« Vous ne pouvez pas sortir Lady Cavendish »

Cette simple phrase avait réussi à mettre Victoria hors d’elle. Jamais on ne lui ordonnait de faire ou telle chose ou lui interdisait telle autre. Elle était libre de faire ce qu’elle souhaitait, lorsqu’elle le décidait. Par habitude, Vicky avait toujours pris le contre-pied de ce qu’on lui disant, il suffisait qu’on prohibe tel acte pour que justement elle le fasse.
Frustrée, elle courba l’échine, comme à son habitude devant les ordres de sa tante et affichant un sourire contrit sur ses lèvres pleines et bien dessinées avant de se réfugier dans la chambre qui lui avait été attribuée au manoir Worthington.
Patientant comme elle le pouvait, elle attendit que la fin de la journée se fasse sentir pour revêtir son amazone. Sa tante ne voulait pas qu’elle sorte ? Tant pis, elle sortirait quand même. Quitter le manoir sans prévenir et sans emporter un chaperon était indigne de sa personne, mais en cet instant Vicky n’avait qu’une envie : franchir l’interdît.
Sortant sur la pointe des pieds avec sa cravache, elle quitta silencieusement la maison, sans se faire remarquer. Arrivée aux écuries, elle scella une jument blanche - dernière acquisition de son oncle - et partit à travers champs.
Malheureusement pour elle, la jument ne semblait pas être savamment dressée et prit rapidement le dessus - malgré le fait que Victoria soit une cavalière émérite. Cette dernière prise de panique, fit tout son possible pour faire ralentir l’allure de la bête, en vain. L’animal galopait à présent, et Vicky faisait son possible pour se tenir en selle, elle craignait par-dessus tout une chute : ce qui ne lui était plus arrivé depuis un temps certain.
Subitement, en plein milieu d’une plaine déserte, la jument se cabra, surprise, Vicky perdit l’équilibre et tomba.
Les yeux fermés, elle ne bougea pas.

« J’aurais dû écouter ma tante, dans quel guêpier me suis-je encore fourrée ? » pensa-t-elle in petto.

Puis une voix très lointaine finit par lui parvenir. Un mal de tête épouvantable la tourmentait, mais elle se força malgré tout à ouvrir les yeux.
Un visage inquiet lui fut renvoyé. Sans comprendre, elle l’observa un instant, les yeux écarquillés puis finit par murmurer :

« - Pardon ? »