Remember Austen, RPG du XIXe
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Le marché? Sous cette pluie? [Gabrielle Brawne]

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MessageSujet: Le marché? Sous cette pluie? [Gabrielle Brawne] Le marché? Sous cette pluie? [Gabrielle Brawne] EmptyJeu 17 Juin - 10:00

    La pluie tombait telle un torrent derrière les fenêtres de l'immense manoir des Tiddler, qui tremblaient dangereusement à chaque bourrasque de vent. Deux vitres avaient déjà été brisées, sous la pression, depuis le début de la tempête. Rupert, en tant que majordome, s'était empressé de les faire aussitôt remplacé. Le jeune homme se souvint que, à l'instant où les vitres éclatèrent, une myriade de feuilles sont entrées dans les pièces ainsi que de la boue et, bien évidemment, de la pluie. Les pièces étaient alors dans un état incroyable et il avait fallut aux domestiques une grande patience pour tout remettre en ordre. Debout dans le salon, droit comme un I, Rupert observait la tempête à l'extérieur. Il était tout simplement incroyable de constater à quel point la Nature pouvait se montrer sévère et violente par moment. Comment le vent, très apprécié sous forme de brise lors d'une après-midi chaude, pouvait être aussi détestable, aussi dévastateur et aussi dangereux? C'était bien la preuve qu'il ne fallait pas sous-estimer le pouvoir de la Nature. Elle était nettement plus forte que les hommes.

    Une voix derrière lui le fit sortir de sa rêverie. Rupert se tourna lentement pour faire face à deux de ses maîtresses qui, étendues sur des sofas, discutaient de bals, de prétendants et autres choses propres aux discussions qui appartenaient au domaine de l'aristocratie. L'une de ses maîtresses, la plus jeune, lui dit qu'elle pouvait à présent disposer. Après un hochement de tête, Rupert vint récupérer un plateau en argent sur une table basse où se trouvaient à présent des tasses de thé et une théière vides et une assiette qui avait autrefois contenu des petits gâteaux. La majordome s'inclina brièvement puis quitta la pièce, laissant ces dames parler du dernier homme masqué qui les avait séduites lors d'un bal. Comment pouvait-on parler de choses si futiles alors, qu'à l'extérieur, la tempête faisait rage et que les récoltes étaient détruites? C'était bien une chose que Rupert ne comprendrait jamais! Enfin... Il n'avait rien à dire après tout, il n'était qu'un majordome. Rupert traversa le hall et, au moment où il allait entré dans la cuisine, la porte s'ouvrit et il tomba nez à nez avec Gabrielle Brawne, une jeune femme charmante qui travaillait chez les Tiddler depuis peu. Rupert fronça légèrement les sourcils en voyant qu'elle avait revêtu son manteau. Elle ne comptait tout de même pas sortir? Sans un sourire, comme à son habitude, Rupert inclina légèrement la tête en guise de salut et murmura:

    -Mademoiselle Brawne, où allez-vous donc ainsi vêtue? Ne me dites pas que vous comptez sortir par un temps pareil!



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Gabrielle Brawne
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MessageSujet: Re: Le marché? Sous cette pluie? [Gabrielle Brawne] Le marché? Sous cette pluie? [Gabrielle Brawne] EmptyLun 21 Juin - 20:44

La pluie ne cessait de tomber sur le village de Meryton, au point qu'il en devenait même surprenant que le lieu ne fut pas entièrement submergé par les eaux. Assise dans sa chambre, Gabrielle la contemplait à travers la vitre, en écoutait la musique, une musique qui annonçait la fureur des éléments. Cette tempête semblait ne jamais vouloir cesser, et nul ne pouvait prédire à quel point elle serait terrible. Elle ne la craignait pas pour autant. Fataliste, elle songeait que ce qui devait arriver arriverait. Elle n'avait nul besoin de craindre l'avenir. Le présent seul lui suffisait. Elle se contentait d'observer. De remplir sa tâche, puis ses devoirs en temps que gouvernante, agissant de manière si ordinaire que possible, aux vues des circonstances. Elle ne pouvait nier que ses promenades quotidiennes lui manquer, mais c'eut été folie de se risquer au dehors. Elle n'était aucunement suicidaire, et suffisamment raisonnable pour ne pas se mettre en danger d'une manière si stupide. Elle demeurait assise, lisant un livre, tentant d'oublier la désagréable sensation que lui procurait l'enfermement, celle d'être un oiseau en cage. La lecture l'aidait à y faire face. Elle se persuadait que la situation ne pourrait durer. Il fallait attendre. Attendre et voir.

Les heures s'écoulaient, chacune semblable à la dernière. Lasse, elle voulut sortir se dégourdir les jambes. Elle prit sa canne, et s'en aida pour se lever, puis sortir de la chambre. En marchant, puis descendant les escaliers, elle sentit une sensation de faim s'emparer d'elle. Elle se dirigea jusqu'à la cuisine et vit quelques uns des employés de maison qui y étaient réunis. Intrigués, elle s'approcha, ne tardant pas à demander des explications. La raison lui en fut rapidement fournie. Il lui fut expliqué que les réserves en nourritures diminuaient dangereusement. Que dans le cas où la tempête durerait encore, tous risquaient d'en manquer. Cette nouvelle était des plus alarmantes. Par cette tempête, sortir de la maison pouvait s'avérer extrêmement dangereux. Et pourtant, si les choses continuaient à se dérouler ainsi, la situation deviendrait également précaire entre les murs de la demeure des Tiddlers. Elle regarda une fois de plus vers l'extérieur. Il lui sembla que la pluie s'était quelque peu calmée. Elle se dit qu'il lui serait peut-être possible d'atteindre Meryton et de revenir par la suite. Elle espérait seulement que certains commerces seraient ouverts au marché.

Elle prit alors la décision de se rendre au village, seule. Elle se vêtit alors de son manteau, puis hésita à se coiffer de son chapeau. Songeant au vent, elle y renonça. Bien qu'elle vive dans cette demeure depuis peu de temps, elle avait suffisamment parcouru les environs pour savoir quel chemin serait le plus court, et où elle serait le plus à l'abri des intempéries. Elle savait ce qu'elle risquait, elle ne le savait même que trop bien. Mais elle devait profiter de ce moment de clémence afin de tenter de rapporter ce qui serait nécessaire à la survie de cette maison. Elle était infirme. Sa progression serait plus lente que si ses deux jambes avaient fonctionné comme celles de n'importe qui d'autre.

Elle n'eut pas le temps de passer la porte. Elle entendit des pas, derrière elle, puis une voix s'adresser à elle. Elle se tourna et s'inclina à son tour devant le jeune homme qui lui faisait face. Il s'agissait de Rupert, majordome dans la maison des Tiddlers. Elle ne le connaissait que peu, et pourtant, avait du respect pour lui, voire même l'appréciait, bien qu'elle ne le montre jamais. En effet, elle était par de nombreux aspects aussi froide que lui. Elle ne souriait d'ailleurs pas davantage, et rien n'aurait pu indiquer si elle était heureuse ou non de sa présence. Il semblait s'inquiéter de la voir ainsi partir seule dans la tempête. Devant une telle sollicitude, sans pour autant savoir si elle était ou non sincère, elle prit le parti de lui répondre.

« En effet j'en avais l'intention. Il m'a été rapporté que les réserves de nourriture n'allaient pas tarder à manquer. Je comptais me rendre au marché, dans l'espoir de pouvoir y remédier. »
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MessageSujet: Re: Le marché? Sous cette pluie? [Gabrielle Brawne] Le marché? Sous cette pluie? [Gabrielle Brawne] EmptySam 3 Juil - 21:53

    Face à la réponse que lui fournit Gabrielle au sujet de sa présence devant la porte d'entrée, vêtue d'un manteau, Rupert fronça un peu plus les sourcils avant de se reconstruire une expression aussi neutre que d'ordinaire, si bien que son froncement de sourcils fut presque imperceptible. Ainsi, Gabrielle avait l'intention de se rendre au marché malgré ce temps épouvantable... Sans répondre, le majordome orienta un bref instant son regard sur une fenêtre avec de reporter son attention sur la jeune femme. Effectivement, la pluie semblait s'être un peu calmée par rapport à quelques minutes plus tôt mais il n'était tout de même pas prudent de mettre un pied dehors. Après tout, les gouttes de pluie pouvaient rapidement se transformer en hallebardes, rendant l'expédition plus difficile et offrant un risque de tomber malade. De plus, le vent soufflait très fort comme en témoignait le bruit qui faisait les fenêtres du manoir Tiddler sous cette impression peu habituelle. Un vent si fort pouvait faire tomber les arbres et, si jamais Gabrielle passait près de l'un d'eux au moment où cela arriverait, il n'y avait que peu de chances pour qu'elle s'en tire vivante.

    D'un autre côté, les réserves du manoir s'épuisaient. Rupert était au courant: il avait fait sa tournée de ma cuisine en début de matinée et avait bien vu à quel point le niveau de nourriture diminuait. Avec ce temps effroyable, il doutait que les récoltes tiennent le cou. A ce rythme-là, la ville de Meryton devrait affronter la famine une fois que la tempête se serait écartée... Peut-être même avant! Les habitants de Meryton vivaient une bien sombre époque... Rupert avait bien envisagé de se rendre lui-même au marché pour aller chercher quelques provisions mais ce vent qui ressemblait à un monstre déchainé, balayant tout sur son passage, l'en avait rapidement dissuader. Il aurait été préférable d'attendre qu'il y ait une accalmie. Le jeune homme aurait bien répété ses pensées à la jeune femme qui se tenait toujours devant elle, attendant une réponse sans doute, mais il savait que Gabrielle savait se montrer très têtue. Il y avait donc peu de chances pour qu'il l'en dissuade. Redressant légèrement la tête Rupert, sans prononcer le moindre mot, fit volte-face et marcha d'un pas mesuré vers sa chambre. Sa décision était prise: il allait accompagner Mademoiselle Brawne. Il ne pouvait se résoudre à la laisser seule affronter ainsi la Nature. C'était contre sa nature de laisser une femme affronter le danger seule, surtout que Gabrielle était infirme, ce qui augmentait les risques. Une fois dans sa modeste chambre, Rupert se saisit de son manteau posé sur une chaise puis regagna au pas rapide le hall d'entrée. Au passage, il informa les domestiques en cuisine qu'il s'absentait puis il se hâta. Il n'avait pas prévenu Gabrielle qu'il comptait l'accompagnait et elle était peut-être déjà partie. Il fut satisfait de voir qu'elle n'avait pas encore quitté la maison. Elle était en train d'ouvrir la porte du manoir, faisant entrer une bourrasque de vent et de pluie, lorsque Rupert apparut à côté d'elle.

    -Je vous accompagne.

    Son ton laissait entendre qu'il n'y avait aucun moyen de discuter. Enfilant son manteau et le boutonnant jusqu'à son menton, il se saisit de la porte et la tint bien ouverte en attendant que Gabrielle sorte.



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Gabrielle Brawne
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MessageSujet: Re: Le marché? Sous cette pluie? [Gabrielle Brawne] Le marché? Sous cette pluie? [Gabrielle Brawne] EmptyLun 26 Juil - 1:22

Elle savait qu'il lui fallait partir au plus vite. Ce moment de répit ne durerait sans doute pas, et bientôt, la pluie se remettrait à tomber, aussi forte qu'auparavant. Elle avait beau se montrer froide, austère et peu vivace, elle possédait un bon sens qui lui était fort utile. Il n'était pas dans son caractère de sortir par un tel temps à l'extérieur et de risquer ainsi inutilement sa vie. En d'autres circonstances, même le fait que la pluie se soit quelque peu calmée ne lui aurait pas suffi. Elle serait sagement demeurée à l'intérieur. Tout ceci était sans compter la nécessité qui imposait cette excursion, aussi risquée soit-elle. Le manque de nourriture allait très rapidement se faire sentir si elle ne se décidait pas à faire quelque chose pour y remédier. On ne pouvait décemment envoyer l'un des membres de la famille. Mais elle n'était qu'une domestique. Elle était donc remplaçable. Cette idée, loin de la choquer ou la révolter était à ses yeux tout à fait acceptée comme allant de soi. Elle savait qu'il était fort peu probable que ce calme dure bien longtemps, mais elle était décidée à en profiter dès maintenant. Ce serait peut-être la seule occasion qui lui serait offerte, et mourir de faim ne serait pas plus glorieux. Elle ne se considérait pas comme particulièrement courageuse en bravant les intempéries. Elle faisait à ses yeux son devoir, celui de servir les Tiddlers, qui l'hébergeaient et la payaient.

Elle avait espéré ne croiser personne qui tente de l'en dissuader. Mais Rupert l'avait interceptée avant qu'elle n'ait eu le temps de sortir. Elle ignorait ce qu'il comptait faire. L'empêcher de parvenir à son but, peut-être. Elle n'aurait pu l'en blâmer, ce qu'elle s'apprêtait à faire étant particulièrement dangereux, surtout pour une jeune femme infirme. Bien évidemment, elle ne l'écouterait pas, et passerait la porte avec ou sans son accord. Bien qu'elle ait une certaine estime pour lui, elle savait ce qu'il convenait de faire dans de telles circonstances et sa décision n'était nullement impulsive, mais mûrement réfléchie. Il ne répondit pas à ses propos, contrairement à ce à quoi elle s'attendait. Il fit demi-tour et s'éloigna. Elle aurait pu profiter de ces quelques instants pour sortir, mais elle ne pouvait nier être intriguée par son étrange attitude. Si elle en croyait la direction qu'il avait prise, il se rendait vers sa chambre. Mais ses pas ne s'y arrêtèrent pas. Elle s'interrogeait sur la signification de ces déplacement, mais sentait, quelque part, qu'il allait revenir. Il était certes aussi peu bavard qu'elle, mais il n'était pas homme à s'en retourner sans fournir la moindre réponse. Enfin, il revint, comme elle s'en était douté. Elle fut surprise cependant de le voir habillé, prêt à sortir. Ses paroles confirmèrent sa décision de l'accompagner au dehors. Elle avait eu l'intention d'y aller seule, mais le connaissait suffisamment pour savoir que lui non plus ne reculerait pas. Elle se contenta d'accepter d'un signe de tête.


« Comme il vous plaira. »

Elle passa la porte, tandis qu'il la tenait. Ses premiers pas furent aisés. Le vent soufflait moins fort qu'elle s'y était attendue. La pluie tombait toujours, froide, mais les gouttes étaient plus espacées qu'auparavant et elle pourrait supporter d'être trempée. Elle espérait simplement être suffisamment couverte pour ne pas tomber malade par la suite. Cependant, le sol était si boueux qu'elle ressentit rapidement quelques difficultés dans sa progression qui se fit plus lente.
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