La date du bal était désormais proche, et Lucy était très impatiente, elle sortait de plus en plus dans Meryton pour discuter avec ses amies de cet événement qui approché à grand pas. Bien sur, elle avait encore en tête ce qui c'était passé au lac avec Lord Lefroy, l'homme qu'elle aimait de tout son être. Elle ne pouvait également s'empêcher de penser aux révélations que Cael Vaughn lui avait faites quelques jours auparavant alors qu'elle avait croisé son chemin dans les bois environnant Meryton. Cependant, elle essayait que tout ça ne prenne pas trop d'importance dans sa tête et ne viennent pas obscurcir ses pensées.

Elle avait rendez-vous avec Crystal Radcliffe, une jeune fille proche de Clive, le cavalier de Lucy, qui était hébergée dans la milice. Les deux jeunes filles s'entendaient plutôt bien, et c'est donc naturellement qu'elles allaient se retrouver au salon de thé du village. La jeune Price s'apprêta à l'aide d'Emily puis partie à pied en direction de la place du village. Le temps était plutôt couvert, la jeune fille décida donc qu'elles resteraient dans le salon et qu'une promenade ne serait pas au programme.

Lorsqu'elle entra, la pièce était bondée, et on pouvait entendre les ragots, les descriptions des tenues de bal dans toute la salle. Lucy fit des révérences à toutes ces Lady qui croisaient son regard, faisant son devoir de Price, bien qu'à contre-coeur. La jeune fille aperçut au loin son amie attablée seule à une table, et s'empressa donc de la rejoindre. Crystal était déjà en train de boire un thé. Lucy salua son amie et s'assit à son tour.

❝Comment allez-vous aujourd'hui my dear friend ? Votre tenue pour le bal est-elle prête ?❞

Crystal avait rencontré Miss Price dès son arrivée à Meryton. Dans ce même salon de thé où elles s'étaient données rendez-vous plus tard dans la journée d'ailleurs. En une après-midi particulièrement pluvieuse, celui-ci s'était trouvé si bondée que les tables manquaient. Trop peu désireuse de faire demi-tour alors qu'elle était à pieds, elle chercha des yeux une place, qu'elle trouva rapidement. La femme a son côté s'était révélée dans la même situation, et c'est tout naturellement que la discussion s'était engagée et que Miss Price était devenue son amie.

Elles s'étaient depuis retrouvées bien souvent, mais le temps ne s'y prêtant pas trop, c'était le plus souvent autour d'une tasse de thé qu'elles s'échangeaient les dernières nouvelles. Aussi, aujourd'hui ne fit pas exception à la règle lorsque son regard se posa sur le ciel bien nuageux. Il n'y avait qu'à espérer que les places ne manqueraient pas trop aujourd'hui ! Il était si désagréable de ne pouvoir discuter sans être dévisagée par une inconnue un peu trop curieuse qui n'aurait pu trouver de place ailleurs qu'à la même table !

Une nouvelle sortie en ville était comme toujours l'idéal pour afficher sa nouvelle toilette, ramener les dernières nouvelles... Et en l'occurrence, elle en avait une particulièrement croustillante !!! Elle était déjà certaine que son amie l'apprécierait ! Peut-être même serait-elle un peu jalouse... Elle rit déjà à cette pensée. Ce matin là elle s'était apprêtait d'une toilette qu'elle n'affectionnait pas particulièrement mais dont elle savait déjà qu'elle ferait impression ! Après tout elle venait de Londres depuis peu, la mode de la saison passée là-bas était ici le dernier cri. Autant dire que Crystal passait pour une demoiselle des plus raffinées aux goûts exquis ! Ridicule d'après elle qui jugeait ses toilettes dépassées, mais l'avis d'autrui avait toujours plus compté à ses yeux alors bon. A leur guise si ses robes leur plaisaient !

L'après-midi débutait et l'heure approchait. Sachant qu'elle avait un peu de marche elle entreprit de partir dès qu'elle eut fini son déjeuner. Par chance, nul pluie cette fois. Pourtant le ciel bien menaçant ne laissa pas planer une envie de ballade bien longtemps et elle pressa le pas. Passant devant le clocher, elle remarqua qu'elle avait de l'avance. De plus, les rues n'étaient guère peuplées, ce qui la laissa croire à une chance d'avoir une table pour elle seule lorsqu'elle arriverait. Elle ne se trompait pas. Le salon était encore peu remplie quand elle en franchit la porte.

C'est donc détendue qu'elle commanda une tasse de thé et s'installa dans un coin reculé: elle se doutait bien que ces demoiselles ne tarderaient pas à arriver. Elle ne se trompa d'ailleurs pas, et sa tasse arriva tout juste que déjà il y avait affluence. Les serveuses furent bien vite dépassées, et Crystal dut défendre sa table comme un chien de garde ! La comparaison lui déplut, mais c'était bien le mot ! La nouvelle qu'elle voulait annoncée à son amie était bien trop importante pour qu'on lui vole sa place ! Ainsi elle invitait tour à tour les jeunes femmes à prendre les chaises et s'installer ailleurs, plus ou moins aimablement, en surveillant toujours qu'il en resterait une pour Miss Price.

Celle-ci arriva, semblait-il, alors que sa chaise fut la dernière restante. Une chance, elle n'aurait souhaité se disputer avec une inconnue qui l'aurait désirée, elle était d'une bien trop bonne humeur pour cela ! C'est bien difficilement qu'elle la rejoignit, et qu'enfin elle purent se saluer.

Lucy : Comment allez-vous aujourd'hui my dear friend ? Votre tenue pour le bal est-elle prête ?

Zut ! Elle qui aurait désiré l'informer tout de suite de cette nouvelle siiiii importante, la voilà qui partait déjà sur un autre sujet ! Mais peut-être trouverait-elle là l'introduction parfaite !

Crystal : Oh très chère ! Si vous saviez comme je me réjouis en ce jour pourtant si gris, vous en seriez peut-être même outrée ! Laissez-moi vous dire que ma toilette pour ce bal n'est en rien concernée, bien que vous deviez là aussi vous attendre à quelque chose de formidable ! Je l'ai ramenée de Londres, qui avait déjà été transporté avant cela de, tenez vous bien, Paris ! J'en suis ravie, et elle ne fait que me combler plus encore. Mais je parle bien trop ! Je vous en prie, parlez-moi de votre propre tenue ! Prendrez-vous une tasse de thé avec moi avant cela peut-être ?

Lucy connaissait Crystal depuis un petit moment déjà, et elle savait parfaitement que sa robe serait d'une grande beauté. La jeune Price n'était pas spécialement une mordue de la mode, elle aimait ça, bien sur, comme toute les autres jeunes filles de son âge, mais cela lui importait peu de savoir quelles étaient les dernières tendances venues de la capitale. Elle en savait néanmoins assez pour remarquer que son amie, venue de Londres, était toujours habillée des dernières tendances qui faisaient rage dans la capitale anglaise, ou du moins qui venait d'arriver dans les campagnes britanniques. En s'interrogeant sur la robe de bal de son amie, elle s'attendait à une quelconque excentricité, et cela ne la surpris nullement que la robe que la jeune demoiselle projetait de porter pour le bal venait tout droit de Paris.

En songeant à Paris, Lucy était pleine d'envie. Visiter la capitale française était son rêve. Paris était la ville des romances, la ville des amours, et elle s'était imaginée tant de fois tenir la main de William dans les rues de Paris, danser à son bras dans les bals les plus prestigieux. Parfois, elle y croyait si fort qu'elle faisait la liste des choses auxquelles il fallait qu'elle pense à emmener. Dorénavant, son rêve semblait vraiment compromis, le lord n'allait probablement ne jamais l'épouser, détruisant ainsi donc tout espoir de vivre le voyage romantique dont elle rêvait tant.

Elle stoppa ses rêveries, et revint à Crystal. Cette dernière semblait finalement excitée par une nouvelle, et peu encline à parler de sa robe de bal, ou même du bal. Lucy, dont l'excitation de la jeune fille avait attisée la curiosité, décida de passer outre sa tenue pour le bal (elle n'avait d'ailleurs rien d'extraordinaire), et d'entrer dans le vif du sujet, avant que son amie ne se consume d'envie. Elle commanda une tasse de thé sans se faire prier et repris :

"Ma chère Crystal, le bal semble être un sujet ennuyeux. Parlez-moi donc de cette nouvelle qui vous rend si heureuse. Laissez-moi partager ce bonheur avec vous si je le peux !"

La jeune Price se demandait ce que cela pouvait bien être. Connaissant son amie, cela devait probablement concerner un des jeunes hommes de Meryton... Oui, mais lequel ? C'est toute ouïe, et avec une hâte non dissimulée que Lucy attendit la réponse, tout sourire.

Un instant, son amie sembla quelque peu dans ses pensées. Elle en fut aussitôt agacée ! Comment pouvait-elle penser à autre chose alors qu'elle venait clairement de lui faire comprendre qu'elle avait une nouvelle de la plus haute importance à lui annoncer ! Et cela sans parler de sa robe qui viendrait de Paris ! En en ayant d'ailleurs fait baver plus d'une à Londres en passant... Non elle ne pouvait décemment pas se laisser distraire par quelques pensées que ce soit ! A moins qu'elle n'eut été jalouse sans oser lui avouer ? Ce silence serait alors le calme qu'elle tenterait de s'imposer pour ne pas fondre d'envie et s'en retirer aussi agitée qu'elle ? Oui, c'était surement cela ! Cette pensée l'apaisa...

Lorsqu'enfin elle reprit la parole, après avoir commandé son thé -après ces quelques secondes qui lui avaient semblé être une éternité tant elle était excitée-, elle reprit enfin la parole d'un ton qui se voulait posé mais elle ne put s'empêcher d'y décerner une dose d'excitation ! Elle y aurait de toute manière remarqué tout ce qu'elle souhaitait, tant son imagination pouvait s'emballer dans ces moments. Elle ne commenta donc pas le fait qu'elle avait ignorer sa question sur sa tenue. Après tout, elle s'en moquait, c'était plus pour faire la conversation, pour la forme quoi. Elle en venait tout de suite au fait. C'était aussi bien. Pourtant une idée lui traversa alors l'esprit.

Crystal : Oh je suis certain que mon bonheur sera aussi vôtre lorsque je vous annoncerais ce que j'ai à vous dire. Vous n'en reviendrez pas ! A tel point d'ailleurs que je me demande si la partageait serait une grande idée. Je ne souhaite nullement que vous soyez victime des même pensées qui hantent mon esprit ! L'excitation est déjà palpable alors que je suis seule à l'éprouver, nous y mettre à deux serait inconvenant.

Elle porta sa tasse de thé à ses lèvres, qui se fendait en un sourire satisfait. Plus sa curiosité serait grande, plus elle serait époustouflée de la nouvelle ! Aussi, elle fut ravie de constater que son amie eut l'air de prendre grand intérêt à ce qu'elle lui dit. Elle n'aurait toléré le contraire.