Remember Austen, RPG du XIXe
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Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan

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Liam O'Loughlin
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MessageSujet: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan EmptyMer 19 Oct - 20:34



- Emily, tu es en train de le faire déborder. ... Emily !

Emy sursauta, comme subitement retombée sur terre. Rapidement, elle enleva son bras, au bout duquel se trouvait une cruche de bière. Devant elle, Noah lui lança un regard exaspéré. Elle ne faisait toujours attention à rien. Elle secoua la tête et s'excusa faiblement. Il lui fit un signe de la main pour lui indiquer que ce n'était rien et un sourire moqueur. Emy se dégagea de la table rapidement, car on l'appelait plus loin. Ses relations avec Noah s'étaient nettement améliorées, depuis un mois et demi. Ils n'étaient pas amis, mais il était l'un des seuls à lui parler plus ou moins normalement. C'était souvent lui qui l'accompagnait lors des trajets entre sa cellule et l'endroit où elle devait aider. Au début, ils ne se parlaient pas du tout, il ne se contentait que de la regarder d'un oeil mauvais. Mais petit à petit, le dialogue s'instaura, froid au début, puis se réchauffant au fur et à mesure. Il avait fini par se rendre compte qu'elle n'était pas l'ennemi à abattre, mais seulement qu'elle s'était trouvée au mauvais endroit au mauvais moment, ce qui avait tout fait basculer. De son côté, Emy avait pris conscience qu'il n'était pas qu'une brute qui voulait exterminer tous les aristocrates, même si ce portrait lui restait fidèle dans une certaine mesure. Désormais lorsqu'ils se voyaient, ils s'échangeaient deux ou trois paroles, rien de bien important. Mais aux yeux d'Emy, cela représentait quelque chose de considérable.

Un mois et demi qu'elle était ici. Qu'elle étouffait ici, plus exactement. Le mal qu'il l'avait habitée depuis qu'elle avait ouvert les yeux dans sa cellule ne l'avait pas quittée. Bien au contraire, il s’amplifiait davantage chaque jour, alors qu'elle se sentait dépérir. Car c'était cela : elle dépérissait dans cet endroit. Sans même compter la culpabilité qui la bouffait à chaque instant, être sous terre ne lui convenait absolument pas. Elle avait de fréquentes crises d'insuffisances respiratoires, que personne ne remarquait. La chaleur du soleil lui manquait. Sentir l'air frais sur son visage lui manquait. Ici, tout était noir et humide. Elle avait l'impression que d'autres démons s'étaient ajoutés à ceux qui l'habitaient déjà. Ce mal s'était accentué avec sa perte de moral. Peut être que si elle n'avait pas été aussi anéantie, elle supporterait mieux sa condition. Peut être que si elle ne se remémorait pas toutes les conversations qu'elle avait eues avec lui, ça irait mieux. Mais le fait était là : ces moments s'étaient réellement passés, et elle ne pouvait les occulter de sa mémoire. Depuis deux semaines, elle repensait à sa perte de contrôle, à l'infirmerie. Combien s'être ouverte lui avait fait du mal. On aurait pu croire qu'elle se serait sentie plus légère mais c'était l'exact opposé. Elle vivait depuis avec un poids encore plus pesant sur les épaules. Parce que tout ceci ne servait à rien, et qu'elle s'était personnellement infligé plus de peine en déballant ces sentiments de la sorte. Une fois, l'espoir - cet espoir qu'elle bannissait depuis de nombreux mois - s'était de nouveau emparé d'elle. C'était un matin, au réveil. Elle ne savait pas pourquoi elle l'avait ressenti, mais elle l'avait chassé aussitôt.

Elle n'avait plus été affectée à l'infirmerie depuis ce soir là, où elle avait explosé. Elle passait son temps aux cuisines. Le temps était long, et il lui semblait qu'elle se trouvait là depuis une éternité. Mais elle avait commencé à graver les jours sur l'un des murs de sa cellule. Un mois et demi. Cela ne faisait qu'un mois et demi. Le temps passait si lentement, ici. Elle pouvait le sentir s'insinuer en elle, et l'accabler encore plus. Elle avait beaucoup maigri, depuis qu'elle était enfermée. Non pas que les rebelles l'affamaient, mais elle perdait petit à petit l'appétit. Plus rien n'avait vraiment d'importance. Elle avait entendu parler de prisonniers qui se faisaient parfaitement à leur conditions, et qui s'adaptaient. Elle savait qu'elle ne pourrait jamais. Elle allait pourrir ici. Et pourtant, elle prenait sur elle. Elle faisait des efforts, pour se faire accepter, du mieux qu'elle le pouvait. Encaissant le fait d'être repoussée jour après jour, elle s'efforçait de discuter avec les gens qui l'entouraient, de les comprendre. Le plus souvent, ils la rejetaient en bloc. Mais de temps en temps, elle tombait sur des rebelles qui prenaient le temps de l'écouter, et de lui répondre. Ils n'étaient pas nombreux, mais ils étaient tout de même là, à lui offrir une mince lueur. Certains d'entre eux avaient même retenu son nom, et lui disaient bonjour lorsqu'ils passaient devant elle. Ce n'était pas grand chose mais pour Emy, c'était désormais lequel élément auquel se raccrocher pour ne pas s'effondrer. Elle avait beau être une personne forte et sûre d'elle, aucun être humain ne peut supporter ainsi l'isolement et la haine, surtout pendant un bon moment. Elle approcha de la table où on l'avait appelée.

- Emily ! Pourquoi tu ne te joins pas à nous ? Emy lança un regard à Dean, l'un de ceux qui lui parlaient le plus, lorsqu'elle n'était pas enfermée.
- Tu sais bien que je ne peux pas. Pour appuyer ses dires, elle fit bouger les menottes qu'elle portait aux poignets, et qui ne lui avaient pas été enlevées pour la fête. Elle n'avait pas bien saisi le pourquoi de cette fête, d'ailleurs. Comme d'habitude, on ne lui avait rien dit, et elle ne savait donc pas s'il y avait réellement quelque chose à fêter, ou si ce genre de rassemblements étaient communs, dans la cour des miracles.
- Ah, c'est donc elle la fameuse prisonnière dont tout le monde parle ! Emy, interloquée, leva un sourcil pour regarder l'homme qui venait de parler. Il semblait avoir une trentaine d'années, et brandissait son échoppe.
- Et tu es ? Malgré son état mental, Emy avait tout de même décider de ne plus se laisser marcher sur les pieds. Si lui la connaissait, autant que ce soit réciproque !

Il lui répondit, mais elle ne l'écoutait déjà plus. Depuis quelques secondes, elle sentait qu'on l'observait. C'était étrange comme sentiment, mais elle avait eu la nette impression que des yeux s'étaient posées sur elle. Elle tourna la tête, et sa mâchoire se crispa légèrement. Elle le vit, au loin, assis à côté de deux hommes - dont l'un était celui qui avait parlé d'un tunnel, le jour maudit, elle s'en rappelait - et la regardait. Le regard d'Emy trembla légèrement, mais elle garda son air le plus neutre possible. Elle ne l'avait plus vu depuis qu'il avait atterri à l'infirmerie suite à une bataille. Elle n'avait même pas eu de ses nouvelles, pour savoir s'il était guéri ou non. Une fois dans un couloir, il lui avait semblé l'apercevoir, mais le temps qu'elle regarde avec attention, il avait disparu. Depuis, rien. Le vide. Elle savait qu'elle allait le voir ce soir, lorsqu'on lui avait dit qu'il y aurait une fête, elle s'y était mentalement préparée. Mais l'imaginer et le vivre étaient deux choses complètement opposées, et elle s'en rendait parfaitement compte, désormais. Elle ne le regarda pas longtemps, quelques secondes tout au plus, et détourna la tête pour reporter le peu d'attention qu'elle avait à l'homme, qui continuait à lui parler.

- Ce que je ne comprends pas, c'est comment tu t'es retrouvée ici, ma jolie. Il lui fit un clin d'oeil graveleux. J'ai entendu dire que tu étais une petite espionne. Se balançant légèrement sur sa chaise, il la regarda de la tête aux pieds, détaillant sans aucune discrétion son corps. Ces chiens de la Milice utiliseraient n'importe quel moyens pour nous faire craquer ! Il se mit à rire grassement, pendant qu'Emy serrait ses doigts si fort sur la anse de la cruche que ses phalanges blanchirent.

A la table de Liam, Curtis, hilare, regarda passer un groupe de filles, à qui il fit un clin d'oeil malicieux. Elle pouffèrent, et passèrent rapidement devant les trois hommes. Il passa alors son bras autour des épaules de Liam, et prit une voix basse, comme s'il voulait le mettre dans la confidence.

- Regarde les, elles se pâment d'admiration devant nous ! C'est de ces moments là dont il faut profiter, mon ami ! Qu'aurions nous s'il ne restait pas les filles et le rhum ? De son autre main, il but une gorgée de son verre, tout en riant gaiment.
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Liam O'Loughlin
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MessageSujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan EmptySam 22 Oct - 0:44



A des mètres de là, Emy fixait le vide, les doigts toujours résolument serrés sur l'anse de la cruche. L'homme continuait à parler, tout en poursuivant l'analyse oculaire qu'il faisait d'elle. Elle ne supportait pas ce genre de comportement. Elle avait déjà remarqué que beaucoup de rebelles la fixaient, mais c'était souvent avec animosité, parfois avec dédain. Ce regard là, elle ne l'avait pas encore vu ici. A vrai dire, elle ne l'avait plus vu depuis de nombreux mois. Il lui rappelait le regard de ceux qui venaient au bordel, à Meryton. Qui ne pensaient qu'au sexe, qu'à se taper une fille et la laisser là, allongée tristement sur un lit. Elle revoyait les visages de tous ceux qui lui avaient lancé ce regard, un jour ou l'autre, et cela lui fit froid dans le dos. Elle n'écoutait absolument plus ce que disaient les hommes et sans un regard, elle partit de la table. Elle sentait qu'elle commençait à étouffer, et ce n'était pas bon. Elle alla aux cuisines, pour remplir la cruche qui s'était rapidement vidée. Elle remarqua alors que les stocks de nourriture étaient bien plus conséquents que ce qu'ils l'étaient quelques jours plus tôt. Elle trouvait ça louche. Où les rebelles s'étaient ils procuré toutes ses denrées ? Elle se doutait bien qu'elles ne leur avaient pas été données par des riches bien attentionnés, ils n'étaient que très rares, là haut. Alors où ? Cette question la frustra, et elle fronça les sourcils tout en remplissant sa cruche dans un baril. Elle finit par hausser les épaules. Elle ne le saurait probablement jamais, de toute façon.

Elle revint finalement dans la salle principale, et entendit que les musiciens avaient commencé à jouer de la musique. De nombreux rebelles s'étaient levés pour aller danser, tous ensemble. Emy s'appuya contre un mur, les bras croisés et sourit, sans s'en rendre compte. Ils avaient l'air moins tristes. Elle savait déjà que la musique apaisait, mais elle en avait la preuve sous les yeux. Un instant, elle fut tentée de regarder vers sa table, mais se retint au dernier moment. Cela était inutile, ça lui ferait plus de mal qu'autre chose. Elle se mordit les lèvres et reporta son attention sur le groupe de danseurs. Il était amusant de voir comme certains dansaient mal. Il n'était pas dans le caractère d'Emy de se moquer des autres, mais il y avait de quoi, pour une fois. Certains se dandinaient comme s'ils étaient attachés à un balais, d'autres se lâchaient complètement. Le contraste était intéressant. Elle vit même Bessy danser avec un jeune homme plutôt charmant, ce qui lui fit plaisir. Elle qui avait été à tant de bals - ennuyeux - depuis qu'elle était à Bath, il lui semblait que c'était de cette façon qu'une fête devait se dérouler, peu importe la raison pour laquelle était célébrée. Elle voyait les gens rire, boire, danser. Dans les bals, c'était à peu près la même chose mise à part que tout le monde se jugeait, là bas. C'était à celui qui était le plus riche, celle qui avait la plus belle robe. Ce comportement révulsait Emy. Ici, ils semblaient être tous frères, même si certains se méprisaient copieusement. Elle aimait cette ambiance, elle s'y retrouvait.

C'est alors qu'Emy vit devant elle le groupe d'hommes qu'elle avait servi plus tôt. Ils étaient toujours ensemble, ils dansaient. Dean lança un hochement de la tête en sa direction, pour la saluer. Elle lui répondit par un sourire. A ce moment là, l'homme de toute à l'heure, qui s'appelait Nick arrêta de danser, et commença à venir vers elle. Emy lança des regards de droite et de gauche, cherchant une échappatoire. Mais il était trop tard, il se tenait désormais droit devant elle, sentant l'alcool à plein nez. Elle n'avait eu donc d'autre choix que de rester appuyée contre le mur. Il en profita pour poser un de ses bras sur celui ci, presque penché sur elle.

- Alors, ma jolie, tu ne danses pas ? Emy leva un sourcil, l'air légèrement agacée.
- J'ai déjà expliqué à Dean pourquoi je ne pouvais pas. De nouveau, elle tira sur ses menottes, histoire de lui rappeler qu'elle était prisonnière, et qu'elle était là pour faire le service, point. Nick se mit à rire grassement, alors qu'il n'y avait rien de bien drôle.
- Exact, tu es une prisonnière ! Son air changea tout à coup, et il devint presque menaçant. Ces chiens de la Milice... Oui, ils croient qu'en nous envoyant des filles, on va leur tomber dans les bras ! Il approcha son visage d'Emy, qui essaya de reculer, mais qui ne put pas. Mais je vais te montrer, moi, comment on vous traite, vous autres raclures ! Il cracha sur le sol, alors qu'Emy eut une petite grimace de dégoût. Montrer ? Montrer quoi ? Elle réussit finalement à se dégager.
- Non, ça ira. Je n'ai pas envie que vous me montriez quoique ce soit.

Finalement dégagée, elle commença à s'éloigner de lui, en direction du couloir qui menait aux cuisines. Elle n'avait pas vraiment envie de devoir supporter un homme ivre. Mais elle n'avait fait que quelques pas qu'il la rattrapa, tirant sur le fil qui reliait ses menottes avec une force qui n'était pas propre aux hommes souls. Emy eut un air surpris et paniqué.

- Mais lâchez moi ! Qu'est ce que vous me voulez à la fin ?! Elle ne le montrait pas, mais elle commençait à avoir peur. Tout cela ne lui disait rien de bon. Nick approcha ses lèvres de son oreille, provoquant un frisson de dégoût en elle.
- Je t'ai dit que j'allais te montrer. Il se mit à tirer carrément Emy par les menottes, lui entaillant les poignets au passage, pour la faire entrer dans le couloir sombre. Le ton, l'attitude... Tout y était. Elle savait qu'il fallait qu'elle arrive à l'arrêter, sinon son compte était bon. Elle lança un regard paniqué derrière elle, mais ils dansaient tous. Ou alors, ils ne voulaient pas voir. Elle tirait en arrière, mais il avait plus de force qu'elle.
- Ces chiens... Je parie qu'ils t'ont envoyée pour séduire un de nos chefs, hein ! Qui sait ce que tu leur aurais fait ?! Il s'arrêta brusquement, faisant perdre l'équilibre à Emy de plus en plus apeurée, et reprit son sourire graveleux. Mais tu peux toujours le faire avec moi... Au moins personne ne sera blessé ! Il se mit à rire alors qu'Emy se décomposait complètement. Ils étaient toujours dans la faible lumière du couloir mais bientôt ils pénétreraient dans l'obscurité et il serait trop tard, elle le savait. Une boule vint se former dans son estomac, et de nouveau sa respiration se fit saccadée. Elle sentait que le noir l'envahissait une nouvelle fois.

Curtis avait ri à la réponse de Liam, et lui avait répondu par une phrase hautement philosophique sur le fait de prendre du bon temps avec ce que la nature lui avait offert. La musique s'était alors lancée, et le groupe de filles vint près de leur table, les yeux tout débordant d'amour. Curtis s'était mis de nouveau à rire, avant de donner un petit coup de coude à Liam.

- Regarde faire le maître ! Il se leva alors, bras grand ouvert, en direction des filles. Alors mes jolies, on danse ? Les filles en étaient toutes chamboulées, et Curtis se tourna vers Liam pour lui faire un clin d'oeil complice, avant de retourner vers elles, dans un déhanché qui se serait voulu sexy.
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Liam O'Loughlin
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MessageSujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan EmptyMer 26 Oct - 23:53



Le couloir se faisait de plus en plus sombre, et le bruit de la fête de plus en plus lointain. Emy avait beau tirer, lui dire de la lâcher, rien n'y faisait. Il ne la regardait pas, ne prenait pas attention à ses supplications. Il se contentait de la tirer de plus en plus fort, de plus en plus loin dans le couloir. La boule qui s'était formée dans son estomac se faisait de plus en plus lourde, oppressante. Pourquoi agissait il de la sorte ? Elle n'avait pourtant rien fait. Elle avait beau y réfléchir, elle n'avait rien fait. Rien qui puisse provoquer une telle réaction, du moins. Elle avait l'impression que le monde lui en voulait d'être ce qu'elle était, d'avoir le corps qu'elle avait. Ce corps qui semblait être destiné à être toujours un peu plus meurtri, sali. Il n'avait pas expliqué ce qu'il allait lui faire, mais elle n'était pas idiote. Elle avait reconnu dans sa façon d'être certaines attitudes qui ne trompaient pas. Elle qui se croyait si forte, si combative, qu'était elle, désormais ? Elle se laissait trainer de la sorte, par un homme qu'elle ne connaissait pas, et qu'il lui voulait obstinément du mal. Mais pourquoi ? Pourquoi devaient ils tous être ainsi ? Durant les long mois passé à attendre dans l'appartement de sa famille, on lui avait reproché à de nombreuses reprises d'être glaciale, en particulier avec les hommes. Et ils se demandaient encore pourquoi ? Outre le fait qu'elle était en attente de quelqu'un, qui occupait continuellement ses pensées, elle avait également cette attitude pour que plus aucun homme ne l'approche. Pour qu'ils arrêtent d'être ce qu'ils étaient toujours avec elle. Qu'ils arrêtent de la voir un objet à mettre dans leur lit, et rien d'autre. Parce que c'était ce dont il s'agissait, non ? Elle n'était que cela, un objet sexuel. Personne ne lui avait jamais donné une autre image d'elle même. Personne sauf Liam. Mais tout cela n'avait plus aucun rapport avec lui, désormais. Alors il ne restait plus que les autres. Tous les mêmes. Tous des bourreaux.

Cependant, malgré cette résignation qui s'était emparée d'elle, elle continuait à tirer, à tenter tant bien que mal de se dégager, même si cela ne servirait strictement à rien. Elle cherchait désespérément un moyen de le faire lâcher. Elle ne parlait même plus, criait encore moins. Sur son visage, toute l'horreur qui l'habitait s'installa en une seconde. Elle ne pensait plus à son masque neutre, ni plus à rien. Elle avait juste peur, et elle voulait qu'il arrête. Il n'y avait rien à faire. Rien du tout. Liam...

Hé toi !
Emy n'eut pas le temps de tourner le visage, ni de penser à quoi que ce soit, qu'elle vit le rebelle la lâcher, parce qu'il venait de se faire percuter de plein fouet. Elle reconnut Liam instantanément, et un sentiment indescriptible s'empara de tout son être. Elle ne l'avait pas entendu arriver. Elle avait juste senti un courant d'air passer lorsqu'il s'était jeté sur Nick. Elle restait statique, trop choquée pour faire le moindre mouvement. Elle assista à la scène, sans dire un mot. Elle vit Liam le plaquer violemment contre la paroi du mur. Ah, je me souviens de toi... Nick, c'est bien ça ? Je crois que tu sais qui je suis, Nick, on va pas s'encombrer avec les présentations, qu'est-ce que t'en penses ? Alors écoute-moi bien... Elle ne bougeait toujours pas, sonnée, perturbée. N'en croyant pas ses yeux. Elle l'avait appelé dans sa tête... Et il était apparu. Pourquoi ? Tu la laisses tranquille. Et c'est valable aussi pour tes petits copains, tu comprends ? T'as bien du voir qu'elle était pas d'accord. Et tu sais très bien de quoi je suis capable Nick, n'est-ce pas ? Alors tu laisses tomber. Si tu tiens à ce qui te sert de couilles, tu ne la touches plus jamais. Emy ne remarqua que vaguement que sa façon de parler avait décidément bien changé. Son coeur était serré et sa respiration toujours aussi saccadée. Il était si froid... C'était pire que de le voir en colère. Elle remarqua d'ailleurs que Nick était de plus en plus pâle. Elle le comprenait. Ses colères froides étaient pires que tout. Elle avait toujours ce sentiment qui l'envahissait, et qu'elle ne s'expliquait pas. Il y avait du soulagement. De la stupeur. Et quelque chose... Quelque chose qu'elle n'avait encore jamais réellement ressenti, jusqu'ici. Surtout, surtout quand je suis dans les parages. Les yeux d'Emy s'écarquillèrent légèrement dans la pénombre, alors qu'elle restait toujours obstinément silencieuse. De la protection. C'était un sentiment de protection qui l'envahissait. Elle se sentait protégée par lui. Elle sentait qu'il la mettait en sécurité. Pourtant... Ca avait toujours été le cas, non ? Alors pourquoi le ressentait elle aussi intensément, désormais ? Elle ne comprenait pas réellement le sens de ses paroles. Il y attachait tant d'importance ? Alors... Alors qu'il n'y avait plus rien ? Que c'était fini ? Pourquoi ? Il avait l'air de prendre tout cela tellement à coeur. Elle avait beau être choquée, elle pouvait le sentir, c'était une conviction qui s'était ancrée en elle. Il semblait si concerné... Mais peut être l'était il pour tout le monde, après tout. Ou alors peut être... Peut être que ce n'était pas fini.

Mais ce n'est qu'une chienne d'espio -. Emy sursauta devant la violence du coup que Liam venait d'asséner au rebelle. Elle le vit s'effondrer au sol, pris d'une quinte de toux. Elle va causer ta perte, Liam. Une fois de plus, ses yeux s'écarquillèrent, et elle eut un mouvement de recul léger. Si elle avait pu, elle aurait hurlé un "non" catégorique. Mais les mots restaient étranglés dans sa gorge. Elle gardait les yeux rivés sur la scène. Il n'avait peut être pas tord... Elle n'était qu'un poids inutile pour lui, après tout. Elle vit alors le rebelle déguerpir, après que Liam lui eut crié de dégager. Elle le suivit une seconde ou deux du regard, toujours choquée. Il lui lança un regard mauvais. L'un des plus mauvais regards qu'elle ait vu de sa vie. Elle reporta finalement son regard sur Liam, qui avait fermé les yeux. Elle le fixa, ne pouvant pas détourner les yeux. Tout son corps était tendu, et elle se rendit compte qu'elle tremblait. Elle le regardait, et essayait de le comprendre, mais il lui semblait qu'un mur invisible les séparaient. Il était venu. Elle avait pensé à lui, et la seconde d'après, il était là. Pourquoi ? Pourquoi ?! Tout ceci n'avait aucun sens, si c'était fini, alors pourquoi était il apparu subitement ?! Elle était dans un trouble profond. Finalement, il rouvrit les yeux. Emy le fixait toujours, et elle croisa donc son regard, qu'elle comprit immédiatement, sans se poser de question. Pourquoi semblait il si désolé ? Il n'y avait pas de quoi s'excuser. Il venait de la sauver. Il était venu à son secours, alors qu'elle ne le méritait aucunement. Lorsqu'il s'approcha d'elle, elle ne fit aucun mouvement, et même si son corps était tendu, elle se laissa faire lorsqu'il saisit ses mains. La peur était toujours là, mais elle s'était légèrement apaisée. Ses sourcils se levèrent lorsqu'il lui enleva ses menottes - qui lui avaient laissé des traces qu'elle garderait pendant de nombreux mois, tant leur profondeur était grande. Elle savait que cela ne signifiait pas qu'elle était libre. Mais elle se sentit tout de même soulagée. Elle leva un regard interrogatif vers lui, sans toutefois rien dire. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait vraiment pas.

Viens.
Emy ressentit la brûlure habituelle qui la saisissait à chaque fois qu'ils se touchaient. Mais elle était encore trop en état de choc pour avoir une réaction quelconque. Comme pétrifiée, elle le suivit donc. Ils marchèrent ainsi quelques dizaines de mètres, jusqu'à ce qu'Emy finisse par reprendre un peu conscience. Elle eut un léger sursaut, puis s'arrêta, lâchant sa main. Son geste n'avait pas été brusque, ni dégoûté, mais plutôt doux. Elle prit son poignet droit dans sa main, se le massant discrètement. La pression qu'avaient exercée les menottes avait été intense, et la douleur qu'elle ressentait désormais l'était aussi. Elle resta silencieuse quelques secondes, le regard fixé sur le sol. Elle ouvrit finalement les lèvres, et se mit à murmurer.

- Pourquoi... D'un coup, elle releva le regard vers lui. Elle ne s'en était pas rendu compte, mais des larmes perlaient aux coins de ses yeux. Pourquoi es-tu venu à mon aide ? Cette question la bouffait depuis qu'il était apparu. Elle ne comprenait pas le sens de cette situation, ni la tournure des évènements. Elle ne comprenait pas pourquoi il était toujours là, alors qu'ils n'avaient plus rien à faire ensemble.
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Liam O'Loughlin
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MessageSujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan EmptyLun 14 Nov - 20:36



Toute cette situation échappait complètement à Emy. Elle qui d'habitude se félicitait d'être d'une clairvoyance exceptionnelle, quand elle le voulait bien, voilà que désormais tout perdait son sens. Depuis quelques semaines, elle s'était fait une raison. La réalité ne lui plaisait certes pas, et elle se sentait plus détruite qu'autre chose mais au moins, elle avait des bases. Quelque chose sur quoi s'appuyer. Des certitudes qui l'aideraient, peut être, à avancer, lorsqu'elle l'aurait décidé. Il était vrai qu'elle était dans un état végétatif avancé depuis qu'on l'avait jetée derrière les barreaux, mais parce qu'elle le voulait bien. Elle pouvait se plaindre, mais elle ne pouvait pas nier l'évidence. Elle se raccrochait à ce qu'elle avait, ses souvenirs, ses sentiments, pour ne pas avancer. Pour rester telle qu'elle était. C'était tellement pratique ! Alors oui, elle déprimait. Oui, elle se laissait complètement aller. Mais elle avait l'impression que c'était la meilleure chose à faire. Elle l'avait déjà expliqué, quelques jours auparavant. Si lui pouvait avancer, elle en était incapable. Elle ne pourrait jamais porter ce poids seul, et elle le savait. Mais elle ne pouvait pas non plus avancer avec lui, car tout cela était désormais terminé. Alors, la seule alternative qui lui restait était de rester dans cet état. Et toute cette façon de penser reposait sur une idée solide, une idée qu'il lui avait profondément enfoncée dans le crâne et dans le coeur. Il ne l'aimait plus, c'était fini. C'était dur, mais elle savait qu'elle devait se baser là dessus. Mais maintenant... Le comportement qu'il venait d'avoir remettait sérieusement en cause les faibles racines qu'Emy possédait désormais. Une fois de plus, il l'avait chamboulée au point qu'elle dusse se remettre totalement en question, une fois de plus. C'était exagéré, elle le savait. Mais le choc qu'elle venait d'avoir avait tendance à laisser son excessivité s'épanouir. Elle aurait voulu se faire croire que ce qui venait de se passer n'était qu'un évènement anodin, qu'il ne voulait rien dire. Qu'elle n'avait même pas à lui demander pourquoi, comme elle venait de le faire. Mais au fin d'elle, une petite voix lui soufflait que non, ce n'était pas anodin. Non, ce n'était pas rien. Alors qu'était ce ? Allait elle devoir s'accrocher à d'autres racines ?

Droite, la respiration toujours légèrement saccadée, elle le fixait désormais, attendant une réponse. Elle qui était plutôt du genre à faire profil bas dans ce genre de situation, surtout maintenant, ne pouvait rester sans explication. Elle en avait désespérément besoin, pour savoir comment se reconstruire. Elle ne pouvait plus rester sans idée fixe à laquelle se raccrocher. Parce que c'était tout ce qu'elle avait, désormais. Elle se mordit intérieurement les joues. Il avait l'air si distant, si neutre, alors que quelques minutes à peine auparavant elle avait pu lire la colère dans ses yeux. C'était donc ce à quoi elle avait à faire face, désormais ? De la distance ? Elle pourrait s'y faire, elle le savait. Elle n'avait pas le choix, de toute façon. Elle s'était elle même ordonné de rester en retrait. Le simple fait qu'elle soit là était une énorme erreur. Alors, si elle n'avait droit qu'à de la neutralité, elle s'y ferait. C'était mieux que rien, même si cette distance la consumait. « Je ne sais pas... » Troublée, elle fronça les sourcils. Cette réponse ne lui convenait pas. Elle dissimula cependant son trouble d'une main de maître. Ce n'était pas une réponse, ça ! Elle voulait des mots concrets, une explication claire et précise ! Si lui même ne savait pas, alors comment ferait elle, elle ? Non, c'était impossible. Il devait forcément savoir pourquoi il était venu. On ne l'y avait pas forcé, après tout. Elle ne comprenait plus rien et son trouble s'agrandissait de seconde en seconde. Au fond d'elle même, elle savait que la réaction violente qui se déroulait en elle résultait du fait que, dans un ultime élan d'espoir, elle s'était attendue à quelque chose d'autre. Quoi, elle ne savait pas, mais quelque chose qui aurait pu lui faire chaud au coeur. Ca aurait pu être n'importe quoi, elle s'en serait contentée. Mais qu'il ne sache pas... Même avec tous les efforts du monde, elle ne pouvait pas se suffire de cela. Cependant, elle allait devoir jouer la comédie, même si elle n'en avait pas envie. Prétendre que tout cela ne l'atteignait pas. Qu'elle n'avait pas mal.

Elle ne s'était pas encore rendue compte que le malêtre qui l'habitait commençait à se montrer à l'extérieur. Aussi, elle ne se rendit compte qu'elle pleurait que lorsque Liam tendit la main vers son visage. Avant même qu'il ne la touche, elle sentit la chaleur de l'eau qui coulait le long de son visage. Pourquoi pleurait elle ? C'était ridicule ! Elle avait bien assez pleuré comme cela, non ? Elle s'en voulut immédiatement de cet instant de faiblesse. Cela ne lui plaisait pas. Elle garda le regard planté dans celui, toujours aussi distant, de Liam. Cette distance la tuait, mais elle se forçait à la regarder de pleine face. A la confronter, même si elle savait que le combat contre elle était déjà perdu depuis bien longtemps. Lorsque, finalement, la main de Liam se posa sur son visage, elle ne recula pas. Elle ne fit rien, mais son geste la perturba bien plus que ce qu'elle ne le laissa paraître. Elle ne bougea pas non plus lorsqu'il saisit ses mains. Même s'il n'était pas brusque, le contact de ses doigts sur ses blessures lui fit mal, et elle retint une grimace. Fichues menottes. Fichue prison. Elle donnerait tout ce qu'elle avait pour partir d'ici et en même temps, elle voulait y rester. Juste pour lui. Mais cela n'importait pas.

« Parce que je ne voulais pas te laisser entre d'autres mains que les miennes. » Les pupilles d'Emy se dilatèrent, et tout le trouble qu'elle ressentait intérieurement s'exprima à travers ses prunelles. Si elle se trouvait déjà perdue, là elle ne savait carrément plus où elle en était. Qu'est ce que cela voulait dire ? A bien y réfléchir, c'était peut être pire que le fait qu'il lui dise qu'il ne savait pas. Son honnêteté l'avait frappée de plein fouet, sans qu'elle ne s'y attende une seconde. il avait dit cela si simplement ! Ne se rendait il donc pas compte qu'il venait d'empirer les choses ? Il ne pouvait pas dire cela. Non, il ne pouvait pas, pas après tout ce qu'il lui avait déjà dit auparavant. Ces choses qui l'avaient détruite, et qui étaient marquées dans sa chair d'une façon indélébile. Et maintenant... Maintenant voilà qu'il la faisait espérer à nouveau. Elle ne comprenait pas le sens de cette réponse. Elle avait beau la retourner dans tous les sens dans son cerveau, elle ne parvenait pas à voir une explication claire. Cela signifiait il que malgré tout, il voulait qu'elle ne soit qu'à lui ? Parce que c'était simplement une façon détournée de traduire ce qu'il venait de dire. Mais dans ce cas là... Pourquoi ? Pourquoi ne devrait il y avoir que lui qui la touche, alors que c'était fini ? Il ne s'en rendait probablement pas compte, mais il était en train de jouer avec son coeur, et cela faisait mal. Il n'avait pas le droit de dire ça. Pas après tout ce qu'il avait dit. Il ne pouvait pas raviver l'espoir qu'elle avait passé de longues heures à détruire, petit à petit. Il ne pouvait pas. Et pourtant... Pourtant elle voulait qu'il le fasse. Elle était trop contradictoire, et elle se perdait elle même dans toutes ses réflexions. Elle aurait tant aimé que la situation soit simple. Mais elle savait qu'elle ne la serait jamais vraiment.

« Je t'emmène respirer. » Emy n'avait rien pu répondre, et son trouble n'avait pu s'exprimer qu'à travers son regard perdu. Il venait à nouveau de soulever diverses questions en elle, mais elle ne les formula pas. Elle verrait bien où ils allaient, après tout. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de sentir une certaine tension en elle. La dernière fois qu'elle l'avait suivi de la sorte, cela ne s'était pas vraiment bien terminé. Et même si elle savait qu'elle n'allait pas vivre l'expérience deux fois, elle se méfiait tout de même. A nouveau, Emy le suivit dans les couloirs, le regard fixé sur son dos. Qui était il, finalement ? Elle ne savait pas. Elle ne le connaissait pas. e temps en temps, ses yeux dérivaient sur leurs mains entrelacées. Ce geste paraissait simple et pourtant, il lui demandait un effort considérable. Elle faisait de son mieux pour ne pas le lâcher, alors que sa raison lui hurlait de le faire. Elle en profitait, au contraire. Égoïstement, elle profitait du fait de pouvoir tenir sa main, même si ce n'était que pour quelques secondes. Même si lui ne ressentait rien par rapport à cela. Lorsqu'ils s'arrêtèrent, Emy ne put s'empêcher de froncer les sourcils. il voulait l'emmener respirer dans un couloir sombre et humide ? Ils auraient tout aussi bien pu rester dans l'autre couloir, c'était la même chose. La même angoisse, la même noirceur. Mais elle vit alors Liam s'appuyer contre le mur, et elle ne put s'empêcher de s'avancer pour comprendre ce qu'il fabriquait. C'est alors qu'elle vit que le mur était amovible, et elle ne put empêcher un air surpris de s'installer sur son visage. Elle sentit alors de l'air souffler sur celui ci, et son expression surprise ne fit que s'accentuer. C'est alors que Liam se retourna, mais elle ne put reprendre son masque neutre. Sans s'en rendre compte, elle gardait obstinément son air surpris et benêt. Elle le laissa l'entraîner avec lui, sans vraiment comprendre ce qu'il se passait. Elle était sous terre depuis si longtemps, désormais, elle s'était déjà mis en tête l'idée qu'elle ne reverrait jamais la surface de la terre. Elle ne regardait plus Liam, désormais. Son regard était absorbé par le ciel étoilé. Elle ne se rendit même pas compte qu'il lui avait lâché la main. Elle sentit un énorme poids s'envoler en elle.

De l'air. De l'air frais. Les angoisses qui l'habitaient depuis plusieurs semaines s'envolèrent en partie et, le regard toujours fixé sur le ciel, elle ne put empêcher un sourire de venir habiter ses lèvres. Elle ne savait pas pourquoi il avait fait cela mais pour le moment, elle s'en fichait. Tout ce qui comptait, c'était qu'elle pouvait voir le ciel. Qu'elle pouvait sentir la brise se déposer doucement sur son visage. C'était tout ce qu'elle demandait, et il venait de lui donner. Elle baissa finalement la tête, pour regarder tout autour d'elle, toujours aussi surprise. Ils se trouvaient près d'une fontaine, entourée de buissons et d'arbustes. Elle ne connaissait pas cet endroit ou du moins, elle ne se rappelait pas y être un jour venue. « C'est mon endroit préféré.» Elle tourna la tête vivement vers lui, son sourire s'était déjà estompé, il n'avait duré qu'une demie seconde. De nouveau, elle reporta son regard sur les éléments qui les entouraient. Cet endroit était vraiment beau. Elle ne comprenait pas pourquoi il l'y avait emmenée.

- Où sommes nous ? La question était stupide, et sans importance, mais elle lui tenait à coeur. En une seconde, l'endroit l'avait conquise, et elle s'était promis d'y revenir. C'est alors qu'elle se rappela qu'elle ne pourrait probablement jamais y revenir. Qu'elle allait devoir retourner dans les entrailles de la terre pour finir par y mourir, un jour ou l'autre. A cette pensée, son visage s'assombrit, et de nouveau la tristesse qui l'habitait ressurgit.

Emy était si heureuse de voir la nuit de cette façon. C'était le moment qu'elle préférait, lorsque toutes les étoiles étaient allumées et que la lune irradiait de lumière. Elle se sentait bien, malgré les pensées noires qui l'habitaient. « Je ne veux pas être ton ennemi. » A nouveau, elle tourna la tête vers lui, intriguée et perturbée. Elle baissa finalement les yeux et ne répondit rien, pour l'instant. A la place, elle se dirigea vers la fontaine pour passer sa main dans l'eau fraiche. Elle y vit deux poissons qui se tournaient autour. Les yeux rivés sur eux, elle finit par ouvrir la bouche.

- C'est pourtant ce que nous sommes, non ? Tu l'as dit toi même, je suis impliquée dans tout ça. Elle marqua un petit temps d'arrêt, se disant à quel point elle aurait aimé ne rien avoir à faire avec la situation. Elle eut un léger soupir, presque inaudible. Et que je le veuille ou non, je suis du mauvais côté de la barrière, désormais. Elle ne s'en rendait pas compte, mais ces quelques semaines d'enfermement l'avait fait mûrir à un point qu'elle ne soupçonnait aucunement.
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Liam O'Loughlin
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MessageSujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan EmptyMar 15 Nov - 0:46



Les cheveux d'Emy se balançaient doucement au rythme de la brise légère qui soufflait au milieu du labyrinthe. Elle ne pensait pas être un jour aussi heureuse de se retrouver à l'air libre. Malgré tout ce qu'elle pouvait ressentir, malgré la destruction qui s'opérait en elle depuis plusieurs semaines, elle se sentait bien. Étrangement légère. Elle n'était plus habituée à cette sensation, et cela la perturbait profondément. Elle avait toujours été éprise de liberté, depuis l'enfance. Elle avait grandi avec cette liberté sauvage qui lui était caractéristique. Mais depuis qu'elle était arrivée dans cette maudite ville, elle en avait été progressivement privée. D'abord, il y a avait la vie d'aristocrate et ses contraintes. Elle n'avait pas pu faire ce qu'elle voulait pendant plusieurs mois. Si l'envie la prenait de faire une sortie nocturne, elle ne pouvait pas. Si un concert l'ennuyait, elle ne pouvait pas se lever subitement pour sortir de la salle étouffante. Elle ne pouvait pas partir seule dans les champs. Elle ne pouvait pas aller respirer l'air marin sur les falaises. Elle ne pouvait pas être elle même. A la place, elle avait été conditionnée, on l'avait forcée à n'être que de la décoration. A faire ce qu'on lui disait, quand on le lui disait. Car c'était cela après tout, non ? Elle avait eu le temps d'observer toutes les autres jeunes femmes dans son cas et c'était à chaque fois la même chose. Il n'y avait qu'une règle, apparemment. Sois belle et tais toi. Et pour celles que la nature n'avait pas gâtées et bien... Il n'y avait qu'à se taire. Elle ne pouvait pas vivre comme cela, elle ! Elle avait besoin de s'exprimer, besoin de faire ce qu'elle voulait quand elle le voulait. Elle comprenait néanmoins que certaines femmes se complaisent dans cette vie. Après tout, Caiterina semblait parfaitement heureuse. Mais peut être cachait elle des secrets, après tout. Peut être qu'elle aussi contournait le système. Emy n'en savait rien. Mais elle regrettait de ne pas avoir discuté de cela avec sa soeur, avant de se faire enfermer. Tout ceci constituait une partie des raisons qui avait conduit Emy à ses sorties dans les bas quartiers de la ville, en plus du fait que la pauvreté des gens la touchait directement. Elle avait besoin du danger pour survivre, ou du moins de faire des choses excitantes, interdites. C'était qui elle était. Personne ne la dompterait jamais. Du moins... Elle l'avait toujours cru, jusqu'à ce qu'elle se fasse enfermer dans ses deux prisons. L'une dorée, et l'autre sombre. Elle ne savait pas encore laquelle était la pire, mais elles avaient toutes deux constitués à son brusque changement de caractère. La première l'avait fait devenir l'être glacial et méprisant qu'elle était quelques semaines à peine auparavant. C'était une façon pour elle de se rebeller que de mépriser tout le monde. De s'exprimer. Cela n'était pas très malin, et elle s'en rendait désormais compte. Mais elle n'avait, à l'époque, rien d'autre sous la main. Sa vraie personnalité se battait toujours un peu plus pour ressortir, et le seul moyen qu'elle avait trouvé pour qu'elle n'éclate pas au grand jour était ce masque de petite aristocrate gâtée et capricieuse. Elle même trouvait qu'elle n'était pas crédible dans ce rôle. Mais après ce que Liam lui avait dit... Elle s'était rendu compte qu'elle était allée bien plus loin que ce qu'elle le voulait. Mais une nouvelle prison s'était imposée à elle, et avec cela son attitude s'était de nouveau trouvée bouleversée. Désormais, elle n'était qu'une épave, qui se cachait encore et toujours derrière un masque de froideur. Elle ne tiendrait pas longtemps ainsi - du moins, moins longtemps que lorsqu'elle jouait à l'aristocrate - et le savait. Mais qui était elle, alors ? A force de changer d'environnement, elle s'était perdue elle même. N'être ainsi constituée que de douleur ne lui ressemblait pas. Elle avait vécu l'enfer pendant des années et des années et pourtant, elle avait gardé le sourire, non ? Elle était bien plus heureuse lorsqu'elle n'était qu'une vulgaire prostituée que maintenant, alors qu'elle était libérée de ce poids. Elle voulait se persuader du fait qu'elle ne savait pas ce qui la faisait tenir, mais le mensonge était bien trop gros pour qu'elle se l'impose. C'était lui. Et désormais qu'elle ne l'avait plus, que restait il ? Qu'avait elle pour tenir ? Plus rien. Elle ne savait plus quoi faire. Elle ne savait plus comment se retrouver parmi tout cela. C'est terrible, de ne plus savoir qui l'on est.

Pendant un temps, elle s'était dit qu'elle pouvait essayer de se constituer une espèce d'être hybride entre ce qu'elle avait été. Mais cela n'aurait mené à rien et là non plus, elle n'aurait pas tenu longtemps. Elle voulait rire à nouveau. Elle voulait être heureuse. Mais malheureusement, ses désirs n'étaient pas des priorités, loin de là, et elle en avait conscience. A la fin de la journée, elle se retrouvait seule. Sans personne sur qui se reposer, lorsque ça n'allait pas. Elle ne voyait même pas son frère, ni Lola. Et pourtant, elle avait appris qu'ils étaient là, tous les deux. Ils n'étaient pas venus la voir. Ils ne lui avaient pas parlé. Oui, la fin de la journée était un triste moment.

Le calme de l'endroit lui faisait presque oublier ses soucis, elle ne pensait plus à ce qu'elle venait de vivre. Elle profitait simplement de l'instant. De l'air et des étoiles. C'était tout ce qu'elle demandait. Une fois de plus, il lui avait accordé ce qu'elle avait tacitement supplié d'avoir. Elle ne comprenait toujours pas son comportement, ni ce qui l'avait amené à la conduire ici. Sans menottes, en plus. Il ne craignait donc pas qu'elle en profite pour partir ? Cela aurait été simple, après tout. Mais elle ne pensait pas à s'enfuir. Elle ne pouvait pas. Quand bien même elle pourrissait au fond de sa cellule, elle ne pouvait plus partir loin de lui. Elle l'avait déjà fait une fois et le regrettait depuis, elle n'allait plus commettre les mêmes erreurs. Tout cela n'était pas réciproque, elle le savait. Mais tant pis. Elle ne pouvait pas changer qui elle était, ni ce qu'elle ressentait. Alors elle resterait là, en silence, discrète au point de se faire oublier, s'il le fallait. Tant qu'elle savait qu'il était dans les parages, cela lui suffisait, même si elle ne pouvait pas le voir. Emy détacha son regard du ciel pour le poser sur Liam. Inconsciemment, elle profitait du moment. Elle savait en son for intérieur que cela n'allait probablement pas se reproduire de sitôt, voire jamais. Son air avait changé. Elle ne pouvait pas le comprendre, mais elle voyait que sa froideur s'effaçait. Cependant, elle n'arrivait pas à mettre de mot sur son expression. Elle sentait seulement son coeur se serrer en le regardant. Elle ne savait pas le quart de ce qu'il vivait, mais elle se doutait que ce n'était pas facile.

« On l'appelle la Meta Sudans... C'est l'ancien centre du labyrinthe du Royal Victoria Park. Mais ils ont agrandi le labyrinthe il y a des années pour remplacer le centre par un autre, plus imposant, et maintenant, ici ce n'est plus qu'une pauvre fontaine isolée au milieu de l'immensité. Parfois je me dis que c'est pour ça qu'elle pleure. » Pendant quelques secondes, Emy ne dit rien, se contentant de continuer à observer son visage. Elle aurait tellement aimé le comprendre... Ses yeux se déposèrent finalement sur la pierre couverte de mousse, dont l'eau s'écoulait par le haut. elle n'avait jamais vu de telle fontaine. Sa voix se fit plus basse, mais nettement moins neutre.

- Je trouve qu'elle a l'air paisible... Elle tourna finalement la tête vers Liam, et un sourire vint étirer ses lèvres. Un sourire que personne n'avait vu depuis longtemps. C'était celui qui tentait d'être positif, celui qui voulait réchauffer le coeur des gens. Et malgré l'air sombre qu'elle continuait à exprimer, ce sourire vint éclairer son visage. Peut être parce que des gens sont là pour se souvenir d'elle.

Elle ne voulait pas qu'il soit mal. Elle ne voulait pas qu'il souffre. Et pourtant, elle était en grande partie la cause de sa souffrance, non ? De nouveau, elle redevenait égoïste, elle le sentait. Mais elle ne supportait pas de voir cet air sur son visage, cet air qu'elle ne pouvait même pas définir. Elle voulait juste qu'il aille bien. Même si c'était avec quelqu'un d'autre qu'elle, même si pour cela elle ne devait plus faire partie de sa vie. Elle resterait en retrait, du moment qu'il allait bien.

Les yeux d'Emy demeuraient résolument fixés sur le cercle parfait que les poissons effectuaient. Cela l'apaisait, étrangement. Comme si après tout, il restait une certaine forme de logique dans ce monde. Ce n'était que de vulgaires poissons, pourtant ! Elle ne devait plus tourner rond, pour s'extasier de la sorte devant des animaux. Ses doigts trempaient toujours dans l'eau fraîche, qui finissait de la calmer entièrement. Du moins, de calmer le choc qu'elle avait éprouvé dans le couloir. Pour la calmer totalement, un lac n'aurait probablement pas suffi. Mais elle ne montrait rien de tout cela, même si ses expressions étaient bien neutres qu'auparavant.

« Ça n'a pas forcément à se passer comme ça. Pour être franc... Je suis fatigué de ces étiquettes qui nous collent à la peau. Si je pouvais foutre le feu à ces histoires de statut social, je le ferais. Mais je suppose que tu as raison. L'égalité parfaite est une utopie, je le sais. Il y aura toujours des puissants et des faibles. J'essaie juste de réduire l'écart. »
Troublée, Emy s'était contentée de froncer les sourcils, mais avait continué à fixer les poissons qui nageait lentement, toujours dans un cercle parfait. Elle était d'accord avec lui, à un point difficilement imaginable. L'étiquette... N'était ce pas une partie ce qui avait détruit leur relation ? Elle savait que dans un tel moment elle ne devait pas penser à elle, ni à eux, mais cela était chose difficile, au vu de son état psychologique du moment. Elle aussi voudrait que l'étiquette n'existe pas et, sans que tous soient parfaitement égaux, car c'était impossible, que tous soient au moins à l'abri. Qu'il y ait moins de pauvreté. Que les gens puissent manger à leur faim, et qu'ils arrêtent de vivre dans la peur. Réduire l'écart... C'était une noble cause, mais Emy ne pouvait s'empêcher d'avoir des doutes, qu'elle ne formula pas. Les nobles ne se laisseraient jamais faire. Ils jouissaient bien trop de leurs privilèges pour en faire profiter les autres, ceux qui en avaient le plus besoin. Mais elle n'allait pas lui dire ça. Cela n'aurait servi à rien, et elle ne voulait pas détruire ce en quoi il croyait. Alors elle s'était contentée d'écouter en silence, d'approuver en silence.

« Et si je voulais te faire passer de mon côté de la barrière, est-ce que tu dirais oui ? » A nouveau, les pupilles d'Emy se dilatèrent, et ses yeux se détachèrent aussitôt des poissons pour aller se ficher dans ceux de Liam. C'est alors qu'il vit la douleur qu'ils exprimaient. Elle ne comprenait pourquoi il souffrait tant. Pourquoi, alors que tout était fini ? Il devait être en paix désormais, non ? Peut être avait elle commis encore une erreur, elle ne s'en rendait jamais compte. Peut être que sa présence le faisait souffrir. Mais elle ne voulait pas, elle ! Tout ceci était indépendant de sa volonté ! Elle allait redoubler d'efforts pour se faire oublier, c'était la meilleure chose à faire. Pourquoi souffrait il de la sorte ? Elle ne comprenait pas... Non, vraiment, elle ne comprenait pas. Elle aurait voulu lui demander, mais elle sentait que ce n'était pas la bonne chose à faire. Sa question l'avait frappée en pleine face, si fort qu'elle avait l'impression d'étouffer, et son regard prit une lueur étrange, blessée, elle aussi. Elle serra la mâchoire si fort qu'elle avait l'impression que celle ci allait exploser. Au bout d'un moment qui lui parut être une éternité, elle ouvrit les lèvres, pour parler de nouveau à voix basse, d'une voix étouffée, son regard s'était baissé de lui même. Elle n'arrivait plus à le regarder en face. C'était trop douloureux.

- Est ce que tu as réellement besoin de me poser la question ? Elle serra les lèvres un instant, juste le temps qu'une boule vienne se former dans son estomac. Si elle n'avait pas toujours compris leur situation, il lui apparaissait clairement que lui non plus. N'as tu toujours pas compris que j'ai toujours été de ton côté ? Que même lorsque je hurlais que je ne voulais rien avoir à faire avec toi, je me tenais quand même de ce côté ? Elle savait qu'elle allait trop parler, que ce qu'elle disait devait rester en elle. Mais de nouveau une rébellion avait commencé en elle. Tu ne me connais donc plus à ce point que tu as oublié que c'est toujours là que j'ai vécu ? Tu crois vraiment que lorsque j'étais coincée à un bal ou une autre absurdité de ce genre, je ne pensais pas qu'à m'échapper de là ? Sans s'en rendre compte, elle avait serré le poing, si fort qu'il tremblait. Il y avait tellement de choses qu'elle voulait lui dire, mais elle ne pouvait pas. Elle s'était promis de rester en retrait. C'était fini, Emy. Fini. Tu n'as plus le droit d'étaler tes sentiments. Tu en avais l'occasion, avant, et tu ne l'as pas fait. C'est trop tard, maintenant. C'était trop dur. Elle ne pouvait pas faire semblant. C'était juste... Trop dur. J'ai toujours été de ton côté de la barrière.
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MessageSujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan EmptyMer 16 Nov - 1:23


L'emplacement de la Meta Sudans était d'une quiétude déconcertante. Il faisait partie de ce genre d'endroits où le temps semble être suspendu, comme figé pour l'éternité dans un même état. Tous les éléments étaient présents pour créer cette impression, spécialement la nuit. La faible clarté de la Lune se reflétait sur la pierre couverte de mousse, la faisant scintiller. La brise légère faisait bouger les feuilles lentement, créant une impression de ralenti. Oui, le temps semblait figé, ici. C'était la première impression qu'Emy avait ressentie lorsqu'elle était enfin sortie des entrailles de la Terre. Cela signifiait-il que c'était une bonne chose ? Elle n'en savait rien. Elle ne savait pas si le fait que temps soit arrêté soit une bonne chose. Elle qui n'arrivait déjà pas à avancer en temps normal, elle avait le pressentiment qu'ici, tout irait plutôt à reculons. Qu'elle ne parviendrait jamais à évoluer. Et pourtant, cela lui convenait. Car c'était ce qu'elle souhaitait, après tout. Rester dans cet état d'esprit. Pour ce qui était de la tristesse, peut être finirait-elle par s'évaporer, diminuer au moins. Mais la sensation de vide... Elle voulait la garder. Elle voulait l'avoir toujours en elle, pour garder à l'esprit ce qu'elle avait fait, les multiples bêtises qu'elle avait commises, et qui l'avait menée ici, dans cet endroit magnifique et terrifiant à la fois. Les sentiments qu'elle éprouvait étaient encore plus paradoxales qu'habituellement, parce que malgré la douleur que lui inspirait l'endroit, elle s'y sentait tout de même en sécurité. Comme si elle était dans un cocon, où rien ne pouvait l'atteindre. Mais alors, pourquoi continuait-elle à avoir si peur ? Et peur de quoi, exactement ? Rien n'allait lui arriver, ici, et elle le savait. Pourtant, elle sentait que la boule de crainte qui s'était formée au fil des semaines et des mois en elle ne s'amenuisait pas. Elle était encore plus lourde que d'habitude. Parallèlement à cela, cet endroit la réconfortait, lui réchauffait le coeur. Elle aurait voulu partir d'ici au plus vite tout en y restant éternellement. C'était complètement ridicule, ce genre de choses n'était pas logique. Peut être étaient-ce les deux parties d'elle même qui s'affrontaient. Elle commençait à se demander si elle n'avait pas un sérieux problème de dédoublement de personnalité. Elle avait déjà entendu parler de cas comme cela. Mais elle sentait que ce n'était ça. C'était quelque chose de plus complexe, bien moins simple à expliquer. La vérité était que ce qui provoquait toutes ces réactions était son inaptitude la plus totale à prendre une décision, et à s'y tenir. Si elle s'y était tenue, elle ne serait pas ici. Elle ne serait pas en train de regarder Liam fixement. Son poing se serait pas si serré que les jointures de ses doigts blanchissaient. Si elle se tenait à ses décisions, elle ne ressentirait pas la tension qui venait de s'installer dans l'air, détonnant parfaitement avec le calme de l'environnement qui les entourait. Si elle se tenait à ses décisions, elle serait en train de servir des verres, à cette heure ci, et c'était tout.

Toute cette situation la dépassait, et elle n'avait pas encore saisi toute l'ampleur de ce phénomène. Elle luttait, en silence, mais ne se rendait pas compte qu'après tout, c'était inutile. Elle essayait tant bien que mal d'agir comme elle le fallait, elle avait toujours fait ça. Elle savait désormais que lorsqu'elle avait ce genre de comportement, seules de mauvaises choses en ressortaient. Pourtant, tout partait d'un bon sentiment. Tout ce qu'elle faisait, c'était pour ne blesser personne, sauf elle même, mais elle pouvait s'arranger cela. Et au lieu de ça, quoi ? Elle avait tout détruit. Tout balayé avec de simples mots et une attitude exécrable. Elle n'avait pas pensé aux conséquences, elle n'aurait jamais pu les imaginer, après tout. Ces conséquences qui l'avaient ravagée si fort qu'elle ne savait plus comment agir, elle ne savait plus si elle faisait le mal ou le bien. Ces deux notions s'étaient mélangées dans son esprit. Elle savait qu'il ne pouvait pas y avoir qu'un « bon » et un « mauvais », mais la nuance lui semblait floue. Pire, elle n'arrivait plus à distinguer les actes de bonté de ceux provoqués par la méchanceté en ce qui la concernait. Elle aurait voulu ne plus rien avoir à faire du tout, au moins elle ne se poserait plus de questions, et aurait l'esprit bien moins torturé.

Alors elle ne savait pas, si dire si distinctement ce qu'elle pensait était une bonne chose ou non. Du moins, elle ne savait si c'était la chose à faire. Est ce que cela le blesserait ? Peut être, même si elle n'avait rien dit de mauvais. Est ce que cela le toucherait ? Peut être aussi. Il était devenu impossible de savoir, parce qu'en plus de ses problèmes de compréhension interne, il avait énormément changé. Elle ne s'en rendait compte qu'un peu plus chaque jour. A chaque fois qu'ils s'étaient vus - et elles n'étaient pas si nombreuses, en fin de compte - un nouveau détail l'avait frappée. Elle l'avait vu colérique, haineux, blessé, violent. Maintenant, elle voyait à quel point il était brisé. C'était pire que tout, peut être même pire que lorsqu'il lui avait craché toute sa haine au visage. Elle aurait voulu effacer cette douleur d'un coup de chiffon, et qu'elle ne vienne plus l'importuner. Mais elle ne savait pas comment s'y prendre. Le mur de glace qu'il avait installé entre eux, et avec tout le monde, l'empêchait de connaitre la démarche à suivre. Avant... Avant elle aurait su, probablement. Mais maintenant, elle allait devoir apprendre à le connaitre à nouveau. Et s'il ne voulait pas, lui, qu'elle le connaisse, qu'elle le comprenne ? C'était tout à fait normal, après tout. Cela lui aurait même semblé logique, après tout ce qui s'était passé. Dans ce cas là, elle espérait que quelqu'un serait là pour l'aider et si ce n'était pas elle... Tant pis. Elle continuerait à regarder, de loin. Elle continuerait à espérer qu'il aille mieux, que ses tourments se calment, qu'ils disparaissent. Mais avait-il quelqu'un ? Elle ne savait pas. Égoïstement, elle espérait que non, mais ce n'était plus le moment d'écouter ses désirs, désormais.

Il était apparu si vite devant elle qu'elle n'avait pas eu le temps d'esquisser le moindre geste. Elle était encore perturbée de tout ce qu'elle venait de lâcher, et le poids qui pesait dans son estomac ne devenait que plus lourd alors que le temps passait. Elle aurait cru qu'elle se serait sentie plus légère, mais c'était pire. Pire, parce qu'elle avait des tonnes d'autres choses à dire, mais qu'elles restaient coincées dans sa gorge, bloquées par ses résolutions. Du regard, elle avait suivi leurs mains se poser sur la poitrine de Liam. Elle ne s'attendait pas à ce genre de réaction. Elle ne pensait pas qu'ils seraient... si proches. Cela l'effrayait. Lorsqu'il saisit son menton, tout son corps se tendit. Des flashs de la réserve vinrent inonder son esprit, troublant son regard. Elle avait beau ne pas lui en vouloir pour ce qu'il avait fait, ce jour là, les blessures restaient tout de même présentes, et ses plaies étaient toujours béantes. Elle savait, pourtant, que ce genre de chose n'allait pas se reproduire, mais elle gardait quand même une appréhension qui lui lacérait la poitrine. Malgré cela, elle gardait les yeux levés vers lui, il ne l'y avait pas forcée, cette fois ci. Elle sentait son souffle se poser sur son visage. C'était la première fois qu'ils étaient si proches - d'une proximité qui n'était pas malsaine - depuis longtemps. Vraiment très longtemps.

« Je ne sais plus, Emy. Je ne sais plus rien de tout ça... Je ne sais plus ce que je pense, ni ce que je ressens. Je pourrais t'embrasser, tout de suite. Mais je ne ne sais même plus qui je suis, ou ce que je suis devenu. Si je t'embrassais...  » Le coeur d'Emy battait la chamade, si fort qu'elle craignait qu'il ne sorte de sa poitrine. Ses lèvres se mirent à trembler discrètement. Ce qu'il lui disait lui faisait mal. Réellement mal. Elle aurait du s'en réjouir, être toute excitée et tout heureuse, mais c'était impossible. Une fois de plus, il chamboulait les pauvres fondations qu'elle avait bâties tant bien que mal ces dernières semaines. Elle sentait leurs lèvres se frôler, mais prenait garde à ne pas bouger. Elle ne pouvait pas le laisser l'embrasser. Non pas parce qu'elle n'en avait pas envie, mais parce que la retombée serait trop brutale. Même si cela arrivait, il allait forcément falloir retourner à la réalité. Et cela aurait servi à quoi ? Rien. Sur le moment, elle aurait surement été heureuse. Oui, sûrement. Mais ensuite, après cet instant qu'elle aurait aimé imaginer, les choses auraient repris leur cours. Il n'allait pas recommencer à l'aimer subitement. Il n'allait pas lui pardonner ce qu'elle avait fait comme par enchantement. Oui, la retombée serait trop brutale, pour tous les deux. Elle ne pouvait pas laisser cela arriver.

« Ce que je sais, c'est qu'en fermant les yeux... Je verrais encore les mêmes choses. Tous les visages de ceux que j'ai déçu, de ceux qui sont morts à cause de moi, pour moi... » Petit à petit, alors qu'il recommençait à parler, Emy prenait conscience de toute l'ampleur de la situation. Elle avait encore été bien égocentrique de croire que sa douleur n'était causée que par elle. Elle n'avait pas pris en compte ces facteurs. Pourtant, elle savait ce qu'il se passait. Elle avait vu les blessés lorsqu'elle était à l'infirmerie, elle avait entendu des parents pleurer la perte de leurs enfants. Il lui semblait que le poids qui pesait sur les épaules de Liam l'écrasait complètement. Jusqu'ici, elle n'avait remarqué que sa froideur envers les gens, la distance qu'il mettait entre eux, et n'avait pas saisi pourquoi il agissait ainsi. Désormais, même si elle ne parvenait pas encore à mettre de mots sur ça, il lui semblait qu'elle comprenait un peu mieux ce dans quand il s'enfonçait. « De tous ceux que j'ai tués. » Lorsqu'il se recula et qu'elle vit à nouveau son regard, elle eut l'impression que son coeur avait fini par lâcher. Elle avait été habituée à le voir avec une expression glaciale sur le visage depuis quelques semaines, et elle s'était faite à l'idée qu'il était simplement devenu plus distant. Mais là, d'un simple regard, elle prenait conscience de l'état réel dans lequel il se trouvait. Il n'était pas devenu froid, ni distant. C'était un masque, et elle ne s'en rendait réellement compte que maintenant. Il souffrait. Tellement. Elle ne l'avait jamais vu ainsi. Les autres le savaient ils ? Se rendaient ils compte de l'était dans lequel il se mettait pour eux ? Elle en doutait sérieusement. Elle ne les connaissait pas, mais elle savait comment étaient les hommes en général. Ils ne devaient pas se douter de la moitié de la souffrance qu'il éprouvait. Maintenant qu'elle l'avait vu ainsi... Elle ne pouvait plus se résoudre à n'être plus qu'une ombre en retrait, à le regarder de loin. Lentement, elle leva la main jusqu'à son visage. Ses doigts se crispèrent légèrement, l'espace d'un instant. Finalement, elle posa sa main sur sa joue, avec une douceur qui ne lui était pas habituelle. Elle ne pensait pas au fait qu'il venait de lui dire avoir tué des gens. Elle pensait à lui. Seulement à lui. Par ce simple geste, elle voulait partager sa douleur, la rendre moins lourde. A deux, c'était plus facile, non ? Elle ne répondit rien, se contentant de le regarder, espérant qu'il saisisse le message qu'elle essayait de lui envoyer.

« Et je refuse de te salir avec tout ça... » La main posée sur sa joue, et ce même s'il l'avait lâchée, Emy eut soudainement un petit sourire, triste. Il se préoccupait donc encore d'elle ? Mais pourquoi ? Si c'était fini, alors pourquoi lui disait-il ce genre de choses, désormais ? Elle avait l'impression de flotter, sans ses fondations. Elle était déjà salie, elle l'était depuis l'adolescence. C'était devenu une habitude, pour elle. Elle secoua la tête lentement.

- Cette fois-ci, c'est toi qui prend les décisions tout seul.

Elle faisait évidemment référence à ce qu'il lui avait reproché. Elle n'avait pas exprimé d'animosité dans sa voix, ni de rancoeur. C'était une simple constatation, peut être même une plaisanterie, un peu de mauvais goût, certes. Le voir si glacial et si tourmenté... Toutes ses bonnes résolutions partaient en fumée à une vitesse impressionnante. Elle ne pouvait plus lutter, il venait de l'achever. Elle allait surement regretter ce qu'elle s'apprêtait à faire, mais tant pis. Lentement, elle ôta la main du visage de Liam et, toujours avec lenteur, elle ouvrit les bras, pour le serrer contre son elle. Égoïste, égoïste ! Il ne veut pas de toi, alors pourquoi tu t'accroches ? Stupide Emy, toujours trop têtue et qui n'en fait qu'à sa tête. Pendant quelques secondes, elle ne dit rien. Pourtant, comme toujours, elle en avait des choses à dire. Et puis, elle décida d'aplatir sa fierté mal placée, pour une fois.

- Je serais d'accord, tu sais. Elle marqua une courte pause. De me salir, si c'est avec toi. Même si... Sa gorge se serra, si fort qu'elle en eut mal. ...tu ne m'aimes plus, je serais d'accord quand même.

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Liam O'Loughlin
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MessageSujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan EmptyMer 16 Nov - 21:14



Cette situation était tellement surréaliste ! Depuis quelques années, ils étaient passé de l'amour à la haine tant de fois qu'Emy n'avait plus su, pendant un temps, de quel côté elle se trouvait. On lui avait déjà dit que l'amour et la haine n'étaient pas si éloignés que cela, mais elle ne l'avait jamais cru. Désormais, cette évidence lui sautait aux yeux avec une telle violence qu'elle se sentait dévastée par celle ci. Elle ne pouvait que constater qu'elle était celle qui avait le plus souvent fait basculer la balance. Elle, et ses multiples erreurs... Elle avait beau vouloir s'améliorer, elle n'arrivait pas à passer au dessus. Elles continuaient de la hanter, s'insinuant sournoisement dans son esprit, et ravageant tout sur leur passage. Ce qui la frappa le plus fut le fait que, pendant un temps, la haine qu'elle avait exprimée à son égard avait été plus violente que l'amour qu'elle avait pu lui prodiguer. Car après tout, si elle lui avait facilement craché au visage des atrocités, elle ne s'était jamais réellement expliquée sur ses sentiments. Il lui semblait qu'ils étaient évidents, et qu'elle n'avait pas besoin d'en parler. Mais plus encore, en parler la terrifier. Elle n'était pas le genre de fille à s'épancher sur ses sentiments, niaisement, comme toutes les autres. Elle ne supportait pas de voir des filles de son âge se comporter de la sorte. Il y avait une sorte de blocage en elle, qui l'empêchait d'exprimer ce qu'elle ressentait. Et pourtant, cela avait été si fort, à l'époque ! Si elle était excessive dans sa haine, elle l'était également dans son amour. Alors pourquoi tout cela n'était pas sorti, lorsqu'il le fallait ? Peut être était-ce un peu la faute de Liam, après tout. Il n'avait pas su la provoquer, à l'époque. La faire aller dans ses retranchements, comme il l'avait fait à son arrivée ici. Pendant des années, elle n'avait pas été capable de sortir un mot sur ce sujet, et voilà qu'après quelques semaines d'enfermement forcé, elle commençait à agir exactement de la façon qu'elle détestait. Cela ne lui plaisait toujours pas, et lui coûtait bien plus qu'il n'y paraissait. Mais cette expression lui semblait désormais nécessaire, voire vitale. Elle ne savait pas pourquoi, elle sentait simplement que si elle commençait à s'ouvrir alors peut être que les choses s'amélioreraient. Voilà qu'elle recommençait à espérer, à nouveau. Ce n'était pas entièrement de sa faute, les comportements contradictoires qu'il avait à son égard pouvait la faire flancher facilement. Elle ne savait plus quoi penser de tout cela. Si seulement elle ne tenait pas tant à voir un sens clair à la situation, elle pourrait se laisser aller. Profiter sans se poser de questions. Évoluer même. Mais c'était bien trop lui demander. Elle n'en revenait toujours pas d'avoir eu un tel changement de comportement. Elle se rappelait lorsqu'elle avait atterri dans les catacombes, et de la façon dont Liam l'avait bousculée, lorsqu'ils s'étaient revus pour la première fois. Cela ne lui avait pas plu, mais elle avait pris conscience d'être une égoïste. Maintenant... Que pouvait-elle faire, avec ça ? Comment pouvait-elle prétendre vouloir l'aider, alors qu'elle ne savait pas elle même où elle en était ?

Elle l'avait haï, lorsqu'ils s'étaient revus dans son compartiment. Elle avait haï cet homme froid qu'elle ne connaissait pas, et qui dégageait une autorité dont elle ne voulait pas. Désormais tout avait changé, et cette haine s'était mutée, une fois de plus, en un amour inconditionnel. Différent d'avant, cependant. Elle sentait qu'il n'y aurait plus de haine, après celui ci. C'était comme si le poids de la culpabilité qu'elle portait sur ses épaules depuis plusieurs semaines lui avait éclairci les idées. C'était plus pur, moins malsain. Elle avait l'impression qu'il n'y avait plus de réelle notion de domination sur l'autre, dans cette histoire. Cela était probablement du au fait que, désormais, c'était un amour à sens unique. C'était même sur. Mais tant pis. De nouveau, son excessivité poussée la contrôlait. Ce n'était pas grave non plus, elle savait qu'elle saurait faire avec, désormais. Elle savait qu'avec assez de détermination, elle pouvait tenir ses engagements. Elle savait qu'elle ne lui infligerait plus la peine qu'elle lui avait causée ces dernières années même si, pour cela, c'était elle qui devait souffrir. Elle saurait faire avec. Et si elle ne savait pas, elle trouverait bien un moyen. Elle pouvait passer sa vie à attendre, si c'était pour lui. Peut être qu'il reviendrait un jour, quand il le pourra. Malgré son horreur de l'espoir, elle gardait quand même cette idée dans un recoin de sa tête, parce qu'elle en avait malgré tout besoin. Elle se trouvait si stupide de ne réagir que maintenant ! Il avait fallu qu'elle le perde totalement pour se rendre compte d'à quel point il était important, vital, pour elle. Sa stupidité n'avait donc pas de limites.

Elle pensait sérieusement qu'il allait la repousser. Après tout, cette réaction aurait été normale et elle l'aurait comprise. Elle continuait à s'accrocher, malgré tout ce qu'il lui avait déjà dit. Mais plus le temps passait... Plus elle avait l'impression que ce n'était pas fini, en fin de compte. Ca ne pouvait pas être fini. Elle était stupide de penser une telle chose, qui ne lui ferait que plus de mal lorsqu'elle redescendrait sur Terre, mais pour une fois, elle décida de se laisser aller. De se laisser espérer, rien qu'un tout petit moment. L'attitude qu'il avait, ses paroles... Il avait réagi si violemment, plus tôt, il lui avait même dit qu'il ne voulait pas qu'un autre que lui ne la touche. Si c'était fini, alors pourquoi être possessif envers elle ? Pour la tourmenter ? Elle ne le pensait vraiment pas, même si c'était l'effet qui se produisait en elle. Elle devait cesser de se voiler la face pour ne voir que les choses qui l'arrangeaient, c'était l'un de ses plus gros défauts. Elle devait se confronter au problème, même si elle ressortait de là avec quelques plumes en moins. Elle devait se mettre en tête que ce n'était pas fini. Ou que du moins, cette affirmation perdait peu à peu son sens, à mesure que le temps avançait. Peut être que ce jour là, à ce moment précis, lorsqu'il lui avait dit cela, il le pensait réellement. Mais maintenant... Ce n'était plus possible. Il ne pourrait pas avoir une telle attitude, autrement. Quelque chose devait finalement se produire en lui, même si elle ne savait pas ce que c'était. Et c'était à ce quelque chose qu'elle devait se raccrocher, elle en était certaine. Elle commettrait probablement des erreurs - elle en faisait tout le temps, après tout - mais peut être qu'à la fin, quelque chose ressortirait de tout ça. Ce serait l'effort le plus dur qu'elle aurait à faire de toute sa vie, de ne pas se faire d'illusions. Mais la situation devenait trop chaotique pour qu'elle continue à vivre dans son petit monde où elle ne voyait que ce qui l'intéressait. Elle allait devoir apprendre à vivre avec cet espoir qui l'envahissait peu à peu, timidement, comme s'il sentait qu'au moindre faux pas, elle le renverrait de là où il venait. Oui, si elle voulait l'aider, elle allait devoir d'abord changer elle même, et ce ne serait pas chose facile.

Elle s'était donc préparée à être repoussée et lorsqu'elle sentit les mains de Liam se poser sur son dos, elle ne put retenir une expression de surprise, qu'il ne put voir, son visage étant tourné. Elle sentait son souffle dans son cou, et un frisson la parcourut. Elle le sentait trembler entre ses bras et, instinctivement, resserra son emprise contre lui. Elle voulait simplement le réconforter. Qu'il puisse aller mieux, même si ce n'était qu'un petit peu. Qu'il comprenne qu'il n'avait pas à s'enfermer tout seul dans sa douleur, et qu'il pouvait se reposer sur elle, s'il le souhaitait. C'était la seule idée qui habitait Emy : l'aider. Elle ne pensait pas à un moyen de le faire retomber amoureux d'elle, ç'aurait été stupide, elle ne voulait pas lui faire part de son opinion sur la cause rebelle et son fonctionnement. Elle voulait juste l'aider. Lui montrer qu'elle était là, s'il avait besoin d'elle. Et dans le cas contraire, qu'elle attendrait patiemment que ce soit le cas. C'était tout ce qu'elle désirait. Pour la première fois, elle souhaitait quelque chose qui ne la concernait pas, indirectement ou non. C'était frustrant, mais elle allait devoir faire avec. Pour la première fois, il comptait plus qu'elle même. Cette constatation la terrassa mais elle ne fit rien paraître. Elle ne savait pas ce que cela faisait, d'aimer quelqu'un plus qu'on ne s'aime soi même. C'était terrifiant, et enivrant en même temps. De nouveau, elle sentit qu'il rapprochait son visage du sien et de nouveau, elle ne broncha pas. Elle savait qu'elle n'avait pas besoin de le repousser ou de l'arrêter. Lorsqu'il ferma les yeux, elle garda les siens ouverts. Elle ne pouvait pas laisser cela arriver, même si elle mourrait d'envie. Ce n'était certainement pas ainsi qu'elle allait l'aider.

Emy sentit qu'une part d'elle même s'arrachait lorsque Liam recula, mais elle ne le retint pas pour autant. Il fallait faire les choses en douceur, elle l'avait immédiatement compris. Le regard dur qu'il avait la fit cependant légèrement flancher. Elle avait beau ne vouloir plus penser qu'à son bien-être à lui, elle était encore loin d'être reconstruite, elle aussi, et elle ne pouvait pas encore masquer totalement la douleur lancinante qui l'habitait. « Non, Emy ! Non... Jamais je... Jamais je ne voudrais me servir de toi comme d'un objet, tu m'entends ? Même si c'était pour... Pour amoindrir mon mal. Jamais. » Elle secoua la tête doucement dans un geste de négation. Pourquoi refusait-il son aide ? Elle tilta finalement un détail qui la perturba. Objet ? Alors croyait-il que... Qu'elle parlait de se salir dans ce sens là ? Son regard trembla légèrement, alors que ses sourcils se froncèrent imperceptiblement. Sans qu'elle ne s'en rende compte, ses joues avaient légèrement rosi.

- Je... Je veux simplement t'aider, Liam. Pas n'être qu'un objet, ou un purgatoire. Je veux t'aider à porter ce qui pèse sur tes épaules. A nouveau, son regard se faisait fuyant. Elle devait s'arracher les mots de la bouche, l'effort était conséquent. C'est pour cette raison que je pourrais me salir pour toi, je ne pourrais pas m'empêcher de vouloir t'aider, même si tu me rejetais, même si tu me détestes.

Avec douceur, elle saisit les mains de Liam pour les enlever de ses épaules. Elle craignait toujours qu'il ait mal interprété ses mots, la situation commençait à devenir gênante. Elle abaissa ses mains, pour finir par les lâcher, avec la tendresse qui lui était caractéristique.

- Je voudrais juste que tu ne souffres plus. Et elle ne sous entendait pas qu'il ne souffre plus par sa faute. Elle voulait enlever une à une les raisons qui lui causaient tant de douleur. C'était pour cela qu'elle acceptait de se salir. Pour qu'il aille mieux.
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MessageSujet: Re: Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan Is this life or are we just holding on ? & Emily Donovan EmptyVen 18 Nov - 1:37




« Mais ce n'est pas aussi facile ! Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Que je m'ouvre d'un coup à toi, comme ça ? Ce n'est pas possible, ça. Tu ne peux pas arriver et subitement essayer de porter avec moi ce que je porte chaque jour... Ce n'est pas quelque chose que je peux laisser couler aussi facilement, tu comprends ?! » Bien sûr. Que croyait-elle, à la fin ? Il venait de le dire, elle ne pouvait pas arriver comme ça sur son cheval blanc et arranger la situation. Elle ne pouvait pas. Surtout pas elle. Elle s'était crue bien présomptueuse de croire qu'elle pouvait faire cela, l'aider à soulever ce qui l'écrasait. Elle se trouva subitement ridicule, d'avoir pu croire ce genre de choses. Elle n'avait apparemment toujours pas compris que ce n'était plus ce qu'elle voulait elle qui comptait, c'était ce qu'il voulait, lui. Pourtant, elle continuait à n'en faire qu'à sa tête, et à vouloir que les choses se déroulent comme elle l'avait décidé. Elle avait changé, ces dernières semaines, peut être même s'était elle améliorée, mais ce n'était pas suffisant. Elle devait encore apprendre à ne pas vouloir n'en faire qu'à sa tête... Il lui semblait que ce serait impossible. Elle avait toujours agi à sa guise, elle ne pouvait pas changer ça maintenant ! Elle devait contourner le problème, ou du moins essayer de l'arranger pour qu'il ne crée plus d'obstacles. Cette situation la dépassait complètement, et elle changeait d'avis à chaque minute qui passait, à chacune des réactions qu'il pouvait avoir. Quelques minutes avant encore, elle croyait qu'elle parviendrait à franchir le mur entre eux deux, qu'elle n'en était même peut être pas loin. Mais maintenant... Elle ne savait plus. Elle ne savait pas si elle avait la force pour y arriver. Elle ne pouvait pas faire des efforts toute seule, peu importe combien elle le voulait. Au bout d'un moment, elle craquerait forcément.

« Tu n'imagines pas ce qui peut se passer dans ma tête, et je ne veux pas que tu l'imagines. Je ne veux pas que tu puisses endurer toutes ces choses. C'est quelque chose que je ne souhaite à personne. »
Mais si, il fallait qu'elle tienne bon. Pour lui. Il était si seul, elle n'avait pas besoin de lui poser la question pour le savoir. Elle avait eu le temps de le remarquer, depuis le temps passé dans les catacombes. Elle s'était rendu compte que bon nombre de rebelles le craignaient - en même temps qu'ils l'admiraient -, et elle savait qu'on ne pouvait pas compter sur eux pour l'aider. Ils n'oseraient jamais lui dire un mot. Et les autres... Elle ne savait pas encore. Elle n'avait pas eu le temps de tout observer attentivement. Elle allait s'atteler à cela, les prochains jours. Mais malgré cela, elle sentait au fond d'elle qu'il était plus seul que jamais. Le simple fait qu'il ne voulait pas que quelqu'un partage ses pensées en disait long. Il s'isolait. Mais pourquoi ? C'était cela qu'elle ne parvenait pas à comprendre, même si elle avait souvent eu la même attitude. Debout, elle le regardait, alors qu'il baissait les yeux. C'était l'une de seules fois où elle l'avait vu baisser les yeux devant elle et quelque part, elle sentit qu'elle tenait le bon bout.

« Surtout pas à toi. Toi, je veux te garder intacte. Je ne pense pas que tu le comprennes, mais c'est comme ça. » Surprise, Emy ouvrit les lèvres, mais aucun son ne sortit d'entre celles-ci. Intacte ? Croyait il vraiment qu'elle était intacte ? Lorsqu'elle était arrivée ici, il lui avait dit ne pas lui faire de traitement de faveur. Pourtant, plus le temps passait et plus elle avait l'impression que c'était le cas. Elle n'aurait pas su l'expliquer, mais elle se sentait tout de même spéciale. De nouveau, l'espoir repointait le bout de son nez. C'était désagréable, elle avait beau l'écraser, il revenait toujours. Elle ne comprenait pas, en effet. Peut être était-elle stupide, mais elle ne comprenait vraiment pas pourquoi il disait cela. Elle ne se voyait pas intacte. Au contraire, elle se trouvait salie, elle l'était depuis pratiquement toujours. Peut être n'était-ce pas dans le contexte de cette guerre, mais elle était tout de même sale. L'être un peu plus ne la dérangeait pas. Elle ne répondit rien, refermant la bouche. Ce n'était pas le bon moment pour lui expliquer ces choses, elle le sentait au fond d'elle. Un jour, lorsque l'heure sera venue, elle lui expliquerait.

« Je suis désolé si mon comportement te fait penser que je te déteste. Tu as tort. Je ne te déteste pas, Emy. C'est juste que je ne ressens plus rien... Ce n'est pas moi qui décide... Tu comprends ? » Là, Emy eut mal. Sa mâchoire se contracta, et elle fut obligée de détourner le regard pour qu'il ne voit pas son trouble. Elle hocha cependant la tête, mais c'était un mensonge. Non, elle ne comprenait pas. Elle aurait presque préféré qu'il la déteste, au moins il aurait ressenti quelque chose à son égard. Entendre qu'il ne ressentait plus rien... C'était dur à encaisser. Elle aurait du se réjouir, pourtant, qu'il ne la déteste pas, et qu'il le lui dise, en plus ! Mais c'était une torture encore plus forte. Elle voulait qu'il ressente quelque chose, même si c'était de la haine, ou de la colère, ou n'importe quoi ! Si elle avait pu, elle l'aurait secoué pour le réveiller mais cette fois encore, elle sentit que ce n'était pas encore le bon moment. Elle allait en avoir, des choses à faire. Ca ne serait pas facile. Pas facile du tout.

« Garder ma souffrance pour moi... Te préserver... Pour l'instant, c'est la seule chose que je peux décider. Je ne laisserai personne m'enlever cette décision. » Emy tourna la tête vivement dans sa direction. Cette fois ci, ce fut elle qui secoua la tête. Elle comprenait un peu mieux, désormais. Elle pensait commencer à savoir ce qu'elle devait faire, du moins elle l'espérait sincèrement. Au fond d'elle, elle sentit naitre la pensée, probablement présomptueuse, qu'elle était celle qui devait l'aider. Parce qu'elle l'aimait, et que ce dont il avait besoin, c'était d'amour. Parce que c'était la seule chose qui pouvait pallier à la violence dans laquelle il baignait, jour après jour. Il lui semblait cependant que lui n'avait pas tout compris. Il ne s'était pas rendu compte qu'elle n'était plus la petite chose fragile d'avant, qui avait besoin de lui pour penser à autre chose que ce qui l'occupait, nuit après nuit. Désormais elle avait besoin de lui pour absolument tout, certes. Mais cela ne devait pas signifier qu'il fallait la protéger à ce point. Elle prit une des mains de Liam dans les siennes, le regardant fixement, et secoua la tête à nouveau.

- Tu n'as pas encore compris que... Elle s'arrêta, un étrange sourire étirant ses lèvres. Elle n'en revenait pas de trouver encore la force de lui sourire, alors qu'elle n'était qu'un vaste champ de destruction. Non, ce n'est pas grave. Peut être qu'un jour tu t'en rendras compte. En attendant ce jour... Cette fois ci, son sourire eut le même éclat que lorsqu'elle avait parlé de la fontaine, plus tôt. J'attendrai. Je suis quelqu'un de têtu, tu sais.

Et peut être que pour une fois, cet entêtement servirait à quelque chose. Emy n'était pas quelqu'un de patient, c'était l'un de ses plus gros défauts. Mais une fois de plus, elle allait faire un effort. Elle allait attendre qu'il se rende compte qu'elle n'était pas une petite chose fragile. Qu'il pouvait lui faire confiance, même si elle avait mauvais caractère, et qu'elle n'était qu'une petite aristocrate pourrie gâtée. C'était l'objectif qu'elle venait de se fixer. Reconquérir sa confiance. Ca ne serait pas facile, elle le savait parfaitement. Mais tant pis, elle essaierait de toutes ses forces quand même. Avant ce soir, son objectif premier était de se reconstruire... Tant pis, cela passait en second plan. Elle s'occuperait d'elle plus tard. Elle n'avait qu'à ignorer la douleur qui parcourrait continuellement ses membres, même maintenant, alors qu'elle souriait. Au fond d'elle, li y avait toujours une partie qui pleurait. Il suffisait de l'ignorer. Elle allait y arriver, il le fallait.

Soudain, des voix et des éclats de rire se firent entendre. Emy vit deux têtes sortir du trou de la fontaine. Immédiatement, elle rougit légèrement, et lâcha la main de Liam, un peu maladroitement. Elle savait qu'il n'était pas bon qu'on les voit ensemble. Après tout, les rebelles ne l'aimaient pas, et ils avaient déjà été plusieurs à dire qu'elle causerait la perte de Liam. Il s'agissait en réalité de Curtis, qui avait réussi à isoler une des filles de la bande de groupies. On pouvait l'entendre de l'autre côté de la fontaine, il semblait fortement alcoolisé.

- C'est mon endroit préféré, ici, tu sais ! Personne ne vient jamais, et puis c'est assez sombre pour... Oh ! Curtis s'était arrêté de parler lorsqu'il vit Liam et Emy. Un sourire moqueur étira largement ses lèvres. Alors Liam, tu t'es enfin décidé à prendre du bon temps ? Il fit le tour de la pierre, tirant la fille par la main. Emy, mal à l'aise, essayait de dissimuler son visage. T'as bien raison, mon ami ! Il donna carrément une tape dans le dos de Liam. Il avait l'air sincèrement fier de lui. Soudain, il leva les sourcils, et se frappa le front avec le plat de la main. Quel idiot ! Tu veux peut être qu'on vous laisse ? Il lui fit un clin d'oeil tout en levant les sourcils, allant jusqu'à lui donner un petit coup de coude complice dans les côtes..

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Liam O'Loughlin
Liam O'LoughlinRebels' leader
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