Un mariage ; rien que ça. Avais-je la trouille ? Peut-être. Mais ma fierté m’interdisait de douter de ce qu’avais dit. Tout le monde saurait au courant et déjà que des sales rumeurs circulaient concernant la Lady Grant & moi-même ; j’avais déjà assez de soucis à me faire mais bien heureusement personne ne savait si cela était vrai ou pas. J’avais sans doute besoin de partir de tout ça et donc ce matin j’avais demandé une calèche ; que l’on me la prépare pour une journée que je ne passerais pas au Manoir. Je n’avais cependant pas vu celle qui serait ma future femme et pour la première fois de ma vie je n’avais pas vraiment envie de la voir ; l’idée du mariage me tétanisait presque et pourtant c’était moi qui avait fait la demande sans qu’elle ne me montre quoique ce soit. Je l’avais fait de mon propre chef et c’était tout. Je n’avais décidément pas à me plaindre mais je le faisais quand même. Pour tout dire ; j’avais une peur que je ne pouvais maîtriser cette peur que ma fierté encourager à exister. La peur de garder ma liberté ; cette liberté que je redoutais de perdre mais qui au fond ne serait qu’un cadeau ; il fallait juste que je ne fasse pas de bêtises avant mais je n’en ferais pas. Mon cœur n’appartenait qu’à une seule personne mais je savais que si elle entendait les rumeurs qui semblaient circuler j’aurais des problèmes et nous aurions sans doute la première dispute de notre vie car tout cela était vrai et je ne démentirais pas ces accusations quand elle me les portera. Mais en attendant le temps m’était donné et je voulais un peu échapper aux tourments de mon esprit et a cette sentence que le mariage m’occasionnait. J’avais été libre ; trop libre et je ne voulais pas perdre cette liberté ; quelque en soit le prix. Mais ma cousine valait-elle la chandelle ? Lorsque je lui avais proposé cela tout avait semblé si facile ; mais je n’avais compris les conséquences de mes mots bien que plus tard lorsque j’étais seule en proie à mes doutes. Je regardais par la fenêtre de la calèche et regardait le ciel ; le soleil était de mise même si quelques nuages pouvaient avoir l’air menaçant ; ça ne pouvait qu’avoir l’air au moins. La pluie ne me dérangeait plus désormais ; ça me faisait penser à Elle mais je ne pensais pas qu’un jour je voudrais être loin d’elle durant un petit moment. La calèche accélérait sous ma demande et je ne voulais qu’être loin de tous et être avec mon amie ; Elizabeth Forbes. Je me dirigeais vers le manoir des Tiddlers et je ne ralentissais pas. Nous y arrivâmes bien vite et sitôt devant je sautais de la calèche encore en marche et toquait à la porte des Tiddlers ; la porte a peine ouverte que je m’y engouffrais et montait avec rapidité dans la demeure ; cherchant du regard mon amie qui aurait surement de la surprise à me voir. Je passais par la bibliothèque et sourit en la voyant assise avec un bouquin. Sans attendre je me dirigeais vers elle, prit sa main et la traînant de force avec moi ; et avec douceur aussi. Je nous dirigeais vers la sortie de la demeure et je ne m’arrêtais point et répondait au sourire que les domestiques des Tiddlers me donnaient. Bien heureusement mes arrivées chez eux avaient été inchangés et ils en avaient la bonne habitude ; a part mon amie qui lorsque nous arrivâmes dans la calèche ; je lui lâchais un joli sourire tout en disant a mes domestiques d’avancer.


« Eh bien ; encore une fois je vous sauve de votre ennui mon amie ! Comment allez-vous ? »

La tentation de la tutoyer était là mais je ne le ferais pas ; du moins pas de suite.

Aujourd’hui était un jour comme les autres. Rien d’extraordinaire ne se profilait à l’horizon. Elizabeth s’était levée, habillée et avait pris son petit déjeuner. Mais c’était bien la le quotidien de sa petite vie dans le manoir. Rien de reluisant, rien de nouveau, rien de distrayant. Elle avait tourné en rond pendant une heure dans sa chambre, tel un fauve dans sa cage. Sauf qu’elle ne trouva rien à faire. Elle décida donc de descendre à la bibliothèque et de commencer un nouveau livre.

Dans les couloirs, elle croisa quelques domestiques et son oncle qui lui demanda comment elle se portait aujourd’hui. Elle lui répondit qu’elle allait très bien et tout ça avec le sourire. Puis prenant congé de lui, elle continua son chemin direction la bibliothèque. Arrivée devant la porte, elle regarda autour d’elle, s’assurant que personne ne l’observait. Elle aimait se retrouver seule dans cette pièce pour profiter du silence absolue qu’elle offrait. Elle ouvrit donc les portes et s’engouffra dans l’immensité de la pièce. Quelques jours plutôt, son cousin William lui avait expliqué comment était disposée la bibliothèque de leur oncle. De là à la connaitre comme William, elle en était loin, mais aujourd’hui, elle savait s’y retrouver au milieu de tous ces livres. Elle attrapa un roman, elle avait envie d’aventure. Puis alla se poser sur un fauteuil. Elle ouvrit le livre et s’y plongea. Plus rien ne pourrait l’en décrocher, personne pour la déranger. A moins que…

Oui, Elizabeth n’avait pas prévu qu’elle aurait de la visite aujourd’hui, et surtout pas d’Henry. Elle était certes sa confidente, mais elle le savait préoccuper par d’autres affaires bien plus importantes. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle le vit arriver dans la bibliothèque. A le voir, elle devinait facilement qu’il avait du la chercher un peu dans tout le manoir avant d’arriver ici. Il l’attrapa et la força délicatement à se lever tout en l’attirant à lui. Eberluée, elle l’était.

« Mais que faites vous donc, Henry ? Que se passe-t-il ? »

Obligée de le suivre, elle remarqua que ce dernier prenait la direction du hall d’entrée, dont la porte était restée ouverte. Les domestiques avaient-ils deviné les intentions de M. Fieldway pour qu’ils aient préparés le manteau de Lady Forbes ? Surement. En même temps, ce n’était pas un scoop ! Ils avaient l’habitude que ce dernier s’introduise telle une tempête dans le manoir et repartent avec Lady Elizabeth Forbes. Elle eut d’ailleurs à peine le temps d’attraper son manteau, qu’elle était déjà dans la calèche. En voilà des manières, il aurait pu tout de même lui laisser le temps d’enfiler correctement son manteau. Enfin, elle était désormais assise en face de lui dans la calèche que prenait un chemin inconnu. D’ailleurs, elle n’avait pas pris la peine de regarder dehors. Elle se demandait plutôt ce qui arrivait à son ami. Ce dernier lui déclara qu’il l’avait sauvé de l’ennui. Il n’avait pas totalement tort, du moins en parti. Avant qu’elle ne commence son roman, elle s’ennuyait à mourir, mais après avait été une autre histoire. Elle aimait lire et le roman avait l’air passionnant.

« Oui, comme toujours vous me sauvez de l’ennui. Que deviendrais-je sans vous, si je passais mes journées seules dans cet horrible manoir ? »

Un joli sourire se dessina sur son visage. Même s’il avait de drôles de manières pour venir la chercher au manoir, Elizabeth ne se plaignait jamais. Au contraire, elle aimait être en compagnie d’Henry. Tout de moins, une question restait un suspens dans sa tête. Et elle n’allait pas tarder à en connaitre la réponse.

« D’ailleurs que me vaut cette visite ? ET pourquoi tant de précipitations ? »

Elle plongea ses immenses yeux bleus dans le regard d’Henry, afin de savoir qu’est ce qui le tracassait. Quelque chose le travaillait, elle le savait bien et le voyait bien.

Le rire de la demoiselle ; le rythme de ces pas effaçant les miens alors que les domestiques étaient hilares ; ce souffle de vie qui semblait me prendre et qui la prenait aussi ; j’avais besoin de faire le vide dans ma tête ! Mais ce n’était pas aussi facile ! Je n’avais plus de plaisir à vivre et avec les histoires qui se promenaient sur mon compte et surtout ce mariage qui pouvait peut-être m’effrayer. Oui ça m’effrayait ; mais au fond je savais que j’aimais et que j’aime Mary Springbury ; je n’ai jamais été aussi sur de cela. Mais est-ce assez fort pour m’empêcher de faire des bêtises ? Bien sûr que oui, ce sentiment est très fort. C’est moi qui suis trop faible. J’avais besoin de m’échapper ; de sentir la vitalité de mes bêtises ; d’en être conscient ! Voulais-je réellement devenir si hostile à tant de vitalité ? Je suis jaloux des paysans qui n’ont pas à se soucier de plaire à qui que ce soit ; d’avoir une image à laquelle il ne doive ternir. J’ai fait l’image qui suivait celle de mon père mais au fond je suis ainsi, je ne dois pas me cacher derrière les méfaits de mon père. Je n’avais aucune excuse à mon comportement si changeant, si instable. Maintenant je devais y faire face, faire face à toute cette fierté qui voulait ne plus être, toute cette vie qui m’est offerte et que je gâche. Devrais-je écouter tout cela ? Non, je me devais d’être raisonnable. Et lorsque je croisais son regard je me calmais doucement ; je ne devais pas me hâter, je n’étais pas si mal ; j’allais être marié à une femme qui était immensément belle. Mais que je trompais sur un autre tableau sans vraiment que le mal soit fait. Que j’avais trompé était plus exacte. Mais ça n’avait dépassé le baiser. Mais c’était déjà beaucoup ; car les sentiments avaient été là. Maintenant je ne cherchais qu’une chose ; la libération de mon esprit, je ne voulais simplement plus y penser et me confier et faire des folies avec ma confidente et amie que je nommais Elizabeth qui me ressemblait beaucoup et qui aurait pu être une jolie proie à mes ardeurs plus tôt dans le temps. Tout cela était dépassé maintenant, du moins peut-être que je me risquais encore à quelques blasphèmes ; non ? Non ! Il fallait que je me montre raisonnable ; il le fallait. Je m’approchais alors de mon amie qui semblait encore surprise et n’attendis pas pour me poser tout un tas d’interrogations sur l’état actuel de ma personne ainsi que les raisons qui m’amenait à l’extirper de son ennui. Je ne pus réprimer un sourire alors que je me levais de la calèche en marche ; puis m’assis de nouveau mais près d’elle ; ne respectant aucune limite d’approche ou quoi ; nous étions que deux et à l’abri des regards ; oserais-je ? Non ! Il ne fallait pas car je ne pouvais tout simplement pas ; et de plus je ne pouvais m’y résoudre ; j’avais d’abord besoin de me vider le cœur et la tête ; après je penserais à mon plaisir et qui sait au sien. Je devais à présent répondre à ces interrogations et me vider des miennes ; « Chère amie ! C’est l’ennui qui m’a rapporter que vous vous ennuyez de lui ; et je vous suis venu vous sauvez de lui car personnellement vous me manquiez très chère ! J’espère que les Tiddlers ne m’en voudront pas ; ils s’y sont habitués, non ? – Dis-je avec un sourire long comme.. un camion *BAF* - Ce que vous deviendrez ? Une vieille fille fripée ravagée par le temps et attaquée par les chats dont vous seriez devenu la reine ! – La dernière réponse à sa question était bel et bien une réponse aux miennes ! - Ce qui m’amène à vous voir ? Vous devriez le savoir non ? Je vais me marier avec Mary ! Je ne sais quand ! Mais nous y allons enfin.. et vous saviez que je suis un volage que je ne peux rester.. j’ai peur de lui faire du mal même si je l’aime, de la décevoir. Mais c’est déjà trop tard. Vous savez, des rumeurs circulent déjà sur moi avec Lady Grant ; aurais-je la paix et cesserais-je mes folies un jour ? J’ai bien peur que j’en suis bien incapable ! » Voilà ; j’avais tout dit, mes peurs et mes envies. Je la regardais avec anxiété ; ne disant mot, j’attendais à présent ces réponses tout en espérant ne pas avoir a faire de changement ou de sacrifice.

Ainsi l’ennui avait appelé Henry Fieldway à arracher Elizabeth du manoir de son oncle. Que l’on veuille le croire ou non, cela restait tout de même étrange ! Mais, même étrange, cela ne dérangeait pas plus que ça Elizabeth, qui appréciait la compagnie de son cher ami Henry. Elle sourit quand ce dernier lui fit entendre qu’elle lui manquait. Quelle curieuse réponse ! Elle était au courant de ses escapades avec Lady Grant. Qui dans tout Meryton ne connaissait pas les rumeurs qui circulaient sur son compte !

« Hey bien mon cher Henry, je vous remercie de m’avoir extirpé de mon ennui des plus profonds. Et ne vous occupez guère de mon oncle ! Quelques remarques et rien d’autre viendront de sa part ! Son seul ennui, ne pas arriver à me remettre dans le moule. Je suis bien trop dévergondée pour ça ! »

Elle eut un petit rire, tout petit mais si mignon. Néanmoins, ce dernier s’effaça rapidement, quand il lui fit son portrait. Si l’ennuie s’emparait d’Elizabeth, elle deviendrait une jeune femme toute ridée, ravagée par le temps et reine des chats !!! Euh tout d’un coup, c’était bien moins drôle. Jamais, elle ne se verrait ainsi. Heureusement, ce n’était qu’une simple plaisanterie. Dans le cas contraire, Henry aurait tâté du mauvais caractère d’Elizabeth. Jamais elle n’aurait laissé passer de telles paroles. Mais tel n’était pas le cas, il s’agissait d’une plaisanterie et surtout Elizabeth lui avait bel et bien posé la question. Elle ne devait s’en prendre qu’à elle-même. Enfin, on allait passer aux choses sérieuses. Henry allait enfin lui révélait sa présence et cet enlèvement quelque peu orthodoxe. Elizabeth le regarda, ce dernier s’étant entre temps assis à ses côtés. Elle le connaissait fort bien, depuis fort longtemps il lui avait parlé de son amour pour Mary, de son désir de se marier avec elle. Et enfin, il le lui annoncé ! Mais dans ses propos, elle y aperçut une note de détresse, une note de peur. Il y avait certes ces maudites rumeurs, qui couraient sur tout à chacun. Elizabeth le savait fort bien, elle en avait fait les frais ! Il aimait Mary, et avait peur de la blesser. A Meryton, tout le monde était au courant de son caractère volage, de ses escapades avec Lady Grant. Elizabeth savait tout ça, d’une part par les rumeurs, mais également, par la bouche d’Henry. Il lui avait tout dit, cherchant quelques réconforts. Il n’avait pas tort d’affirmer que le mal était déjà fait. Elizabeth prit quelques secondes pour réfléchir avant d’utiliser les bons mots pour apaiser cette âme tourmentée. Elle prit la peine également de se rasseoir, de manière à ce qu’elle puisse lui faire face. Dos à la porte, elle lui dit :

« Henry, le passé ne peut être changé. Oubliez ces rumeurs et penser à Mary ! Vous avez attendu longtemps avant de pouvoir arriver dans la situation dans laquelle vous êtes. Les rumeurs sont là et elles ne partiront pas. Mary est peut être même déjà au courant…. »

Est que ces derniers mots avaient été les mots de trop ? Humm dur de le dire… Mais Elizabeth ne pouvait pas le nier, les rumeurs atteignaient tout le monde, et tout le monde connaissait les petits secrets de tout le monde. Ainsi, vous aurez bon essayer de ne pas éternuer de travers, une jeune femme sera toujours là pour le répéter à qui veut bien l’entendre. Certains vous diront qu’ils en ont que faire des rumeurs, et pourtant ce sont de ces gens là qu’il faudra ce méfier en priorité ! Eh oui ! Ce sont eux les plus friands, mais aussi les plus grandes pipelettes qu’une société peut connaitre.

« Henry, excusez moi… Mais vous savez très bien que ce genre de chose n’épargne personne. Ainsi allez de l’avant, et cessez de vous tourmenter. »

Sur ces derniers mots, Elizabeth avait pris la main d’Henry, afin d’être sûre d’attirer son attention. Il devait aller de l’avant, changer s’il aimait réellement Mary Springburys, et ne plus penser à ces maudites ruemeurs.