erreurs. Tout cela n'était pas réciproque, elle le savait. Mais tant pis. Elle ne pouvait pas changer qui elle était, ni ce qu'elle ressentait. Alors elle resterait là, en silence, discrète au point de se faire oublier, s'il le fallait. Tant qu'elle savait qu'il était dans les parages, cela lui suffisait, même si elle ne pouvait pas le voir. Emy détacha son regard du ciel pour le poser sur Liam. Inconsciemment, elle profitait du moment. Elle savait en son for intérieur que cela n'allait probablement pas se reproduire de sitôt, voire jamais. Son air avait changé. Elle ne pouvait pas le comprendre, mais elle voyait que sa froideur s'effaçait. Cependant, elle n'arrivait pas à mettre de mot sur son expression. Elle sentait seulement son coeur se serrer en le regardant. Elle ne savait pas le quart de ce qu'il vivait, mais elle se doutait que ce n'était pas facile.
« On l'appelle la Meta Sudans... C'est l'ancien centre du labyrinthe du Royal Victoria Park. Mais ils ont agrandi le labyrinthe il y a des années pour remplacer le centre par un autre, plus imposant, et maintenant, ici ce n'est plus qu'une pauvre fontaine isolée au milieu de l'immensité. Parfois je me dis que c'est pour ça qu'elle pleure. » Pendant quelques secondes, Emy ne dit rien, se contentant de continuer à observer son visage. Elle aurait tellement aimé le comprendre... Ses yeux se déposèrent finalement sur la pierre couverte de mousse, dont l'eau s'écoulait par le haut. elle n'avait jamais vu de telle fontaine. Sa voix se fit plus basse, mais nettement moins neutre.
- Je trouve qu'elle a l'air paisible... Elle tourna finalement la tête vers Liam, et un sourire vint étirer ses lèvres. Un sourire que personne n'avait vu depuis longtemps. C'était celui qui tentait d'être positif, celui qui voulait réchauffer le coeur des gens. Et malgré l'air sombre qu'elle continuait à exprimer, ce sourire vint éclairer son visage. Peut être parce que des gens sont là pour se souvenir d'elle.
Elle ne voulait pas qu'il soit mal. Elle ne voulait pas qu'il souffre. Et pourtant, elle était en grande partie la cause de sa souffrance, non ? De nouveau, elle redevenait égoïste, elle le sentait. Mais elle ne supportait pas de voir cet air sur son visage, cet air qu'elle ne pouvait même pas définir. Elle voulait juste qu'il aille bien. Même si c'était avec quelqu'un d'autre qu'elle, même si pour cela elle ne devait plus faire partie de sa vie. Elle resterait en retrait, du moment qu'il allait bien.
Les yeux d'Emy demeuraient résolument fixés sur le cercle parfait que les poissons effectuaient. Cela l'apaisait, étrangement. Comme si après tout, il restait une certaine forme de logique dans ce monde. Ce n'était que de vulgaires poissons, pourtant ! Elle ne devait plus tourner rond, pour s'extasier de la sorte devant des animaux. Ses doigts trempaient toujours dans l'eau fraîche, qui finissait de la calmer entièrement. Du moins, de calmer le choc qu'elle avait éprouvé dans le couloir. Pour la calmer totalement, un lac n'aurait probablement pas suffi. Mais elle ne montrait rien de tout cela, même si ses expressions étaient bien neutres qu'auparavant.
« Ça n'a pas forcément à se passer comme ça. Pour être franc... Je suis fatigué de ces étiquettes qui nous collent à la peau. Si je pouvais foutre le feu à ces histoires de statut social, je le ferais. Mais je suppose que tu as raison. L'égalité parfaite est une utopie, je le sais. Il y aura toujours des puissants et des faibles. J'essaie juste de réduire l'écart. » Troublée, Emy s'était contentée de froncer les sourcils, mais avait continué à fixer les poissons qui nageait lentement, toujours dans un cercle parfait. Elle était d'accord avec lui, à un point difficilement imaginable. L'étiquette... N'était ce pas une partie ce qui avait détruit leur relation ? Elle savait que dans un tel moment elle ne devait pas penser à elle, ni à eux, mais cela était chose difficile, au vu de son état psychologique du moment. Elle aussi voudrait que l'étiquette n'existe pas et, sans que tous soient parfaitement égaux, car c'était impossible, que tous soient au moins à l'abri. Qu'il y ait moins de pauvreté. Que les gens puissent manger à leur faim, et qu'ils arrêtent de vivre dans la peur. Réduire l'écart... C'était une noble cause, mais Emy ne pouvait s'empêcher d'avoir des doutes, qu'elle ne formula pas. Les nobles ne se laisseraient jamais faire. Ils jouissaient bien trop de leurs privilèges pour en faire profiter les autres, ceux qui en avaient le plus besoin. Mais elle n'allait pas lui dire ça. Cela n'aurait servi à rien, et elle ne voulait pas détruire ce en quoi il croyait. Alors elle s'était contentée d'écouter en silence, d'approuver en silence.
« Et si je voulais te faire passer de mon côté de la barrière, est-ce que tu dirais oui ? » A nouveau, les pupilles d'Emy se dilatèrent, et ses yeux se détachèrent aussitôt des poissons pour aller se ficher dans ceux de Liam. C'est alors qu'il vit la douleur qu'ils exprimaient. Elle ne comprenait pourquoi il souffrait tant. Pourquoi, alors que tout était fini ? Il devait être en paix désormais, non ? Peut être avait elle commis encore une erreur, elle ne s'en rendait jamais compte. Peut être que sa présence le faisait souffrir. Mais elle ne voulait pas, elle ! Tout ceci était indépendant de sa volonté ! Elle allait redoubler d'efforts pour se faire oublier, c'était la meilleure chose à faire. Pourquoi souffrait il de la sorte ? Elle ne comprenait pas... Non, vraiment, elle ne comprenait pas. Elle aurait voulu lui demander, mais elle sentait que ce n'était pas la bonne chose à faire. Sa question l'avait frappée en pleine face, si fort qu'elle avait l'impression d'étouffer, et son regard prit une lueur étrange, blessée, elle aussi. Elle serra la mâchoire si fort qu'elle avait l'impression que celle ci allait exploser. Au bout d'un moment qui lui parut être une éternité, elle ouvrit les lèvres, pour parler de nouveau à voix basse, d'une voix étouffée, son regard s'était baissé de lui même. Elle n'arrivait plus à le regarder en face. C'était trop douloureux.
- Est ce que tu as réellement besoin de me poser la question ? Elle serra les lèvres un instant, juste le temps qu'une boule vienne se former dans son estomac. Si elle n'avait pas toujours compris leur situation, il lui apparaissait clairement que lui non plus. N'as tu toujours pas compris que j'ai toujours été de ton côté ? Que même lorsque je hurlais que je ne voulais rien avoir à faire avec toi, je me tenais quand même de ce côté ? Elle savait qu'elle allait trop parler, que ce qu'elle disait devait rester en elle. Mais de nouveau une rébellion avait commencé en elle. Tu ne me connais donc plus à ce point que tu as oublié que c'est toujours là que j'ai vécu ? Tu crois vraiment que lorsque j'étais coincée à un bal ou une autre absurdité de ce genre, je ne pensais pas qu'à m'échapper de là ? Sans s'en rendre compte, elle avait serré le poing, si fort qu'il tremblait. Il y avait tellement de choses qu'elle voulait lui dire, mais elle ne pouvait pas. Elle s'était promis de rester en retrait. C'était fini, Emy. Fini. Tu n'as plus le droit d'étaler tes sentiments. Tu en avais l'occasion, avant, et tu ne l'as pas fait. C'est trop tard, maintenant. C'était trop dur. Elle ne pouvait pas faire semblant. C'était juste... Trop dur. J'ai toujours été de ton côté de la barrière.
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Mer 16 Nov - 1:23
C'était comme si son âme s'émiettait peu à peu. Il avait l'impression de se perdre, dans ce tumulte d'événements plus tragiques et violents les uns que les autres. Il n'avait plus dormi réellement depuis des jours. Des semaines. La dernière fois remontait en fait à l'infirmerie. Pas parce qu'il y avait été en paix, mais parce que ses blessures et l'accumulation de fatigue n'avaient simplement pas fait bon ménage, et qu'il avait fini par sombrer dans l'inconscience pour de nombreuses heures. On avait même eu peur qu'il ne se réveille pas. Cela aurait facilité bien des choses pour lui, tiens. Pendant ces heures de néant, il n'y avait plus rien eu pour venir le tourmenter ; juste l'oubli le plus total. Mais cela signifiait aussi plus de vie, plus d'espoirs, plus rien. Et ce n'était pas ce qu'il souhaitait... Il ne pouvait pas s'en aller comme ça, de toute manière. Il avait fait une promesse à tous ces gens. Et ils lui avaient confié leur vie. Il ne pouvait plus être lâche, désormais. Tout tournait autour de ça, maintenant, n'est-ce pas ? Sa nouvelle personnalité, ce nouveau personnage qu'il était devenu. Il faisait face à tout ce qui se présentait à lui. Il n'abandonnerait plus jamais. Il se relèverait pour toujours. Il serait fort. Il affronterait n'importe quoi pour tenir parole. Même s'il se blessait au passage. Même si c'était dur. Il ne pensait pas à lui, il pensait d'abord aux autres. Et s'il leur fallait quelqu'un pour mener la cadence, alors il la mènerait. Tant pis s'il ne dormait plus, tant pis s'il était hanté par des horreurs en permanence. Le problème... Le problème c'est qu'il restait un être humain. Avec des faiblesses. Avec une âme, une sensibilité, avec sa culpabilité. Personne ne pouvait espérer survivre bien longtemps avec tant de poids sur les épaules. Et c'était précisément pourquoi Liam se désolait de voir que la cause n'avançait pas à une vitesse incroyable, voire restait sur place. Il s'était engagé dans une course contre la montre. C'était auquel des deux cèderait en premier : l'indifférence des grands de ce monde ou lui ? Il fallait qu'il tienne. Au moins jusqu'à ce que tout ça soit terminé. Et après... Après, il pourrait se reposer. Pour toujours. Anéanti par ce qu'il vivait au jour le jour, il pourrait finalement se laisser aller. Mais pas avant. Alors, en attendant, il puisait dans ses réserves. Il allait chercher sa force dans des lieux insoupçonnés, et il surmontait chaque obstacle, un par un. Mais pour combien de temps encore ? Chaque bataille l'éreintait un peu plus. Si son corps était couvert de blessures, plus ou moins vieilles, on ne pouvait tout simplement pas imaginer l'état de son âme. C'était effrayant. Parfois, cela le paralysait sur place. Heureusement, ce n'était que lorsqu'il se retrouvait totalement seul. Il ne montrait jamais ses faiblesses à personne. Tout cela faisait partie de son masque de froideur. Seule cette souffrance particulière pointait de plus en plus dans ses yeux, et transformait ces prunelles bleues et autrefois si innocentes en glaçons insensibles et tourmentés. Mais, avec Emy à ses côtés, il sentait que ce processus de destruction s'accélérait. Il ne savait plus comment agir, ni quoi penser. Lorsqu'elle était là, ses certitudes sur la force et la volonté qu'il pourrait toujours trouver pour continuer à avancer s'effondraient. Lorsqu'elle était là, c'était comme s'il se prenait une grande gifle en pleine figure. Sa situation lui sautait aux yeux, crue et concrète : il devenait quelqu'un d'effrayant. Il devenait la personne qu'il avait le plus peur de devenir. Et il avait encore plus peur, alors, de décevoir tous ceux qui plaçaient en lui leurs derniers espoirs. Il ne savait plus où il en était. Il avait fallu devenir un autre homme d'un coup. Il avait fallu se battre, se faire violence, se transformer subitement. Égorger, frapper, meurtrir, garder la tête haute. Il avait fallu devenir un nouveau Liam. Ses yeux se fermèrent.
***
- Liam, c'est Spencer... Il veut que tu viennes le voir. Devant l'air blafard du rebelle qui venait de s'adresser à lui, le frère dudit Spencer, Liam fronça les sourcils. Il suivit le rebelle du nom de Paul en boitant un peu. Quelques heures plus tôt à peine, il avait libéré les prisonniers de l'Hôtel de Ville, avant d'y mettre le feu, et il en avait écopé quelques blessures. C'était les tous premiers instants de la rébellion. Tous entassés dans la cave du Golden Dragon, ils se déplaçaient le plus silencieusement possible, pour ne pas attirer l'attention du voisinage, ni de personne. A l'heure qu'il était, la Milice commencerait bientôt à lancer des recherches à travers la ville pour trouver les coupables du brasier géant au Town Hall. Quelques hommes avaient déplacé des planches du bois du sol de la cave, et commençaient à creuser, en suivant les instructions de Curtis. Candice l'avait présenté à Liam comme le grand débrouillard de la ville. Apparemment, s'il avait besoin de quelqu'un de suffisamment malin pour assurer les arrières des rebelles, c'était de ce type. Liam avait écouté l'aubergiste sans protester. Curtis se révélait être le jumeau d'Iris, une collègue et amie, ce qui ne pouvait être qu'un bon point.
On étouffait, dans cette cave trop petite pour offrir du confort à tous. On avait tenté de répartir l'espace du mieux possible, et distribué des couvertures et un bol de soupe à tout le monde, en mettant les plus faibles en priorité. On avait également réservé un coin pour ceux qui étaient malades, ou qui avaient été blessés lors de l'évasion. C'est là que Paul conduisit Liam. Ils s'arrêtèrent devant un lit de fortune, fait avec des vieilles couvertures et des sacs de toile étendus à même le plancher. Y reposait un homme au teint livide, et dont le ventre était totalement ouvert. Sa plaie, béante, ruisselait de sang, et l'homme gémissait et se courbait de douleur chaque seconde un peu plus. Liam eut instantanément une boule dans la gorge en voyant Spencer se vider de ses tripes. Il avait vu, quelques heures plus tôt, la lance d'un officier de la Milice se planter dans ses entrailles. Heureusement, un autre rebelle s'était chargé de se débarrasser du militaire. Mais, visiblement, cela ne suffirait pas à sauver Spencer, à l'article de la mort. Il tourna faiblement sa tête vers Liam, resté debout et choqué devant le spectacle, et commença à bouger ses lèvres pour parler, mais c'était inaudible. Finalement, Liam se reprit et se baissa à son niveau. L'odeur de sang et de chairs déchirées était insoutenable.
- Je... ne vais pas m'en sortir... Hein ? Les yeux de Liam firent un aller-retour entre le ventre de Spencer et son visage, et il serra la mâchoire. Il posa sa main sur son épaule pour la serrer, en témoignage de soutien. Mais il fit non de la tête. Spencer allait mourir, ce n'était plus qu'une question d'heures. - J'ai... trop mal... Liam voulut se tourner pour demander à Paul d'amener des calmants, de l'alcool ou n'importe quoi capable d'apaiser son frère, mais Spencer le retint par le poignet et le força à rester près de lui. Il planta ses yeux fiévreux dans les siens, et Liam soutint alors son regard. - Tue... Tue-moi. S'il te plaît... J'ai trop mal... Les yeux de Liam s'écarquillèrent, et son ventre se serra. Il ne pouvait pas. C'était impossible ! Il regarda nerveusement la plaie, et le sang qui coulait. Il se rendit d'ailleurs compte qu'il en avait sur ses vêtements. Autant de sang... Il ne pouvait pas ! Il regarda à nouveau Spencer dans les yeux. Il souffrait tellement... Il le suppliait du regard. C'était atroce. - S'il te plait... Liam eut un frisson d'horreur, et la sueur se mit à perler sur son front. Il serra ses poings, qui tremblaient. - D'accord, dit-il simplement, avant de serrer la mâchoire pour ne pas craquer. Il se souviendra toujours du soulagement dans les yeux de Spencer. Il ne trouva pas la force de parler, mais Liam comprit qu'il le remerciait. Il ferma les yeux pour souffler un grand coup. Lorsqu'il les rouvrit, il plaça ses mains autour du cou de Spencer, et d'un coup sec, il fit craquer mortellement sa nuque.
Plusieurs heures avaient passé. Il était dehors. Il ne se souvenait plus réellement comment il était arrivé là. Il avait eu besoin de respirer. Il avait vomi ses tripes derrière le Golden Dragon. Les rues étaient vides et plongées dans le noir. Adossé contre le mur de l'auberge, il était assis parterre, les poings tremblants à force d'être serrés. Tout son corps tremblait. Ses yeux restaient écarquillés, choqués, dans le vide. Il entendait en boucle le craquement de la nuque de Spencer. Les pleurs étouffés de sa femme, que Paul avait pris dans ses bras. Et il revoyait la douleur, cette douleur atroce. Du sang... Il avait eu tellement de sang...
***
« Je trouve qu'elle a l'air paisible... Peut être parce que des gens sont là pour se souvenir d'elle. » Emy ramena Liam à la réalité. Il fut déstabilisé par son sourire, ce qui se traduisit par le froncement discret de ses sourcils. Ce sourire... Il avait passé des mois à essayer de le revoir. Pourquoi n'arrivait-il que maintenant ? Pourquoi tout s'était déroulé ainsi ? Liam serra la mâchoire. Ce sourire qui lui avait tant manqué lui brûlait le ventre. Il voyait Emy dans les moindres détails. Ses yeux de glace rivés sur elle, fixés sur elle comme si rien d'autre n'existait, percevaient tout. Le petit creux que ce sourire ouvrit au coin de sa bouche, la plissure subtile de ses yeux. La mèche de cheveux qui, à cause du vent, se détacha du reste pour passer devant son épaule, et s'enrouler un peu autour de sa gorge. Le reflet de la nature dans ses yeux. Tout. Il brûlait de l'intérieur. Il ne répondit pas à ce qu'elle venait de dire. Il laissa au contraire le silence parler pour lui. Parfois, les silences sont plus efficaces que les mots, plus frappants. Pendant ce temps, il continuait de l'observer, et de soutenir son regard.
Mais elle se détourna pour se concentrer de nouveau vers la fontaine. Liam ne chercha pas à regarder ce qu'elle suivait des yeux. Il garda ses prunelles fixées sur elle. Plongé dans le silence, il se sentait au bord du gouffre. Il était si vide... Et pourtant elle l'emplissait de chaleur. Mais ses yeux, et tout son être, demeuraient résolument froids. Il n'en était pas capable... Il avait de la force pour beaucoup de choses. Mais, seul, il ne trouverait jamais la force nécessaire pour se sortir des retranchements dans lesquels l'avait poussé l'horreur. Seul, il ne trouverait jamais le moyen de ressentir à nouveau sans que la souffrance ne surpasse ces sentiments. Seul... Il était seul.
« Est ce que tu as réellement besoin de me poser la question ? N'as tu toujours pas compris que j'ai toujours été de ton côté ? Que même lorsque je hurlais que je ne voulais rien avoir à faire avec toi, je me tenais quand même de ce côté ? Tu ne me connais donc plus à ce point que tu as oublié que c'est toujours là que j'ai vécu ? Tu crois vraiment que lorsque j'étais coincée à un bal ou une autre absurdité de ce genre, je ne pensais pas qu'à m'échapper de là ? » Il se leva pour lui faire face, les poings serrés lui aussi. - Tu m'as convaincu du contrai- « J'ai toujours été de ton côté de la barrière. » Une seconde. Il ne lui fallut qu'une infime seconde pour parcourir la distance qui les séparait. Pour attraper sa main, et la serrer dans la sienne ; pour la plaquer contre son coeur. Ironie du sort, il avait une grande cicatrice, à cet endroit-là, mais elle ne se voyait pas, dissimulée sous les plis de sa chemise. Son corps n'était qu'à quelques centimètres de celui d'Emy. Son visage était penché vers elle. Sa main libre s'était glissée sous son menton, qu'il tenait entre ses doigts, de manière à tendre le visage d'Emy vers le sien. Leurs souffles se mêlaient, leurs visages étaient si porches ! Bientôt, son front se posa sur celui d'Emy, son visage épousant presque parfaitement la forme du sien. Il ne manquait plus qu'un centimètre pour que leurs lèvres s'embrassent.
- Je ne sais plus, Emy. Je ne sais plus rien de tout ça... Je ne sais plus ce que je pense, ni ce que je ressens. Il se mordit les lèvres, effleurant la bouche d'Emy au passage. Sa voix n'était qu'un murmure. Clair et distinct. Intime. Je pourrais t'embrasser, tout de suite. Mais je ne ne sais même plus qui je suis, ou ce que je suis devenu. Si je t'embrassais... Ce que je sais, c'est qu'en fermant les yeux... Je verrais encore les mêmes choses. Tous les visages de ceux que j'ai déçu, de ceux qui sont morts à cause de moi, pour moi... Il recula un peu son visage du sien, en lenteur, de quelques centimètres à peine. Juste pour pouvoir plonger son regard dans le sien. On aurait dit qu'il pleurait sans larme. Ses yeux brillaient de violence, d'horreur, de souffrance. C'était atroce, tout bonnement atroce. ... De tous ceux que j'ai tué. Comme à bout de forces, il lâcha progressivement son visage, puis sa main. Ses bras pendaient maintenant le long de son corps ; il la laissait libre de ses mouvements. Mais il ne bougeait pas. Il restait là, à quelques centimètres d'elle. Les yeux plantés dans les siens, incapable d'autre chose. Comme une statue de glace... Pourtant tremblante et brûlante à l'intérieur.
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Mer 16 Nov - 17:38
L'emplacement de la Meta Sudans était d'une quiétude déconcertante. Il faisait partie de ce genre d'endroits où le temps semble être suspendu, comme figé pour l'éternité dans un même état. Tous les éléments étaient présents pour créer cette impression, spécialement la nuit. La faible clarté de la Lune se reflétait sur la pierre couverte de mousse, la faisant scintiller. La brise légère faisait bouger les feuilles lentement, créant une impression de ralenti. Oui, le temps semblait figé, ici. C'était la première impression qu'Emy avait ressentie lorsqu'elle était enfin sortie des entrailles de la Terre. Cela signifiait-il que c'était une bonne chose ? Elle n'en savait rien. Elle ne savait pas si le fait que temps soit arrêté soit une bonne chose. Elle qui n'arrivait déjà pas à avancer en temps normal, elle avait le pressentiment qu'ici, tout irait plutôt à reculons. Qu'elle ne parviendrait jamais à évoluer. Et pourtant, cela lui convenait. Car c'était ce qu'elle souhaitait, après tout. Rester dans cet état d'esprit. Pour ce qui était de la tristesse, peut être finirait-elle par s'évaporer, diminuer au moins. Mais la sensation de vide... Elle voulait la garder. Elle voulait l'avoir toujours en elle, pour garder à l'esprit ce qu'elle avait fait, les multiples bêtises qu'elle avait commises, et qui l'avait menée ici, dans cet endroit magnifique et terrifiant à la fois. Les sentiments qu'elle éprouvait étaient encore plus paradoxales qu'habituellement, parce que malgré la douleur que lui inspirait l'endroit, elle s'y sentait tout de même en sécurité. Comme si elle était dans un cocon, où rien ne pouvait l'atteindre. Mais alors, pourquoi continuait-elle à avoir si peur ? Et peur de quoi, exactement ? Rien n'allait lui arriver, ici, et elle le savait. Pourtant, elle sentait que la boule de crainte qui s'était formée au fil des semaines et des mois en elle ne s'amenuisait pas. Elle était encore plus lourde que d'habitude. Parallèlement à cela, cet endroit la réconfortait, lui réchauffait le coeur. Elle aurait voulu partir d'ici au plus vite tout en y restant éternellement. C'était complètement ridicule, ce genre de choses n'était pas logique. Peut être étaient-ce les deux parties d'elle même qui s'affrontaient. Elle commençait à se demander si elle n'avait pas un sérieux problème de dédoublement de personnalité. Elle avait déjà entendu parler de cas comme cela. Mais elle sentait que ce n'était ça. C'était quelque chose de plus complexe, bien moins simple à expliquer. La vérité était que ce qui provoquait toutes ces réactions était son inaptitude la plus totale à prendre une décision, et à s'y tenir. Si elle s'y était tenue, elle ne serait pas ici. Elle ne serait pas en train de regarder Liam fixement. Son poing se serait pas si serré que les jointures de ses doigts blanchissaient. Si elle se tenait à ses décisions, elle ne ressentirait pas la tension qui venait de s'installer dans l'air, détonnant parfaitement avec le calme de l'environnement qui les entourait. Si elle se tenait à ses décisions, elle serait en train de servir des verres, à cette heure ci, et c'était tout.
Toute cette situation la dépassait, et elle n'avait pas encore saisi toute l'ampleur de ce phénomène. Elle luttait, en silence, mais ne se rendait pas compte qu'après tout, c'était inutile. Elle essayait tant bien que mal d'agir comme elle le fallait, elle avait toujours fait ça. Elle savait désormais que lorsqu'elle avait ce genre de comportement, seules de mauvaises choses en ressortaient. Pourtant, tout partait d'un bon sentiment. Tout ce qu'elle faisait, c'était pour ne blesser personne, sauf elle même, mais elle pouvait s'arranger cela. Et au lieu de ça, quoi ? Elle avait tout détruit. Tout balayé avec de simples mots et une attitude exécrable. Elle n'avait pas pensé aux conséquences, elle n'aurait jamais pu les imaginer, après tout. Ces conséquences qui l'avaient ravagée si fort qu'elle ne savait plus comment agir, elle ne savait plus si elle faisait le mal ou le bien. Ces deux notions s'étaient mélangées dans son esprit. Elle savait qu'il ne pouvait pas y avoir qu'un « bon » et un « mauvais », mais la nuance lui semblait floue. Pire, elle n'arrivait plus à distinguer les actes de bonté de ceux provoqués par la méchanceté en ce qui la concernait. Elle aurait voulu ne plus rien avoir à faire du tout, au moins elle ne se poserait plus de questions, et aurait l'esprit bien moins torturé.
Alors elle ne savait pas, si dire si distinctement ce qu'elle pensait était une bonne chose ou non. Du moins, elle ne savait si c'était la chose à faire. Est ce que cela le blesserait ? Peut être, même si elle n'avait rien dit de mauvais. Est ce que cela le toucherait ? Peut être aussi. Il était devenu impossible de savoir, parce qu'en plus de ses problèmes de compréhension interne, il avait énormément changé. Elle ne s'en rendait compte qu'un peu plus chaque jour. A chaque fois qu'ils s'étaient vus - et elles n'étaient pas si nombreuses, en fin de compte - un nouveau détail l'avait frappée. Elle l'avait vu colérique, haineux, blessé, violent. Maintenant, elle voyait à quel point il était brisé. C'était pire que tout, peut être même pire que lorsqu'il lui avait craché toute sa haine au visage. Elle aurait voulu effacer cette douleur d'un coup de chiffon, et qu'elle ne vienne plus l'importuner. Mais elle ne savait pas comment s'y prendre. Le mur de glace qu'il avait installé entre eux, et avec tout le monde, l'empêchait de connaitre la démarche à suivre. Avant... Avant elle aurait su, probablement. Mais maintenant, elle allait devoir apprendre à le connaitre à nouveau. Et s'il ne voulait pas, lui, qu'elle le connaisse, qu'elle le comprenne ? C'était tout à fait normal, après tout. Cela lui aurait même semblé logique, après tout ce qui s'était passé. Dans ce cas là, elle espérait que quelqu'un serait là pour l'aider et si ce n'était pas elle... Tant pis. Elle continuerait à regarder, de loin. Elle continuerait à espérer qu'il aille mieux, que ses tourments se calment, qu'ils disparaissent. Mais avait-il quelqu'un ? Elle ne savait pas. Égoïstement, elle espérait que non, mais ce n'était plus le moment d'écouter ses désirs, désormais.
Il était apparu si vite devant elle qu'elle n'avait pas eu le temps d'esquisser le moindre geste. Elle était encore perturbée de tout ce qu'elle venait de lâcher, et le poids qui pesait dans son estomac ne devenait que plus lourd alors que le temps passait. Elle aurait cru qu'elle se serait sentie plus légère, mais c'était pire. Pire, parce qu'elle avait des tonnes d'autres choses à dire, mais qu'elles restaient coincées dans sa gorge, bloquées par ses résolutions. Du regard, elle avait suivi leurs mains se poser sur la poitrine de Liam. Elle ne s'attendait pas à ce genre de réaction. Elle ne pensait pas qu'ils seraient... si proches. Cela l'effrayait. Lorsqu'il saisit son menton, tout son corps se tendit. Des flashs de la réserve vinrent inonder son esprit, troublant son regard. Elle avait beau ne pas lui en vouloir pour ce qu'il avait fait, ce jour là, les blessures restaient tout de même présentes, et ses plaies étaient toujours béantes. Elle savait, pourtant, que ce genre de chose n'allait pas se reproduire, mais elle gardait quand même une appréhension qui lui lacérait la poitrine. Malgré cela, elle gardait les yeux levés vers lui, il ne l'y avait pas forcée, cette fois ci. Elle sentait son souffle se poser sur son visage. C'était la première fois qu'ils étaient si proches - d'une proximité qui n'était pas malsaine - depuis longtemps. Vraiment très longtemps.
« Je ne sais plus, Emy. Je ne sais plus rien de tout ça... Je ne sais plus ce que je pense, ni ce que je ressens. Je pourrais t'embrasser, tout de suite. Mais je ne ne sais même plus qui je suis, ou ce que je suis devenu. Si je t'embrassais... » Le coeur d'Emy battait la chamade, si fort qu'elle craignait qu'il ne sorte de sa poitrine. Ses lèvres se mirent à trembler discrètement. Ce qu'il lui disait lui faisait mal. Réellement mal. Elle aurait du s'en réjouir, être toute excitée et tout heureuse, mais c'était impossible. Une fois de plus, il chamboulait les pauvres fondations qu'elle avait bâties tant bien que mal ces dernières semaines. Elle sentait leurs lèvres se frôler, mais prenait garde à ne pas bouger. Elle ne pouvait pas le laisser l'embrasser. Non pas parce qu'elle n'en avait pas envie, mais parce que la retombée serait trop brutale. Même si cela arrivait, il allait forcément falloir retourner à la réalité. Et cela aurait servi à quoi ? Rien. Sur le moment, elle aurait surement été heureuse. Oui, sûrement. Mais ensuite, après cet instant qu'elle aurait aimé imaginer, les choses auraient repris leur cours. Il n'allait pas recommencer à l'aimer subitement. Il n'allait pas lui pardonner ce qu'elle avait fait comme par enchantement. Oui, la retombée serait trop brutale, pour tous les deux. Elle ne pouvait pas laisser cela arriver.
« Ce que je sais, c'est qu'en fermant les yeux... Je verrais encore les mêmes choses. Tous les visages de ceux que j'ai déçu, de ceux qui sont morts à cause de moi, pour moi... » Petit à petit, alors qu'il recommençait à parler, Emy prenait conscience de toute l'ampleur de la situation. Elle avait encore été bien égocentrique de croire que sa douleur n'était causée que par elle. Elle n'avait pas pris en compte ces facteurs. Pourtant, elle savait ce qu'il se passait. Elle avait vu les blessés lorsqu'elle était à l'infirmerie, elle avait entendu des parents pleurer la perte de leurs enfants. Il lui semblait que le poids qui pesait sur les épaules de Liam l'écrasait complètement. Jusqu'ici, elle n'avait remarqué que sa froideur envers les gens, la distance qu'il mettait entre eux, et n'avait pas saisi pourquoi il agissait ainsi. Désormais, même si elle ne parvenait pas encore à mettre de mots sur ça, il lui semblait qu'elle comprenait un peu mieux ce dans quand il s'enfonçait. « De tous ceux que j'ai tués. » Lorsqu'il se recula et qu'elle vit à nouveau son regard, elle eut l'impression que son coeur avait fini par lâcher. Elle avait été habituée à le voir avec une expression glaciale sur le visage depuis quelques semaines, et elle s'était faite à l'idée qu'il était simplement devenu plus distant. Mais là, d'un simple regard, elle prenait conscience de l'état réel dans lequel il se trouvait. Il n'était pas devenu froid, ni distant. C'était un masque, et elle ne s'en rendait réellement compte que maintenant. Il souffrait. Tellement. Elle ne l'avait jamais vu ainsi. Les autres le savaient ils ? Se rendaient ils compte de l'était dans lequel il se mettait pour eux ? Elle en doutait sérieusement. Elle ne les connaissait pas, mais elle savait comment étaient les hommes en général. Ils ne devaient pas se douter de la moitié de la souffrance qu'il éprouvait. Maintenant qu'elle l'avait vu ainsi... Elle ne pouvait plus se résoudre à n'être plus qu'une ombre en retrait, à le regarder de loin. Lentement, elle leva la main jusqu'à son visage. Ses doigts se crispèrent légèrement, l'espace d'un instant. Finalement, elle posa sa main sur sa joue, avec une douceur qui ne lui était pas habituelle. Elle ne pensait pas au fait qu'il venait de lui dire avoir tué des gens. Elle pensait à lui. Seulement à lui. Par ce simple geste, elle voulait partager sa douleur, la rendre moins lourde. A deux, c'était plus facile, non ? Elle ne répondit rien, se contentant de le regarder, espérant qu'il saisisse le message qu'elle essayait de lui envoyer.
« Et je refuse de te salir avec tout ça... » La main posée sur sa joue, et ce même s'il l'avait lâchée, Emy eut soudainement un petit sourire, triste. Il se préoccupait donc encore d'elle ? Mais pourquoi ? Si c'était fini, alors pourquoi lui disait-il ce genre de choses, désormais ? Elle avait l'impression de flotter, sans ses fondations. Elle était déjà salie, elle l'était depuis l'adolescence. C'était devenu une habitude, pour elle. Elle secoua la tête lentement.
- Cette fois-ci, c'est toi qui prend les décisions tout seul.
Elle faisait évidemment référence à ce qu'il lui avait reproché. Elle n'avait pas exprimé d'animosité dans sa voix, ni de rancoeur. C'était une simple constatation, peut être même une plaisanterie, un peu de mauvais goût, certes. Le voir si glacial et si tourmenté... Toutes ses bonnes résolutions partaient en fumée à une vitesse impressionnante. Elle ne pouvait plus lutter, il venait de l'achever. Elle allait surement regretter ce qu'elle s'apprêtait à faire, mais tant pis. Lentement, elle ôta la main du visage de Liam et, toujours avec lenteur, elle ouvrit les bras, pour le serrer contre son elle. Égoïste, égoïste ! Il ne veut pas de toi, alors pourquoi tu t'accroches ? Stupide Emy, toujours trop têtue et qui n'en fait qu'à sa tête. Pendant quelques secondes, elle ne dit rien. Pourtant, comme toujours, elle en avait des choses à dire. Et puis, elle décida d'aplatir sa fierté mal placée, pour une fois.
- Je serais d'accord, tu sais. Elle marqua une courte pause. De me salir, si c'est avec toi. Même si... Sa gorge se serra, si fort qu'elle en eut mal. ...tu ne m'aimes plus, je serais d'accord quand même.
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Mer 16 Nov - 21:14
Bien que ce fusse une nuit de Novembre, et que s'échappe d'entre leurs lèvres de la vapeur à cause du froid, aucun d'eux deux ne semblait s'en préoccuper pour l'instant. Un millier d'autres choses les bouleversaient trop pour qu'ils puissent s'inquiéter de tomber malades avec ce temps hivernal. Ils restaient tous deux dans leur monde, dans leur bulle, sous leur ciel d'étoiles, avec le simple bruit du vent et de l'eau. Dans cet univers, tout semblait s'immobiliser et se précipiter à la fois, pour Liam en tout cas. Il avait l'impression contradictoire que le temps s'était arrêté, lui permettant de fait de saisir le moindre détail de l'instant, la moindre subtilité qui aurait pu lui échapper autrement ; et qu'il s'accélérait d'un autre côté. Chaque nouvelle seconde le détruisait un peu plus fort, un peu plus profondément. Il était totalement perdu. C'était comme si les murs invisibles qu'il s'était construit autour de lui s'effondraient brusquement, sans qu'il puisse rien y faire. Il avait l'impression de se noyer dans un trop plein de souffrance et de perdition. C'était trop à supporter pour une seule personne. Malheureusement, il faisait toujours tout pour affronter cela seul, pour tout retenir enfoui en lui, comme s'il pouvait gérer tout ça. Ce n'était pas par fierté. Il était tout simplement déboussolé. Il ne savait pas ce qui lui arrivait, ou comment il était supposé y faire face pour espérer s'en sortir. Alors, il essayait. De toutes ses forces, il essayait. Mais cela ne suffisait pas. Sa souffrance le rattrapait toujours. Pire, elle semblait toujours avoir une tête d'avance sur ses efforts. Il ne pouvait pas surmonter cela seul, c'était impossible. Mais il ne savait pas où trouver du soutien. Il ne savait pas s'il le méritait. Il ne savait même pas de quel forme d'appui il avait besoin. Cela le transformait en véritable fantôme.
Quand Emy était dans les parages, il perdait totalement pied. C'était dans ce genre de moments que sa façade était la plus dure à conserver, car sa souffrance à ses côtés se trouvait décuplée. Ce n'était pas de sa faute. Ce n'était pas lié à ce qu'elle lui avait fait. Le problème résidait en réalité dans la profonde contradiction que sa présence réveillait en Liam. Quand elle était là, quelque chose en lui lui soufflait qu'elle était la personne sur qui il pouvait s'appuyer. Peu importe comment. Mais une autre part de lui-même voyait dans cette solution quelque chose de sombre, de mauvais. Pourquoi ? Tout était si chamboulé. Mais s'il y avait quelqu'un capable de réveiller les sentiments de Liam avec force pour écraser sa souffrance, Emy était la candidate idéale, n'est-ce pas ? Alors pourquoi la rejeter ? Parce qu'il n'était pas question de simplement « réveiller » ses sentiments. Les réveiller, cela voulait dire réveiller cet amour absolu, à la limite du malsain, qui avait été trahi et frustré, et qui n'était plus lié qu'à plus de douleur encore ! Cela ne ferait qu'empirer les choses, sans résoudre le moindre problème. Par ailleurs, comment pouvait-il avoir la certitude qu'en acceptant de s'ouvrir à nouveau, sa souffrance ne l'emporterait-elle pas tout de même ? C'était une de ses pensées les plus angoissantes. Si jamais il décidait de se lancer dans cette voie-là, ce qui représenterait une grosse prise de risques, car il se doutait bien que cela signifiait s'exposer directement, et qu'il devenait tout de même fou à cause de sa souffrance, il aurait alors tout perdu. Ses sentiments et sa raison. Cela le terrasserait définitivement. Cela semblait finalement être une voie sans issue. Alors c'était comme ça ? Il allait devoir finir ses jours à lutter avec acharnement contre la violence et la peine, jusqu'à ce qu'il ait finalement rempli son rôle de bon samaritain ? Il était donc condamné ? Peut-être pas. Il y avait une autre possibilité. Celle de faire naître de nouveaux sentiments en lui, plutôt que de chercher à ranimer ce qui était déjà à moitié mort. Celle d'accepter pleinement ce qu'il était devenu, et de transformer ainsi toutes ses faiblesses en points forts. Celle de faire vivre de nouvelles choses en lui, saines et sublimes, encore plus puissantes que toutes ces choses qu'il avait pu ressentir autrefois ; encore plus puissantes que sa douleur actuelle. Ce n'était pas impossible. Mais cela demanderait une volonté et une foi à toute épreuve, cela demanderait de la confiance, une confiance absolue. Et, dans l'heure, alors qu'il restait toujours si renfermé sur lui-même, l'imaginer s'ouvrir à quelqu'un de la sorte relevait de la pure folie. Mais peut-être qu'il ne suffisait plus de grand chose... Peut-être que quelqu'un était à deux doigts de réussir à percer sa carapace, à se frayer un chemin à travers ses maux, et à le toucher, enfin. Il suffisait d'y croire un peu. Que quelqu'un, quelque part, décide de s'accrocher, même si cela voulait dire se heurter quelques fois à un mur de glace avant de finalement parvenir à un résultat. Mais qu'est-ce qui pourrait motiver de tels actes ? La générosité, la compassion ? Non, ce n'était pas suffisant. C'était certes de belles choses, mais face à la guerre, face à l'horreur, tout cela partait en fumée. On parle ici de quelque chose de fort. Quelque chose à même d'anéantir les cauchemars, et de les remplacer par quelque chose de plus doux. Quelque chose à même de terrasser toute pensée noire, et de répandre l'apaisement. Quelque chose qui, même une fois les yeux fermés, n'abandonne pas Liam, et lui procure au contraire du plaisir. Cette chose-là, c'était l'amour. Et, s'il y avait quelques filles qui rêvaient d'amourettes adolescentes le concernant, il n'y avait en revanche qu'une seule personne qui puisse prétendre l'aimer pleinement. Les dés étaient jetés. Il fallait juste croiser les doigts... Et prier pour qu'enfin, le sort joue en leur faveur.
En voyant ses doigts approcher de sa joue, le ventre de Liam se serra. Ses yeux s'écarquillèrent alors qu'Emy posa sa main sur sa joue. Et l'expression sur son visage, tout autant que le contact de sa peau sur la sienne, cela le brûla littéralement, encore plus que les fois précédentes. Il ne croyait même pas que cela fût possible, et pourtant c'était bien le cas. Son regard dégageait une telle douceur, son geste était si tendre ! C'était à l'opposé exact de ce qu'il endurait chaque jour, et de ce qui faisait désormais son quotidien. Cela le perturba au plus haut point. Il n'avait plus l'habitude de ce genre de choses, de ce genre d'attention. Bien sûr, il n'était pas seul à la tête des rebelles, ni le seul à avoir des responsabilités dans ce monde... Mais c'était la première fois depuis le départ qu'il se sentait épaulé d'une manière aussi concrète. Et pourtant, il ne l'avait pas voulu. Il n'avait pas voulu lui faire partager tout ça : toutes ces choses étaient trop horribles pour qu'il souhaite vouloir les véhiculer à qui que ce soit. Il n'était pas du genre à aimer voir les autres souffrir, tant que ça pouvait alléger sa propre peine, pas du tout. Mais là, en un simple geste, le contrôle lui avait tout bonnement échappé. C'était comme si Emy lui avait physiquement arraché une part de son fardeau des mains, pour qu'ils finissent par le porter ensemble. C'était étrange et déroutant. « Cette fois-ci, c'est toi qui prend les décisions tout seul. » Sa gorge se noua. Elle avait raison. Il voulait obstinément gérer cela tout seul... Etait-ce mal ? Sans doute.
Toujours aussi déstabilisé, il la vit s'approcher de lui comme au ralenti. Il sentit ses bras passer dans son dos, et son corps se serrer contre le sien. Il restait, quant à lui, droit comme un piquet, choqué, anéanti. « Je serais d'accord, tu sais. » Ses mains, toujours le long de son corps, se mirent à trembler légèrement. « De me salir, si c'est avec toi. Même si... » Son coeur fit un bond douloureux dans sa poitrine, alors que le sang lui vrillait aux tempes. Son regard était toujours écarquillés dans le vide, et ces mots s'insinuaient peu à peu dans son crâne, puis dans tout son être. « ...tu ne m'aimes plus, je serais d'accord quand même. » Ce fut le coup de grâce. Sans qu'il y réfléchisse, sans que sa raison n'ait rien à voir là-dedans, son corps se pencha un peu en avant, un peu plus vers Emy. Et ses bras remontèrent en tremblant le long de son dos, pour finalement se poser dessus. Le visage désormais niché au creux de son cou, il serrait le tissu de sa robe de toutes ses forces. Ses yeux restaient grands ouverts, toujours aussi choqués. Il avait si mal ! Il avait l'impression que son coeur était lacéré de toute part. Il tremblait comme une feuille morte, terrorisé. Paralysé face à tant de violence. Il avait tant besoin de quelqu'un ! Et cette chaleur qu'Emy lui offrait, c'était... C'était la seule chose qui lui fallait, la seule chose à même de le retenir dans sa chute. Il la serrait un peu plus fort dans ses bras. Elle était là, à ses côtés, en dépit de tout le reste. Elle le serrait contre elle, et il pouvait sentir son coeur battre contre son torse. Elle était prête à s'offrir pour son bien, même s'il ne lui offrait rien en retour. C'était tellement tentant, quand on souffrait autant ! De se réfugier dans le seul échappatoire disponible, et tant pis pour les conséquences. Tant pis s'il faisait souffrir à son tour. Après tout, c'était ce qu'elle lui disait, n'est-ce pas ? Qu'elle était prête à endurer les mêmes choses que lui, prête à partager son fardeau, tant que c'était lui ? Il n'avait qu'à se laisser aller. Ce serait facile, tellement facile de se cacher derrière cette belle illusion. De se déjouer quelques instants au moins de cette violence qui ne lui laissait pas un instant de répit. Il suffisait qu'il prenne ce qu'on lui offrait. Qu'il tourne un peu plus son visage vers son cou, ce qu'il fit. Qu'il remonte doucement, effleurant sa peau avec ses lèvres et le bout de son nez au passage, jusqu'à atteindre sa mâchoire, ce qu'il fit. Qu'il s'approche de plus en plus de ses lèvres, pendant que dans son dos, ses mains remontaient jusqu'à sa nuque ; ce qu'il fit également. Et qu'il ferme les yeux...
Non ! Il ne pouvait pas faire ça ! Il ne pouvait pas la mêler à ça ! Jamais ! Jamais il n'associerait l'image d'Emy à celle de sa violence ! Quand bien même elle lui disait être d'accord avec ça, lui ne l'était pas. Dans sa tête, c'étaient deux choses bien distinctes, et il fallait que cela reste ainsi. Sinon... Sinon il se perdrait encore plus. C'était compliqué. Mais ce qu'il s'apprêtait à faire était mal, et il le savait. Cela pouvait sembler plaisant, vu de l'extérieur. Mais cela aurait été pour de mauvaises raisons. Voilà ce qu'il voulait dire en lui avouant ne pas vouloir la salir avec ça : il ne voulait pas que l'embrasser devienne une simple échappatoire à son propre malheur. S'il l'embrassait, cela devait être... Cela devait être pour l'embrasser. Pas pour autre chose. Et il n'en était pas à ce stade là. Vraiment... Vraiment, il perdait pied, lorsqu'elle était dans les parages...
Il s'était reculé d'elle, les yeux ouverts, et la tenait maintenant par les épaules de manière à briser leur étreinte. Il la regardait dans les yeux, mais on pouvait bien voir que, si son regard était dur, il était aussi chamboulé, et que la sévérité de ses yeux lui était adressée à elle tout autant qu'à lui-même.
- Non, Emy ! Non... Jamais je... Jamais je ne voudrais me servir de toi comme d'un objet, tu m'entends ? Même si c'était pour... Pour amoindrir mon mal. Jamais.
Non, jamais il ne l'utiliserait à ses dépens pour sa propre satisfaction. Certes Liam avait changé. Certes son coeur était détruit, et son âme en piteux état. Mais il restait tout de même quelque chose de ce qu'il avait été autrefois. « Je suis toujours vivant, Emy. » C'est que, peu importe les circonstances, il ferait toujours passer la protection d'Emy en premier.
Oui, il fallait juste croiser les doigts. Et espérer qu'avec le temps, et avant qu'il ne soit trop tard... L'amour d'Emy l'atteigne.
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Jeu 17 Nov - 3:39
Cette situation était tellement surréaliste ! Depuis quelques années, ils étaient passé de l'amour à la haine tant de fois qu'Emy n'avait plus su, pendant un temps, de quel côté elle se trouvait. On lui avait déjà dit que l'amour et la haine n'étaient pas si éloignés que cela, mais elle ne l'avait jamais cru. Désormais, cette évidence lui sautait aux yeux avec une telle violence qu'elle se sentait dévastée par celle ci. Elle ne pouvait que constater qu'elle était celle qui avait le plus souvent fait basculer la balance. Elle, et ses multiples erreurs... Elle avait beau vouloir s'améliorer, elle n'arrivait pas à passer au dessus. Elles continuaient de la hanter, s'insinuant sournoisement dans son esprit, et ravageant tout sur leur passage. Ce qui la frappa le plus fut le fait que, pendant un temps, la haine qu'elle avait exprimée à son égard avait été plus violente que l'amour qu'elle avait pu lui prodiguer. Car après tout, si elle lui avait facilement craché au visage des atrocités, elle ne s'était jamais réellement expliquée sur ses sentiments. Il lui semblait qu'ils étaient évidents, et qu'elle n'avait pas besoin d'en parler. Mais plus encore, en parler la terrifier. Elle n'était pas le genre de fille à s'épancher sur ses sentiments, niaisement, comme toutes les autres. Elle ne supportait pas de voir des filles de son âge se comporter de la sorte. Il y avait une sorte de blocage en elle, qui l'empêchait d'exprimer ce qu'elle ressentait. Et pourtant, cela avait été si fort, à l'époque ! Si elle était excessive dans sa haine, elle l'était également dans son amour. Alors pourquoi tout cela n'était pas sorti, lorsqu'il le fallait ? Peut être était-ce un peu la faute de Liam, après tout. Il n'avait pas su la provoquer, à l'époque. La faire aller dans ses retranchements, comme il l'avait fait à son arrivée ici. Pendant des années, elle n'avait pas été capable de sortir un mot sur ce sujet, et voilà qu'après quelques semaines d'enfermement forcé, elle commençait à agir exactement de la façon qu'elle détestait. Cela ne lui plaisait toujours pas, et lui coûtait bien plus qu'il n'y paraissait. Mais cette expression lui semblait désormais nécessaire, voire vitale. Elle ne savait pas pourquoi, elle sentait simplement que si elle commençait à s'ouvrir alors peut être que les choses s'amélioreraient. Voilà qu'elle recommençait à espérer, à nouveau. Ce n'était pas entièrement de sa faute, les comportements contradictoires qu'il avait à son égard pouvait la faire flancher facilement. Elle ne savait plus quoi penser de tout cela. Si seulement elle ne tenait pas tant à voir un sens clair à la situation, elle pourrait se laisser aller. Profiter sans se poser de questions. Évoluer même. Mais c'était bien trop lui demander. Elle n'en revenait toujours pas d'avoir eu un tel changement de comportement. Elle se rappelait lorsqu'elle avait atterri dans les catacombes, et de la façon dont Liam l'avait bousculée, lorsqu'ils s'étaient revus pour la première fois. Cela ne lui avait pas plu, mais elle avait pris conscience d'être une égoïste. Maintenant... Que pouvait-elle faire, avec ça ? Comment pouvait-elle prétendre vouloir l'aider, alors qu'elle ne savait pas elle même où elle en était ?
Elle l'avait haï, lorsqu'ils s'étaient revus dans son compartiment. Elle avait haï cet homme froid qu'elle ne connaissait pas, et qui dégageait une autorité dont elle ne voulait pas. Désormais tout avait changé, et cette haine s'était mutée, une fois de plus, en un amour inconditionnel. Différent d'avant, cependant. Elle sentait qu'il n'y aurait plus de haine, après celui ci. C'était comme si le poids de la culpabilité qu'elle portait sur ses épaules depuis plusieurs semaines lui avait éclairci les idées. C'était plus pur, moins malsain. Elle avait l'impression qu'il n'y avait plus de réelle notion de domination sur l'autre, dans cette histoire. Cela était probablement du au fait que, désormais, c'était un amour à sens unique. C'était même sur. Mais tant pis. De nouveau, son excessivité poussée la contrôlait. Ce n'était pas grave non plus, elle savait qu'elle saurait faire avec, désormais. Elle savait qu'avec assez de détermination, elle pouvait tenir ses engagements. Elle savait qu'elle ne lui infligerait plus la peine qu'elle lui avait causée ces dernières années même si, pour cela, c'était elle qui devait souffrir. Elle saurait faire avec. Et si elle ne savait pas, elle trouverait bien un moyen. Elle pouvait passer sa vie à attendre, si c'était pour lui. Peut être qu'il reviendrait un jour, quand il le pourra. Malgré son horreur de l'espoir, elle gardait quand même cette idée dans un recoin de sa tête, parce qu'elle en avait malgré tout besoin. Elle se trouvait si stupide de ne réagir que maintenant ! Il avait fallu qu'elle le perde totalement pour se rendre compte d'à quel point il était important, vital, pour elle. Sa stupidité n'avait donc pas de limites.
Elle pensait sérieusement qu'il allait la repousser. Après tout, cette réaction aurait été normale et elle l'aurait comprise. Elle continuait à s'accrocher, malgré tout ce qu'il lui avait déjà dit. Mais plus le temps passait... Plus elle avait l'impression que ce n'était pas fini, en fin de compte. Ca ne pouvait pas être fini. Elle était stupide de penser une telle chose, qui ne lui ferait que plus de mal lorsqu'elle redescendrait sur Terre, mais pour une fois, elle décida de se laisser aller. De se laisser espérer, rien qu'un tout petit moment. L'attitude qu'il avait, ses paroles... Il avait réagi si violemment, plus tôt, il lui avait même dit qu'il ne voulait pas qu'un autre que lui ne la touche. Si c'était fini, alors pourquoi être possessif envers elle ? Pour la tourmenter ? Elle ne le pensait vraiment pas, même si c'était l'effet qui se produisait en elle. Elle devait cesser de se voiler la face pour ne voir que les choses qui l'arrangeaient, c'était l'un de ses plus gros défauts. Elle devait se confronter au problème, même si elle ressortait de là avec quelques plumes en moins. Elle devait se mettre en tête que ce n'était pas fini. Ou que du moins, cette affirmation perdait peu à peu son sens, à mesure que le temps avançait. Peut être que ce jour là, à ce moment précis, lorsqu'il lui avait dit cela, il le pensait réellement. Mais maintenant... Ce n'était plus possible. Il ne pourrait pas avoir une telle attitude, autrement. Quelque chose devait finalement se produire en lui, même si elle ne savait pas ce que c'était. Et c'était à ce quelque chose qu'elle devait se raccrocher, elle en était certaine. Elle commettrait probablement des erreurs - elle en faisait tout le temps, après tout - mais peut être qu'à la fin, quelque chose ressortirait de tout ça. Ce serait l'effort le plus dur qu'elle aurait à faire de toute sa vie, de ne pas se faire d'illusions. Mais la situation devenait trop chaotique pour qu'elle continue à vivre dans son petit monde où elle ne voyait que ce qui l'intéressait. Elle allait devoir apprendre à vivre avec cet espoir qui l'envahissait peu à peu, timidement, comme s'il sentait qu'au moindre faux pas, elle le renverrait de là où il venait. Oui, si elle voulait l'aider, elle allait devoir d'abord changer elle même, et ce ne serait pas chose facile.
Elle s'était donc préparée à être repoussée et lorsqu'elle sentit les mains de Liam se poser sur son dos, elle ne put retenir une expression de surprise, qu'il ne put voir, son visage étant tourné. Elle sentait son souffle dans son cou, et un frisson la parcourut. Elle le sentait trembler entre ses bras et, instinctivement, resserra son emprise contre lui. Elle voulait simplement le réconforter. Qu'il puisse aller mieux, même si ce n'était qu'un petit peu. Qu'il comprenne qu'il n'avait pas à s'enfermer tout seul dans sa douleur, et qu'il pouvait se reposer sur elle, s'il le souhaitait. C'était la seule idée qui habitait Emy : l'aider. Elle ne pensait pas à un moyen de le faire retomber amoureux d'elle, ç'aurait été stupide, elle ne voulait pas lui faire part de son opinion sur la cause rebelle et son fonctionnement. Elle voulait juste l'aider. Lui montrer qu'elle était là, s'il avait besoin d'elle. Et dans le cas contraire, qu'elle attendrait patiemment que ce soit le cas. C'était tout ce qu'elle désirait. Pour la première fois, elle souhaitait quelque chose qui ne la concernait pas, indirectement ou non. C'était frustrant, mais elle allait devoir faire avec. Pour la première fois, il comptait plus qu'elle même. Cette constatation la terrassa mais elle ne fit rien paraître. Elle ne savait pas ce que cela faisait, d'aimer quelqu'un plus qu'on ne s'aime soi même. C'était terrifiant, et enivrant en même temps. De nouveau, elle sentit qu'il rapprochait son visage du sien et de nouveau, elle ne broncha pas. Elle savait qu'elle n'avait pas besoin de le repousser ou de l'arrêter. Lorsqu'il ferma les yeux, elle garda les siens ouverts. Elle ne pouvait pas laisser cela arriver, même si elle mourrait d'envie. Ce n'était certainement pas ainsi qu'elle allait l'aider.
Emy sentit qu'une part d'elle même s'arrachait lorsque Liam recula, mais elle ne le retint pas pour autant. Il fallait faire les choses en douceur, elle l'avait immédiatement compris. Le regard dur qu'il avait la fit cependant légèrement flancher. Elle avait beau ne vouloir plus penser qu'à son bien-être à lui, elle était encore loin d'être reconstruite, elle aussi, et elle ne pouvait pas encore masquer totalement la douleur lancinante qui l'habitait. « Non, Emy ! Non... Jamais je... Jamais je ne voudrais me servir de toi comme d'un objet, tu m'entends ? Même si c'était pour... Pour amoindrir mon mal. Jamais. » Elle secoua la tête doucement dans un geste de négation. Pourquoi refusait-il son aide ? Elle tilta finalement un détail qui la perturba. Objet ? Alors croyait-il que... Qu'elle parlait de se salir dans ce sens là ? Son regard trembla légèrement, alors que ses sourcils se froncèrent imperceptiblement. Sans qu'elle ne s'en rende compte, ses joues avaient légèrement rosi.
- Je... Je veux simplement t'aider, Liam. Pas n'être qu'un objet, ou un purgatoire. Je veux t'aider à porter ce qui pèse sur tes épaules. A nouveau, son regard se faisait fuyant. Elle devait s'arracher les mots de la bouche, l'effort était conséquent. C'est pour cette raison que je pourrais me salir pour toi, je ne pourrais pas m'empêcher de vouloir t'aider, même si tu me rejetais, même si tu me détestes.
Avec douceur, elle saisit les mains de Liam pour les enlever de ses épaules. Elle craignait toujours qu'il ait mal interprété ses mots, la situation commençait à devenir gênante. Elle abaissa ses mains, pour finir par les lâcher, avec la tendresse qui lui était caractéristique.
- Je voudrais juste que tu ne souffres plus. Et elle ne sous entendait pas qu'il ne souffre plus par sa faute. Elle voulait enlever une à une les raisons qui lui causaient tant de douleur. C'était pour cela qu'elle acceptait de se salir. Pour qu'il aille mieux.
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Ven 18 Nov - 1:37
Soudain, Liam eut froid. Froid de l'intérieur. Il ne frissonna pas, ne se mit pas non plus à trembler. Mais c'était comme si une vague de glace avait pris possession de son corps et de son coeur. Il n'en pouvait plus. Il était fatigué des ascenseurs émotionnels dont il était la victime favorite. C'était très spécial, comme impression. Une seconde, il agissait avec une distance indéchiffrable ; celle d'après il était prêt à commettre l'irréparable avec Emy simplement pour céder à la tentation de finalement ressentir autre chose que sa souffrance perpétuelle ; et enfin voilà qu'il freinait des deux pieds pour se renfermer à nouveau sur lui-même. Il ne fallait pas qu'il craque. Il ne pouvait pas s'ouvrir, il ne pouvait pas d'un coup se placer en victime, et laisser couler toute sa douleur. C'était impossible ! S'il le faisait, il se mettait encore plus en danger, n'est-ce pas ? Cela ne servait à rien de s'avouer vaincu par sa peine ; au contraire, il sentait que s'il le faisait, il ne s'en relèverait jamais. Alors que la renfermer en lui, prétendre qu'il était suffisamment fort pour la contenir encore, c'était déjà une façon de lutter contre elle, n'est-ce pas ? Il ne savait pas. Il n'était pas certain que ça marche. Mais vu dans l'état de fatigue avancé dans lequel il se trouvait -et la quantité de rhum qu'il avait ingurgité de l'aidant pas- il savait que baisser sa garde dans l'instant présent ne pouvait pas être une bonne chose. En ce moment, il ne pouvait pas prendre les bonnes décisions. La preuve ! Qu'est-ce qu'il était sur le point de faire, là, avec Emy ? Il perdait la tête ! Il ne l'avait tout de même pas arrachée des bras de Nick pour... Penser une telle chose était désagréable. Ce qu'il avait failli faire, c'était précisément ce qu'il avait toujours détesté, toujours méprisé, ce qui le révulsait. Profiter de la situation. Ne penser qu'à lui, qu'au bien qu'il en aurait tiré. Bien sûr, cela allait plus loin que ça. Cela allait beaucoup plus loin que de profiter du corps d'Emy, pour tenter désespérément de se soigner par un rapport charnel. C'était plus profond, plus intense que ça. L'espace d'une seconde, cela lui avait semblé sa seule issue possible. Son seul remède, sa seule lumière dans son étau de glace noire. La seule source de chaleur... Recevoir de la tendresse. Ne plus être seul, juste quelques instants. Être au contraire en communion parfaite avec quelqu'un. Se sentir aimé... Elle était là, alors que tous les autres étaient absents, alors que personne à part elle ne lui tendait la main. Il lui suffisait de s'en emparer. De décider de s'ouvrir... Elle lui offrait une solution...
Seulement, cela ne pouvait pas être une bonne chose. Cela ne résoudrait rien, ce ne serait qu'une mascarade, qui s'effondrerait aussitôt le moment passé. Il ne pouvait pas annihiler sa douleur avec une simple satisfaction physique, c'était tout bonnement ridicule d'y avoir pensé, même pour une seule seconde. Mais il était tellement perdu que, parfois, dans des moments de faiblesse comme celui-ci, tout semblait bon à prendre. Même la plus grande des erreurs à commettre. Car c'est ce que cela aurait été. Il ne voulait pas réellement coucher avec elle. Pas dans l'immédiat. Cela aurait été horrible, alors, de prétendre le contraire. De faire comme si, par pur égoïsme, juste dans l'espoir idiot que cela l'aide à lutter contre ses problèmes. Il se demandait sérieusement où il avait eu la tête. Il avait compris que ce n'était pas directement ce qu'elle lui disait, qu'elle voyait plus loin que simplement ça. Mais quand bien même. Pour lui, s'ouvrir à elle maintenant ne pouvait être que mauvais. Peu importe ce qu'il lui faisait réellement, peu importe qu'il la touche ou non, tant qu'il mettait sur ses épaules une part de sa douleur d'une quelconque manière, cela lui semblait mal. Même s'il ne l'avait pas touchée... Cela aurait été comme la violer. Vraiment. Car, dans sa tête, Emy avait beau être impliquée tout autant que lui dans cette histoire de lutte inter-classe, elle n'avait rien à voir avec la violence pour autant. Et si certains souvenirs la concernant étaient douloureux, cette partie-là était réglée, arrangée. Emy n'avait rien à voir avec l'horreur qui le rongeait de l'intérieur. Son image n'était pas ternie par ce qui le détruisait lui. Or s'il s'ouvrait à elle, comme ça, d'un coup... Juste parce qu'elle lui disait y être prête... Il perdait la seule chose qui, pour lui, n'avait pas de rapport direct avec son mal. C'était comme détruire volontairement la seule vérité qui n'ait pas été salie par la guerre, la seule chose qui en avait été plus ou moins préservée.
Et, par dessus tout, il s'agissait d'Emy, bon sang ! Heureusement... Heureusement qu'il s'était arrêté à temps. Car, comme il le lui avait dit, jamais il ne voudrait de ça pour elle. Il l'avait toujours vue différemment que les autres hommes, et, visiblement, c'était toujours le cas. Il ne pouvait pas se mentir là-dessus. Il ne pouvait pas s'imaginer lui faire ces choses-là... Sans amour. Il protègerait toujours cette vision qu'il avait d'elle. C'était très étrange, très déplacé compte tenu des circonstances, aussi. Mais, dans le tumulte de ses pensées, la seule vérité qui demeurait inchangée dans son esprit était qu'elle était fragile, qu'elle méritait respect et précaution, et qu'il fallait qu'il la protège. Hors de question, du coup, de s'imaginer la moindre chose avec elle. Pas dans l'état dans lequel il se trouvait. Pas alors qu'il n'était plus qu'une espèce d'hybride d'être-humain, une espèce de machine de violence, qui ne dormait plus, qui ne respirait plus sans être hantée par la mort. Pas alors qu'il n'avait pas de sentiments. C'était toujours aussi déroutant d'y penser de manière aussi crue. Il devrait pourtant s'y faire, à force de le constater. Mais rien n'y faisait, c'était toujours aussi angoissant. Il avait beau chercher, se sonder sans relâche... Il n'était qu'une boule de peur et de violence. Qu'un concentré de souffrance. Et rien d'autre...
Non, pour arrêter sa chute, il fallait procéder autrement. Il n'en avait simplement pas encore conscience. Que, ce qu'il fallait, c'était qu'il la choisisse comme alliée. Qu'il s'en remette à elle, qu'il reconstruise peu à peu sa confiance pour elle. En prenant le temps que cela demanderait. Afin qu'il puisse lui sourire de nouveau. Afin qu'il puisse accepter les efforts qu'elle faisait dans sa direction. Afin qu'il arrête de la rejeter, qu'il arrête de rejeter la main qu'elle lui tendait, par peur. La véritable solution, le véritable moyen de sauver Liam, c'était qu'une fois tout cela acquis, il s'ouvre enfin. Quitte à ce que cela fasse mal sur le coup. Et alors, il ne serait plus question de salir qui que ce soit ; il ne serait plus question d'égoïsme, ni de faire des choses malsaines. Il serait juste temps de ne plus être seul, et d'avoir quelqu'un avec qui affronter les difficultés, sans pour autant que cela signifie se faire détruire par ces obstacles. Car, alors, il s'agirait de ressentir à nouveau. De connaître l'amour à nouveau. Différemment. Mieux. Et cela seul serait à même de le sauver.
« Je... Je veux simplement t'aider, Liam. Pas n'être qu'un objet, ou un purgatoire. Je veux t'aider à porter ce qui pèse sur tes épaules. C'est pour cette raison que je pourrais me salir pour toi, je ne pourrais pas m'empêcher de vouloir t'aider, même si tu me rejetais, même si tu me détestes. » Désormais éloigné d'elle, il secoua la tête de gauche à droite, balayant par ce geste ce qu'elle lui disait, balayant cette idée folle qu'elle puisse se compromettre pour lui. Pas physiquement, là encore : c'était toujours la même idée que Liam refusait, et qui revenait à accepter de confondre Emy avec sa violence. Pourtant, elle venait précisément d'introduire l'idée qui serait à même de le sauver ! Partager ses maux avec lui, tout simplement. Mais il n'était pas encore prêt, voilà où était le problème. Il ne fallait surtout pas chercher à précipiter les choses. Pour le moment, s'ouvrir à elle était mauvais, et revenait à s'anéantir pour de bon tout en lui faisant du mal au passage. Il fallait qu'Emy soit suffisamment patiente pour attendre ce jour où il ne la rejèterait pas. Pour attendre qu'il vienne vers elle, qu'il s'ouvre à elle, volontairement, sans la mettre en jeu. Toute la subtilité, toute la complexité de la situation résidait dans ce détail bien précis. Tant qu'il faudrait sacrifier Emy pour aller mieux, qu'elle soit d'accord ou non, ce n'était même pas la peine d'y penser. En revanche, le jour où elle se serait finalement suffisamment immiscée à travers sa carapace de glace - et, bien qu'elle ne le remarque peut-être pas, elle était celle qui avait parcouru le plus de chemin de ce côté-là - alors tout s'éclaircirait. Alors il accepterait de finalement compter sur quelqu'un. Alors son coeur se mettrait à éprouver à nouveau. « Je voudrais juste que tu ne souffres plus. »
- Mais ce n'est pas aussi facile ! Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Que je m'ouvre d'un coup à toi, comme ça ? Ce n'est pas possible, ça. Tu ne peux pas arriver et subitement essayer de porter avec moi ce que je porte chaque jour... Ce n'est pas quelque chose que je peux laisser couler aussi facilement, tu comprends ?! Tu n'imagines pas ce qui peut se passer dans ma tête, et je ne veux pas que tu l'imagines. Je ne veux pas que tu puisses endurer toutes ces choses. C'est quelque chose que je ne souhaite à personne. Surtout pas à toi. Il marqua une courte pause après ces mots, puis reprit. Toi, je veux te garder intacte. Je ne pense pas que tu le comprennes, mais c'est comme ça.
Il avait baissé les yeux, ce qui était très rare, désormais. On entendait clairement la boule dans sa gorge lorsqu'il parlait. Mais il déglutit, et releva finalement la tête pour la regarder.
- Je suis désolé si mon comportement te fait penser que je te déteste. Tu as tort. Je ne te déteste pas, Emy. C'est juste que je ne ressens plus rien... Ce n'est pas moi qui décide... Tu comprends ?
Il y eut un petit silence, pendant lequel il ne détourna pas son regard du sien. Ses yeux bleus brillaient toujours autant.
- Garder ma souffrance pour moi... Te préserver... Pour l'instant, c'est la seule chose que je peux décider. Je ne laisserai personne m'enlever cette décision.
Le pire, c'était qu'il ne réalisait même pas qu'il venait de faire un pas en avant : il ne se rendait même pas compte qu'il venait d'avouer à Emy des choses qu'il ne s'était jamais imaginer dire. Il sentait bien cette gêne, cette boule dans sa gorge, cette sorte de malaise brûlant au creux du ventre. Mais il restait aveuglé par son mal, incapable même de voir qu'il venait de donner la clé du mystère de son âme à Emy. Il suffisait de temps, de patience, de confiance. Et, un jour, la lumière finirait par percer.
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Ven 18 Nov - 3:26
« Mais ce n'est pas aussi facile ! Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Que je m'ouvre d'un coup à toi, comme ça ? Ce n'est pas possible, ça. Tu ne peux pas arriver et subitement essayer de porter avec moi ce que je porte chaque jour... Ce n'est pas quelque chose que je peux laisser couler aussi facilement, tu comprends ?! » Bien sûr. Que croyait-elle, à la fin ? Il venait de le dire, elle ne pouvait pas arriver comme ça sur son cheval blanc et arranger la situation. Elle ne pouvait pas. Surtout pas elle. Elle s'était crue bien présomptueuse de croire qu'elle pouvait faire cela, l'aider à soulever ce qui l'écrasait. Elle se trouva subitement ridicule, d'avoir pu croire ce genre de choses. Elle n'avait apparemment toujours pas compris que ce n'était plus ce qu'elle voulait elle qui comptait, c'était ce qu'il voulait, lui. Pourtant, elle continuait à n'en faire qu'à sa tête, et à vouloir que les choses se déroulent comme elle l'avait décidé. Elle avait changé, ces dernières semaines, peut être même s'était elle améliorée, mais ce n'était pas suffisant. Elle devait encore apprendre à ne pas vouloir n'en faire qu'à sa tête... Il lui semblait que ce serait impossible. Elle avait toujours agi à sa guise, elle ne pouvait pas changer ça maintenant ! Elle devait contourner le problème, ou du moins essayer de l'arranger pour qu'il ne crée plus d'obstacles. Cette situation la dépassait complètement, et elle changeait d'avis à chaque minute qui passait, à chacune des réactions qu'il pouvait avoir. Quelques minutes avant encore, elle croyait qu'elle parviendrait à franchir le mur entre eux deux, qu'elle n'en était même peut être pas loin. Mais maintenant... Elle ne savait plus. Elle ne savait pas si elle avait la force pour y arriver. Elle ne pouvait pas faire des efforts toute seule, peu importe combien elle le voulait. Au bout d'un moment, elle craquerait forcément. « Tu n'imagines pas ce qui peut se passer dans ma tête, et je ne veux pas que tu l'imagines. Je ne veux pas que tu puisses endurer toutes ces choses. C'est quelque chose que je ne souhaite à personne. » Mais si, il fallait qu'elle tienne bon. Pour lui. Il était si seul, elle n'avait pas besoin de lui poser la question pour le savoir. Elle avait eu le temps de le remarquer, depuis le temps passé dans les catacombes. Elle s'était rendu compte que bon nombre de rebelles le craignaient - en même temps qu'ils l'admiraient -, et elle savait qu'on ne pouvait pas compter sur eux pour l'aider. Ils n'oseraient jamais lui dire un mot. Et les autres... Elle ne savait pas encore. Elle n'avait pas eu le temps de tout observer attentivement. Elle allait s'atteler à cela, les prochains jours. Mais malgré cela, elle sentait au fond d'elle qu'il était plus seul que jamais. Le simple fait qu'il ne voulait pas que quelqu'un partage ses pensées en disait long. Il s'isolait. Mais pourquoi ? C'était cela qu'elle ne parvenait pas à comprendre, même si elle avait souvent eu la même attitude. Debout, elle le regardait, alors qu'il baissait les yeux. C'était l'une de seules fois où elle l'avait vu baisser les yeux devant elle et quelque part, elle sentit qu'elle tenait le bon bout.
« Surtout pas à toi. Toi, je veux te garder intacte. Je ne pense pas que tu le comprennes, mais c'est comme ça. » Surprise, Emy ouvrit les lèvres, mais aucun son ne sortit d'entre celles-ci. Intacte ? Croyait il vraiment qu'elle était intacte ? Lorsqu'elle était arrivée ici, il lui avait dit ne pas lui faire de traitement de faveur. Pourtant, plus le temps passait et plus elle avait l'impression que c'était le cas. Elle n'aurait pas su l'expliquer, mais elle se sentait tout de même spéciale. De nouveau, l'espoir repointait le bout de son nez. C'était désagréable, elle avait beau l'écraser, il revenait toujours. Elle ne comprenait pas, en effet. Peut être était-elle stupide, mais elle ne comprenait vraiment pas pourquoi il disait cela. Elle ne se voyait pas intacte. Au contraire, elle se trouvait salie, elle l'était depuis pratiquement toujours. Peut être n'était-ce pas dans le contexte de cette guerre, mais elle était tout de même sale. L'être un peu plus ne la dérangeait pas. Elle ne répondit rien, refermant la bouche. Ce n'était pas le bon moment pour lui expliquer ces choses, elle le sentait au fond d'elle. Un jour, lorsque l'heure sera venue, elle lui expliquerait.
« Je suis désolé si mon comportement te fait penser que je te déteste. Tu as tort. Je ne te déteste pas, Emy. C'est juste que je ne ressens plus rien... Ce n'est pas moi qui décide... Tu comprends ? » Là, Emy eut mal. Sa mâchoire se contracta, et elle fut obligée de détourner le regard pour qu'il ne voit pas son trouble. Elle hocha cependant la tête, mais c'était un mensonge. Non, elle ne comprenait pas. Elle aurait presque préféré qu'il la déteste, au moins il aurait ressenti quelque chose à son égard. Entendre qu'il ne ressentait plus rien... C'était dur à encaisser. Elle aurait du se réjouir, pourtant, qu'il ne la déteste pas, et qu'il le lui dise, en plus ! Mais c'était une torture encore plus forte. Elle voulait qu'il ressente quelque chose, même si c'était de la haine, ou de la colère, ou n'importe quoi ! Si elle avait pu, elle l'aurait secoué pour le réveiller mais cette fois encore, elle sentit que ce n'était pas encore le bon moment. Elle allait en avoir, des choses à faire. Ca ne serait pas facile. Pas facile du tout.
« Garder ma souffrance pour moi... Te préserver... Pour l'instant, c'est la seule chose que je peux décider. Je ne laisserai personne m'enlever cette décision. » Emy tourna la tête vivement dans sa direction. Cette fois ci, ce fut elle qui secoua la tête. Elle comprenait un peu mieux, désormais. Elle pensait commencer à savoir ce qu'elle devait faire, du moins elle l'espérait sincèrement. Au fond d'elle, elle sentit naitre la pensée, probablement présomptueuse, qu'elle était celle qui devait l'aider. Parce qu'elle l'aimait, et que ce dont il avait besoin, c'était d'amour. Parce que c'était la seule chose qui pouvait pallier à la violence dans laquelle il baignait, jour après jour. Il lui semblait cependant que lui n'avait pas tout compris. Il ne s'était pas rendu compte qu'elle n'était plus la petite chose fragile d'avant, qui avait besoin de lui pour penser à autre chose que ce qui l'occupait, nuit après nuit. Désormais elle avait besoin de lui pour absolument tout, certes. Mais cela ne devait pas signifier qu'il fallait la protéger à ce point. Elle prit une des mains de Liam dans les siennes, le regardant fixement, et secoua la tête à nouveau.
- Tu n'as pas encore compris que... Elle s'arrêta, un étrange sourire étirant ses lèvres. Elle n'en revenait pas de trouver encore la force de lui sourire, alors qu'elle n'était qu'un vaste champ de destruction. Non, ce n'est pas grave. Peut être qu'un jour tu t'en rendras compte. En attendant ce jour... Cette fois ci, son sourire eut le même éclat que lorsqu'elle avait parlé de la fontaine, plus tôt. J'attendrai. Je suis quelqu'un de têtu, tu sais.
Et peut être que pour une fois, cet entêtement servirait à quelque chose. Emy n'était pas quelqu'un de patient, c'était l'un de ses plus gros défauts. Mais une fois de plus, elle allait faire un effort. Elle allait attendre qu'il se rende compte qu'elle n'était pas une petite chose fragile. Qu'il pouvait lui faire confiance, même si elle avait mauvais caractère, et qu'elle n'était qu'une petite aristocrate pourrie gâtée. C'était l'objectif qu'elle venait de se fixer. Reconquérir sa confiance. Ca ne serait pas facile, elle le savait parfaitement. Mais tant pis, elle essaierait de toutes ses forces quand même. Avant ce soir, son objectif premier était de se reconstruire... Tant pis, cela passait en second plan. Elle s'occuperait d'elle plus tard. Elle n'avait qu'à ignorer la douleur qui parcourrait continuellement ses membres, même maintenant, alors qu'elle souriait. Au fond d'elle, li y avait toujours une partie qui pleurait. Il suffisait de l'ignorer. Elle allait y arriver, il le fallait.
Soudain, des voix et des éclats de rire se firent entendre. Emy vit deux têtes sortir du trou de la fontaine. Immédiatement, elle rougit légèrement, et lâcha la main de Liam, un peu maladroitement. Elle savait qu'il n'était pas bon qu'on les voit ensemble. Après tout, les rebelles ne l'aimaient pas, et ils avaient déjà été plusieurs à dire qu'elle causerait la perte de Liam. Il s'agissait en réalité de Curtis, qui avait réussi à isoler une des filles de la bande de groupies. On pouvait l'entendre de l'autre côté de la fontaine, il semblait fortement alcoolisé.
- C'est mon endroit préféré, ici, tu sais ! Personne ne vient jamais, et puis c'est assez sombre pour... Oh ! Curtis s'était arrêté de parler lorsqu'il vit Liam et Emy. Un sourire moqueur étira largement ses lèvres. Alors Liam, tu t'es enfin décidé à prendre du bon temps ? Il fit le tour de la pierre, tirant la fille par la main. Emy, mal à l'aise, essayait de dissimuler son visage. T'as bien raison, mon ami ! Il donna carrément une tape dans le dos de Liam. Il avait l'air sincèrement fier de lui. Soudain, il leva les sourcils, et se frappa le front avec le plat de la main. Quel idiot ! Tu veux peut être qu'on vous laisse ? Il lui fit un clin d'oeil tout en levant les sourcils, allant jusqu'à lui donner un petit coup de coude complice dans les côtes..
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Sujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Dim 20 Nov - 18:43
Ce soir, mine de rien, s'était produit quelque chose de totalement inattendu. Avant que tout ceci n'ait lieu, jamais Liam n'aurait cru parler si librement avec Emy. Bien sûr, ce n'était pas comme s'ils s'étaient dit sans malaise tout ce qu'ils pensaient. Bien sûr, d'énormes zones d'ombres perduraient, et leur relation restait toujours très complexe. En fait, elle venait de prendre un tournant encore plus compliqué, que ce soit du côté de Liam ou celui d'Emy. Mais, malgré tout, ils s'étaient parlé sans que cela ne tourne au vinaigre, ou du moins d'une manière limitée. C'était paradoxal, car cette sorte de trêve qui s'était ainsi implicitement plus ou moins établie entre eux ne signifiait pas que d'un coup, tout rentrait dans l'ordre. Cela ne signifiait pas que Liam savait comment agir avec elle, quoi penser d'elle ; ni que la brûlure en sa présence avait disparu. Bien au contraire. Dire qu'il avait été à deux doigts de l'embrasser ! Vraiment, cette soirée marquait à coup sûr un tournant dans leur histoire. Restait encore à voir ce qui viendrait ensuite. Pour l'instant, Liam restait totalement perdu. Persuadé à juste titre que son coeur n'était plus fait que d'ombre, il ne voyait pas l'issue de sa situation. Il se refusait de croire que son seul espoir résidait dans le fait de déverser aveuglément ses maux sur elle, ou sur qui que ce soit ; et si c'était le cas, alors il refuserait de se sauver de ce qui le hantait. Hors de question de répandre plus de haine, plus de violence. Pire, ce serait donner définitivement la victoire à toutes ces choses obscures qui le rongeaient de l'intérieur, et c'était tout bonnement inconcevable. Il fallait qu'il soit fort. Il ne savait pas ce qui adviendrait, ce que le futur lui réservait, ni combien de temps encore il pourrait tenir dans ces conditions. Mais, afin de savoir où l'on va, il faut parfois commencer par reconnaître que l'on ne sait pas où on est ; et c'était précisément ce qui venait de se produire en lui. C'était comme être piégé dans l'endroit le plus sombre sur Terre : d'abord, il y avait eu une phase de panique, pendant laquelle il avait tenté de se raccrocher à n'importe quoi, pourvu que cela puisse le sortir de là. Ensuite, il y avait eu le silence, lourd et meurtrissant, le paralysant de peur, le privant de force et d'espoir. Et avant d'atteindre finalement la lumière, il fallait passer par une autre étape, qui s'entamait aujourd'hui même, alors qu'il n'en avait pas même conscience : accepter, et faire face à la pénombre. Ne pas chercher son courage dans les sentiments, dont il était privé, mais dans sa volonté, dans sa patience, qui ne failliraient jamais. Il fallait simplement que s'opère le déclic en lui. Après, et seulement après, il serait capable d'apercevoir la lumière qui pourrait le sortir de là.
« Tu n'as pas encore compris que... Non, ce n'est pas grave. Peut être qu'un jour tu t'en rendras compte. En attendant ce jour... J'attendrai. Je suis quelqu'un de têtu, tu sais. » Une nouvelle fois, son sourire le frappa. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il avait l'impression que l'attitude d'Emy le touchait, le bouleversait -et c'était le cas- mais il éprouvait comme un blocage. Comme une barrière l'empêchant de se laisser aller. Son traumatisme -car c'en était un- l'avait vraiment trop abîmé pour qu'il ait des réactions naturelles. Il faudrait du temps pour que cela revienne. Le sourire d'Emy, sa tendresse lorsqu'elle le regardait et qu'elle lui prenait les mains, tout cela contrastait tellement avec ce qui faisait son quotidien désormais ! Et, en dépit des marques des menottes qu'elle avait en travers des poignets, elle restait naturelle et douce. Vraiment, il fallait préserver ça à tous prix. C'était la seule chose à même de lui rappeler que tout n'était pas perdu. Qu'il y avait encore de l'espoir, encore des raisons de se battre. Car, quelque part, quelqu'un se souvenait encore de lui. Comme avec la fontaine.
En parlant de la fontaine, des bruits semblèrent en provenir, avant même que Liam n'ait pu trouver quoi répondre à Emy. Il l'avait simplement regardée, son air toujours aussi brisé, ses yeux toujours si impénétrables. Il n'avait pas su quoi lui dire. Sa dernière phrase lui avait sincèrement donné envie de sourire à son tour. Seulement, il était tellement blessé, tellement fatigué ! Ce n'était pas pour ce soir. Mais cela ne voulait pas dire qu'il partait de zéro. Non, ce soir, il avait déjà commencé à avancer, bien que cela ne saute pas aux yeux. Tout simplement parce qu'après cette entrevue, et c'était la première fois, Liam sentait que sa carapace de glace ne se reformerait pas à la perfection, comme c'était le cas habituellement. Il sentait au contraire qu'elle garderait quelques failles. Il regardait toujours Emy lorsqu'il prit conscience de cela, et ses pupilles se dilatèrent.
Les voix qui sortaient de la fontaine se précisèrent, et Liam sentit la chaleur de la main d'Emy dans la sienne disparaître, ce qui le ramena brusquement sur terre. Il tourna la tête dans la direction de la fontaine, les sourcils froncés. Il ne s'inquiéta pas de voir débarquer des ennemis, car vu la provenance des voix, il s'agissait plutôt de rebelles sortant du passage secret.«C'est mon endroit préféré, ici, tu sais ! Personne ne vient jamais, et puis c'est assez sombre pour... Oh !» Ah, c'était donc Curtis. Toujours là quand il ne fallait pas, celui-là ! A croire qu'il le faisait exprès. Qu'il avait une sorte de radar spécialisé dans l'interruption des moments cruciaux. Liam comprit tout de suite ce que sous-entendait les propos de son ami. D'ailleurs, il ne mit pas plus longtemps à regarder par qui il était accompagné, et à reconnaître une des filles du groupe qui l'avait abordé plus tôt dans la soirée. Liam se tourna pour faire face à Curtis et à sa conquête, dont il connaissait d'ailleurs bien le père, maintenant qu'il y pensait. Un grand baraqué qui faisait peur aux enfants, tant il était imposant. « Alors Liam, tu t'es enfin décidé à prendre du bon temps ? » Sa mâchoire se serra aussitôt. Qu'est-ce qu'il disait là, cet idiot ?! Il le fusillait du regard.« T'as bien raison, mon ami ! » Sa tape dans le dos l'énerva encore plus, et on aurait presque pu voir l'humeur meurtrière qui s'échappait de Liam, en ce moment. Ses poings se serrèrent et craquèrent sous la colère, tandis que son visage se fermait. Seul Curtis semblait ne pas avoir conscience qu'il était en train de provoquer l'ouragan du siècle. « Quel idiot ! Tu veux peut être qu'on vous laisse ? » Et ce clin d'oeil, ce petit coup de coude dans les côtes ! C'en était trop ! Liam aurait pu exploser de colère, véritablement. C'était à croire que tout le pays tremblait à cause de ça.
Profitant du fait que Curtis était tout près de lui, il fit mine de lui donner également une tape amicale dans le dos, alors qu'il l'attrapa en réalité par la nuque et resserra ses doigts autour. Il avait tourné son visage vers lui, et il avait beau afficher un sourire, on voyait bien que c'était un sourire meurtrier, et ses dents, comme des crocs près à mordre, luisaient presque dans l'obscurité. Ses yeux jetaient des éclairs.
- Alors comme ça, mon très cher ami, c'est là que tu emmènes tes... conquêtes, fit-il en dévisageant la fille, qui baissa instantanément les yeux. Non, il ne faut pas vous déranger pour nous... Son regard écrasait Curtis au fil des secondes. Du bon temps ! DU BON TEMPS ! Il lui en foutrait, lui... Nous ne faisions que discuter, et nous allions partir... Il lâcha Curtis en appuyant une dernière fois sur sa nuque, de manière à lui faire perdre un peu l'équilibre. Ses mots étaient hachés par la colère, et son aura -presque maléfique- perdurait toujours. Il dévisagea Curtis, et d'un coup, son sourire se fit plus malin, plus terrifiant. Sa voix gardait ses intonations calmes et en apparence toutes gentillettes, alors qu'il était clair qu'à l'intérieur de lui, c'était tout le contraire. Vraiment, il pouvait toujours compter sur Curtis pour dire exactement ce qu'il ne fallait pas ! Quel idiot, non mais quel idiot ! Oh, et... Tu sais, Drake, le père de cette charmante demoiselle... Son sourire était toujours figé sur son visage, menaçant, et ses yeux mitraillèrent finalement Curtis. Ce serait vraiment bête qu'il apprenne ce qui se passe ici... Tu ne crois pas ?
Drake, en effet, était très possessif envers sa fille unique. Le rappeler au bon souvenir de Curtis, histoire de lui faire froid dans le dos, était la petite vengeance personnelle de Liam. Il leur tourna le dos, son sourire s'évanouit pour ne laisser plus place qu'à son air sombre sur son visage. Il tourna sa tête vers Emy pour lui faire signe de le suivre, et commença à s'avancer vers la fontaine en marmonnant dans sa barbe. Avant de disparaître dans l'ombre du passage, Emy à sa suite, il leva sa main pour faire un signe d'au revoir à Curtis et à la fille.
- Bonne soirée... Fit-il ironiquement.
Liam et Emy parcoururent à nouveau le tunnel, jusqu'à retourner dans la salle principale, où les rebelles dansaient toujours. Liam regarda Emy une dernière fois, visiblement encore contrarié par ce que Curtis avait sous-entendu. Peut-être un peu perturbé, aussi, par la tournure qu'avait pris cette soirée. Il hocha la tête dans sa direction, comme un signe d'au revoir, et sans un mot de plus, s'enfonça dans un autre couloir pour s'enfermer, seul, dans son compartiment.
FIN.
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Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan