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Sujet: Suffering is the true cement of love & L. O'Loughlin Sam 15 Oct - 1:05
- Bougez-vous, libérez un lit, on a un blessé ! Tout le monde bougeait au sein de l'infirmerie, dans un grand brouhaha. Deux hommes s'engouffrèrent à la suite de celui qui avait crié. Ils portaient un corps, tâché de sang sur son ensemble. De là où se trouvait, Emy put voir un bras pendre dans le vide, souple comme une poupée de chiffon. Un attroupement s'était rapidement formé dans la petite pièce et elle n'arrivait plus à rien distinguer au milieu de cette masse humaine. Elle était constituée de beaucoup d'hommes, ils avaient l'air tous épuisés et étaient eux aussi tâchés de sang. Il lui sembla voir une grande coupure barrer le front de l'un d'entre eux. De plus en plus de gens rentraient dans l'espace aménagé pour recevoir les blessés, et l'air vint bientôt à manquer.
- On a rien pu faire, ils étaient trop nombreux ! - Ils s'est jeté en premier en nous criant de partir, mais Jake et Peter ont réussi à le sortir de là juste à temps ! - J'espère qu'il n'est pas trop tard !
Emy, les mains encombrées de bandes, stoppa Bessy, la responsable en chef de l'infirmerie, qui passait devant elle à toute allure. Un air interrogateur avait irradié son visage. - Que se passe-t-il ? Pourquoi y a-t-il une si grande agitation ? - C'est Liam, il est arrivé quelque chose.
***
Deux semaines étaient passées depuis ce jour fatidique où Emy avait appris la vérité, où elle avait été détruite. Des jours durant, elle était restée prostrée dans sa cellule, assise dans un coin sombre, ressassant encore et toujours plus tout ce qu'il lui avait dit. La première semaine, elle avait occupé chaque jour à se blâmer un peu plus. A se persuader qu'elle était le pire monstre que la Terre ait jamais engendrée. Qu'elle avait honte d'être la personne qu'elle était. Elle avait beaucoup pleuré, toujours en silence, toujours dans son coin. Les gardes ne pouvaient pas se plaindre d'elle, elle était une prisonnière exemplaire. Tellement exemplaire qu'ils venaient presque à l'oublier. Elle ne touchait que très peu à sa nourriture, se contentant de ce qu'il lui fallait pour survivre. Plus question de se lamenter à vouloir d'ici, désormais. Elle savait que peu importait l'endroit où elle se trouvait, elle serait emprisonnée avec elle même. Il lui était complètement égal que cet endroit soit une cellule ou un parc à l'air libre. Dans tous les cas, elle ne pouvait échapper à ses sentiments, ni à la douleur puissante qui ne la quittait plus, à chaque instant de la journée. Il en était de même la nuit. Elle faisait beaucoup de cauchemars qui l'empêchaient de prendre un réel repos, après avoir passé ses journées à aider dans le camp rebelle. Elle partageait son temps entre les corvées et le souvenir de sa propre destruction. Cette première semaine, elle n'avait que très peu parlé, que ce soit en cuisine ou aux autres endroits dans lesquels elle se trouvait pour accomplir ses tâches. Les rebelles continuaient de la regarder d'un air méprisant, mais elle faisait des efforts, toujours en silence. Elle qui avait été si bavarde autrefois n'était devenue plus qu'une boule de mutisme le plus complet. Jour après jour, elle faisait docilement tout ce qu'on lui indiquait. Elle endurait les remarques et les moqueries des autres. Et à la fin de la journée, elle retournait s'assoir dans son coin, dans un endroit complètement sombre de sa cellule. Le noir lui faisait toujours aussi peur, mais c'était un châtiment qu'elle s'était elle même infligé.
Et puis, les jours avaient passé, et elle entamait sa troisième semaine au sein des catacombes. Comme tous les jours, Noah vint la chercher pour l'emmener aux cuisines. Il lui passa les menottes, comme tous les jours. Il marchait derrière elle sur le chemin, qu'elle connaissait désormais par coeur, comme tous les jours, et ils arrivèrent aux cuisines. Là, il l'arrêta, et lui enleva ses menottes, qui avaient laissé, au fil des jours, des marques distinctes sur ses poignets. Elle l'avait regardé d'un air interrogateur et perplexe. Il s'était contenté de lui répondre qu'étant donné qu'elle se comportait bien, il pouvait lui enlever les menottes pendant ses tâches, et qu'elle n'aurait à les remettre que sur le trajet pour retourner dans sa cellule. Emy s'était frotté ses poignets endoloris, et lui avait fait un petit sourire, le premier depuis longtemps. Elle s'était rendu compte que jour après jour, il devenait plus sympathique avec elle. Ils n'étaient pas amis, loin de là, mais il lui sembla que leur relation s'était tout de même un peu améliorée.
L'état léthargique d'Emy commença cependant à s'améliorer, petit à petit. Elle commençait à parler aux gens qui l'entouraient et même si la plupart d'entre eux l'envoyaient balader, certains prenaient le temps de lui répondre. Ce fut ainsi qu'elle rencontra Bessy, un jour où elle avait été placée à l'infirmerie. Bessy était venue lui parler d'elle même. Ce n'était que des banalités, mais elles avaient permis de réchauffer un peu le coeur d'Emy. Les jours avaient passé, et à chaque fois qu'elle se retrouvait à l'infirmerie, Bessy était là pour lui parler, lui demander si elle se faisait à sa vie de prisonnière. Elle s'y était faite. Elle avait pris des habitudes, ces dernières semaines. Occupée à rendre service la journée, et à panser ses plaies la nuit, comme un animal blessé. Cette vie n'était pas si horrible, finalement. Il lui semblait qu'elle avait trouvé un certain équilibre. Elle n'avait pas revu Liam depuis la dernière fois, trop occupée à virevolter entre l'épluchure de pommes de terre et le pansement des blessés.
Ce jour là, elle était une fois de plus assignée à l'infirmerie. Peut être était ce encore un coup du destin. Elle ne savait pas ce qui l'attendait, là bas. Elle avait pris l'habitude de s'occuper de petites blessures mineures, comme des coupures ou des brûlures. De temps en temps, Sue venait la voir, pour lui offrir un sourire qui jouait un grand rôle dans sa guérison. Elle était d'ailleurs venue, plus tôt dans l'après midi, pour lui raconter comment elle avait gagné un jeu face à tous les autres enfants. Emy l'avait félicitée, et puis elle était repartie, le sourire toujours aux lèvres. Et puis vers le début de la nuit, un cri s'était fait entendre.
***
- C'est Liam, il est arrivé quelque chose. Sans pouvoir se contrôler, Emy avait lâchait tout ce qu'elle tenait dans les mains, et les bandes qu'elle avait mis tant de temps à soigneusement plier vinrent s'emmêler sur le sol. Bessy était déjà repartie, laissant Emy dans un état d'effroi le plus total. Bessy n'était au courant de rien de sa relation avec le chef des rebelles, elle ne lui en avait pas parlé. A quoi bon ? Comme il l'avait dit, c'était fini. Elle ne devait pas ressasser tout cela éternellement. Mais ses sentiments, eux, étaient incontrôlables, et l'inquiétude l'avait saisie aussitôt que l'infirmière s'était faufilée entre tous les hommes. Toujours immobile, Emy regardait la scène, de loin. Elle vit les efforts de Bessy pour faire sortir tous ces rebelles bien trop bruyants d'ici. Quelques minutes passèrent, et il ne resta à l'infirmerie que quelques malades endormis, Bessy, Liam et Emy. Elle n'était toujours pas parvenue à bouger d'un pouce. Mais le cri de Bessy la sortit de sa torpeur.
- Emily, viens vite par ici ! Il me faut des bandages, dépêche toi ! Elle sentait dans le son de sa voix qu'il y avait urgence, et cela eut l'effet d'un électrochoc sur elle. Elle se remit alors à bouger, et apporta rapidement tout ce dont l'infirmière avait besoin. Lorsqu'elle arriva au niveau du lit, son coeur se serra. Il était inconscient, le visage en sang. De longues coupures parsemaient son corps, et le sang ne cessait de couler. - Qu'est ce qu'il a encore bien pu fabriquer pour se retrouver dans cet état ! Bessy ne cessait de parler avec véhémence, tout en faisant de son mieux pour arrêter l'hémorragie. Vite, prends un drap et appuie là, il faut stopper ces saignements ! Sans prendre le temps de penser, Emy s'exécuta, et fit ce que l'infirmière lui demandait. Elle avait les mains tremblantes, et savait qu'elle devait faire un effort pour ne pas laisser transparaitre son trouble.
Pendant plusieurs heures, Bessy s'échina pour minimiser les dégâts du mieux qu'elle le pouvait. Emy ne pouvait qu'assister à la scène, impuissante et inquiète. Elle savait qu'elle n'avait pas le droit de prendre cette situation tellement à coeur, alors qu'elle l'avait tellement blessé qu'il avait déjà failli en mourir, alors qu'elle était elle même dans un état de souffrance au delà du supportable. Mais elle ne pouvait s'empêcher de sentir son coeur se pincer et son estomac se serrer. Finalement, au bout d'un long moment, Bessy soupira, puis s'essuya le front.
- Voilà. C'est tout ce que je peux faire pour le moment. Il ne reste plus qu'à attendre. Elle se leva de la chaise sur laquelle elle s'était assise pour le soigner. Maintenant, tu vas rester là et le surveiller. L'estomac d'Emy fit un bond dans son ventre, et elle ne put s'empêcher de protester. - Mais... Elle ne pouvait pas faire ça ! - S'il te plait. Il y a d'autres blessés, je dois aller m'occuper d'eux ici. Et sans plus lui demander son avis, elle passa par le drap tendu qui servait à donner un peu d'intimité à la salle de soin de fortune.
Debout à côté du lit, Emy, couverte de son sang, le regarda quelques secondes, complètement paniquée. Elle ne savait absolument pas ce qu'elle était sensée faire ou pas. Elle sentait qu'elle allait commettre une erreur - encore une - si elle restait ici. Mais elle eut une pensées pour tous les autres blessés, qui arrivaient en masse à l'infirmerie. On ne lui racontait jamais rien des agissements des rebelles, mais il ne lui avait fallu pas bien longtemps pour comprendre qu'il y a avait eu une bataille, ce soir, et qu'elle avait été féroce. Lentement, elle contourna le lit, pour prendre la chaise que Bessy avait laissée vide. Le bras tremblant, elle se saisit d'un bout de tissu qu'elle trempa dans la bassine d'eau qui se trouvait près d'elle. Elle commença à nettoyer délicatement le visage couvert de sang de Liam, se mordant les lèvres plus fort que jamais. Le voir dans cet état la faisait tellement souffrir. Peu importait qu'il lui ait brisé le coeur, qu'il l'ait détruite. Peu importait le fait que lui ne l'aimait plus. Pendant des heures, elle rafraichit son front brûlant. Bessy finit par revenir dans la pièce.
- Je peux prendre la relève, si tu veux. Emy ne se retourna pas, continuant d'appliquer toujours méthodiquement le linge humide. - Non ça va aller, tu devrais te reposer, tu as eu beaucoup de travail, ce soir. Bessy haussa les épaules en levant les yeux au ciel, mais sortit tout de même de la chambre de fortune. Épuisée, Emy finit par déposer le linge sur le front de Liam et le regarda, d'un regard déchirant. Elle se mit à murmurer. - Ne meurs pas, s'il te plaît. Les minutes passaient, et elle finit par s'endormir, la tête posée sur le matelas, tout près de la main de Liam. Ce qu'elle faisait la faisait souffrir plus qu'autre chose. Mais elle préférait l'aimer de loin, supporter sa présence, plutôt que de ne plus le voir du tout.
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Sujet: Re: Suffering is the true cement of love & L. O'Loughlin Sam 15 Oct - 19:56
Il n'ouvrit pas les yeux. Mais, lentement, il prit conscience de se trouver allongé dans un endroit calme. Pas tout à fait sorti de sa torpeur, il n'avait pas encore récupéré toutes ses sensations corporelles. Il dut attendre quelque secondes, pendant lesquelles il garda les paupières fermées, pour que ses terminaisons nerveuses se réveillent. Et le réveil fut brutal. Sa peau, écorchée, lacérée de toute part, le brûlait. Il sentait son sang affluer vers les grandes coupures qu'il avait sur le corps, comme pour raviver en lui le souvenir encore tout frais de la pénétration de diverses lames dans sa chair. A vif, il avait l'impression que celle-ci irradiait, qu'elle était couverte de centaines de cloques prêtes à exploser, dans une douleur qui serait plus lancinante encore que celle ressentie lors de l'impact de chaque coup. L'incendie de souffrance s'était également emparé de ses poumons, et avait pris possession de sa gorge. Chaque inspiration semblait raviver les flammes, et permettre ainsi à la douleur de mieux se propager à l'intérieur même de son corps. Son torse se soulevait à des intervalles totalement irréguliers, et un sifflement dans sa respiration saccadée laissait deviner que l'affrontement de ce soir avait ranimé une blessure plus ancienne aux côtes, dont il avait écopé dans la rue, il y a quelques mois. Sonné, il ne pouvait pour l'instant se focaliser que sur la douleur qui se propageait en lui, et sur rien d'autre. Il ne savait plus vraiment où il était, ni comment il était arrivé là. Tout était flou dans sa mémoire ; le choc de ses blessures lui confondait encore les idées.
Il essaya de bouger ses doigts, de les tendre et de les replier, pour en tester le répondant. C'est à ce moment-là qu'il sentit, contre l'une de ses mains, quelque chose de doux. Toujours plongé dans un état de semi-conscience, il ne comprit pas immédiatement de quoi il s'agissait. Ses doigts se tendirent pour aller toucher plus avant ce qu'il y avait juste à côté d'eux. Liam connaissait cette matière, lui semblait-il. Ses sourcils se froncèrent imperceptiblement sur son visage jusque là inanimé. C'était les cheveux de quelqu'un. Quelqu'un se trouvait juste à côté de lui. Mais où était-il ? Et, s'il avait une après bonne idée de l'état dans lequel il se trouvait lui, qu'en était-il de la personne à ses côtés ? Il était confus. La solution serait d'ouvrir les yeux pour en avoir le coeur net. Mais ce simple geste lui paraissait insurmontable. Que s'était-il passé ? On put lire la douleur sur les traits de son visage, lorsque, lentement, ses paupières s'ouvrirent sur la petite salle d'infirmerie, qu'il ne reconnut pas, dans un premier temps. La lumière, pourtant tamisée, lui fit mal aux yeux. Il s'attendait à se retrouver dans un endroit sombre, après les heures qu'il venait de passer dans les ténèbres. Mais il finit par comprendre dans quel endroit il se trouvait, et son angoisse s'apaisa. Il cligna plusieurs fois des paupières, alors que ses doigts caressaient toujours faiblement les cheveux de la personne à côté de lui. Il tenta de baisser les yeux dans cette direction, mais cela ne lui permit pas de voir le visage de la personne. Il tourna difficilement la tête vers elle ; sa nuque le lança vivement, ce qui le fit grimacer. Pourtant, il avait à peine bougé. Sa vue était trouble. Il vit de longs cheveux bruns, un visage fin, mais dont les traits restaient pour le moment très flous. Il pensa alors à Lola, et ses yeux prirent immédiatement une lueur inquiète : lui avait-il causé du souci en se retrouvant dans cet état, alors qu'elle en avait déjà suffisamment par ailleurs ? Ses doigts continuaient leurs petits mouvements discrets, rendus faibles par la raideur douloureuse de sa main. Mais il n'était pas certain qu'il s'agisse bien de celle qu'il voyait comme une petite soeur. Ses yeux se refermèrent quelques secondes, pendant lesquelles il essaya de passer outre ses blessures pour mieux se concentrer sur ce qui l'entourait. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il distingua mieux le visage de celle qui se tenait à son chevet. A ce moment-là, sa main s'immobilisa, tendue, crispée, nerveuse. Une boule vint lui obstruer la gorge, et il eut l'impression de ne plus pouvoir respirer pendant plusieurs minutes. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Pourquoi était-elle là, à dormir à ses côtés ? Une sorte de panique nerveuse commença à monter en lui, et ses muscles se raidirent, ce qui relança la douleur à travers son corps. Ses yeux ne pouvaient pas quitter son visage endormi. Endormi mais inquiet et tourmenté. Liam lui-même n'était pas tranquille. Il ne savait pas comment interpréter sa présence ; ni comment la gérer, émotionnellement parlant. Il ne l'avait plus revue depuis qu'il l'avait attirée dans une réserve reculée pour lui dire tout ce qui pesait sur son coeur. A présent, il ne savait plus réellement comment la regarder, comment agir avec elle. Tout était confus dans sa tête, et l'état dans lequel il se trouvait n'arrangeait rien à la chose. Ses lèvres s'entre-ouvrirent en tremblant, piquées par la morsure d'une mauvaise coupure. Elles se mirent à bouger pour former un mot, mais aucun son ne sortit de sa bouche. « Emy...»
FLASHBACK
La nuit était tombée depuis une heure, tout au plus ; pourtant l'obscurité était déjà complète. Elle leur formait une couverture parfaite, et les rebelles, tous vêtus de couleurs sombres, pouvaient se faufiler discrètement de ruelle en ruelle sans craindre de trop attirer l'attention. La veille, les deux rebelles chargés de procéder à la ronde de surveillance habituelle avaient surpris l'arrivée d'un convoi vers l'une des bases de la Milice, fraîchement réétablie dans divers bâtiments de la ville après l'incendie de leurs quartiers généraux à l'Hôtel de Ville. Les deux rebelles avaient pris le risque de suivre la progression du chargement à travers la ville, en prenant bien garde de ne pas être repérés. C'est alors qu'ils avaient vu de quoi il s'agissait. Des armes. Des dizaines et des dizaines d'armes, histoire d'offrir à la Milice de quoi mieux les traquer et les éliminer, un à un. Alors, à leur retour, les rebelles avaient annoncé la nouvelle aux autres. La décision avait été prise rapidement, et chacun s'était préparé le restant de la journée dans l'optique de ce soir : un groupe de quinze rebelles, à la tête duquel figurait Liam, allait s'emparer de ce nouvel arrivage, qui pourrait bien changer la donne plus tard. C'était une mission clé dans l'évolution du combat entre rebelles et Milice. Le détenteur de ces armes aurait indéniablement un gros avantage sur l'autre dans la suite des événements.
Le groupe atteignit finalement le bâtiment, de petite taille, et coincé dans une ruelle déserte qui débouchait sur une rue plus large, mais pas réellement passante non plus. Tout pour ne pas attirer l'attention, bien entendu. Liam se hissa à la fenêtre de la salle principale, qui n'était pas éclairée. Tout semblait parfaitement désert. Il était étonnant qu'aucun officier de la Milice ne soit resté sur place pour défendre un lieu aussi stratégique. Mais les rebelles n'avaient pas le temps de réfléchir ; car s'il n'y avait personne sur leur chemin pour l'instant, ce ne serait pas forcément le cas plus tard. On laissa grimper un rebelle sur le rebord de la fenêtre. Il tenait dans ses mains une sorte de longue tige métallique, fine mais solide. Gregory était forgeron, avant de devenir rebelle. Cette profession se transmettait dans sa famille de père en fils depuis des générations ; autant dire qu'il connaissait son métier sur le bout des doigts. Alors il savait qu'avec un levier approprié et suffisamment de force, les gonds de la fenêtre sauteraient et leur libèreraient ainsi l'accès à l'intérieur du bâtiment. Un à un, les rebelles prirent possession des lieux, à l'exception de cinq d'entre eux, chargés de rester à l'extérieur pour réceptionner les armes que leur enverraient les autres. Ils vidèrent tous les paquets de leurs sabres, poignards et de leur pistolets, et les firent consciencieusement passer à l'extérieur du bâtiment, sans la moindre encombre.
Ce fut lorsqu'ils furent tous à l'extérieur, prêts à repartir avec leur nouvelles acquisitions sous le bras, que tout dérapa. Au croisement de la ruelle les attendaient une bonne vingtaine d'officiers, si ce n'est plus. Leur rapine avait été trop facile, trop parfaite. Sans nécessairement être un piège prémédité par la Milice, ils avaient du les repérer et y voir l'occasion parfaite de les affronter directement. Le sang de Liam ne fit qu'un tour. Il fallait agir vite. Sa main s'était resserrée sur le manche du sabre dont il avait pris possession. Alors que le commandant du groupe adverse ordonnait l'assaut, Liam se tourna vers ses hommes pour leur crier de courir. Il se jeta en avant, bras tendu en l'air, prêt à abattre sa lame sur le torse d'un officier qui pointait la baïonnette de son fusil dans sa direction. Ce fut le début du massacre.
FIN DU FLASHBACK
Soudain, ses yeux s'écarquillèrent, alors que l'horreur qu'il avait vécu ce soir aux côtés de ses hommes lui claqua à la figure. Dans un élan de panique, il voulut se redresser, mais ses côtes endolories et son ventre coupé de part en part ne lui permirent pas de bouger. Il se tordit de douleur et toussa, ravivant au passage le feu de ses poumons. Son poing, celui à l'opposé d'Emy, se resserra sur le matelas, tandis que la main qui avait effleuré son visage pendant de longues minutes était maintenant crispée sur les blessures de son ventre.
- Est-ce que... tout le monde... en vie ? Ce furent les seuls mots que sa violente quinte de toux lui permit de prononcer, dans une voix rauque et marquée par la souffrance. Il avait besoin de savoir s'il y avait eu des morts. Savoir comment tout cela s'était terminé, et comment il était arrivé jusqu'ici. En s'avançant pour frapper le premier, là-bas, il avait sincèrement cru que ce serait la dernière fois. Qu'une fois qu'il aurait fermé les yeux, il ne serait plus en mesure de les rouvrir. En commençant à frapper, il avait pour lui entamé sa dernière bataille. Se retrouver ici, toujours en vie, était déstabilisant. Que s'était-il passé ?
Sa quinte de toux finit par passer. Mais poser à nouveau ses yeux sur Emy était plus perturbant encore. A quoi avait-il pensé, juste après avoir dit aux autres de fuir pour leur sécurité, juste au moment d'abattre son sabre sur l'officier ? A qui ? Quelle avait été sa dernière pensée, lorsqu'il avait cru mourir ? Avait-il fait le vide dans sa tête, comme il le faisait chaque fois dans de pareilles circonstances, pour ne rien laisser l'affecter ? Sa gorge se serra. Il n'en était pas certain. Il ne pouvait pas s'affirmer avec toute la conviction du monde qu'il n'avait pas pensé à elle, ne serait-ce qu'une seconde. Qu'il n'avait pas pensé au fait que, la dernière fois qu'il l'avait vue, il l'avait fait pleurer. Et qu'il ne pourrait plus jamais rétablir ça.
- J'ai soif... S'il te plaît...
Il ne savait pas. Non, il ne savait vraiment pas comment se comporter avec elle, désormais.
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Sujet: Re: Suffering is the true cement of love & L. O'Loughlin Sam 15 Oct - 22:27
Depuis une heure ou deux, Emy était plongée dans un sommeil sans rêves dont elle avait grand besoin. Elle dormait très mal depuis qu'on l'avait jetée dans sa cellule, il y avait déjà trois semaines. Ce n'était pas tant la dureté du matelas qui la dérangeait, elle y avait été habituée de nombreuses années auparavant, mais depuis le premier jour, elle était submergée de sentiments si intenses qu'ils altéraient un sommeil qui lui était vital, surtout maintenant qu'elle était réellement active au sein des catacombes. La journée, elle n'avait pas une minute à elle et la nuit, la noirceur qui emplissait son coeur ressortait avec une puissance inimaginable. Pas de temps pour dormir, donc. Et pourtant, cette fois ci, elle eut le sentiment de s'être enfin réellement assoupie. Elle ne se rendait plus compte de rien autour d'elle, alors qu'elle entendait toujours ce qu'il pouvait se passer dans les environs lorsqu'elle dormait. Elle était simplement dans un état d'inconscience réparatrice. Elle n'avait pas encore conscience de tout cela, cependant, puisque le sommeil ne l'avait pas encore quittée. Ainsi, lorsque Liam se réveilla et qu'il commença à toucher ses cheveux, elle ne le sentit pas réellement. Cependant, elle avait eu comme une bouffée de chaleur qui avait irradié son corps, et ses sourcils s'étaient froncés, inquiets. Elle avait resserré le drap de toile entre ses draps fins. - Pas encore une fois... non, pas encore... Une fois de plus, ses paroles n'étaient que des murmures, affaiblis à cause du sommeil.
Elle marmonna de la sorte encore quelques secondes, jusqu'à sentir au plus profond d'elle même que quelque chose n'allait pas. Le temps de repos était fini. Mais elle était si fatiguée... Elle aurait pu rester comme cela des jours entiers, à dormir près de lui, le veillant. Son réveil se fit progressivement, et elle finit par lâcher le drap qu'elle avait continué à tenir fermement entre ses doigts. Elle passa sa main sur son visage pour se frotter doucement les yeux. Elle ne savait pas encore ce qui l'avait réveillée, mais elle avait le pressentiment qu'elle devait absolument sortir de sa torpeur. Elle ouvrit finalement les yeux, et la première image qu'elle vit fut celle de Liam, la main tendue vers elle . Cela eut l'effet d'un électrochoc, et elle finit se réveiller en une seconde. Elle se redressa vivement, reculant sa chaise du lit par la même occasion. Elle ne pensait pas s'endormir réellement, et elle avait prévu d'être partie avant son réveil, ne voulant pas lui imposer sa présence.
- Oh ! Tu... Tu es réveillé ! Au soulagement qu'elle ressentait se mêlait une certaine appréhension. Elle n'avait rien à faire ici, rien du tout. Elle allait devoir partir au plus vite.
Elle ne savait pas du tout quoi faire lorsqu'elle vit qu'il essayait de se lever, mais elle n'eut même pas le temps de l'en empêcher qu'une violente quinte de toux l'avait pris. Emy était complètement désemparée, ne sachant absolument pas ce qu'il fallait faire dans ce genre de situation. Elle n'allait tout de même pas lui tapoter maladroitement le dos ? La panique traversa ses yeux, et elle s'apprêtait à se lever lorsqu'il prit la parole. Est-ce que... tout le monde... en vie ? Emy tenta de prendre un air le plus rassurant possible. Elle ne savait pas vraiment dans quel état se trouvaient les autres rebelles, ils y avaient probablement des blessés, mais pas de morts, elle le savait. S'il y en avait eu, Bessy serait venue la chercher pour l'aider. Elle voyait sa main posée sur ses blessures, et son estomac se resserra. Mais elle savait qu'elle ne pouvait plus se permettre les débordements d'inquiétude, désormais. Elle garda du mieux qu'elle put son air rassurant et secoua la tête lentement.
- Il n'y a pas eu de morts. Elle marqua un petit silence, hésitante à prononcer la phrase qui lui brûlait les lèvres. Tu leur as sauvé la vie, d'après ce qu'on m'a raconté. Elle faisait de son mieux pour ne pas laisser paraitre son trouble, et y parvenait plutôt bien. Cependant, on pouvait sentir qu'elle gardait une certaine réserve. Elle gardait dans son esprit la pensée sombre que s'il avait sauvé des vies, il avait mis la sienne en danger, ce soir. Elle ne supportait pas cette idée. Mais qui était elle pour lui reprocher, désormais ?
J'ai soif... S'il te plaît... Surprise, Emy, qui s'était une fois de plus perdue dans ses pensées, eut un petit sursaut, avant de se lever d'un coup de sa chaise. - Oui, oui bien sûr !
A quoi pensait elle ? Elle avait déjà soigné plusieurs dizaines de malades, elle aurait pu se douter de ce qu'elle aurait à faire à son réveil. Mais ce n'était vraiment pas facile, surtout maintenant qu'elle ne savait plus comment agir. Elle se tourna pour saisir un verre et une cruche d'eau claire, qu'elle versa délicatement dans le récipient. Elle fit ensuite face à Liam, et fut de nouveau saisie par l'appréhension. Ca allait bien se passer, elle avait déjà fait ces gestes des dizaines de fois, alors pourquoi la boule nerveuse qui avait élu domicile dans son estomac ne se décidait pas à partir ? Elle décala la chaise pour se mettre à la hauteur de sa tête, puis déglutit. Doucement, elle se pencha vers lui, sa robe toujours tâchée à de nombreux endroits par son sang. Essayant de ne pas lui faire mal, elle releva doucement sa tête pour le faire boire. Elle essayait de toutes ses forces de ne pas penser. De ne pas s'en vouloir lorsque Bessy lui avait proposé de prendre sa relève. Il lui avait dit tout ce qu'elle pensait d'elle, elle ne pouvait pas s'obstiner à rester ainsi près de lui. Elle devait garder ses distances, elle le savait, mais ce n'était pas si facile.
Lorsqu'il eut fini de boire, elle reposa tout aussi doucement sa tête sur l'oreiller et se retourna à nouveau pour poser le verre sur la petite table de soin. Lorsqu'elle fut ainsi de dos, elle ne put empêcher un petit soupir de s'échapper d'entre ses lèvres. Et maintenant ? Que devait elle faire ? Elle lui fit finalement de nouveau face, et son regard se posa sur son ventre parsemé de blessures. Les bandages commençaient à devenir rouge sang. Elle écarquilla les yeux, de nouveau complètement paniquée intérieurement. Bien sûr, c'était à cause de la toux. Instinctivement, elle saisit les bandages propres posés sur la table et commença à s'approcher de lui.
- Tu recommences à saigner, il faut changer ces bandes, sinon ça va empirer... Mais elle se stoppa d'un coup, ses mains à mi chemin entre le ventre de Liam et son propre corps. Non, elle ne pouvait pas faire cela. Elle replia ses bras vivement, tenant toujours les rouleaux. Heu non, je vais appeler Bessy, c'est elle qui devrait s'occuper de toi. Et elle se retourna à nouveau, reposant les bandes. Elle avait l'impression d'être hyperactive, c'était frustrant. Elle continuait de marmonner, les mains tremblantes. Oui, elle se repose mais je devrais trouver son compartiment, ou alors je demanderai à quelqu'un... Ses doigts tremblaient tellement qu'elle faisait bouger le plateau de fer, sur lesquels étaient posés les instruments de soin, ce qui provoqua un petit bruit mécanique continu.
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Sujet: Re: Suffering is the true cement of love & L. O'Loughlin Dim 16 Oct - 2:35
La brûlure dans sa gorge et dans son ventre ne s'évanouissait pas. Sa douleur refusait de lui ficher la paix, et les souvenirs brutaux de la terrible bataille lui revenaient en mémoire avec force. Impossible dans ces conditions de ne pas être tendu. Mais ajoutez à cela le fait qu'Emy se tenait face à lui, et son trouble se retrouvait décuplé dans des proportions totalement démesurées. Il n'avait pas imaginé la revoir dans de telles circonstances, et à vrai dire, cela ne lui plaisait pas. Déjà parce qu'il aurait voulu pouvoir se tenir bien droit sur ses deux jambes, et pas faiblement allongé sur un lit d'infirmerie, blessé jusqu'à la moelle. Cela n'avait pourtant rien à voir avec un sentiment d'infériorité. Mais, après ce qu'il s'était passé, il se retrouvait dans une situation étrange où il ne savait plus comment la considérer, ni quoi lui dire. Disposer de toutes ses facultés physiques à ce moment-là aurait donc été préférable, histoire de se sentir plus à l'aise. En fait, pendant deux semaines, il s'était efforcé de concentrer toute son attention sur les actions des rebelles, et l'avancement des choses contre la Milice. Il ne l'avait croisée nulle part, et s'était tenu éloigné des cellules le plus possible. Autant dire qu'il n'y avait plus mis les pieds depuis leur dernière entrevue, ce qui était inhabituel : en temps normal, il passait toujours vérifier lui-même que les prisonniers ne souffraient pas de maltraitance de la part des rebelles qu'on leur avait assignés comme gardes, sait-on jamais. Mais là, rien. Silence radio pendant quinze jours, simplement pour ne pas risquer la croiser. Il était même allé jusqu'à bloquer minutieusement chaque pensée la concernant, ce qui avait été impossible au départ, bien entendu, mais il avait fini par s'y accommoder. Et tout ça pourquoi ? Il ne savait pas vraiment. Pas par peur, non. Il assumait parfaitement ce qu'il avait fait. Depuis, le sentiment de légèreté qui en avait découlé ne s'était pas dissipé, et n'avait pas non plus été amoindri par la naissance d'une quelconque culpabilité. Non, pour lui, cette histoire était réglée, terminée. Finie. Seulement, les choses ne sont pas si simples. Comme il l'avait redouté, juste avant de finalement se jeter à l'eau, il ne savait plus quoi faire, désormais. Il ne savait plus ce qui lui restait d'elle. Puisqu'il n'avait plus ni son amour pour elle, ni sa rancoeur... Cela voulait-il dire qu'il ne lui restait rien ? Il avait beau essayer de l'imaginer, cela lui avait paru totalement improbable. Même s'il décidait aujourd'hui de ne se consacrer plus qu'à la cause des rebelles, il ne pouvait pas ne plus être lié à Emy. Trop de choses les avaient poussés l'un vers l'autre pour qu'aujourd'hui il ne reste pas des marques de cette relation. Sans parler de marques physiques, mais bel et bien de traces sur l'esprit. Liam avait beau être une personne nouvelle, cette personne avait été fondée sur des bases qu'il était impossible d'ignorer, d'autant plus qu'Emy était sous ses yeux en ce moment pour lui rappeler à quel point il ne pouvait pas faire semblant.
- Pas encore une fois... non, pas encore... Dans le flou de son état, Liam ne comprit tout d'abord pas d'où sortait ces murmures tourmentés. Mais ses yeux braqués sur le visage d'Emy avaient vu ses lèvres bouger, et bientôt son cerveau fit le lien. Elle parlait en dormant. Cela ne le surprenait pas. C'était exactement ce genre de choses qu'il entendait par le fait qu'il était impossible de faire semblant : en fin de compte, il connaissait trop de choses sur elle, trop de détails, pour prétendre ne pas y être lié d'une quelconque manière. Il avait aimé cette femme, autrefois. Elle l'avait détruit. Il l'avait détruite. Maintenant, tout était balayé. Mais voilà ce qui perdurait : leurs mémoires. Impossible de se débarrasser de tant de souvenirs. Liam n'en avait d'ailleurs pas envie, bien que la majorité d'entre eux soient douloureux. Il n'avait jamais été question d'oublier. Simplement d'accepter. Puis de pardonner, progressivement, avec le temps. Ses murmures lui serrèrent la gorge, sans qu'il comprenne pourquoi exactement. La façon dont ils avaient été prononcés, sans doute, n'avait pu que transmettre une certaine forme de souffrance. Elle devait surement faire un mauvais rêve. A cette pensée, son ventre se tordit carrément. C'était insupportable.
- Oh ! Tu... Tu es réveillé ! Ses yeux se plissèrent. Qu'est-ce que c'était que cette réaction ? Elle était celle qui s'était endormie à son chevet, après tout. Elle ne pouvait pas être réellement surprise de devoir finalement se heurter à son réveil. Ou peut-être que si ? Après tout, si Liam n'avait pas d'indice sur la meilleure attitude à adopter avec elle, laissé complètement perdu par l'envolée de ses sentiments négatifs à son égard, comment est-ce qu'Emy devait-elle se comporter, elle ? Comment gérait-elle la situation, de son côté ? Quelles étaient ses idées, ses pensées à propos de tout ça, à propos de lui ? Il ne le savait pas. Il se rendait compte qu'ils étaient certainement chacun dans l'inconnu le plus absolu, et cela avait un côté dérangeant.
Mais Liam ne fut pas autorisé bien longtemps à divaguer encore sur ce genre de choses : tout son corps, couvert de coupures et d'hématomes, le lançait, et cela rendait difficile d'avoir une réflexion avec soi-même. D'ailleurs, la souffrance avait tout couvert de son trouble : l'expression de son visage n'avait été que celle de la pure douleur physique. - Il n'y a pas eu de morts. Liam ferma les yeux, et la panique qui était montée en lui se calma en douceur. Il était soulagé. Il ne le serait complètement que lorsqu'il aurait vu chacun de ses hommes en bonne santé sous ses yeux, mais pour le moment, entendre la nouvelle suffisait à calmer son appréhension. Tu leur as sauvé la vie, d'après ce qu'on m'a raconté. Il rouvrit les yeux pour aller fixer le plafond d'un air songeur. Ses yeux furent traversés d'une lueur sévère et froide, tout comme sa voix, qui restait par ailleurs rauque et saccadée par la douleur.
- Il n'y en aurait pas eu... besoin... si je ne les avais pas... risquées... à l'origine. Faire ce constat était très dur envers lui-même, mais c'était la vérité, aux yeux de Liam. Il aurait du être plus méfiant, en ne voyant aucun garde aux abords du bâtiment. Cela sentait le coup fourré à plein nez, et il avait mené ses hommes tout droit dans le piège. Il n'avait pas le droit à ce genre d'erreurs idiotes ; c'était donc un réel soulagement de voir que cela n'avait volé la vie de personne du côté des rebelles.
Lorsqu'Emy s'approcha pour soulever sa tête afin de lui donner à boire, ses yeux allèrent malgré lui se planter dans les siens. Le silence était lourd, étrange, pesant. Seul le bruit de chaque gorgée d'eau roulant au fond de sa gorge en feu venait perturber cet instant, plus que décalé. Son touché ne lui faisait pas perdre ses moyens, comme autrefois, et il ne le révulsait pas non plus. Tout semblait simplement plus... neutre, épuré de toute émotion réellement violente. Cela lui permit de remarquer qu'elle semblait tendue, comme sur la défensive. Un peu comme lui. Il eut mal lorsqu'elle le souleva, mais il serra la mâchoire et ne dit rien. Ses gestes n'étaient pas ceux d'une experte, mais elle s'y prenait bien, et il pouvait penser cela en toute objectivité. Boire lui fit du bien, il en avait eu drôlement besoin. Après avoir perdu des grosses quantités de sang, comme il semblait que ce fut le cas, il était important de se réhydrater ensuite.
- Tu recommences à saigner, il faut changer ces bandes, sinon ça va empirer... Pour lui, la douleur était restée la même. Toujours la même brûlure, la même sensation d'une peau recouverte de mini-bombes prêtes à éclater dans mille explosions de souffrance. Mais, en suivant le regard d'Emy jusqu'à son torse, il se rendit compte qu'elle disait vrai. Il réalisa aussi, par la même occasion, qu'il était recouvert de bandages, ce qu'il n'avait pas senti auparavant, la peau trop agressée pour faire la différence entre le contact d'un tissu ou de l'air. Il grimaça en voyant les tâches de rouge grossir peu à peu à travers les fibres du tissu, dans une progression pas si lente que ça. Ce n'était pas très beau à voir. Et il imaginait assez bien, pour ne pas en être à sa première blessure et pour en avoir vu de graves sur d'autres hommes, que cela ne devait pas avoir une belle tête. D'un coup, son ventre fut traversé d'un éclair de douleur fulgurant, et sa main se crispa sur le bandage qui correspondait à l'endroit blessé. Il étouffa un grognement entre ses dents serrées en fermant les yeux. De la sueur perlait sur son front ; le linge qu'y avait déposé Emy avait glissé pendant sa quinte de toux. Heu non, je vais appeler Bessy, c'est elle qui devrait s'occuper de toi. Oui, elle se repose mais je devrais trouver son compartiment, ou alors je demanderai à quelqu'un... Liam rouvrit difficilement les yeux, le torse toujours écrasé sous la douleur. Il tendit sa main libre en l'air. Elle retomba mollement, et se crispa sur le matelas. Emy lui tournait toujours le dos.
- Non...
Dans un effort compliqué, il leva sa main à nouveau, jusqu'à attraper le tissu de la robe d'Emy, qu'il serra entre ses doigts pour la retenir. Il toussa un peu, mais ne lâcha pas sa robe. Ses yeux se rivèrent sur elle.
- Si elle t'a laissée seule... c'est qu'elle te fait conf... confiance. Elle sait que tu peux... tu peux y arriver. Finalement, ses doigts, trop faible pour serrer encore, retombèrent mollement dans le vide. Liam grimaça. Parler lui faisait mal aux côtes, exactement comme la fois où il s'était retrouvé avec quelques unes d'entre elles brisées. Elles étaient restées fragilisées depuis, et les mauvais coups qu'il s'était pris ce soir n'avaient rien du arranger. Il cligna des yeux plusieurs fois, faisant des efforts pour éclaircir sa vue qui le lâchait par moments. Il regarda à nouveau Emy, avec une intensité fiévreuse. Lentement, faiblement, ses lèvres s'étendirent en un minuscule sourire encourageant. Il y avait aussi un petit côté moqueur, mais qui relevait plus de la taquinerie pas réellement mesquine. Dans l'instant présent, il avait besoin qu'elle se reprenne, surtout.
- Et moi... je sais... que tu n'es pas une mauviette. La toux le reprit, plus violente cette fois, et le força à se plier réellement en deux. Un filet de sang s'échappa de ses lèvres.
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Sujet: Re: Suffering is the true cement of love & L. O'Loughlin Dim 16 Oct - 15:43
Les yeux rivés sur son visage, Emy ne pouvait pas rater le fait qu'il souffrait énormément. Elle avait vu ses blessures, elles étaient nombreuses et certaines étaient bien plus graves que d'autres. Elle avait vu sa chair transpercée de toutes parts, son sang qui n'avait cessé de s'écouler pendant des heures, le donnant un teint de plus en plus blanc. Lorsqu'elle avait du aider Bessy a le soigner, elle avait réellement cru qu'il allait mourir sous ses yeux, et sans qu'elle puisse rien y faire. Elle aurait tellement avoir pu trouver un vrai médecin, qui l'aurait bien mieux soigné que ce qu'elles avaient fait. Elle ne critiquait pas le travail de l'infirmière, mais elle était réaliste, il ne serait jamais aussi bon qu'un vrai docteur. Il sembla à Emy que ce qu'elle lui avait dit l'avait rassuré, mais le regard qu'il eut la glaça presque. Elle n'aimait pas cette lueur froide dans ses yeux, cela fit remonter en elle des sensations qu'elle essayait tant bien que mal d'occulter depuis quelques jours. Il n'y en aurait pas eu... besoin... si je ne les avais pas... risquées... à l'origine. Emy serra discrètement ses doigts sur le drap, une nouvelle fois. Chaque fois qu'elle avait essayé de parler aux rebelles de leurs agissements, d'en savoir un peu plus ou de tenter de donner son avis, elle s'était faite envoyer sur les roses. Il était déjà rare que quelqu'un l'écoute vraiment quand elle parle, ce qui la rendait folle, mais lorsqu'on lui répondait, ce n'était jamais amicalement, surtout quand elle commençait à réellement s'intéresser à toute cette histoire. C'est pourquoi elle haussa doucement les épaules et se contenta de répondre d'une voix neutre.
- Je ne sais pas. Cela ne me regarde pas. Mais elle fut choquée de lui avoir prononcée cette phrase, à lui. Elle lui avait toujours clairement exprimé ce qu'elle ressentait, avant. Pouvait elle encore le faire ? Elle ne savait pas trop. Mais cela semblait trop faux, de ne pas agir comme elle le faisait toujours, avec pratiquement tout le monde. Lorsqu'elle s'adressait aux rebelles, elle avait pris l'habitude de rester sur ses gardes. Depuis deux semaines, elle avait déjà subi plusieurs lynchages publics après avoir un peu trop donner son opinion, alors maintenant elle faisait bien attention à tout. On a beau avoir un mental d'acier, la pression psychologique exercée par les autres arrive souvent à brider complètement quelqu'un. Mais là... Elle sentait qu'elle ne pourrait pas se taire. Tant pis pour ses bonnes résolutions, tant pis de ce qu'il allait penser. Et s'il lui passait encore un savon, et bien, tant pis ! Le regard baissé sur ses propres mains qu'elle triturait, sa voix baissa d'un ton et prit une note étrange. Pas vraiment du reproche, pas vraiment de l'inquiétude. Un mélange particulier des deux. Mais tu devrais faire attention à ta propre vie... Elle pensait aussi aux rebelles, bien sûr, elle n'était pas un monstre, mais eux, ils n'étaient pas dans le même état que lui. Ils ne s'en étaient sortis qu'avec des blessures superficielles, ils ne s'étaient pas pratiquement vidés de leur sang. Le ventre d'Emy se tordit à cette pensée et elle toussota, comme pour faire passer ces sentiments qui s'étaient emparés d'elle.
Et puis, elle avait vu à nouveau tout ce sang se répandre sur le corps mutilé de Liam. son estomac s'était retourné, pas tant à la vue du sang, mais à la pensée que c'était le sien. Elle ne sut pas pourquoi, mais à cette vue, toutes ses fautes lui remontèrent d'un coup en mémoire, et elle s'en voulut profondément, pour ces blessures qu'elle n'avait pas causées. C'était incontrôlable et violent, elle recommença à s'en vouloir à un point terrible, la culpabilité la rongeant de nouveau de l'intérieur. Il lui arrivait d'avoir des pics de culpabilité intenses depuis des jours, dès qu'une pensées impliquant Liam et la notion de douleur traversait son esprit. Elle se flagellait alors mentalement pendant des heures, en silence. Il lui avait dit que c'était fini... Mais il ne se rendait pas compte de ce qu'il avait provoquée en elle, de la remise en question perpétuelle qu'il avait insufflée en elle. C'était en partie pour cela que ses mains tremblaient, lorsqu'elle lui fit dos et qu'elle reposait les bandes sur le plateau de fer.
Non... Emy se figea d'un coup, lorsqu'elle entendit sa voix faible, et arrêta ses marmonnements incessants au sujet de trouver Bessy - ou n'importe qui, d'ailleurs, elle voulait juste ne pas s'imposer plus longtemps, surtout dans une situation comme celle-ci. Elle posa ses deux mains sur le rebord de la table, prenant appui dessus, et ne sachant absolument pas quoi faire, en réalité. Elle voulut protester, et commencer à avancer tout en lui disant qu'elle allait quand même chercher Bessy, mais elle se rendit alors compte qu'il avait attrapé sa robe, et qu'il la retenait. Tout son corps se crispa immédiatement. Elle se retourna alors vers lui pour le regarder, une lueur inexplicable dans les yeux. Si elle t'a laissée seule... c'est qu'elle te fait conf... confiance. Elle sait que tu peux... tu peux y arriver. Les lèvres d'Emy tremblèrent légèrement. Mais elle, elle savait qu'elle ne pouvait pas y arriver ! Comment allait elle faire ? Elle n'en avait aucune idée, aucune ! Elle le regardait, et voyait combien il souffrait. Ses bandages étaient complètement imbibés de sang, maintenant. Elle avait beau ne pas être médecin, elle savait qu'elle n'avait pas beaucoup de temps. Ses yeux passèrent du ventre de Liam à son visage, sur lequel elle vit se dessiner un sourire, si petit qu'elle ne l'aurait pas remarqué si elle ne faisait pas tellement attention à chaque mouvement qu'il pouvait effectuer. Et moi... je sais... que tu n'es pas une mauviette. Emy soupira, ne relevant pas ce qu'il venait de dire, pas le temps. Elle s'essuya le front de son avant-bras, ses mains étant tâchées de sang et reprit finalement les bandages entre ses doigts.
- D'accord. Mais au moindre problème je vais chercher Bessy ! Sa voix était sans appel. Elle n'était pas infirmière ni rien du tout, quand même !
Ses tremblements s'étaient calmés, et elle se fit violence pour oublier sa culpabilité quelques minutes. Elle devait rester concentrée, et le savait. Elle s'approcha de Liam pour lui remettre un linge humide sur le front, essayant de faire tomber sa fièvre. Elle le regarda une dernière fois, et ne put empêcher une lueur douloureuse de traverser son regard. Elle inspira discrètement, puis commença à enlever les bandages ensanglantés, maladroitement mais avec une certaine douceur tout de même. Les plaies que l'infirmière avait tant bien que mal refermées s'étaient rouvertes. Emy pinça les lèvres et, sans un mot, commença à appliquer l'onguent désinfectant qu'elle avait à disposition, puis à tout rebander. Elle savait que le temps pressait et faisait de son mieux pour être rapide et efficace. Elle était si concentrée qu'une perle de sueur glissa le long de son front. Elle répéta l'opération, blessure après blessure, jusqu'à atteindre la plus importante. Sur ses mains coulait le sang de Liam, dans tous les sens du terme d'ailleurs, et elle faisait de son mieux pour ne pas y penser. Elle débanda donc l'énorme plaie qui traversait son ventre, et les tremblements la reprirent. Sa main gauche, celle qui appliqué l'onguent, eut soudain un mouvement brusque, et elle eut un petit sursaut. Elle plia et replia ses doigts plusieurs fois, et se remit à parler, l'inquiétude dans sa voix, sans pour autant le regarder. Elle se pinça les lèvres, et fronça les sourcils.
- Je suis désolée si je te fais mal... Et cela s'entendait sincèrement dans sa voix. Si elle s'était écoutée, elle se serait excusée après chaque geste maladroit qu'elle faisait, et ils étaient nombreux.
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Sujet: Re: Suffering is the true cement of love & L. O'Loughlin Dim 16 Oct - 19:31
- Je ne sais pas. Cela ne me regarde pas. L'espace d'un instant, l'expression douloureuse qu'il avait sur le visage le quitta, pour être remplacée par de l'étonnement. Ses sourcils se froncèrent ensuite. Il était inhabituel qu'Emy ne se revendique pas pour une cause ou pour une autre, et qu'elle choisisse au contraire de rester en retrait de la situation. Elle avait forcément un avis sur ce qui se passait ; Liam le savait, car il l'avait bien vu dans son élan de colère, lorsqu'ils avaient parlé dans la cellule d'Emy. Sa tête se tourna vers le plafond, et il se contenta de regarder celui-ci, en répondant sur le même ton qu'elle - du moins, autant que le lancement perpétuel de ses blessures le lui permettait.
- Ça nous regarde tous... un peu... On a pas vraiment le choix. Ça te regarde plus que tu ne le... voudrais. Surtout maintenant... Il toussa au milieu de sa phrase, mais persista à garder les yeux ouverts. Il se mit d'ailleurs à la regarder. Il serra la mâchoire le temps que la pointe de douleur qu'il avait ressentie s'amoindrisse, puis il reprit. Maintenant que tu es là. Il avait presque une lueur d'excuse dans le regard : à partir du moment où Emy s'était faite capturer, elle se retrouvait indéniablement au milieu du conflit. Si jamais le repère des rebelles était dévoilé à la Milice, et qu'il faudrait alors fuir ou mourir, dans la plus grande précipitation, elle se retrouverait au milieu d'un chaos auquel elle ne pourrait pas échapper, et qu'elle n'avait pas choisi. Tout cela lui retombait dessus sans qu'elle y ait son mot à dire, et pour ça, Liam était désolé. Il ne voulait imposer la rébellion à personne. Malheureusement, elle s'imposait d'elle-même. En tant qu'icône de ce mouvement, il lui paraissait légitime de présenter des excuses. Peut-être qu'il ne l'aurait pas fait s'il n'avait pas senti le trouble qui habitait Emy en ce moment. Peut-être qu'il ne l'aurait pas fait s'il n'avait pas partagé certaines de ses idées avec elle. L'opposition entre riches et pauvres avait guidé toute son existence, après tout, et ce à bien des niveaux.Mais tu devrais faire attention à ta propre vie... Liam détourna le regard vers l'autre côté de la pièce. Il se souvenait qu'une fois, il lui avait avoué apprécier les moments où elle s'inquiétait pour lui. C'était bouleversant de constater à quel point le temps avait passé depuis. Lorsqu'il posa à nouveau ses yeux sur elle, l'espèce de distance que ses prunelles mettaient entre eux était revenue, comme une sorte de bouclier de défense froid et impénétrable. Il ne répondit rien, se contentant de hocher la tête pour lui signifier qu'il ferait attention, mais c'était tout. Après tout, il avait pris sa décision : il ne se laisserait plus troubler par qui que ce soit. Il ne serait plus qu'un bon chef, qui se consacrait corps et âme aux actions des rebelles. Personne ne pourrait plus l'atteindre, mais tant pis. Il pouvait vivre sans amour, n'est-ce pas ? Si c'était ce qu'il fallait sacrifier pour être capable de sauver tout le monde... Pourtant, sa conviction, aussi solide soit-elle, ne lui semblait pas absolue. Il y sentait quelques failles, et cela le perturbait. Surement parce qu'il avait perdu beaucoup de sang, et que ses idées n'étaient plus très claires.
- D'accord. Mais au moindre problème je vais chercher Bessy ! Liam avait trop mal pour répondre quoique ce soit. Il laissa Emy faire, n'ayant guère d'autre choix, de toute manière. Il devait lutter pour continuer à voir correctement. Il sentait que s'il laissait sa vue trop baisser, il finirait par reperdre conscience derrière, et cela ne pouvait qu'empirer la situation. Il essayait de ne pas trop bouger pour lui faciliter la tâche, même lorsque la douleur devenait insupportable. Ses mains avaient quitté son ventre pour laisser le champ libre, et se crispaient sur le matelas, si fort que ses articulations en devinrent toutes blanches, et que ses ongles se plantèrent dans le tissu. Dans sa douleur, il eut besoin d'accrocher son regard à quelque chose, mais il ne savait plus quoi regarder, car Emy était concentrée sur son corps. Ses yeux errèrent donc sur ses mains, ses bras, puis sa robe. Quelque chose qu'il n'avait pas identifié plus tôt lui sauta alors aux yeux, comme le nez au milieu de la figure, et lui serra la gorge : elle était couverte de son sang. Et les tâches n'étaient pas toutes fraîches, pour la plupart. Elle ne s'était pas contentée de dormir à ses côtés...
- Tu m'as gardé en vie, articula-t-il à peine, dans un murmure pas vraiment audible. Il voyait là-dedans une symbolique trop puissante pour ne pas en être déstabilisé. Son sang sur elle... Il repensait à ce qu'il lui avait murmuré à l'oreille, il y a quelques jours. «Tu ne m'as pas tué.» Ressentait-elle le même trouble que lui ?
Son dos se courba de douleur lorsque la main d'Emy eut un mouvement un peu trop brusque, et un petit râle qu'il ne put retenir sortit d'entre ses lèvres entre-ouvertes car il manquait d'air. - Je suis désolée si je te fais mal... Elle lui avait fait mal, en effet. Mais elle ne pouvait guère faire autrement, à vrai dire. Lorsqu'elle passait l'onguent sur sa peau, c'était pour lui comme si les petites cloques éclataient enfin. C'était un déchirement sur le coup, difficile à supporter. La douleur ne se calmait qu'ensuite, une fois que la peau irritée s'apaisait peu à peu grâce au médicament. Il voulut parler, pour lui dire de ne pas y prêter attention car il fallait bien passer par là, mais, alors qu'il tentait de réunir ses forces pour s'exprimer, une voix qui n'était pas non plus celle d'Emy l'interrompit.
- Bien sûr que tu lui fais mal ! Cela venait de l'autre côté du lit. Du coup, la personne se rapprocha, et bouscula les mains d'Emy pour prendre sa place. Liam reconnut Beth, la jeune femme qui était devenue la soeur de substitution du petit Jim. Il fronça les sourcils, perplexe, et voulut parler à nouveau pour lui demander ce qu'elle faisait là, mais elle appliqua l'onguent sur sa peau profondément écorchée, le forçant au silence, cloué par la douleur. Beth lança un rapide regard à Emy avec animosité. Elle se retourna ensuite vers Liam, et tout en continuant d'appliquer le soin en de petits gestes circulaires, elle passa sa main dans ses cheveux dans un geste réconfortant.
- Il faut y aller en douceur... fit-elle en couvant Liam des yeux. Puis elle tourna son visage vers Emy, et celui-ci changea d'expression du tout au tout, pour devenir sévère et austère. Beth, du haut de ses dix-huit ans, était une forte tête qui méprisait les Aristocrates d'une manière totalement démesurée. Mais ça ne veut pas dire qu'il faut être molle comme toi ! Les yeux de Liam firent un aller-retour entre Emy et Beth. Il fronça les sourcils.
- Beth... Qu'est-ce que... tu fais là ? fut-il finalement capable de murmurer, bien que difficilement. Beth tourna à nouveau son visage vers lui, avec une lueur énervée dans les yeux. - Ne parle pas, tu vas rouvrir toutes tes plaies ! Elle soupira, et on pouvait deviner qu'elle s'inquiétait plus que nécessaire pour Liam. Mais elle se décida à finalement répondre à sa question. J'ai croisé Bessy, et elle m'a dit que tu étais dans un sale état, mais que pour le moment, la prisonnière s'occupait de toi. Sauf que j'ai eu peur qu'elle en profite pour essayer de te faire du mal. On ne peut pas lui faire confiance. Cette façon de parler d'Emy comme si elle n'était même pas présente lui hérissa le poil. Ses insinuations, par dessus tout, le dégoûtèrent. Si seulement elle savait que, d'eux deux, celui qui avait dernièrement fait le plus mal à l'autre, c'était justement lui ! Le comportement de Beth envers Emy était tout bonnement ridicule, et pas vraiment justifié. Qu'elle se méfie des prisonniers, Liam pouvait le comprendre : son mépris envers les aristocrates était énorme, et elle pouvait imaginer qu'un prisonnier pourrait tenter de s'échapper en tuant un des leaders du mouvement, après tout pourquoi pas. Mais si on avait laissé Emy s'occuper des malades, et qu'on l'avait finalement laissée seule avec lui, c'était parce qu'on avait vu en elle autre chose qu'une terrible menace.
D'un coup, son poing se desserra du matelas et alla s'emparer du poignet de Beth, qu'il se mit à serrer. Il la dévisageait avec froideur. Non, il la transperçait littéralement du regard, comme il avait si bien appris à le faire. A travers les accents de douleur, on pouvait très clairement entendre la colère et l'autorité dans sa voix.
- S'il y a bien une personne... que je ne crains pas... qu'elle puisse me faire du mal... c'est Emy, Beth. Les yeux de Beth s'écarquillèrent, choqués. Elle était sans voix. On s'en est déjà trop... fait... pour qu'elle veuille... aller plus loin. Ses prunelles quittèrent celles de Beth pour se plonger dans le regard d'Emy. Son regard restait froid, mais cela n'était pas la même froideur qu'avec la jeune rebelle. C'était encore une fois cette distance, cette barrière de sécurité. Son bouclier anti-émotions. C'est pour ça... qu'entre tous... c'est à elle que je fais le plus confiance.
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Sujet: Re: Suffering is the true cement of love & L. O'Loughlin Dim 16 Oct - 21:24
Ça nous regarde tous... un peu... On a pas vraiment le choix. Ça te regarde plus que tu ne le... voudrais. Surtout maintenant... Maintenant que tu es là. Toujours debout devant le lit, les yeux résolument fixés sur ses mains, Emy n'avait rien répondu. Elle savait depuis le moment où elle avait ouvert les yeux dans sa cellule qu'elle s'était retrouvée dans un beau pétrin, chose qu'elle n'avait jamais demandée. Liam venait d'appuyer sur un point sensible. Cela faisait plusieurs jours qu'elle se demandait ce qu'il adviendrait d'elle, si le repère venait à être trouvé. Serait elle considérée comme une traitresse ? Ou bien reconnaitrait-on le fait qu'elle avait été emmenée ici contre son gré . Et elle, que voulait elle, finalement ? Elle ne savait pas bien. Elle savait qu'elle aurait un jour à faire un choix, les rebelles ou sa famille. Ce choix qui revenait sans cesse vers elle. Celui entre ses deux personnalités. Emy ou Emily. Elle ne savait pas, réellement pas. Dans son coeur, elle appartenait aux gens modestes, c'était dans ce milieu là qu'elle avait été élevée. Mais maintenant... Si elle restait ici, pour quelle raison serait-ce ? Elle était concernée par les problèmes que pouvaient avoir les rebelles et leur famille, vraiment concernée, mais elle ne parvenait pas encore à se faire une place dans tout cela, à vouloir participer activement à leur combat. Pour l'instant, elle désirait simplement aider ceux qui en avait besoin. C'était pour cela qu'elle préférait être à l'infirmerie qu'en cuisine, pour pouvoir aider. L'espace d'une seconde, son regard se détacha de ses mains pour aller se poser sur son visage, et elle vit qu'il était désolé. Il n'exprimait pas ce genre de sentiments lors de leur dispute dans sa cellule, et cela lui fit en quelque sorte plaisir, mais elle ne comprit pas exactement pourquoi.
Alors qu'elle soignait de nouveau ses blessures, Emy essayait de se remémorer les geste que Bessy lui avait appris, au fil des jours. Elle était tellement concentrée que sa panique redescendait progressivement, et elle devenait de plus en plus appliquée. Elle en oubliait même le fait qu'elle ne supportait pas vraiment la vue du sang, habituellement. Elle savait que chaque minute comptait, et qu'il fallait qu'elle soit bien plus rapide que cela. Mais alors qu'elle réfléchissait à ce qu'elle faire ou non, elle fut subitement sortie de ses pensée. Tu m'as gardé en vie. Elle se mordit les lèvres et leva à peine les yeux pour voir qu'il regardait les tâches de sang qui parsemaient son corps. Elle rebaissa bien vite le regard sur les blessures, et essaya de prendre un air le plus détaché possible, mais il n'était pas vraiment convainquant.
- Oui. Enfin... C'est ce que je suis supposée faire quand je suis ici, à l'infirmerie. Sa phrase l'avait directement ramenée à ce qu'il lui avait dit quelques semaines plus tôt, et qui l'avait tant déstabilisée à cette époque, où elle ne connaissait pas encore la réelle nature de ses sentiments à son égard. Elle avait essayé de donner un air banal au fait qu'elle ait participé à ses soins pour ne pas qu'il se rende compte d'à quel point elle s'y était investie. Il fallait que cela reste normal, qu'il le prenne comme si elle avait soigné n'importe quel malade. Elle sentait que c'était important, pour ne pas qu'il comprenne qu'elle n'avait absolument pas évolué dans ses sentiments, elle, et qu'elle désespérait en retrait.
Au vu de ses réactions, Emy constata qu'il souffrait toujours, et elle pinça les lèvres à cette pensée, essayant de faire mieux, et d'être la plus douce possible, mais ses mains tremblantes n'étaient pas d'une grande aide. Elle souffla discrètement pour reprendre contenance et s'apprêta à reprendre l'opération lorsqu'elle fut subitement déconcentrée par un cri poussé de l'autre côté de la pièce. Bien sûr que tu lui fais mal ! C'est alors que, sans rien comprendre, elle se retrouva bousculée plus loin, les mains vides. Emy, surprise par cette intervention soudaine, regarda la jeune fille qui venait de faire irruption dans la salle. Elle semblait être plus jeune qu'elle, et quelque chose dans son attitude - en dehors du fait qu'elle n'avait aucune manière - ne lui revenait pas du tout. Complètement hébétée par cette soudaine apparition, Emy était restait silencieuse, les mains toujours ouvertes comme si elle tenait encore ses instruments. Elle fronça les sourcils, et son souffle se fit plus rauque. De nouveau, la colère commençait à monter. Elle rendit cordialement le regard que Beth lui lança. Il faut y aller en douceur... En la voyant caresser les cheveux de Liam, le sang d'Emy ne fit qu'un tour dans ses veines. Mais ça ne veut pas dire qu'il faut être molle comme toi ! Cette petite peste allait voir ce qu'elle allait voir ! Elle la vit donc continuer à soigne Liam, qui avait apparemment toujours aussi mal. Emy croisa les bras, un air moqueur sur le visage.
- Mais au moins, je ne suis pas un bourrin... Sous son bras croisé, le poing d'Emy se serra. Si elle n'avait pas décidé d'adopter une attitude de réserve, elle se serait déjà jetée sur Beth depuis bien longtemps. Mais elle s'était vite rendu compte que son impulsivité n'allait pas l'aider, dans les catacombes, et qu'elle devait faire un effort pour se maitriser, au moins un minimum.
Emy observait Beth, son regard lançant des éclairs - ce qu'elle ne pouvait pas voir puisqu'elle lui faisait dos - et elle crut reconnaitre en elle l'attitude de quelqu'un qu'elle connaissait... Mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus pour le moment. J'ai croisé Bessy, et elle m'a dit que tu étais dans un sale état, mais que pour le moment, la prisonnière s'occupait de toi. Sauf que j'ai eu peur qu'elle en profite pour essayer de te faire du mal. On ne peut pas lui faire confiance. Cette fois ci, c'en était beaucoup trop pour Emy. Depuis des jours et des jours, elle restait résolument gentille, compréhensive. Elle avait complètement bridé sa sauvagerie naturelle pour se fondre dans le moule, ne pas faire d'histoires. Mais là, ça ne passerait pas. Comment cette inconnue pouvait penser qu'elle allait lui faire du mal ?! Aveuglée par la colère qui refaisait surface d'un coup sec, elle ne repensait même plus à toute la culpabilité qu'elle éprouvait par rapport à lui, la seule chose présente à son esprit sur l'instant, c'était qu'elle n'allait surement pas se laisser traiter comme ça ! Fini, la gentille Emy qui acceptait tout ce qu'on lui balançait tout ça parce qu'elle était "l'ennemie", et qu'on pouvait tout lui dire ! Elle ne s'était jamais laissé marcher sur les pieds de sa vie, et elle n'allait pas laisser cela arriver maintenant ! Evidemment, elle était profondément jalouse qu'une autre s'occupe de lui. En temps normal, elle aurait pu le supporter. Elle n'aurait rien dit, serait restée dans son coin. Mais l'attitude de Beth eut raison de ses bonnes résolutions. Elle fit un pas en avant, pointant du doigt Beth qui couvait toujours Liam d'un regard ridicule.
- Ecoute moi bien, espèce de petite garce... Mais elle n'eut pas le temps de s'occuper de son cas, car il se remit à parler, difficilement. S'il y a bien une personne... que je ne crains pas... qu'elle puisse me faire du mal... c'est Emy, Beth. Emy se stoppa net dans son élan de fureur, le doigt toujours tendu. Ses sourcils se froncèrent, et elle tourna la tête vers Liam, interloquée. Bizarrement, l'entendre prononcer son prénom ne l'avait pas poignardée cette fois ci, contrairement à toutes les autres. Au contraire c'était... presque plaisant. On s'en est déjà trop... fait... pour qu'elle veuille... aller plus loin. Emy se mordit les lèvres, et la culpabilité revint en elle aussi vite qu'elle était partie. Lorsqu'il planta les yeux dans les siens, elle ne bougea pas, tout comme Beth qui semblait pétrifiée, désormais. C'est pour ça... qu'entre tous... c'est à elle que je fais le plus confiance. Les pupilles d'Emy se dilatèrent en même temps que ses yeux s'agrandirent. Une sensation de chaleur pénétra son corps, en même temps qu'il se glaçait lorsqu'elle vit le regard de Liam. Ce n'était plus le même qu'avant, il n'exprimait plus de haine et pourtant... Pourtant il demeurait résolument froid. Cela lui faisait mal. Mais en même temps, ce qu'il disait lui plaisait. Alors... Alors où était la logique dans tout ça ? Pourquoi lui faisait il confiance, à elle, alors qu'elle lui avait fait tant de mal ? Alors qu'il avait surement des bras droits dans sa direction du camp de rebelles ? Elle ne comprenait pas. Absolument pas. Pourtant, son air interrogateur fut remplacé petit à petit par un air doux, protecteur. Elle ne pouvait pas masquer éternellement ses émotions. Lentement, un petit sourire se dessina sur son visage. Alors même qu'il l'avait mise au fond du trou, il arrivait quand même à lui donner l'impression qu'elle sortait la tête de l'eau. Cette situation paradoxale était dérangeante et plaisante à la fois. Elle ne répondit rien, son expression s'en était chargée seule, et reprit son air furieux, en tournant la tête vers Beth, s'approchant d'elle.
- Tu l'as entendu, ma petite. Cette gamine... Emy sentait qu'elle allait lui donner du fil à retordre dans l'avenir. Et pas que par rapport à Liam. Elle lui reprit le nécessaire pour le soigner des mains sèchement. Maintenant, laisse moi faire, si tu veux vraiment qu'il aille mieux ! Emy se sentait revivre d'agir enfin comme elle l'avait toujours fait. Arrêter de faire marcher sur les pieds. Cela lui faisait du bien. Un peu comme une pause dans sa détresse permanente.
Beth lui jeta un regard mauvais, et reporta à nouveau son attention vers Liam. - Mais Liam... Elle pourrait vraiment tenter quelque chose ! Je l'ai bien regardée, tu sais, elle est suspecte, avec son regard dans le vide tout le temps... Emy ouvrit la bouche, indignée, et regarda Beth sans rien dire, trop estomaquée pour se défendre. Parce qu'en plus elle l'espionnait ?! Son ton mielleux, son inquiétude démesurée devant lui... Tout cela révulsait Emy. Elle pinça les lèvres, énervée, pour retourner la tête et se concentrer à nouveau sur les blessures. A côté d'elle, Beth n'arrêtait pas.
- Comment va-t-on faire, si elle te soigne mal, et qu'il t'arrive quelque chose ? Ca ne peut pas arriver ! Beth posa sa main sur celle de Liam, le regard tout aussi mielleux que sa voix. Nous ne pourrions rien faire sans toi...
Cette façon de s'exprimer, cette lueur de béatitude sur le visage... - Rose. Le prénom avait été prononcé dans un souffle, presque trop bas pour l'entendre. Emy avait arrêté de soigner Liam pour tourner la tête vers Beth. Mais oui, voilà à qui elle la faisait penser ! Elle aurait du s'en rendre compte immédiatement. Elle avait exactement la même attitude que Rose avait à Meryton. Tout prenait sens dans son esprit, désormais. Sans même s'en rendre compte, elle se mit à pouffer en silence, le regard baissé. Elle avait devant elle une version de Rose, mais à Bath. A côté d'elle, Beth s'échauffait.
- Regarde la ! Elle se moque de notre cause, elle se moque complètement que tu ailles bien ou non ! A nouveau, Emy sentit se tendre, mais maintenant qu'elle avait repris son rôle d'infirmière, elle ne pouvait pas exploser. Surtout, elle ne voulait pas montrer à Liam qu'elle avait été jalouse, quelques minutes auparavant, de cette furie. Tu ne peux pas laisser passer ça, Liam, tu ne peux pas la laisser dénigrer ce que nous faisons !
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Sujet: Re: Suffering is the true cement of love & L. O'Loughlin Lun 17 Oct - 1:21
- Oui. Enfin... C'est ce que je suis supposée faire quand je suis ici, à l'infirmerie. Le regard de Liam se détourna du sien, alors qu'il hochait la tête, pour faire celui qui avait été convaincu. Pourtant, il avait senti une sorte de fausseté dans la voix d'Emy, qui lui laissait penser que tout cela représentait un peu plus qu'elle ne le laissait entendre. Il repensa au fait qu'il lui avait tout de même caressé les cheveux pendant un moment avant qu'elle ne se réveille, et il éprouva un sentiment de gêne tout à fait dérangeant. Au delà de tout ça, il se rendait compte que, quelque part, il n'aimait pas qu'elle fasse comme si le soigner n'avait aucune importance pour elle. Il se renfrogna intérieurement en le réalisant. Il était totalement illogique. Cela n'aurait du lui faire ni chaud ni froid. Mais il faut croire qu'il aimait bien se retrouver entre ses mains. Paradoxalement, il trouvait ça vraiment troublant. Son état commençait sérieusement à le fatiguer. A croire qu'il perdait les pédales dès qu'il perdait le moindre litre de sang. Mais qu'est-ce que tout cela signifiait ? Il ne l'aimait plus, après tout. Mais il faut croire qu'il avait été idiot et aveugle, de croire qu'il pouvait laisser ainsi son passé derrière lui. Ce constat lui fit froid dans le dos : cela voulait-il dire que, même s'il ne l'aimait plus, il voulait toujours qu'elle lui prête de l'importance, elle ? Ce serait tout bonnement égoïste, voire légèrement égocentrique, comme comportement. Venant de Liam, voilà qui était surprenant ! Dérouté par cette prise de conscience, il garda son regard loin d'elle, et parla d'une voix qui se révéla être tout aussi étrange que la sienne.
- Oui, bien sûr... Tu t'en sors bien... Je suppose. Il avait hâte d'en finir avec cet instant parfaitement étrange, en fait. Après deux semaines passées sans la voir, c'est sûr que partager avec elle cette proximité forcée n'était pas évident. Trop de choses se confondaient pour que tout reste bien clair entre eux. Dans son esprit, il ne savait toujours pas comment la considérer, ce qui expliquait la distance dans ses yeux lorsqu'il la regardait. Pour le moment en tout cas, il ferait tout pour rester émotionnellement loin d'elle. Il verrait ensuite, en fonction de l'évolution des choses. Laisser passer un peu de temps était sans doute la meilleure attitude à adopter, tant pour lui que pour elle.
- Mais au moins, je ne suis pas un bourrin... Un peu pris entre Beth et elle, et surtout ravagé par la douleur, Liam n'était pas en mesure de dire grand chose. Mais il ne put s'empêcher de remarquer le changement d'attitude qui s'était opéré chez Emy. - Ecoute moi bien, espèce de petite garce... Liam était intervenu à ce moment-là, emporté par son dégoût vis-à-vis du comportement de Beth. Cela dit, les réactions d'Emy confirmèrent ce qu'il pensait : elle avait décidé de ne pas se laisser faire, et de prendre le contrôle de la situation. Liam ne fit aucun commentaire par rapport à cela. Mais, intérieurement, il se rappela un moment très précis de sa vie : lorsque toute sa conception des choses s'était trouvée bouleversée, dans sa cellule, par les réflexions de l'inconnu d'en face. Lorsque celui-ci l'avait amené à se rebeller, à ne pas se laisser faire, à reprendre le contrôle de la situation. Oui, Liam comprenait le sourire qu'avait eu l'inconnu d'en face, à ce moment-là, désormais. Et, intérieurement, il souriait à son tour. Mais en voyant le regard d'Emy se transformer pour se faire plus doux, et lorsqu'il vit son sourire, il s'efforça de ne pas se laisser atteindre. Il avait pris une résolution, et il devait s'y tenir. Mais il avait un pincement au coeur. Il ne l'avait plus vue sourire comme ça, depuis... Beaucoup trop longtemps. Malgré lui, il dut déglutir, une boule nerveuse lui obstruant la gorge. Il espérait néanmoins que cela serait remis sur le compte de son état physique lamentable.
- Tu l'as entendu, ma petite. Maintenant, laisse moi faire, si tu veux vraiment qu'il aille mieux ! Liam n'eut pas le temps d'être plus perturbé que ça, car déjà Emy reprenait les devants. Sûre d'elle comme il ne l'avait plus vue depuis des lustres, sauvage dans ses expressions, affirmée dans ses gestes, elle recommença à le soigner, tout en envoyant Beth dans les roses. Liam était tellement surpris -agréablement surpris, il faut bien le dire- qu'il en oublia même la douleur, pendant quelques secondes. - Mais Liam... Elle pourrait vraiment tenter quelque chose ! Je l'ai bien regardée, tu sais, elle est suspecte, avec son regard dans le vide tout le temps... Mais Liam gardait les yeux rivés vers Emy, alors qu'une pensée très claire se formulait en lui. Voilà, il savait comment il devait la considérer, comment il devait se comporter avec elle. Cela aurait du couler de source tout de suite. Il allait être celui qui la réconciliait avec son côté rebelle ; car il savait qu'elle en avait un en elle, ne demandant qu'à s'exprimer. Il l'avait poussée vers sa famille, autrefois, maintenant il s'occuperait de l'autre partie d'elle, délaissée et rabaissée depuis. Et si pour ça, il devait s'opposer aux rebelles pour leur faire à force comprendre qu'elle n'était pas l'ennemi, autant commencer tout de suite. Alors, en dépit de la douleur - qui était moins importante, car l'onguent commençait à faire effet - il fit un sourire mi-moqueur, mi-malicieux. En tout cas, très joueur. Sa voix prenait ses intonations de velours, alors qu'il regarda Emy. Bien sûr, il fallait prendre ce qu'il allait dire au second degré, comme une pique envers Beth plutôt qu'envers Emy.
- Ah, mais pourquoi est-ce que tu t'obstines à regarder le vide, aussi ? Beth rougit, furieuse de voir que Liam prenait le parti d'une simple prisonnière, en l'humiliant devant elle au passage. Qui était cette fille, à la fin, et qu'avait-elle de si spécial ? Les rumeurs qui avaient couru à leur propos après l'arrivée de la prisonnière s'étaient calmées, depuis le temps, mais Beth y pensait toujours, elle. Elle fusillait Emy du regard. Pour qui se prenait-elle, à lui parler comme elle le faisait ? Elle reporta son attention sur Liam.- Comment va-t-on faire, si elle te soigne mal, et qu'il t'arrive quelque chose ? Ca ne peut pas arriver ! Nous ne pourrions rien faire sans toi... Liam fronça les sourcils, et serra les doigts de Beth dans les siens pour tenter de la rassurer, et pour appuyer ce qu'il allait lui dire. Il n'aimait pas qu'elle puisse s'inquiéter comme ça, et il savait que c'était ce qui justifiait son comportement excessif. Il se retrouvait donc entre les deux femmes qui se foudroyaient des yeux sans discrétion aucune et tentait de calmer le jeu, mais dans son état, ce n'était pas gagné.
- Ça n'arrivera pas... Ça va bien se passer, Beth. Vous n'êtes pas encore débarrassés de moi. Il lui faisait un petit sourire rassurant, pour tenter de l'apaiser. Son pouce esquissa une petite caresse sur sa main. - Rose. Le choc fit s'arrêter Liam dans son geste. Ses yeux se redirigèrent immédiatement vers Emy. Il la dévisagea avec une lueur interrogative. Mais il lui semblait avoir compris où elle venait en venir. Ou se faisait-il des idées ? Que voulait-elle dire en appelant Beth Rose ? Parce que c'était ce qu'elle venait de faire, pas de doute là dessus. Il fronça les sourcils. Il ne voyait pas spécialement de rapport entre Rose et... Oh. Son regard retourna vers Beth. Etait-ce à cause de l'attention trop appuyée qu'elle lui portait ? On avait déjà fait remarqué à Liam que Beth lui tournait autour. Curtis lui avait suggéré l'idée que Beth serait surement ouverte à une proposition de creusage de tunnel avec lui, d'ailleurs. Mais cela ne l'intéressait pas. - Regarde la ! Elle se moque de notre cause, elle se moque complètement que tu ailles bien ou non ! Tu ne peux pas laisser passer ça, Liam, tu ne peux pas la laisser dénigrer ce que nous faisons ! Liam ferma les yeux et soupira, sérieusement agacé. Elles allaient finir par en venir aux mains, si ça continuait. Il rouvrit les yeux et soutint le regard de Beth.
- Ça suffit. Sa voix grave résonna dans l'infirmerie avec une puissance surprenante, pour l'état dans lequel il était. Grave et autoritaire, elle était sans appel. Je ne veux plus entendre une allusion là-dessus. Même venant de toi. Liam avait resserré sa main autour de celle de Beth sur cette dernière partie de phrase, espérant que cela la convaincrait qu'elle pouvait finalement mettre un terme à cette petite querelle... Il saignait après tout, lui, nom d'un chien ! Bon, cela allait mieux à présent, heureusement, mais il n'était sérieusement pas d'humeur à supporter un règlement de compte. Il voulut lâcher la main de Beth, mais celle-ci resta agrippée à ses doigts, et il n'insista pas.
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Sujet: Re: Suffering is the true cement of love & L. O'Loughlin Lun 17 Oct - 20:48
- Oui, bien sûr... Tu t'en sors bien... Je suppose. Concentrée sur ce qu'elle faisait, Emy n'avait pas répondu, hochant seulement la tête. Elle avait perçu quelque chose d'étrange dans la voix de Liam, quelque chose de plus que la réserve dont il faisait maintenant preuve face à elle. Cependant, elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Autrefois, elle arrivait toujours à comprendre son attitude, ses expressions. Ce temps était révolu, désormais. Elle ne le comprenait plus du tout, et il était devenu un mystère pour elle. Cette évidence la dérangeait, bien sûr, mais qu'y pouvait elle ? Elle avait provoqué tout cela, après tout. Elle n'avait plus qu'à se blâmer pour toutes ces nouvelles choses qui ne lui plaisaient pas.
Emy était furieuse intérieurement qu'une enfant la traite de cette façon. Elle pouvait comprendre que les ainés la considèrent comme une moins que rien, même si cela ne lui faisait pas foncièrement plaisir, que certains à peine plus âgés qu'elle fasse de même passer encore. Mais elle ? Elle devait avoir tout au plus dix huit ans, elle n'allait pas se laisser marcher sur les pieds par une gamine, ça non ! Emy aurait préféré qu'il n'intervienne pas, Beth aurait compris à qui elle se frottait, et elle ne l'aurait surement plus fait. Elle ne décolérait pas, et c'est alors qu'elle vit le sourire moqueur se dessiner sur les lèvres de Liam. Ah, mais pourquoi est-ce que tu t'obstines à regarder le vide, aussi ? Dans un premier temps, l'espace d'une seconde, Emy prit la pique pour elle. Elle était toujours à fleur de peau sur ce sujet là, et restait tout de même méfiante, elle ne savait pas s'il n'allait pas subitement décider de reprendre son attitude haineuse à son égard, après tout. Mais l'air furieux de Beth la rassura, et elle saisit l'ironie du ton qu'il avait employé. Elle eut alors un sourire moqueur à son tour, et haussa les épaules.
- C'est vrai, j'aurais du me douter que ça pouvait paraitre suspect, pour les esprits paranoïaques. En elle, son estomac s'était serré. Beth venait de dire quelque chose qu'elle n'aurait jamais du prononcer. Elle ne voulait pas que les autres se rendent compte de son état mental, mais heureusement il n'avait pas semblé saisir le sens caché de ce que Beth venait de dire, surement sans s'en rendre compte. Beth devint encore plus furieuse à la réponse d'Emy, et son teint devenait franchement violacé. Emy lui jeta un regard moqueur, avant de se rabattre sur les plaies de Liam, qui étaient tout de même sa mission première.
Et alors qu'elle reposait ses yeux sur son corps meurtri, elle vit que Liam serra les doigts de Beth. Elle fronça discrètement les sourcils. Ça n'arrivera pas... Ça va bien se passer, Beth. Vous n'êtes pas encore débarrassés de moi. Il prenait tout de même un soin particulier à la rassurer... Emy en fut interloquée, et son froncement de sourcils ne fit que s'accentuer, alors qu'elle continuait à essayer de stopper le saignement. Mais même si elle ne disait rien, elle sentait une bête incontrôlable se réveiller lentement en elle. Elle empruntait un chemin dangereux. Et alors qu'elle riait toujours en pensant aux similitudes entre Rose et Beth, elle vit que cette fois, en plus de lui avoir pris la main, Liam esquissait des caresses sur celle ci. Elle dut se mordre la langue pour s'empêcher de marmonner, l'un de ses tics les plus négatifs. Ce simple geste avait eu le mérite de la faire arrêter de rire instantanément. Elle bloqua quelques secondes sur leurs mains pratiquement entrelacées, avant d'appliquer l'un des derniers bandages propres. Elle essayait de garder une expression la plus neutre possible, mais cela commençait à devenir vraiment compliqué. Elle continuait d'entendre Beth se plaindre avec ses jérémiades. Si elle n'avait pas eu les mains occupées, elle se serait déjà jetée sur elle depuis un bon moment. Mais elle se freinait intérieurement, combattant toujours l'excessivité dont elle était victime.
Ça suffit. Ah, tout de même, il l'avait fait taire. Il était temps. Emy n'eut pas le temps d'être interpellée par l'autoritarisme dont il faisait preuve désormais. Je ne veux plus entendre une allusion là-dessus. Même venant de toi. Même d'elle ? Qu'est ce que cela signifiait ? Emy lança de nouveau un regard à leurs mains et elle se mordit les lèvres discrètement. Son regard était tout sauf doux, désormais. La bête en elle venait de se réveiller et elle ne put empêcher un grognement de sortir d'entre ses lèvres. Trop, c'était trop ! Elle finit ses bandages, posa le surplus de bandes sur la table et se saisit de la petite bassine d'eau et d'un linge propre. Elle fit alors le tour de lit, et bouscula alors Beth sur son passage, les forçant par la même occasion à se lâcher. Elle la regarda froidement, alors que celle ci gardait son air furieux.
- T'es sur mon chemin. Elle était trop, beaucoup trop énervée. A tel point qu'elle en oubliait ses bonnes manières, et sa façon habituelle de parler. Elle était devenue un peu plus brut de décoffrage en quelques secondes.
Elle s'approcha donc de la tête de Liam et trempa le linge dans la bassine. Elle lui appliqua ensuite sur le front, dans un geste vif. Elle avait perdu la douceur de ses gestes, désormais. Cette situation ne lui plaisait pas. Pas du tout ! Le regard fixé sur le linge, qu'elle passa plusieurs fois sur son front pour enlever la sueur, elle avait toujours l'image mentale de leurs mains. Son regard était dur, énervé, mais ce n'était plus comme avant. Elle avait la mâchoire crispée. Elle finit par laisser le linge sur son front, et repartir de l'autre côté du lit, bousculant encore Beth au passage, qui se trouvait une fois de plus sur son passage. Elle lui lança un regard rapide puis reporta ses yeux sur Liam.
- Les saignements se sont arrêtés. Maintenant, tu devrais éviter de bouger, pour que ça ne recommence pas. Elle s'essuya les mains sur une serviette. Je ne pense pas que le fait que tu aies des visites soit une bonne chose, à moins que tu ne veuilles que ton... Elle lança de nouveau un regard à Beth. ... amie reste avec toi. Elle ne se reconnaissait pas dans cette attitude. Elle n'était même pas énervée contre Liam mais plutôt contre elle même. Elle avait l'impression d'être un chien qui voulait protéger son morceau de viande.
De l'autre côté, Beth sautilla, et regarda de nouveau Liam avec ses yeux débordant d'affection.
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Sujet: Re: Suffering is the true cement of love & L. O'Loughlin Lun 17 Oct - 23:12
- C'est vrai, j'aurais du me douter que ça pouvait paraitre suspect, pour les esprits paranoïaques. Liam fut soulagé de voir qu'Emy n'avait pas compris de travers sa réflexion, et qu'elle l'avait au contraire suivi dans son jeu. Il avait bien réalisé que c'était une phrase à double tranchant, qu'il avait osé prononcer. Il se doutait que son isolement et son emprisonnement ne devaient pas être des choses faciles à vivre. Mais il avait aussi une part de responsabilités dans le malêtre d'Emy, et il ne se voilait pas la face là-dessus. A quel point ce qu'il lui avait dit l'avait affectée, il ne saurait le dire. Il ne connaissait pas la nature exacte de ses sentiments pour lui, après tout. Si la haine qu'elle avait éprouvée à son égard s'était calmée avec le temps, il l'avait peut-être relancée en lui faisant tant de mal. Mais il avait des doutes là-dessus. Il ne voyait pas de haine dans ses yeux lorsqu'elle lui adressait un regard. Cependant, il y trouvait toujours cette détresse et cette peine qui lui faisaient penser qu'il avait réellement touché le point sensible en lui avouant tout ce qu'il avait sur le coeur. Et puis il y avait toujours cette espèce de distance craintive qu'il ne savait pas à quoi attribuer. Etait-ce parce qu'elle voyait en lui le meurtrier qu'il était, sans même connaître la vérité sur ses actions, ou était-ce pour d'autres raisons qu'il ne saisissait pas ? En tout cas, il était toujours étrange d'imaginer qu'Emy puisse avoir peur de lui, pour quelque raison que ce soit. Précisément parce que c'était Emy. Mais... Il fallait qu'il arrête de raisonner de cette manière. Elle n'était plus tout à fait l'Emy qu'il avait connue, et lui n'était plus non plus le Liam d'avant. Tout cela était terminé. Pour prendre un nouveau départ, totalement différent. Seulement, Liam n'aurait jamais imaginé que, dans cette nouvelle existence, il puisse même inspirer de la peur à cette personne-là. C'était déroutant. Il ne savait pas si c'était ce qu'il souhaitait. Mais l'impression dérangeante que cela lui faisait le poussait à se dire que non. Et maintenant qu'il avait soudainement décidé de la réconcilier avec les rebelles... Cette résolution, qui lui avait paru infaillible quelques minutes plus tôt à peine, commençait à présenter ses failles à son esprit embrumé par la fatigue.
Pour qui se prenait-il ? A vouloir la rétablir dans son rôle de partisane de la cause rebelle, à vouloir la faire accepter de tous, d'un coup ? Pour qui se prenait-il à vouloir l'aider ? Qu'essayait-il de faire, qu'essayait-il de prouver ? Au fond, le faisait-il pour elle, ou pour lui-même ? Il s'était bien rendu compte, plus tôt, qu'il semblait avoir des réactions purement égoïstes, par rapport à elle. Quand il voulait qu'elle s'intéresse encore à lui alors qu'il n'était pas disposé à lui offrir la même chose en retour. Et si ce désir soudain de jouer les héros justiciers n'avait en fait rien de généreux ? Et si c'était plutôt pour réconcilier deux parties de lui-même, pour se donner un but, un statut par rapport à elle ? Pour s'éviter de ne plus savoir comment se comporter à ses côtés, pour s'éviter d'être perdu ou confus dans ses idées dès qu'elle était dans les parages ? Pour consolider sa propre protection plutôt qu'affirmer celle d'Emy au sein du groupe de révolutionnaires ? L'esprit taraudé par toutes ses pensées, Liam restait silencieux, se contentant d'observer les derniers soins que lui apportait Emy avec minutie. Si il était devenu le Loup... Qui était-elle ? Il avait pourtant sincèrement voulu l'aider, en prenant cette décision. Du moins, il pensait avoir été sincère, au plus profond de lui-même. Mais pourquoi est-ce que cela lui tenait tant à coeur ? Pourquoi est-ce que cela lui importait ? Il ne l'aimait plus. Il ne l'aimait plus.Et, si tu es sage, peut-être qu'un jour tu deviendras ma Marianne. Il ne l'aimait plus ? Non. Cet amour-là était mort. Dans son silence et sans s'en rendre compte, Liam laissa errer son regard depuis le visage d'Emy jusqu'à son cou, où il pouvait voir quelques mèches de ses cheveux décoiffés s'emmêler lorsqu'elle passait d'une de ses plaies à l'autre. Son regard descendit ensuite le long de ses bras, puis termina sa course sur ses mains appliquées. Une main en particulier, et son ventre se serra. Il ferma les yeux. Cela passerait inaperçu, il n'avait qu'à faire celui qui avait mal. Mais il n'y avait plus qu'une question dans son esprit : pour lui... Qui était-elle ?
- T'es sur mon chemin. Ce ton brutal et agressif, ce regard de braise qui pourrait anéantir n'importe qui. Tiens, Liam avait presque oublié la présence de Beth, dans tout cela, trop concentré sur ce qui se passait dans sa propre tête. Il fronça les sourcils en constatant l'animosité qui venait d'Emy. C'était plus qu'un simple élan de rébellion contre celle qui l'avait rabaissée dans son statut de prisonnière. Ses yeux lançaient carrément des éclairs, et on pouvait presque deviner une sorte d'aura meurtrière émanant d'elle. Il l'avait connue excessive, mais cela lui parut étrange, comme en décalage avec la situation, comme si elle n'était pas en colère contre les bonnes choses. Le linge lui claqua finalement sur le front, lui faisant cligner des yeux plusieurs fois au passage, et acheva ainsi de le convaincre qu'Emy s'était soudainement métamorphosée en petite furie. Il leva les yeux vers elle, désirant la regarder en face pour la sonder, mais elle restait trop concentrée sur le linge avec lequel elle lui épongeait le front pour le remarquer. Beth, de son côté, avait été trop choquée par la bousculade dont elle avait été victime pour ne serait-ce que penser à reprendre la main de Liam. Mais on pouvait l'entendre fulminer dans son coin après le comportement d'Emy. Finalement, Liam se mit à murmurer, juste avant qu'Emy ne quitte son front.
- Tu es déchaînée. Ce n'était ni un reproche, ni un compliment. Ce n'était ni bon, ni mauvais. C'était une sorte de constatation lancée sur un ton tout à fait énigmatique. Ses yeux avaient pris une lueur particulière, qu'Emy ne put pas voir, car trop plongée dans ses affaires. Seule Beth en fut frustrée, déjà parce qu'elle n'avait pas entendu ce que Liam venait de dire, elle, mais en plus parce qu'il ne l'avait jamais regardée avec des yeux comme ceux-ci. Réellement intrigués. Mais aussitôt qu'Emy s'éloigna du lit, le regard de Liam avait repris son voile de glace habituel. Les muscles de son bras opposé aux deux femmes s'étaient tendus imperceptiblement, et ses doigts s'étaient mis à serrer le drap quelques secondes, avant de le relâcher. - Les saignements se sont arrêtés. Maintenant, tu devrais éviter de bouger, pour que ça ne recommence pas. Je ne pense pas que le fait que tu aies des visites soit une bonne chose, à moins que tu ne veuilles que ton... amie reste avec toi. Liam avait senti l'hésitation insistante dans la voix d'Emy. Ses sourcils se froncèrent. Surtout qu'on aurait dit qu'elle lui parlait en prenant des pincettes, et cela ne ressemblait plus à la furie d'il y avait quelques secondes, même si on sentait à son attitude qu'elle restait agacée. Mais Liam fut coupé dans ses réflexions par l'intervention de Beth. - Oh oui, Liam, laisse moi rester avec toi ! Son regard se porta alors dans la direction de Beth, et il vit son air enjoué. D'un coup, il réalisa à quel point ses réactions pouvaient être enfantines, parfois, et cela lui fit froid dans le dos. Si Curtis avait été là, il aurait sans doute compris ce qui venait de se passer dans la tête de Liam, tiens : difficile de s'imaginer creuser le moindre tunnel avec une gamine. C'était sans doute un peu injuste envers Beth de penser ça, alors qu'elle voulait simplement être gentille, mais c'était tout simplement plus fort que lui. Et puis, de toute manière, une autre idée vint à l'esprit de Liam. Il tâcha de prendre un ton gentil pour lui répondre, pour ne pas la froisser. Il l'aimait bien, après tout, en dépit du reste.
- Et qu'est-ce que tu fais de Jim ? Il ne va pas rester tout seul... - Il pourrait ven... - Non, la coupa Liam dans son élan, un peu plus sec cette fois. Il se radoucit ensuite, pour essayer de lui faire comprendre où il venait en venir. Tu sais bien qu'il ne peut pas venir ici. Je ne veux pas qu'il me voie comme ça. Beth baissa les yeux, car Liam venait de toute évidence de marquer un point. Son air enjoué avait totalement disparu, alors qu'elle semblait comprendre qu'elle allait devoir partir. Ça va aller, Beth. Je vais dormir, de toute façon... Tu peux partir tranquille, finit-il par ajouter, en faisant clairement référence à Emy, car il surprit un regard méfiant de la rebelle dans sa direction. Beth reporta son regard sur lui. On sentait qu'elle partait à contre coeur. - Je reviendrai te voir plus tard, lança-t-elle comme une promesse sur sa vie à Liam, tout en oubliant pas ensuite de fusiller Emy du regard. Comme une ultime provocation, elle s'approcha du lit et remit en place le drap qui recouvrait ses jambes, comme si Emy l'avait mal positionné, ou quelque chose dans ce goût-là. Puis elle quitta la pièce, sans que Liam ne lui adresse une parole de plus.
Son regard se perdit sur le plafond. Sa respiration était calme, maintenant, car la douleur s'était largement affaiblie. Les soins que lui avaient prodigués Emy portaient leurs fruits, en dépit du fait qu'elle ne soit ni médecin, ni infirmière de formation. Un instant de silence passa. Il ne ferma pas les yeux, et ne fit pas mine de celui qui veut dormir non plus. Puis, au bout de quelques dizaines de secondes à peine, il rabaissa son regard vers elle.
- Et ta présence ici... Est-ce que c'est une bonne chose, Emy ? Sa voix était claire, sans douleur, sans sous-entendu, limpide et sincère. Ses yeux se rivaient aux siens, et il sembla qu'il parlait à coeur ouvert. Parce que s'il était réellement devenu le Loup... Qui était-elle ?
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Sujet: Re: Suffering is the true cement of love & L. O'Loughlin Mar 18 Oct - 0:08
Les réactions dont Emy faisaient preuve étaient mauvaises, et elle en avait parfaitement conscience. Elle savait qu'elle n'avait pas à se transformer en furie ainsi. Qu'est ce qui lui en donnait le droit ? Rien du tout ! Autrefois, elle aurait pu laisser cours à ses excès de colère, cela aurait été presque normal. Mais maintenant... Elle ne pouvait plus laisser éclater ses émotions si distinctement. Pire, elle ne pouvait même pas ressentir de la jalousie. Car c'était cela : de la pure jalousie. Elle n'avait pas supporté de voir qu'ils se tenaient la main, qu'il la rassurait, et qu'elle bavait d'admiration tel un crapaud devant lui. Même si toutes ces choses l'atteignaient, elle devait les occulter, du mieux qu'il pouvait. En réalité, elle n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'il ne l'aimait plus. Et pourtant, ses mots étaient gravés dans son esprit. Elle revoyait son regard glacial lorsqu'il les lui avait dits, et combien il pensait chaque syllabe de cette phrase qui l'avait enterrée. Peut être plus que les autres. Évidemment, les révélations qu'il lui avait faites dans la réserve l'avaient faite souffrir, à un point difficilement imaginable, d'ailleurs, mais elle essayait de s'en remettre du mieux qu'elle pouvait, jour après jour. La douleur finirait par partir, non ? Ou alors, elle s'y habituerait, et ce serait moins dur d'apprendre à vivre avec elle. Mais l'idée qu'il ne l'aimait plus... C'est insurmontable. Cela mettait en jeu tellement d'éléments ! Sa culpabilité s'en trouvait augmentée. Et le pire dans tout cela, c'était qu'elle était la seule à blâmer. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de ne plus l'aimer, après tout. Ces choses ne se contrôlent pas, non ?
Alors, voilà pourquoi son attitude avait subitement changé du tout au tout. Voilà pourquoi elle avait laissé ressortir, une fois encore, une des pires parties d'elle même. Elle crevait de jalousie. Tellement que son regard était recouvert d'un voile rouge, qui lui empêchait de réfléchir convenablement. Tellement qu'elle ne faisait pas attention à ses gestes, et qu'elle était devenue brusque alors qu'elle devait le soigner. Tu es déchaînée. La mâchoire d'Emy se contracta très clairement. Évidemment qu'il l'avait vu, elle savait qu'elle n'avait pas joué dans la discrétion, ces dernières minutes. Mais elle avait l'impression que son sang bouillait dans chacune de ses veines, et que tout son corps ne demandait qu'à exploser. Ce sentiment n'était pas tout frais, elle le ressentait depuis quelques jours, déjà. Mais Beth avait représenté la goutte d'eau qui avait fait débordé le vase. Elle avait ouvert les vannes du côté sauvage d'Emy, endormi depuis si longtemps sciemment. Elle savait qu'elle parviendrait à le calmer lorsque ses nerfs seraient moins mis à rude épreuve. Mais elle savait aussi qu'à partir de maintenant à la moindre grosse contrariété, il allait repointer le bout de son nez. Comme avant..., pensa-t-elle. Elle était en train de redevenir, d'une certaine façon, la Emy d'avant. Et elle ne savait pas vraiment si c'était une bonne chose ou non.
Oh oui, Liam, laisse moi rester avec toi ! Plus les minutes passaient, plus Emy ressentait en elle le besoin d'étriper cette fille. Elle était si... niaise ! A presque sautiller sur place. Une enfant, elle agissait comme une enfant. C'était tout bonnement ridicule. Et sa fâcheuse tendance à tirer des conclusions hâtives ne l'aidait pas à être plus tolérante envers Beth, qui avait surement du vivre des choses noires, pour se retrouver ici. En son for intérieur, Emy sentait qu'elle allait rester là, à la provoquer encore et encore, jusqu'à ce qu'elle explose pour de bon. Tout cela ne tenait qu'à la réponse de Liam, après tout. Emy, les bras désormais croisés, regardait ailleurs, comme si elle ne voulait pas se mêler de quelque chose qui, après tout, ne la concernait pas. Elle n'était que l'infirmière, elle n'avait pas à se mêler. Et qu'est-ce que tu fais de Jim ? Il ne va pas rester tout seul... - Il pourrait ven... - Non. Intriguée, elle leva un sourcil, le regard toujours posé sur un quelconque endroit de la petite salle. Tu sais bien qu'il ne peut pas venir ici. Je ne veux pas qu'il me voie comme ça. Au delà de l'étonnement du au fait qu'il ne la laisse pas rester, Emy commença à se demander qui était ce Jim, auquel Liam devait tenir. Elle secoua doucement la tête. Non, ce n'était pas le moment pour commencer à s'intéresser à cela. Elle devait rester éloignée. - Ça va aller, Beth. Je vais dormir, de toute façon... Tu peux partir tranquille. - Je reviendrai te voir plus tard
- Ca, je n'en doute pas... Emy n'avait pas pu s'empêcher de marmonner dans son coin dans un murmure destiné plus à elle même qu'aux autres. Elle se pinça à nouveau les lèvres et se mordit la langue. Stupide habitude de marmonner. Emy poussa un soupir d'exaspération en voyant Beth remonter le drap. Ce n'était pas bientôt fini ce cinéma ?! Elle dut serrer le poing pour ne pas faire de commentaire sanglant. Elle rendit son regard à Beth, mais avec une telle intensité que celle ci eut un mouvement avant de sortir de la salle.
Emy apprécia le calme ambiant qui suivit sa sortie, même si elle bouillait toujours de l'intérieur. Détestant le silence presque gêné qui s'installa quelques secondes, elle prit la chaise qui était posée à côté du lit de Liam pour la ranger plus loin, dans un coin. Elle avait le sentiment qu'il fallait qu'elle s'occupe. Elle retourna ensuite devant la table, et commença à ranger le matériel de soin, la mâchoire toujours aussi contractée. Il lui fallait toujours quelques instants pour qu'elle se calme, lorsqu'elle était prise d'une colère. Elle repensait à tout ce qu'il venait de se passer, et qui ne lui apparaissait pas comme quelque chose de bon. Et ta présence ici... Est-ce que c'est une bonne chose, Emy ? Ses yeux s'écarquillèrent légèrement, et elle lâcha, sans le faire exprès, les objets qu'elle tenait dans la main, et qui retombèrent sur la table. Elle se mordit l'intérieur des lèvres. Il venait d'appuyer sur un point qui la travaillait depuis des heures entières. Pile les pieds dans le plat. Elle serra et desserra plusieurs fois ses doigts, avant de toussoter, comme pour reprendre contenance. Dans sa tête, elle ne hurlait qu'un seul mot : non.
- Je suis là pour te soigner alors... Alors on peut penser que oui. Cette réponse n'en était pas vraiment une, et elle en avait parfaitement conscience. Mais il l'avait prise au dépourvu, et elle ne savait pas vraiment quoi répondre. Elle avait parfaitement compris le sens profond de sa question, mais il était plus simple de faire passer tout cela sous l'excuse qu'elle ne faisait qu'accomplir son devoir. C'était elle qui avait pratiquement exigé de rester à son chevet. Mais lui, qu'en pensait il ? Voulait il de sa présence ? A nouveau, et sans qu'elle ne contrôle rien, un voile peiné vint recouvrir ses yeux, légèrement visible. Mais si tu préfères que je m'en aille... Je comprendrai. Elle voulait dire beaucoup de choses par cela. Elle qui s'était promis de ne pas lui imposer sa présence, elle avait fait tout le contraire, ces dernières heures. Mais il était dur, vraiment très dur, de rester loin alors qu'elle savait qu'il était dans les parages.
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Sujet: Re: Suffering is the true cement of love & L. O'Loughlin Mar 18 Oct - 1:57
- Ça, je n'en doute pas... Puisqu'elle marmonnait, ce qu'elle avait dit n'était pas parvenu clairement jusqu'aux oreilles de Liam, mais il se doutait que cela devait être quelque chose dans ce goût-là, d'autant plus qu'Emy accompagna ses paroles d'un regard noir lancé à Beth sur son départ. Elle était réellement déchaînée, c'était le mot. En était-elle arrivée à bout, psychologiquement parlant, ce qui faisait qu'elle n'en avait soudainement plus rien à faire de l'image qu'elle renvoyait d'elle-même vis-à-vis des rebelles ? Qu'elle ait décidé de ne plus se laisser marcher sur les pieds était une bonne chose. C'était plus "Emy", comme comportement, que son isolement et son renfermement sur elle-même. Mais elle allait trop loin dans sa colère. Qu'elle montre aux rebelles qu'ils n'avaient pas le monopole de la rébellion, oui, mais si c'était pour tous se les mettre à dos un par un... En tout cas, en ce qui concerne Beth, c'était fait. Liam la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle était très rancunière. Elle s'obstinerait sans doute à ne pas comprendre les réactions d'Emy pour toujours, surtout après ce qui venait de se passer. Mais Liam avait d'autres préoccupations en tête pour l'instant pour continuer de s'intéresser à ce problème-là. D'ailleurs, il cessa totalement de penser à Beth dès qu'il se retrouva à nouveau seul avec Emy.
Sa phrase planait encore dans l'air. Il entendit un bruit métallique, comme si un objet venait de lui échapper pour retomber sur la table devant laquelle elle se tenait. Toujours en position allongée, il ne pouvait pas vraiment tout voir de ce qui se passait autour de lui. Son regard pesait toujours sur elle. Il la transperçait des yeux. Le sentait-elle ? Il attendit sa réponse avec une certaine anxiété, qui se traduisit par une boule au creux de son ventre endolori par toutes ses blessures. - Je suis là pour te soigner alors... Alors on peut penser que oui. Il ferma les yeux en soupirant doucement, discrètement. Il avait retenu son souffle en attendant qu'elle parle, et relâchait la pression désormais. Sa réponse le décevait. Il tourna la tête et releva les yeux au plafond. Sa réponse n'en était pas vraiment une. Ou alors... Ce n'était pas celle qu'il attendait. Mais il ne savait pas ce qu'il attendait. Après tout, si elle décidait de faire celle qui se moquait de tout cela, cela lui allait. Il était d'accord avec ça. Il s'en fichait si elle s'en fichait.
Sauf qu'il ne pouvait pas croire qu'elle s'en fichait. Pas après s'être tant énervée. Pas après avoir prouvé que tout cela la touchait, au bout du compte. Pas après avoir été prise au dépourvu par sa question. Pas après être restée auprès de lui même en présence de Beth. Surtout en présence de Beth. Pas après tout ça. Il rabaissa ses yeux vers elle, et il vit la lueur peinée dans ses yeux. Elle ne pouvait pas s'en ficher, pas après le regard qu'elle lui lançait en ce moment. Mais si tu préfères que je m'en aille... Je compren-
- Je veux savoir ce que toi tu penses, la coupa-t-il. Je veux savoir si pour toi... Être ici quand j'y suis aussi est une bonne chose, ou non. Son regard pesait dans le sien. Sa voix n'était pas menaçante, ni autoritaire. Il ne s'adressait pas à elle comme on s'adresse à quelqu'un à qui on pose un ultimatum. Mais il était sincère. Il voulait réellement savoir. Il avait envie d'une vraie réponse, de quelque chose de sincère. Pas d'une dissimulation derrière une phrase presque toute faite. Et si elle s'en fichait réellement, alors il s'en ficherait aussi. Mais était-ce le cas ?
- Je t'ai évitée pendant deux semaines. Je veux savoir si c'était mieux pour toi à ce moment-là, ou si tu préfères maintenant. Il s'arrêta un moment, ses yeux toujours dans les siens. Il se mordit l'intérieur de la joue, un peu anxieux, très troublé, et reprit. Je veux savoir si je te fais du mal, en ce moment.
Il ressentait ce besoin pressant d'apprendre à la connaître à nouveau. Pour savoir qui elle était, désormais. Il avait vu trop de facettes de ses multiples personnalités dernièrement pour savoir avec certitude qui il avait devant lui. Et, maintenant qu'il lui avait tout avoué, maintenant qu'il l'avait détruite comme elle l'avait détruit, que restait-il d'elle ? Et que ressentait-elle, à propos de tout ça ? Que ressentait-elle à propos de lui ? Maintenant qu'ils étaient quittes, Liam avait besoin de savoir si quelque chose dans ses agissements lui faisait plus de mal que nécessaire. Car ce n'était pas ce qu'il voulait. Et qu'il ne savait tellement pas comment il devait se placer par rapport à elle, qu'après tout, pourquoi ne pas lui poser directement la question. Est-ce que sa présence lui faisait du mal ? Oui, il avait vraiment besoin de savoir. Est-ce qu'elle voulait qu'il l'ignore ? Qu'il fasse comme si rien n'était arrivé, qu'il ne lui adresse la parole que lorsque c'était nécessaire ? Si elle s'en moquait, de tout ça, alors cela n'aurait plus d'importance pour lui non plus. Mais il fallait en avoir le coeur net. Comment considérer cette femme qu'il avait à ses côtés ? Il avait néanmoins conscience d'y aller fort, avec toutes ses questions. Jamais il ne l'aurait ainsi bombardée, auparavant. Mais il avait changé. Et, par ailleurs, c'étaient leurs non-dits qui les avaient détruits. Et on bien vu ce qu'une accumulation de non-dits pouvait donner. Il tenait à lui dire ce qui lui traversait l'esprit maintenant. Il tenait à lui laisser une chance de s'exprimer sur ses ressentis. Si elle devait rester prisonnière ici, ils ne pourraient pas s'ignorer pour l'éternité ; ils finiraient bien vite par tourner en rond chacun de son côté de la cour des miracles. Autant être honnête dès maintenant. Il accepterait sa réponse. Il irait bien. Il allait bien.
Et si elle s'en fichait... Il ferait tout pour lui faire croire qu'il s'en fichait, lui aussi.
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Sujet: Re: Suffering is the true cement of love & L. O'Loughlin Mar 18 Oct - 23:36
Emy n'avait plus conscience de ses moments de faiblesse. Ses remparts avaient été tellement mis à rude épreuve, et affaiblit, ses derniers temps, qu'elle se contrôlait bien moins qu'avant. Elle qui avait toujours réussi à paraitre comme un glaçon ! Et cela lui convenait parfaitement. Elle savait pourquoi elle agissait de la sorte avec les gens. Pour ne pas souffrir. Elle préférait qu'on pense du mal d'elle, qu'on dise qu'elle soit glaciale et désagréable plutôt que de souffrir. Et cette méthode avait fonctionné pendant ses années, pratiquement sa vie entière. Elle avait pris l'habitude d'avoir le contrôle sur tout, c'était tellement plus simple. Mais une fois de plus, son comportement avait été égoïste, comme d'habitude. Comment les gens avaient fait pour la supporter tout ce temps, alors qu'elle n'était qu'une égocentrique ? Elle se posait sincèrement la question. Mais désormais, toute la carapace qu'elle s'était méthodiquement forgée pendant des années se fissurait, de plus en plus chaque jour, elle le sentait. Ce sentiment que la situation lui échappait ne lui plaisait absolument pas, mais quel autre choix avait elle ? Il n'avait pas fait que la détruire elle, il avait également réduit à néant la personne qu'elle pensait être. Désormais, elle ne savait plus qui elle était, réellement. Elle avait passé trop d'années à se conditionner à être une autre personne. Elle se sentait perdue dans son propre corps, et la culpabilité qui la rongeait jour après jour ne l'aidait pas à y voir plus clair. Emy ou Emily ? Aristocrate ou prostituée ? Elle ne savait pas. Peut être devrait elle faire un mélange de tout cela. Mais même ainsi, elle sentait qu'il lui manquerait encore une part d'elle même. Au fond d'elle, elle savait qu'elle n'était pas complète parce qu'elle n'était pas avec lui. Mais ceci n'arriverait plus jamais, elle devait essayer de trouver un substitut, si elle voulait avancer. Plus facile à dire qu'à faire.
Emy avait gardé le regard planté sur la table, mais elle voyait du coin de l'oeil qu'il la regardait. Tout se passait presque bien, jusqu'ici, pourquoi avait il fallu qu'il lui pose cette question ? Pour la torturer ? Elle ne le pensait pas vraiment. Mais le doute planait toujours, après tout, elle aurait compris. Elle l'aurait mérité. Du coin de l'oeil, elle remarqua qu'il la regardait, mais elle n'eut pas envie de tourner les yeux. Il ne pourrait pas l'y obliger, cette fois ci. Elle ne comprenait pas ce à quoi il pensait, ce qui l'avait amené lui demander cela. Il était devenu un grand mystère, et elle savait qu'elle n'aurait jamais les éléments pour le percer, parce qu'ils s'étaient éloignés, parce que, même s'il avait dit qu'il lui faisait confiance, elle savait qu'il ne lui fournirait jamais les éléments nécessaires pour qu'il puisse le comprendre à nouveau. Comprendre qui il était devenu. Parce qu'elle s'était rendu compte depuis la première fois qu'elle l'avait revu qu'il n'était plus le Liam d'autrefois. C'était toujours lui, cependant. Elle avait fini par se rendre compte qu'il n'avait pas été remplacé par un autre homme, qui lui était totalement étranger.
Je veux savoir ce que toi tu penses. Je veux savoir si pour toi... Être ici quand j'y suis aussi est une bonne chose, ou non. Surprise qu'il la coupe dans sa phrase, elle avait gardé les lèvres entrouvertes. Cependant, sa mâchoire se serra à nouveau lorsqu'elle l'entendit. Surprise de cette soudaine déclaration, elle ne répondit rien, et continua de fixer le mur. Elle sentait qu'il allait se remettre à parler. Son estomac se serra, une fois de plus. Pourquoi, pourquoi voulait il savoir cela ? Qu'est ce que ça pouvait bien lui faire ? Ne pouvait il donc pas la laisser en paix, par rapport à cela ? Elle ne lui posait pas des tas de questions sur son état moral, elle ! Un déballage de sentiments était il réellement nécessaire ? Elle ne savait même pas si elle en était capable, de toute façon. Ce n'était pas elle. Elle ne disait pas ce qu'elle pensait. Elle laissait mijoter dans sa tête jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus et qu'elle détruise tout ce qui l'entourait. C'était son mode de fonctionnement, et il le savait pertinemment. Alors pourquoi s'obstinait il ?! Elle n'avait pas envie de parler de cela, pas envie de s'ouvrir. De nouveau, elle sentit la colère montée en elle. Elle n'était pas vraiment dirigée contre lui. Surtout dirigée contre elle même. Comme toujours. Si elle n'avait pas commis toutes ces erreurs par le passé... Ils n'en seraient surement pas là. Elle n'aurait pas à endurer tout cela. Elle n'aurait pas à le regarder se vider de son sang sur un lit. Elle ne se serait pas retrouvée enfermée sous terre probablement pour le reste de sa vie.
Je t'ai évitée pendant deux semaines. Je veux savoir si c'était mieux pour toi à ce moment-là, ou si tu préfères maintenant. Discrètement, Emy serra dans sa main l'un des bandages imbibés de sang qu'elle avait saisi pour les nettoyer. Elle sentait qu'il la regardait toujours, son regard la transperçait de part en part. Je veux savoir si je te fais du mal, en ce moment. Une fois de plus, ce fut la goutte d'eau de trop. Elle se retourna vivement, le regard empli de colère et de tristesse à la fois. Tout son corps s'était tendu, elle pouvait le sentir en elle. Elle resta silencieuse quelques secondes, en proie à un vif dilemme intérieur. Elle ne pouvait pas s'exprimer, elle n'était pas comme cela. Ce n'était pas son genre, elle préférait agir que parler ! Non, elle ne dirait rien, tant pis. Et puis, soudain, deux mots vinrent s'imposer à son esprit. C'est fini. Non ! Elle allait lui dire, après tout. Elle allait faire comme lui avait fait avec elle. Elle allait déballer son sac, et n'avait rien à perdre ! Elle avait déjà tout perdu. D'un coup, elle explosa, tout en gardant un calme déconcertant.
- Non, ce n'est pas une bonne chose ! C'était la réponse que tu voulais entendre ? Je sais que je ne devrais pas être ici. Tu veux savoir si c'était mieux lorsque tu m'évitais ou maintenant ? Je n'en sais rien ! Je ne sais pas ce que je pense ! Elle restait debout, droite devant le lit, ses yeux plantés dans les siens. Je ne supporte pas de ne pas savoir ce que tu fais, et je ne supporte pas quand tu te trouves dans la même pièce que moi. Tu te demandes si tu me fais du mal, en ce moment ? Là aussi, la réponse est oui ! Mais pas seulement en ce moment, Liam ! Tous les jours, minute après minute, je te revois dans cette réserve, j'entends les choses que tu m'as dites. Elles tournent en boucle dans mon esprit, elles me bouffent ! Je sens sous mes doigts le battement de ton pouls, lorsque tu as pris bien soin de me montrer comment tu t'y étais pris, lorsque... Sa voix baissa, et elle ne parvint pas à finir sa phrase. Mais il avait du comprendre, de toute façon. Et tu ne crois pas que te voir dans cet état me fait du mal ? Tu penses que de savoir que tu risques ta vie tous les jours ne m'atteint pas ? Sans qu'elle ne puisse rien contrôler, sa voix s'était brisée, témoignant de l'inquiétude qui l'accompagnait, jour après jour. Mais de toute façon, tout cela ne me regarde pas, n'est ce pas ? Je ne suis qu'une prisonnière ici, je l'ai bien compris. Elle serra la mâchoire une seconde ou deux, et son regard dévia, pour regarder sur le côté. Elle se calma alors, presque instantanément. Après tout ce que tu m'as dit, je me suis promis de rester en retrait. De ne pas imposer ma présence, parce que je sais qu'elle n'est pas voulue. Elle eut un sourire triste, presque nerveux. Et ce n'est pas facile, crois moi ! Mais je vais m'y tenir, parce que c'est la seule chose à faire, n'est ce pas ?
Lui qui voulait savoir ce qu'elle pensait, Emy avait été claire, pour une fois. Et pourtant, elle laissa volontairement des points dans l'obscurité. Se dévoiler un peu l'avait déjà faite souffrir, elle ne voulait pas s'en imposer plus. Elle ne le supporterait pas, elle le savait, comme elle savait que ce petit moment de faiblesse allait la bouffer, lui aussi. Elle s'était exprimée, mais dans quel but ? Ca ne changerait rien à la situation. Elle se sentait profondément frustrée. Elle se rendit alors compte qu'elle s'était carrément arrêtée de respirer, et laissa l'air sortir de ses poumons en feu. La mâchoire toujours serré, toujours avec la même expression dans les yeux, elle lui jeta un regard rapide.
- Tu m'as dit que c'était fini. Mais la grande différence entre toi et moi, c'est que je ne peux pas aller de l'avant.
Emy se demanda, pendant une seconde, s'il allait comprendre ce qu'elle voulait dire par là. Elle regretta d'avoir prononcé cette phrase sitôt qu'elle était sortie d'entre ses lèvres. Elle reprit ensuite son air le plus neutre possible, et recommença à parler, d'une voix égale, sans réelle émotion, et sans le regarder cette fois ci.
- Bessy va revenir, et je dois retourner dans ma cellule. Tu devrais vraiment dormir, sinon tu ne guériras jamais.
Elle se mordit les lèvres, s'en voulant plus que jamais d'avoir craqué de la sorte. Elle avait eu l'impression de ne plus contrôler tout ce qui sortait de sa bouche, comme si elle avait été si comprimée que tout s'était prononcé tout seul, sans qu'elle ait un droit de veto. Sans un regard, elle sortit de la petite pièce pour pénétrer dans la petite infirmerie. Lorsqu'elle ne fut plus en vue, elle s'appuya contre un mur quelques secondes, pour respirer. Que venait elle de faire ? Elle n'était qu'une idiote, une idiote ! Ces instants de faiblesse ne lui ressemblaient pas, ce n'était pas elle ! Ou peut être que si, finalement ? Peut être que la véritable Emy avait besoin d'exprimer ce qu'elle ressentait ? Elle était complètement perdue. Au bout de quelques secondes, elle se remit droite, encore perturbée par ce qui venait de se passer. Elle secoua la tête. Idiote. Finalement, elle alla rejoindre le garde qui l'attendait, au dehors, pour qu'il la raccompagne à sa cellule. Cette cellule qu'elle n'allait probablement jamais quitter.
Dernière édition par Emily Donovan le Mer 19 Oct - 3:05, édité 1 fois
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Sujet: Re: Suffering is the true cement of love & L. O'Loughlin Mer 19 Oct - 2:39
Liam gardait les yeux obstinément rivés sur elle, incapable de les détourner. Il ne pouvait pas s'empêcher de se sentir nerveux. Il voyait qu'elle était troublée, que ses questions l'avaient touchée. Mais il ne savait pas à quelle réaction s'attendre. Il ne savait pas ce qu'il voulait entendre ou pas. Tout ce qu'il voulait, c'était une réaction. C'était qu'elle fasse quelque chose qui lui permette d'y voir plus clair. Il comprit alors que ce qui le dérangeait tant, dans le comportement qu'elle avait eu avec lui, était la distance qu'elle avait mis entre eux. Pas une distance froide, comme lui le faisait. Non, elle, elle s'était renfermée de manière à ne pas lui laisser connaître ce qu'elle pensait. Elle faisait celle qui n'avait rien à voir avec lui, elle restait inaccessible. Celle qui n'était là que par obligation, que par devoir. Et même si c'était le cas, n'y avait-il rien en plus ? Il voyait à certaines expressions dans son regard ou sur son visage et qui la trahissaient, qu'elle n'était pas insensible à sa présence, contrairement à ce qu'elle voulait faire croire. Mais elle s'entêtait à prétendre le contraire. Etait-ce donc ça, avait-elle peur de lui avouer ce qu'elle pensait réellement, en dépit du fait qu'il l'y ait encouragée ? Lui avait été clair sur ses sentiments. Est-ce que cela l'avait bloquée à tout jamais, l'empêchant d'être capable d'en faire de même ? Mais il pouvait sentir cette tension entre eux, dès qu'ils se trouvaient dans la même pièce. C'était un véritable malaise, une sensation désagréable que Liam ne savait pas comment décrire. Il voyait bien qu'il n'était pas le seul dans cette situation. Ils étaient tous les deux à fleur de peau, et partaient au quart de tour au moindre événement. Peut-être qu'il aurait voulu qu'elle s'énerve, elle aussi. Qu'elle s'emporte, qu'elle se laisse aller, qu'elle lui dise tout ce qu'elle avait pensé de lui pendant un an, qu'elle lui dise comment elle avait vécu les choses de son côté. Sauf qu'à peine cette pensée s'était formulée dans son esprit qu'il rebroussait mentalement chemin. Il ne savait pas ce qu'il voulait. Il ne savait même pas pourquoi il lui avait soudainement posé toutes ses questions. Il ne savait pas pourquoi cela avait eu d'un coup tant d'importance pour lui. Il aurait pu tout simplement lui demander de le laisser seul, pour pouvoir dormir. Après tout, il venait de traverser des épreuves difficiles physiquement parlant, il avait besoin de repos, et certainement pas d'émotions trop fortes. Mais quelles émotions ? Que ressentait-il, en ce moment ? Pourquoi est-ce que son coeur battait, pour quelle raison ? Il ne savait pas. Les choses qu'il avait vécues ces derniers mois, et qu'il vivait encore chaque jour, qu'il avait même vécues cette nuit, ces choses l'avaient vidé de toute émotion. Elles l'avaient laissé lessivé, incapable d'aimer, incapable de s'apaiser pour de bon. Il restait constamment en éveil, sur ses gardes, alerte. Comme si quelqu'un allait surgir de l'ombre derrière lui pour lui trancher la gorge. A force de faire peur, il finissait lui-même par vivre dans la crainte. Aimer au beau milieu d'une guerre, voilà qui semblait difficilement réalisable. Mais il la regardait, et il ne savait plus quoi penser. Il la regardait, et il était empli d'anxiété. Son regard glissait sur elle, ardent, et il voyait bien qu'il ne la connaissait plus. Et cela ne lui renvoyait que son propre reflet. Car au fond, Liam ne se connaissait plus non plus. Que faisait-il là ? Allait-il vraiment passer sa vie à ne respirer que pour les rebelles, à n'exister qu'à travers ça ? Etait-ce seulement possible ? Il s'était bien jeté, corps et âme, dans la bataille, hier. Mais où s'était donc envolé son coeur ? Il avait toujours un pouls. L'organe qui pompait son sang à travers ses veines n'était pas mort. Ses sentiments l'étaient. Et il avait beau avoir épanché sa colère et sa haine... Rien ne semblait vouloir ressusciter. Alors qu'allait-il se passer, maintenant ?
- Non, ce n'est pas une bonne chose ! C'était la réponse que tu voulais entendre ? Je sais que je ne devrais pas être ici. Tu veux savoir si c'était mieux lorsque tu m'évitais ou maintenant ? Je n'en sais rien ! Je ne sais pas ce que je pense ! Ses pupilles se dilatèrent en entendant ce qu'elle avait à lui dire. Il avait été surpris qu'elle se retourne aussi vivement : il avait craint, un moment, qu'elle reste parfaitement immobile et qu'elle finisse par partir sans un mot. Mais elle semblait aussi perdue que lui. Aussi désemparée, aussi détruite. Car il ne faut pas croire que parce qu'il a dit tout ce qu'il avait sur le coeur, Liam s'est soudainement remis de ses blessures ; il restait détruit. Seulement, maintenant, il était plus léger, et avait la possibilité de faire bouger les choses. Mais quelque chose le déstabilisa dans ce qu'elle venait de dire : était-ce réellement ce qu'il voulait entendre ? Non, pas vraiment. Il ne savait pas qu'elle réponse il aurait voulu, mais celle-ci ne lui fit pas plaisir. Au contraire, elle sembla le déranger plus que toutes celles qu'elle aurait pu formuler. Il la laissa parler sans l'interrompre.Je ne supporte pas de ne pas savoir ce que tu fais, et je ne supporte pas quand tu te trouves dans la même pièce que moi. Tu te demandes si tu me fais du mal, en ce moment ? Là aussi, la réponse est oui ! Mais pas seulement en ce moment, Liam ! Tous les jours, minute après minute, je te revois dans cette réserve, j'entends les choses que tu m'as dites. Elles tournent en boucle dans mon esprit, elles me bouffent ! Une brûlure. Voilà ce qui traversa l'esprit de Liam, pour venir compléter la description de ce qu'il ressentait en sa présence. Et, visiblement, elle ressentait la même chose. L'avoir sous les yeux le brûlait, littéralement. Entendre sa voix, la toucher... C'était douloureux, d'une douleur vive et dangereuse, comme une brûlure. Même si, paradoxalement, ils avaient chacun tendance à se faire de glace en présence de l'autre, plus ils se rapprochaient, plus l'air autour d'eux et le sang dans leurs veines semblaient entrer en ébullition. S'il n'était pas en mesure de mettre le doigt sur les émotions qui le traversaient -pour peu qu'il soit toujours capable de ressentir la moindre chose- il avait finalement saisi l'impression physique qui résultait de la tension qu'il y avait entre eux. Penser à elle, minute après minute pendant un an, cela l'avait bouffé aussi. Il se contenta de soutenir son regard, sans répondre. Pour lui dire quoi ? "Je sais, je connais ce que tu es en train de traverser" ? Autant se taire. Je sens sous mes doigts le battement de ton pouls, lorsque tu as pris bien soin de me montrer comment tu t'y étais pris, lorsque... Il se mordit l'intérieur de la joue avec une violence incomparable. Pas besoin qu'elle termine sa phrase pour comprendre. Il l'avait choquée, à ce moment-là, plus que ce qu'il avait imaginé. Mais c'était la meilleure façon de lui montrer ce qu'il avait ressenti, alors. Parce que, sur le coup... Certes il l'avait pardonnée, et il l'aimait. Mais il savait qu'ils ne se reverraient plus. Ça le tuait. En lui tournant le dos, c'était comme si elle avait elle-même mis ce couteau sous sa gorge. C'était comme si elle le tuait. Sauf qu'il n'était pas mort.
Et tu ne crois pas que te voir dans cet état me fait du mal ? Tu penses que de savoir que tu risques ta vie tous les jours ne m'atteint pas ? L'inquiétude dans sa voix, sa peine, tout cela lui éclata à la figure. Il ne détourna pas les yeux des siens, cela dit. Son ventre était serré. Elle ne s'en fichait pas... Mais c'était déroutant, cela le laissait désemparé. Il ne savait pas quoi lui dire. Il ne savait pas ce que ces aveux provoquaient en lui. Il n'était même pas capable de comprendre ses propres sentiments ! Même pas capable de savoir s'il en avait ou non ! Il aurait voulu s'ouvrir le torse. Arracher les bandages qui s'y trouvaient, et enfoncer ses mais dans ses plaies, à la recherche de son coeur. Juste pour vérifier s'il battait vraiment. Juste pour vérifier s'il y avait toujours quelque chose de ce côté-là. Après avoir ressenti pendant des années - toute sa vie ! - un amour aussi puissant, aussi inconditionnel et absolu pour elle, un amour aussi destructeur, et après avoir passé des mois à haïr dans des proportions épouvantables, il se sentait tellement vide ! Tellement fade, et livide ! Il s'était jeté tête la première dans ce conflit, hier. Pour protéger les siens, pour sauver ceux qui étaient sous sa responsabilités, et qui avaient placé leurs vies entre ses mains. Mais il n'avait même pas eu une seconde d'hésitation ! Comme s'il n'avait même plus d'instinct de survie ! Même pas le moindre petit cillement dans sa détermination qui, sans l'arrêter, lui aurait simplement prouver qu'il était encore humain ! Quel genre d'hybride était-il devenu ? Quel genre de personne présentait-il à Emy ?
Mais de toute façon, tout cela ne me regarde pas, n'est ce pas ? Je ne suis qu'une prisonnière ici, je l'ai bien compris. Il aurait voulu lui dire que ce n'était pas vrai. Il l'avait défendue contre Beth lorsque celle-ci l'avait traitée comme telle, après tout. Il aurait voulu lui dire qu'il était contre toutes ces notions d'infériorité d'une personne par rapport à une autre. Mais il ne dit rien. Il la regardait toujours, alors qu'elle avait détourné les yeux. Et il se contenta d'écouter, en se rendant compte à quel point ils avaient changé. A quel point ils étaient éloignés de l'autre, désormais. Plus encore que pendant leurs mois de séparation. Après tout ce que tu m'as dit, je me suis promis de rester en retrait. De ne pas imposer ma présence, parce que je sais qu'elle n'est pas voulue.Son sourire lui déplut, il le dérangea. Et ce n'est pas facile, crois moi ! Mais je vais m'y tenir, parce que c'est la seule chose à faire, n'est ce pas ? Non. Il ne voulait pas de tout ça. Qu'elle lui impose sa présence ? Cela n'avait rien à voir avec ça. Oui, la brûlure était atroce. Oui, elle faisait dérangeait, elle était insupportable, plus forte que tout le reste. Mais ne plus la voir ? Ne pas l'avoir retrouvée ici tout court ? La noirceur qui entourait cette idée n'inspirait rien de bon. Ils avançaient, après tout, non ? Même s'ils ne savaient pas où ils allaient. S'ils y allaient ensemble ou non. Au moins, ils bougeaient. Elle ne lui imposait pas sa présence. C'était comme pour la guerre, pour la rébellion, comme tout ce qui chamboulait leurs existences ces mois-ci : ces choses-là s'imposaient d'elles-mêmes, sans leur laisser le choix. Elles les privaient de leur libre arbitre. Elles les manipulaient à leur guise, comme des jouets qu'on use et qu'on jète ensuite. Un peu comme le Destin leur avait toujours fait. Emy ne pouvait pas choisir de venir ou de repartir à sa guise. Liam ne le pouvait pas non plus. Et voilà ce qui était aussi dérangeant. Voilà ce qui les enflammait sur place. Jamais ces deux-là ne semblaient pouvoir être les maîtres de leur destinée.
- Tu m'as dit que c'était fini. Mais la grande différence entre toi et moi, c'est que je ne peux pas aller de l'avant.
C'est fini. Je ne t'aime plus, Emy. Tu ne m'as pas tué. Tout se bouscula dans l'esprit de Liam, et ses yeux s'écarquillèrent. Il resta sans voix, les yeux fixés sur elle et son visage, sur elle et son regard fuyant. Avançait-il seul ? Avançait-il ? Que se passait-il dans son coeur ? Et dans sa tête, et dans son corps ? Je ne peux pas aller de l'avant. Ces mots résonnaient en lui, se répercutaient sur les parois imaginaires de son âme endommagée pour le tourmenter, le tirailler dans tous les sens. Que ressentait-il, à la fin ?!
- Bessy va revenir, et je dois retourner dans ma cellule. Tu devrais vraiment dormir, sinon tu ne guériras jamais. Une montée d'adrénaline le poussa à lâcher le drap, qu'il avait serré entre ses doigts pendant tout ce temps sans s'en rendre compte, pour tendre la main vers Emy, qui s'était déjà tournée pour partir loin d'ici. Son corps voulut se redresser dans le lit, mais il resta plaqué au matelas à cause de ses blessures. Son visage crispé, ses lèvres incapables de formuler le moindre mot, rien de tout cela ne put la retenir. Juste un cri dans son esprit, un « Ne pars pas ! » déchirant, mais qui restera silencieux pour toujours, car elle était partie, et l'occasion était passée, maintenant. L'adrénaline quitta progressivement ses muscles, et la douleur de l'esquisse de son mouvement monta alors en flèche. Il grimaça, se tournant dans le lit alors qu'il n'aurait pas du bouger. Couché sur le flanc, le poing serré sur son ventre. Il se mit à mordre son oreiller. A le mordre de toutes ses forces, comme s'il avait voulu le faire saigner. Les plumes du coussin étouffèrent son cri.
Du côté de son coeur, rien ne semblait vouloir ressusciter. Et la brûlure... La brûlure persistait.
FIN.
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