Reputation Famille: Lefroys Age du personnage: 20 ans Relations :
Sujet: Rolling in the Deep # Alice&Talia Mar 15 Fév - 23:15
Il était seize heures. Le vaste appartement, composé de deux étages, était désert ou presque. Au rez-de-chaussée, les quelques domestiques s'affairaient en cuisine ou dans le bureau de William, pour le nettoyer pendant qu'il était à l'Hôtel de Ville pour affaires. Catherine Lefroy était sortie, elle profitait des derniers jours de beau temps au Royal Victoria Park avec de nouvelles connaissances, qu'elle avait scrupuleusement acquises au fil des mois passés à Bath. La mère d'Alice était, entre tous, celle qui avait vu leur départ de Meryton le mieux. Pour elle, cela était synonyme d'un nouveau départ pour eux, et cela ne pouvait qu'être bénéfique pour la grande famille Lefroy, afin de se débarrasser des quelques rumeurs ridicules qui couraient autrefois à leur sujet. Les grandes fenêtres du salon laissaient entrer une lumière vive dans la pièce, et on apercevait au loin les grandes allées du Victoria Park. A l'étage, auquel on accédait par un bel escalier de marbre blanc, se trouvaient deux grandes salles d'eau, et les chambres de Catherine, de William et d'Alice. L'appartement était meublé avec goût, dans des couleurs claires, et dégageait un profond sentiment de sérénité.
Pourtant, le bruit d'un verre qui se brise sur le sol vint rompre la quiétude. Il provenait de la chambre d'Alice. La jeune fille était assise sur son grand lit. Elle avait les cheveux emmêlés, et portait encore sa trop fine robe de nuit couleur crème. Le tissu, pourtant très clair, donnait l'impression d'être très coloré en comparaison de sa peau, plus blanche que jamais. Les rideaux de la pièce étaient tirés, ne laissant passer qu'un fin rayon de lumière. Une épaule dénudée laissait voir une vilaine trace violacée dans son dos et sa nuque. Ses jambes pendaient du bord du lit, inertes. Ses mains frêles étaient couvertes de fines coupures, qu'Alice avaient accumulées au cours de ces derniers mois. Le visage fatigué, les yeux rougis soulignés de profondes cernes, Alice fixait les débris de verre sur le sol. Elle venait d'y jeter elle-même le vase qu'on avait apporté dans sa chambre la veille. A présent, elle serrait les pauvres fleurs qui étaient auparavant dans le vase. Elle les écrasait entre ses doigts martyrisés, elle les broyait de toutes ses forces. Elle arracha quelques pétales, qu'elle jeta un à un au sol, avant de jeter violemment les restes du bouquet au sol, pour qu'il y rejoigne les débris du vase. Même si le bruit avait résonné dans tout l'appartement, Alice savait que personne ne viendrait ramasser. Pas tout de suite. Ce manège durait depuis des mois. Depuis que le fil de sa vie s'était rompu, à Meryton. On ne l'obligeait même plus à s'habiller pour la traîner dehors. Alice acceptait tout juste de manger ce qu'on lui proposait. Elle passait ses journées enfermée dans sa chambre, dans une obscurité quasi-parfaite. Catherine avait renvoyé Miss Owen, sa gouvernante. Elle se chargeait du reste de son éducation elle-même... D'où la présence des bleus sur chaque partie de son corps, même après sept mois. Mais certains d'eux avaient été infligés par Alice elle-même. La jeune fille avait changé. Elle était devenue fantomatique. Son frère ne la reconnaissait plus, il n'arrivait pas à la sortir de là. Lorsqu'elle parlait, et c'était rare, elle criait la plupart du temps. Sinon, elle se taisait, muette comme une tombe. Alice était morte à Meryton, le jour du déménagement, qui s'était fait dans la panique la plus totale pour fuir l'épidémie. Alice aurait préféré y rester, et mourir véritablement là-bas. A la place, elle avait du partir avec les siens, et continuer de (sur)vivre ici, alors qu'elle était morte de l'intérieur. Le seul espoir qu'elle ait jamais eu de toute son existence, sa seule source de joie et de plaisir, tout cela avait été anéanti. Alice se mordit les lèvres tellement fort, avec une telle rage et un tel déchirement, que celles-ci se mirent à saigner. Ses yeux pleuraient de nouveau. Les larmes salées se mêlèrent au sang qui coulait sur son menton. Ses mains, teintées de jaune par le pollen des fleurs, vinrent se crisper sur sa tête. Elle s'arracha quelques mèches de cheveux au passage, tout en frappant ses pieds contre le bord du lit, comme une enfant en pleine crise de colère. Mais Alice n'était plus une enfant, et c'était d'un profond gouffre dans sa poitrine qu'elle souffrait. Revenir en arrière... Rien qu'une minute, pouvoir revenir en arrière...
La porte de l'appartement des Lefroys s'ouvrit subitement, se claquant contre le marbre d'un des murs de l'entrée. Une jeune, à la chevelure blonde, vint apparaître soudainement, collée contre la porte comme si elle ne pouvait plus du tout rester debout, qu'elle n'arrivait plus du tout à trouver ne serait-ce qu'une quelconque équilibre. Elle était vraiment dans un piteux état. Alertée par le bruit, Nella Grace se précipita vers l'entrée et une nouvelle fois, l'expression de son visage se décomposa.
« Talia... »
Murmura-t-elle doucement. L'inquiétude se lisait sur son visage et elle s'avança alors vers sa fille qui avait encore fait la fête jusqu'à maintenant et pourtant il n'était que seize heures de l'après-midi. Elle prit un des bras de la jeune femme, voulant l'aider à entrer et bien sûr la conduire dans sa chambre cependant cette dernière refusa à nouveau son aide. D'une violence assez palpable, elle se dégagea du peu d'étreinte que Nelly lui offrait et réussit à se décoller de la porte pour à peu près se tenir debout, face à sa mère.
❝ Combien de fois je t'ai dit de me laisser tranquille !!! Je n'ai pas besoin de toi !!! ❞
Les yeux rougis, Talia regardait franchement sa mère d'un air haineux, déçu, amère. Une de ses mains vinrent se frotter sur son visage fatigué. La Talia qui était toujours heureuse, bienveillante, souriante et qui avait un grand coeur ne semblait plus se refléter par cette personne qui se tenait devant la vieille femme de chambre. Elle sentait l'alcool et ses vêtements étaient tout simplement imprégner de l'odeur de l'opium. Ce manège durait depuis sept mois. Elle se retourna et s'avança dans les couloirs menant jusqu'à sa chambre, posant une main sur le mur. Elle arriva enfin vers les escaliers menant à l'étage. Là haut elle savait très bien qu'elle était dans sa chambre. Les pas de Talia s'arrêtèrent un instant et son visage se leva doucement vers le haut, scrutant cet escalier de marbre. Elle était là-haut. Et pourtant elle ne l'avait plus revu depuis qu'elles habitaient à Bath. Elle ne pouvait plus la regarder dans les yeux. Elle ne pouvait plus la rêver. Elle ne pouvait plus la toucher. Elle ne pouvait plus goûter à ses lèvres de nouveau. C'était devenu impossible. Impossible...
Sa main se serrait doucement contre la rambarde de l'escalier et elle déglutit, baissant à nouveau son visage puis reprenant sa marche vers sa chambre. Sa vie à Bath n'était fait que de débauche dorénavant. Elle sortait le soir jusqu'à très tard le lendemain. En faite, elle faisait tout pour ne pas rester une seule seconde dans cette bâtisse. Elle ne pouvait pas être là alors qu'Alice était dans le même endroit. Talia savait pertinemment qu'elle ne sortait plus de sa chambre. La souffrance que la jeune fille ressentait, elle le pressentait elle aussi. L'amour qu'elle lui portait était devenu atrocement douloureux et son coeur était meurtri. Encore un claquement de porte, elle venait tout juste de refermer sa porte d'entrée. Le silence était de rigueur dans cette chambre où elle passait juste pour se reposer un peu, juste un peu avant de reprendre ses activités nocturnes à traîner dans les bars des bas-fonds et bien sûr à aller voir Eaden dans la maison close du coin. Sa vie ici n'était réduit qu'à ça. La seule façon dont elle avait trouvé pour ne pas succomber mortellement à ce qui s'était passé avant de partir de Meryton, c'était dans la débauche totale qu'offrait cette ville. Il n'y avait plus que cela car l'amour de sa vie n'était plus...
Un bruit sourd de frottement se fit juste entendre. Elle se laissait tomber par terre contre la porte et se retrouvait bien vite au sol, le regard vide et les yeux qui contenaient ses larmes pendant quelques secondes jusqu'à en laisser échapper une qui roulait sur l'une de ses joues. Elle n'était plus rien dorénavant. Elle n'était plus qu'une coquille vide sans elle. Transpercé son coeur jusqu'à saigner encore et encore. Voilà ce qu'elle était devenue. Plus rien. Elle voulait revenir en arrière, ne pas avoir vécu cela, rester avec elle pour toujours. C'était ce qu'elle lui avait promis pourtant et Talia tenait toujours parole. Jusqu'à ce jour où tout avait basculé pour elles...
Flash back : Lefroy's Mansion, Chambre de David.
L'alerte était lancée. Tout le monde à Meryton se devait de partir. L'épidémie grandissait de plus en plus et tout le monde paniquait. Talia était encore devant l'affiche du centre ville de Meryton, le Roi d'Angleterre avait fait un décret comme quoi toutes les habitations se devaient être vides et que la population devait migrer à l'Ouest pour une terre saine. Les yeux verts de la jeune femme étaient sur tout les fronts. Elle voyait devant elle, l'effroi de chaque habitant à cause de cette nouvelle. Elle voyait des amis partir à toute hâte, emportant leurs enfants à bout de bras. Soulevant sa robe, elle commença à courir jusqu'au manoir. Arrivée là-bas, elle vit les autres domestiques commencer à empaqueter les affaires des Lefroys dans les calèches. L'un d'eux s'arrêta subitement pour lui parler.
« Talia, Madame Lefroy t'attend dans la chambre de Lord David, il faut que t'ailles ranger ses affaires, dépêches-toi ! »
Elle hocha la tête et pénétra dans le manoir, dévalant les escaliers pour se retrouver bien vite dans la chambre de son ancien maître. Cependant, tout en traversant les grandes couloirs de ce manoir, elle ne pouvait s'empêcher de chercher du regard Alice. Elle entra en trombe dans la chambre de David et la Dame Lefroy était effectivement là, l'attendant de pied ferme. Elle lui dicta alors de ranger avec hâte les quelques affaires de David, des papiers importants qui se trouvaient dans ses tiroirs. Talia obéit sans discuter et commença alors à fouiller dans le premier tiroirs, rangeant la paperasse qui s'y trouvait dans une mallette qui était à côté d'elle. C'était de la folie, elle ne pouvait pas réfléchir, ses pensées étaient surtout rivées sur sa mère bien sûr mais aussi sur Alice. Elle voulait la voir, la rassurer... Mais elle devait ranger ces foutues papiers tandis que les autres domestiques se hâtaient à ranger d'autres affaires dans tout le manoir. Chacun sa tâche. Talia attaquait dorénavant le deuxième tiroir, cette fois-ci il n'y avait pas que des papiers rangés comme des parchemins mais des lettres. Au départ, elle ne faisait pas grandement attention jusqu'à ce qu'elle en fit tomber une au sol dans la précipitation. Talia se pencha subitement, prenant la lettre dans sa main et son regard s'attarda un instant sur ce qui était écrit dessus.
Pour mon amour, Nelly.
Les lèvres de Talia s'entrouvrirent quelque peu à la vue de cela. Sa mère lui avait appris à lire quelques mots et bien sûr Talia avait reconnu tout de suite le prénom de cette dernière. Elle fronça légèrement les sourcils et se demandait bien pourquoi cette lettre était dans les affaires de Lord Lefroy. Avec hâte, ponctué tout de même d'une pointe d'hésitation, elle ouvrit la lettre pour sortie la feuille qui était gardée à l'intérieur et elle commença alors à lire. Plus elle avançait dans sa lecture, plus son visage se refermait, se décomposait et ses yeux commençaient alors à s'embrumer doucement...
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Sujet: Re: Rolling in the Deep # Alice&Talia Mer 16 Fév - 21:29
Dans une chute lente, le corps d'Alice s'échoua sur son lit. Une grimace de douleur déformait ses traits fins. Sa bouche était ouverte, mais seuls de petits sons étouffés en sortaient. Elle avait appris à souffrir en silence. Son corps se tordait, se contractait d'une façon incontrôlable. On aurait pu la croire folle, la croire possédée. Et elle l'était. Possédée par un Amour destructeur, par une passion inavouable. Son seul point d'attache, la seule qui était à même de la sortir du tumulte de sa malheureuse vie s'était envolée en même temps que tout espoir, tout chance de mener un jour une vie plus heureuse. Alice n'existait plus. Elle était détruite, elle saignait de l'intérieur. Ses doigts se serraient à présent sur les draps défaits de son lit. Ils les serraient si fort, si douloureusement, que ses ongles finirent par couper sa peau à travers le tissu. Il se teinta bientôt de rouge. Alice n'avait plus rien. Plus aucune joie, plus aucun repère, plus aucun échappatoire. Elle passait ses journées dans sa prison intérieure, à ressasser le passé, à s'infliger volontairement un peu plus de mal. Elle se laissait mourir lentement, elle savourait sa descente aux enfers. Elle se noyait. Talia avait été sa dose d'air pur, et on lui avait reprise. Cela avait commencé avec une lettre.
Le sifflement d'une règle en bois dans l'air, le bruit sourd d'un coup sec, un cri étouffé entre des lèvres serrées. Miss Owen s'apprêtait à relever son arme pour la battre à nouveau, mais on entra dans la pièce. Lady Catherine. Elle renvoya Miss Owen de la chambre. Ce fut la dernière fois qu'on la vit au manoir. Le bleu qu'elle laissa à Alice à l'épaule droite lui restera néanmoins quelques semaines, en souvenir d'une période déjà trop sombre de sa vie. Alors qu'à travers le manoir, chaque domestique s'affairait déjà pour emballer les affaires des Lefroy afin de quitter Meryton, Catherine annonça à sa fille qu'ils quitteraient le village le lendemain. Alice eut un coup au coeur, en pensant à ce qu'ils laissaient derrière eux. La nouvelle de l'épidémie avait affecté tout le monde. Mais plus particulièrement, Alice craignait pour le sort des domestiques de la maison. De Talia. Elle avait peur que sa mère ne renvoie les domestiques, qu'elle les laisse à l'abandon. Talia et Alice seraient alors séparées. Alice ne pourrait pas s'en remettre. Rien que d'y penser, son souffle se coupait, et elle sentait la panique monter douloureusement en elle. Alice, à ce moement-là, ne se doutait pas que bien pire était sur le point de se produire. Car à quelques pièces de là, dans le bureau de son père, une lettre contenant un terrible secret tombait sur le sol. Le regard de Talia se posait sur les quelques mots écrits soigneusement sur le dessus de la lettre. Et une vie basculait.
Quelques instants plus tard, Alice profitait de la panique générale pour se faufiler de pièce en pièce, à la recherche de Talia. Elle voulait la voir, elle en avait le besoin. Elle ne supportait pas d'être séparée d'elle trop longtemps. Alice allait de pièce en pièce à travers le grand Manoir, mais ne la voyait nul part. Elle courait à en perdre haleine, n'ayant cure des regards qui suivaient son passage. La dernière pièce, celle à laquelle Alice n'avait pas même songé, car elle n'était pas autorisée par sa mère à y mettre les pieds, était le bureau de David.
Lentement, elle ouvrit la porte en bois massif, qui grinça légèrement. Et elle la vit. Recroquevillée sur le sol, le visage ravagé de larmes. Alice ne vit pas tout de suite que Talia tenait une lettre à la main. Elle se précipita maladroitement vers elle, inquiète et perturbée par la vision qu'elle lui offrait. Talia, toujours si souriante et rassurante, Talia pleurait comme jamais, anéantie.
- Talia, que t'arrive-t-il ? Parle-moi, explique-moi... faisait Alice doucement, la gorge nouée à cause des larmes qui montaient déjà à ses yeux, rien qu'en voyant Talia dans cet état.
Puis elle vit la lettre. Elle la prit des mains de Talia, la déplia, et commença difficilement sa lecture. Son visage blémit. Alice se décomposa à vue d'oeil, de plus en plus pâle, la respiration rendue impossible par le noeud qui se formait dans sa gorge. Ses mains tremblaient tant qu'elle n'arrivait plus à lire correctement. Un long gémissement plaintif s'échappait de ses lèvres. Elle avait mal. Très mal, plus que jamais. Elle avait l'impression de se noyer à nouveau dans le Lac, lorsque l'eau avait pénétré ses poumons, lorsqu'il n'avait plus été possible de reprendre sa respiration. lorsque tout ce qui l'entourait n'était que ténèbres.
« David mon amour, les journées que je passe à t'attendre me semblent interminables. Tout de toi me manque, et il m'est insupportable de t'imaginer parler à d'autres, regarder d'autres, être avec d'autres. Je te voudrais prisonnier et à moi seule. Je suis fatiguée. Ces derniers jours ont été longs et difficiles. Penser qu'il se passera encore deux semaines avant ton retour de Londres et que tu puisses finalement embrasser ta fille me désespère. Elle est en bonne santé, et je sens qu'elle sera aussi belle que tu ne l'es. Reviens-moi vite, mon amour, car je ne cesserai de t'attendre. Ta tendre Nelly et ta fille, Talia. »
All you have to do is hold me...
Une vie qui se brise. Un coeur qui se rompt, qui se déchire. Des larmes qui ravage ses joues. Alice a lâché la lettre. Ses mains enserrent son ventre, elle s'est effondrée par terre, ses jambes ne pouvaient plus la porter. Elle hurle de douleur, d'horreur. Comment ? Comment son père a-t-il pu avoir une enfant avec une autre femme ? Pourquoi a-t-il fallu... Pourquoi ? Alors qu'elle acceptait enfin de laisser quelqu'un la ramener à la surface, alors qu'elle avait quelqu'un pour la rendre heureuse, pour être bien... Quelqu'un qui l'aimait, quelqu'un à aimer. Pourquoi a-t-il fallu qu'il s'agisse de sa propre soeur ? Alice refuse d'y croire. Elle regarde Talia à travers ses yeux embués de larmes.
- Non... Non... Pas ça... Talia ! Non...
Fin du Flashback
Le dos d'Alice se cambre, elle ferme les yeux si fort que cela lui donne mal au crâne. Elle se mord les lèvres avec férocité.
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Sujet: Re: Rolling in the Deep # Alice&Talia Jeu 17 Fév - 17:32
Elle tourna sa tête vers le côté, collant une de ses joues contre la porte en bois. Reniflant alors puis ferma les yeux. Oui, elle se souvenait nettement de ce moment là où tout avait basculé. Les pleures d'Alice qui fut ravagée en lisant la lettre, tout comme elle l'était. Puis elle n'avait pu la consoler après ça. Comment aurait-elle pu le faire ? Vu qu'elle n'arrivait même pas à se consoler elle-même. Le voyage entre Meryton jusqu'à Bath a été horrible. Elle savait la vérité. Nelly ne lui avait rien dit, elle avait tout gardé pour elle, lui mentant, lui disant tout simplement que son père était parti la laissant elle et son gros ventre. Qu'il n'allait jamais revenir, que c'était juste un homme de passage, un étranger qu'elle avait aimer et qui s'était joué d'elle. Alors que tout était faux. Absolument tout. Comment elle avait pu lui cacher une telle vérité ?! Comment elle avait pu la laisser ce souvenir là d'un père alors que les souvenirs qu'elle avait eu avec Lord David Lefroy était merveilleux. Elle comprenait alors pourquoi il était si attentionné et protecteur avec elle. Combien il était bienveillant et combien il lui faisait sentir que sa place était plus grande que les autres domestiques du manoir. Oui, tout avait un sens maintenant. Mais à quel prix ? Elle n'aurait jamais voulu connaître la vérité. Elle n'aurait jamais voulu voir cette lettre et la lire. Elle voulait continuer à l'aimer sans souffrir. Parce que maintenant tout était impossible.
Talia serrait ses poings et les larmes coulèrent de nouveau, sans s'arrêter, la faisant suffoquer. Elle entendit des pas arriver vers sa porte et elle posa une main sur sa bouche, faisant taire ses pleures. Silencieuse. Un soupir se fit entendre de l'autre côté après que cette personne ait toquer à la porte. Pendant ces sept mois, Nelly n'avait cessé de venir la voir. Elle n'avait pas perdu espoir et voulait à tout prix retrouver sa fille. Une mère pouvait déplacer des montagnes pour son enfant mais cette dernière était complètement perdue. Elle ne savait plus comment faire pour voir de nouveau apparaître sa Talia. Cette fille qui souriait toujours, qui venait à elle, la câliner, lui demander des conseils, parler de tout et de rien, avoir des instants magiques entre une mère et une fille. Ces moments là lui manquaient et Nelly souffrait de cette absence. Elle n'en dormait même plus, pleurant dans sa chambre à côté, se souciant totalement de l'état de Talia. Alors que cette dernière avait barricadé une muraille entre elles. Elle ne voulait plus lui parler, elle ne voulait plus rien avoir avec sa mère. Talia n'était pas d'un naturel rancunière mais là, c'était impossible pour elle de lui pardonner ça. Tout était de sa faute, absolument tout. Elle était catégorique.
Les pas s'en allèrent et Talia inspira à fond. Elle respirait encore alors qu'elle avait l'impression de ne plus avoir de vie. Son corps se mut enfin de l'autre côté et elle essaya de se lever à l'aide de la porte qui lui servait d'appui. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, un corps cadavérique. Réussissant à se remettre debout, elle fit un pas puis trébucha contre une table de la chambre. Un rictus de douleur vint apparaître sur son visage et elle eut soudain un geste violent. Elle retourna la table qui se fracassa à l'envers au sol puis elle fonça vers ses vêtements qui se trouvaient sur petit étagère, les mettant par terre, faisant voler plus d'un. Elle s'attaqua ensuite sur son matelas. Frappant avec poigne celui-ci, faisant voler les oreillers de part et d'autre. Et elle s'arrêta, couchée à plat ventre sur son matelas, les yeux, rougies par les larmes, rivés sur la porte, un bras tendu vers celle-ci, inerte. Cette porte ressemblait étrangement à celle d'Alice au manoir...
Flash back : Lefroy's Mansion, Chambre d'Alice, Meryton, Un mois avant l'épidémie.
C'était complètement horrible. Talia l'avait entendu. Elle avait entendu les dires de la dame Lefroy. Cette dernière voulait vendre la virginité d'Alice ! Comment une mère pouvait faire une chose pareille ?!? Elle l'avait surpris dans son bureau en compagnie de Lord Vaughn et elle se souvenait exactement des mots qu'elle lui avait prononcé.
« Si tu ne me rends pas ce service mon cher neveu, il serait simple pour moi d'aller voir les autorités et crois-moi, cela fait bien longtemps qu'ils lorgnent sur ton compte. Espérant un jour ou l'autre t'attraper pour te mettre la corde au cou ! Ce soir, après le dîner, je veux que tu me ramènes un de tes clients dans la chambre d'Alice avec sa fortune, il n'y a pas à discuter je pense. »
Talia sur ces mots écarquillaient les yeux, tapie derrière la porte, regardant entre l'ouverture de celle-ci à peine ouverte. Elle vit l'expression du visage de Cael qui acquiesça sans broncher et commença à partir vers sa direction, ce qui fit que Talia s'en alla en toute hâte vers les étages. C'était impossible qu'une femme puisse être aussi horrible avec sa propre fille. Elle en était bouleversée. Comment allait-elle annoncer cela à Alice ? Comment allait-elle faire pour empêcher cela ?!
Depuis toute la soirée, Talia n'avait cessé de réfléchir comment sauver Alice ce soir même. Mais elle n'avait pas de solution à portée de main. Le dîner se passait bien, tout le monde mangeaient en silence, comme d'habitude et elle, elle était debout à côté, tenant la carafe d'eau entre ses mains, perdue dans ses pensées mais surtout inquiète car c'était bientôt l'heure. Elle ne remarquait même pas le regard d'Alice qui venait se poser sur elle parfois, discrètement. Soudain un bruit de porte se fit entendre et Cael apparut devant tout le monde accompagné d'un homme à l'allure imposante mais plutôt bien élevé, d'après ce qu'il montrait en tout cas. Le coeur de Talia battait la chamade tout en serrant le poignet de sa carafe en fixant cet homme qui disparut avec Cael dans le salon. L'heure du dîner se termina et bien sûr, Talia se dépêcha comme elle le pouvait pour s'enfuir des corvées et rejoindre Alice dans sa chambre.
Elle monta avec hâte les escaliers menant aux chambre et entra dans celle d'Alice qui fut surprise de la voir là maintenant, mais afficha tout de même un sourire. Pourtant Talia vint vite lui prendre la main et la conduire dans la chambre d'à côté, sa chambre et referma la porte derrière elle. Devant le regard incompréhensible d'Alice, Talia se devait de lui expliquer la situation en vitesse. Elle posa ses mains sur le visage de sa bien aimée puis parla à toute hâte, tout en murmurant.
❝ L'homme qui est venu avec ton cousin est là pour toi ce soir. J'ai entendu ta mère discuter avec le Lord Vaughn et elle veut que cet inconnu prenne ta virginité en échange d'argent... Tu ne dois pas rester dans ta chambre il va venir et je n'accepterais pas qu'il puisse te faire ça... Je ne laisserais pas cette chose arriver... Pardonnes-moi... ❞
Elle murmura ce dernier mot et déposa un baiser sur ses lèvres puis se détacha de son étreinte pour partir de sa chambre en refermant la porte derrière elle, avec les clefs. Talia tourna sa tête en direction des escaliers, il montait. Elle se précipita dans la chambre d'Alice et se hâta pour enlever sa robe, défaire son chignon et se faufila sous les couettes. Sa respiration était frénétique mais elle avait agi pour le bien d'Alice, sans vraiment réfléchir en faite à ce qu'elle faisait. Son regard vert ambre était rivé sur la porte en bois et son coeur s'arrêta lorsque celle-ci s'ouvrit doucement.
Fin du flash back
Talia se souvenait de cette nuit où elle s'était sacrifiée pour Alice. Elle avait souffert et avait pleuré toutes les larmes de son corps pendant que cet inconnu lui volait son innocence. Cependant elle ne l'avait jamais regretté car c'était pour elle qu'elle le faisait. Elle ferma les yeux pendant quelques instant. C'était horrible d'être dans cet appartement car tout les souvenirs, bonnes ou mauvaises, apparaissaient toujours dans son esprit sans qu'elle ne puisse le contrôler.
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Sujet: Re: Rolling in the Deep # Alice&Talia Sam 19 Fév - 21:44
Le silence permettait à Alice de ressentir sa douleur encore plus pleinement. Pourtant, elle n'aurait rien fait pour briser la quiétude, en ce moment-même. Toujours affalée sur son lit, les draps défaits et tâchés, ses mains avaient fini par se desserrer, à bout de forces. Alice en avait très peu. Son corps ne tenait plus le choc, et ce n'était pas avec le peu de nourriture qu'elle avalait qu'il allait pouvoir aller mieux. Alice, sans rouvrir les yeux, se redressa avec lenteur, puis se leva du lit. Ses jambes tremblaient tellement qu'on aurait cru qu'elle allait tomber d'une seconde à l'autre. Le visage ravagé de larmes, les lèvres serrées et les yeux toujours clos, elle fit un premier pas. Lentement, avec une grande fragilité, elle se dirigea vers sa petite coiffeuse. Lorsque sa main tremblante toucha le bois du meuble, elle ouvrit les yeux. Son reflet dans le miroir en face d'elle, celui d'une jeune fille fanée, d'une ombre, d'une fille détruite, son reflet lui fit encore plus mal. Cela faisait de nombreux mois qu'elle ne se reconnaissait plus. Elle n'avait jamais été très affirmée, mais avait enfin cru s'être trouvée, grâce à Talia. Son corps tremblait jusqu'au bout de ses lèvres. Ses yeux ne parvenaient même pas à renvoyer l'horreur qu'elle ressentait en ce moment, ni la douleur, ni rien. Alice ferma les yeux, et essaya de se rappeler... De se souvenir de son reflet d'avant. De se remémorer à quoi ressemblait son sourire... lorsqu'elle voyait son âme soeur arriver. De s'imaginer le rouge de ses joues, lorsqu'elle l'embrassait. Alice s'effondra par terre dans un bruit sec, puis ce fut le silence à nouveau. Et de nouveaux sanglots.
Flash back : Lefroy's Mansion, Chambre de Talia, Meryton, Un mois avant l'épidémie.
" Pardonnes-moi... " Alice entendait encore et encore son murmure. Elle sentait encore le goût de ses lèvres sur les siennes. Son esprit s'affolait, son coeur s'emballait. Avant qu'elle n'ait eu le temps de dire quoique ce soit, avant qu'elle n'ait eu le temps de réaliser ce qui se passait, Talia la laissait là, seule, enfermée.
Comment sa mère avait pu faire une telle chose ? Il devait certainement y avoir un mal entendu. Lady Catherine avait des défauts, et il n'était secret pour personne que sa fille occupait une place bien étroite dans son coeur de pierre. Mais de là à offrir le corps de son enfant, la chair de sa chair, pour une somme d'argent ? Catherine était-elle donc si cruelle ? N'aimait-elle donc pas Alice du tout, ne la respectait-elle donc pas un peu ? Comment une mère peut-elle faire ça, et continuer de vivre naturellement après ? Mais, à tout bien y réfléchir, Catherine avait toujours considéré Alice comme un fardeau. Comme un inconvénient, comme quelque chose qu'elle n'avait pas désiré. Etait-ce parce qu'elle connaissait les écarts de son mari à l'époque ? Et qu'elle considérait ce deuxième enfant comme "sali" ? Peut-être. Elle avait bien tenté d'effacer cette erreur, il y a de ça de nombreuses années... En laissant délibérément Alice tomber dans les eaux profondes du Lac. Mais l'enfant avait survécu. L'utiliser à son avantage, puisque l'éliminer elle-même semblait impossible, était donc la dernière option pour Catherine. Et qu'est-ce que cette femme pouvait désirer plus que l'argent, ou une bonne réputation ?
La gorge d'Alice se serrait alors qu'elle réalisait que celle qu'elle était contrainte de nommer "Mère" était parfaitement capable d'un telle immondice. Sa haine envers sa génitrice ne fut jamais plus grande. Mais l'attention d'Alice, son esprit tout entier se focalisa bientôt sur tout autre chose. Car elle avait compris, et son coeur en éclatait de douleur. Talia se sacrifiait pour elle, tout comme elle aurait été prête à le faire pour Talia. Dans la pièce d'à côté, l'homme ramené par son cousin allait bientôt entrer...
Alice s'était ruée sur la porte, qu'elle avait tenté d'ouvrir par tous les moyens possibles. De ses poings frêles, elle frappait le cadran en bois. Elle frappait avec une telle force qu'on aurait pu croire qu'elle voulait le faire céder. Et si elle n'y arrivait pas, le bruit, peut-être, parviendrait à alarmer quelqu'un dans la maison. Et Alice hurlait. De toutes ses forces, de tout son être, elle criait qu'on vienne lui ouvrir, elle criait le nom de Talia. Ce sacrifice... Jamais elle ne pourrait l'oublier.
- TALIA ! NE FAIS PAS ÇA, TALIA ! OUVRE-MOI ! Alice hurlait à plein poumons, à s'en arracher les cordes vocales. Sa respiration était difficile et douloureuse, parce que des larmes de désespoir dévalaient ses joues. Ne l'entendait-on pas ?! Pourquoi ne venait-on pas lui ouvrir ?! Que quelqu'un, n'importe qui !...
Talia n'avait pas à payer pour la cruauté de Catherine. Mais elle le fit. En prenant la place d'Alice, elle protégeait son amour... Alice frappait la porte de toute ses forces, de violents coups de pieds rejoignant vite ceux de poings. Un instant, elle se retourna, et son regard désespéré chercha une autre issue -il n'y en avait pas. De nouveau face à la porte, Alice s'effondra au sol. Le front posé contre la porte en bois, ses poings continuaient de frapper, inlassablement. Elle pleurait. Elle ne pouvait pas faire autrement que de pleurer. Une main vint enserrer son ventre. On ne lui prenait pas son innocence ce soir. Mais on lui arrachait quelque chose. Quelque chose d'invisible, peut-être... Quelque chose qui n'était à elle que par le lien qui l'unissait à Talia. Et, lorsque les cris de celle-ci commencèrent, étouffés, dans la pièce d'à-côté, ceux d'Alice, d'un intense chagrin, l'accompagnèrent dans sa souffrance.
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Sujet: Re: Rolling in the Deep # Alice&Talia Lun 21 Fév - 20:06
Tant de choses étaient passées. Tant d'obstacles avaient été mis entre elles. Elles avaient toujours su se défendre et avaient toujours réussis à se réunir de nouveau qu'importe ce qui leur tombaient dessus. Elles en avaient tellement bavé. Et pourtant cette fois-ci, elles ne pouvaient rien faire. Talia ne pouvait pas surmonter cette épreuve. Elle aimait Alice, profondément. Elle l'avait dans la peau depuis qu'elle était enfant, depuis qu'elle avait été en mesure de comprendre ce que le verbe "aimer" pouvait signifier. C'était son premier amour et cela restera ainsi. Elle n'acceptait pas cette situation qu'elles avaient dorénavant. C'était impossible pour elle d'oublier son amour, un amour passionné qui la consumait et qui coulait dans tout son corps. Alice était partout. Alors comment pouvait-elle s'en sortir ? Comment pouvait-elle se relever ? Comment pouvait-elle continuer sans elle ? C'était impossible et elle n'acceptait pas ce destin là. Les yeux fermés, elle restait terrer dans ses souvenirs avec elle. Sa voix, son sourire, ses yeux qui l'accrochaient. Tout absolument tout. Et les larmes apparurent, coulant à flot sur ses joues collées contre le matelas. Son bras était toujours tendu vers la porte et elle restait dans cette position, inerte. Elle avait envie de faire quelque chose. Elle avait envie de se remettre debout et monter les marches pour entrer dans sa chambre et la prendre dans ses bras. Lui dire qu'elle l'aimait et que son amour n'était que pour elle. Qu'il n'y avait qu'elle qui comptait et qu'importait leur réel lien du sang. Qu'elles ne devaient pas payer pour les erreurs de leur parent. Qu'elles devaient continuer à avancer et qu'elles ne devaient pas s'arrêter. Elle avait envie de lui dire qu'elle voulait s'enfuir avec elle, loin de cette vie, loin de tout ça. Qu'elles pouvaient s'en sortir si elles étaient toujours toutes les deux. Qu'elle voulait vieillir à ses côtés et la rendre heureuse pour toujours. Qu'elle pouvait le faire et qu'elle avait la force peut-être de pouvoir le faire car il n'y avait qu'elle qui importait. Il n'y avait qu'elle !!! Rien d'autre qu'elle !!!! Son poing se serra quelque peu tout en pensant à tout ça. Elle avait tellement envie de lui montrer que tout allait bien, que tout allait aller pour le meilleur du monde et que cette barrière n'était rien comparé à son envie d'être avec elle. Que tout devait comme ça et qu'elles seraient toujours toutes les deux, quoi qu'il arrivait. Oui, elle avait tellement envie de lui dire ça. Tellement envie...
Mais elle n'y arrivait pas. Cette barrière semblait si grande. Cet obstacle semblait si solide. Elle avait l'impression de n'avoir pas la force de le gravir et de le combattre. Ce combat semblait perdu d'avance. Elle ne pouvait rien faire et c'était comme ça. Elle n'avait pas le choix alors elle compensait comme elle le pouvait. Dans le mauvais sens bien sûr, mais avait-elle le choix ? Si jamais elle ne pouvait plus avoir l'amour d'Alice, elle n'avait plus rien à perdre dorénavant, alors elle s'enfonçait encore et encore dans le silence et dans sa meurtrissure sans jamais pouvoir espérer qu'un jour elle puisse s'en sortir. Il n'y avait plus d'espoir, elle n'y croyait plus. Sa seule source de vie était perdue. Et elle s'enfonçait encore dans le noir, plus profondément. Affrontant cette épreuve seule...
Sept heures plus tard (11 : 30 PM), Lefroy's appartement, chambre de Talia.
Les paupières de Talia s'ouvrirent difficilement. Elle avait fini par s'endormir, battue par toutes les émotions qui l'avaient submergé tôt dans l'après-midi. Son corps se tourna, dos contre le lit, ses yeux verts fixant le plafond. Elle était méconnaissable, ses yeux étaient rougis, peut-être qu'en dormant elle avait continué à pleurer. C'était fort possible. Elle se décida à se redresser doucement, puis chercha dans sa petite sacoche une petite bouteille qu'elle avait réussi à voler à un ivrogne qui traînait devant la maison close. Elle but une gorgée de cette liqueur alcoolisée, en grimaçant légèrement car il était corsé. À l'aide d'un de ses revers de main, elle s'essuya la bouche et se leva du lit. Une de ses mains vint prendre sa sacoche qu'elle mit en bandoulière et elle se décida à sortir de sa chambre. Encore une nuit où elle allait encore s'engouffrer comme toujours. Tout en marchant dans l'appartement des Lefroy qui accueillait le silence, elle s'arrêta tout de même vers la cuisine. Son ventre lui rappelait qu'elle ne pouvait pas aller plus loin sans qu'elle puisse au moins manger un petit quelque chose. Talia s'installa alors sur la table où était posée le pain et commença à manger, tout en buvant une gorgée de sa petite bouteille, dos à l'entrée.
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Sujet: Re: Rolling in the Deep # Alice&Talia Lun 7 Mar - 21:56
Recroquevillée sur le sol, Alice se balançait doucement, d'avant en arrière, d'avant en arrière, d'avant en arrière... Les minutes passèrent, bercées par ses larmes et sa respiration, de plus en plus lente. Les heures passèrent. D'avant en arrière, d'avant en arrière... Personne ne vint la déranger. Ou peut-être qu'elle ne les vit tout simplement pas entrer dans la chambre, qu'elle ne les sentit pas essayer de la relever. Et d'avant en arrière, d'avant en arrière... Dans sa petite bulle de souffrance, que rien au monde ne ferait éclater, elle restait silencieuse et fragile. Elle se vidait peu à peu de ses forces, de ses couleurs, du peu de vitalité qui lui restait. Comment les choses avaient-elles pu finir de la sorte ? Alors qu'elle avait à peine touché le bonheur du bout des doigts, qu'elle avait pu l'effleurer doucement, avec tendresse et l'appréhension liée au charme de la découverte ; comment tout avait-il pu s'effondrer ? N'était-ce pas cruel ? N'était-ce pas injuste ? La punissait-on parce qu'elle avait pêché ? Ce qu'elle avait entendu de la bouche des hommes de foi, ce qu'elle avait lu dans les livres de pensée religieuse, tout cela était donc vrai ? Dieu la punissait-il d'avoir trop désiré, d'avoir espéré son bonheur et son plaisir enfin venus ? Mais si cela était vrai, alors ce qu'elle avait lu dans ses romans interdits, ceux qui parlaient d'amour et de passion, de désir charnel et de déchirement, de perdition et de plénitude, ceux-là n'en étaient que plus fondés. Et jamais Alice n'aurait pu imaginer que de se perdre en Amour fût si plaisant et si douloureux, si destructeur. Les mots qu'elle avait effleuré du regard autrefois faisaient écho de ses sentiments les plus profonds aujourd'hui. Mais ce qu'elle ressentait lui paraissait encore plus fort, encore plus puissant et acharné. On la voulait morte, et elle périssait. L'Amour l'emmenait dans ses abîmes les plus profondes et terrifiantes. Peut-être était-ce pour cela, que ses lectures favorites n'étaient signées que de la main d'un "Mr. Anonyme" ? Peut-être avait-il, ou elle, trop souffert des sentiments qu'il saisissait si bien, pour oser les affronter une ultime fois en apposant son nom sur eux ?
D'avant en arrière, d'avant en arrière... Les yeux dans le vague, le vague à l'âme, Alice entendait l'éclat de son rire, voyait le noisette de ses yeux mordorés, embrassait le goût sucré de ses lèvres, caressait les fines boucles de ses cheveux. Et elle pleurait, et elle souffrait, d'avant en arrière, d'avant en arrière... Et elle haïssait sa mère. Et elle haïssait son père, puis la mère de Talia, puis tous les autres. Elle haïssait tout le monde, sauf une personne. Puis elle se mettait à la haïr aussi, à vouloir la frapper de toutes ses forces, elle finissait par ne plus haïr qu'elle. Elle et tout le bien qu'elle avait pu lui apporter. Elle et tout le bien qu'elle ne pourra plus jamais lui faire... Elle. Elle, et ses mains, et ses lèvres, et ses joues. Elle et sa voix, et sa douceur, et son regard. Elle et sa présence. Elle aurait voulu l'écraser, l'étouffer, la serrer si fort qu'elle entre dans son propre univers, dans sa propre bulle de souffrance, et qu'elles ne soient plus qu'une, à jamais. Elle aurait voulu la mettre sur un piédestal, grandiose et lumineux, et la présenter au monde, et hurler qu'elle détestait cette femme, son amour, et que sa haine n'avait d'égal que son amour, fou et désespéré. Elle aurait voulu regarder sa mère dans les yeux et lui dire qu'elle aimait Talia. Elle aurait voulu voir sa réaction, voir ses pupilles s'écarter de surprise, elle aurait voulu voir le dégoût naître en elle, et le savourer, le savourer comme jamais, parce que quoiqu'elle ait pu faire pour lui obéir et lui plaire, Alice n'avait fait que décevoir Catherine. Et cela aurait l'ultime affront, cela aurait été sa liberté, car volontairement, pour la première fois, elle aurait fait ce qu'elle désirait, ce qu'elle voulait du plus profond de son être, ce qu'elle souhaitait à en crever. Elle aurait aimé. Et quoi de plus beau, quoi de plus déchirant que l'Amour ? Elle aurait aimé... D'avant en arrière, d'avant en arrière... Talia... Talia n'est plus là. Et le rêve s'effondre, et Alice se meurt. Talia n'est plus là.
Sept heures plus tard (11 : 30 PM)
Son dos craque lorsqu'elle se redresse enfin. Elle grimace sans bruit. Les forces l'ont quittée. Dans un élan de douleur et de folie, elle s'est une nouvelle fois arraché quelques mèches de cheveux. Mais c'est son ventre vide, qui se tort sur lui-même, qui la fait finalement bouger. Depuis combien de temps ne s'est-elle pas nourrie ?
« Sept mois... » pense-t-elle dans un sourire fané.
Ses pieds nus l'amènent en lenteur vers la porte de la chambre, qui craque en même temps que son corps squelettique. Fantomatique, elle descend les escaliers. Le marbre est gelé, la maison calme et plongée dans l'obscurité. Mais elle n'a pas besoin de lumière, ses yeux ont l'habitude de la pénombre. Elle avance, morte et meurtrie, vers la cuisine. La porte est entre-ouverte. Elle pose ses mains dessus. Ses doigts parviennent à peine à la pousser, alors elle y met le poids plume de tout son corps tremblant. Elle fait un pas. Et elle reste les bras ballants, le regard rivé droit devant. Car face à elle, assise sur une chaise de la cuisine, se trouve la femme qu'elle déteste, son amour passionné. Ce n'est pas un murmure qui lui échappe, ce n'est pas une plainte ni un gémissement. C'est une déchirure, c'est un appel à l'amour, un appel à la haine. Elle se croyait morte, mais elle ne mourrait vraiment que maintenant. Et quoi de plus beau, quoi de plus déchirant, que de mourir à la vue de celle qu'on Aime ?
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Sujet: Re: Rolling in the Deep # Alice&Talia Dim 8 Mai - 23:13
Le temps passait et elle restait encore inerte. Juste ses mains qui bougeaient machinalement. Un automatisme. Il fallait qu'elle se sustente juste pour tenir mais en faite, elle s'en fichait. Elle pouvait très bien partir sans rien avaler, c'était juste au cas où. Elle regarda un instant son bout de pain et sa bouteille posée juste à côté. Dans le silence de la nuit. Ses paupières se relevèrent doucement pour se poser sur un ustensile de cuisine en métal qui était juste devant elle et une forme vint apparaître dessus. La porte s'était ouverte et quelqu'un était entré dans la cuisine. Cependant, il y avait toujours ce silence qui régnait dans la pièce. Un noeud dans le ventre vint la prendre. Elle entendait ce cris douloureux venant de cette forme difforme qui était derrière elle. Ses mains se crispèrent automatiquement et elle n'osait même pas se retourner pour voir qui était soudainement apparue dans la pièce. Elle devinait très bien cette personne et pourtant elle se refusait de lui faire face. Son organe vitale battait à toute vitesse, et dorénavant, elle n'entendait plus que son coeur battre. On dirait que l'écho de celui-ci vint englober toute la pièce. Rien que ce bruit qui lui suppliait de ne pas se retourner. Qui lui indiquait le danger, la souffrance immense qu'elle allait éprouver si jamais elle pensait à descendre de sa chaise et de lui faire face. Cela faisait des mois qu'elles ne s'étaient pas vues depuis ce jour où tout avait éclaté. Où toute la vérité l'avait condamné à ressentir que la douleur. Elle avait l'impression qu'elle suffoquait silencieusement, tout d'un coup. De nouveau ses repères furent chamboulés.
Elle entrouvrit ses lèvres doucement, puis ferma les yeux. Depuis le temps qu'elle voulait la voir, depuis le temps où elle rêvait de leur rencontre prochaine, où elle pouvait enfin de nouveau se réunir. Cependant, elle n'était pas prête. Elle ne voulait pas, pas maintenant, pas comme ça, pas lorsqu'elle était dans un état lamentable comme maintenant, depuis ses sept mois de vie dans cette nouvelle ville. Elle imaginait une toute autre scène. Où elle se retournerait et voyant qu'elle avait les larmes aux yeux, elle se serait tout simplement avancer vers elle et l'aurait rassuré. Lui disant que tout allait bien se finir pour elles. Que tout allait rentrer dans l'ordre et qu'elles allaient vite oublier toutes ses mésaventures. Que tout allait redevenir comme avant lorsqu'enfin, elles s'étaient retrouvées. Que leur amour était avoué et que personne n'aurait pu changer cela. Qu'aucun obstacle n'aurait pu dissuader les sentiments qu'elles ressentaient l'une envers l'autre. Talia l'aurait pris alors dans ses bras et l'aurait consolé. Elle lui aurait dit que tout ces secrets n'étaient que le fruit d'un mauvais rêve et que tout allait dans le meilleur du monde. Un instant, elle voulait imaginer ça pour elles. Elle voulait simplement... tout simplement...
Ses paupières se rouvrirent à nouveau et cette forme était toujours derrière elle. Dans cette pièce sombre, éclairée par une simple bougie. Il n'y avait pas de couleur, de saveur, de chaleur. Rien que la douloureuse évidence de sa tristesse, de la colère qu'elle ressentait et de son coeur meurtri par cette vérité qu'elle ne pouvait nier, qu'elles ne pouvaient contrer... Elle déglutit doucement puis se décida à descendre de sa chaise, toujours de dos. Comment faire ? Quoi faire ? Elle ne savait pas du tout. Elle ne s'était pas attendue à ça ce soir et elle était déjà dans un état second à cause de tout l'alcool qu'elle avait ingurgité. Le silence lui pesait et pourtant elle criait toute sa souffrance, à l'intérieur. Elle se décida à se retourner et la regarder en face d'elle. Son coeur fit un raté en la voyant.
Alice était méconnaissable tout comme elle à vrai dire. Elle restait silencieuse et essayait de se tenir parfaitement droite, gardant une main posée sur la table. Son regard vert ambre se posa franchement sur celle qui l'avait conduit à n'être plus qu'une épave, à ne ressentir qu'un profond gouffre à la place de son coeur. Ses lèvres commencèrent à se mouvoir mais rien ne sortait. Elle ne savait pas quoi lui dire. Elle ne savait pas quoi faire. Cette Talia là, n'était indéniablement plus celle qu'elle avait connu à Meryton. Elle déglutit encore et serra la mâchoire. Se décidant enfin à bouger, elle s'avança doucement vers elle et s'arrêta en face d'elle, tout près d'elle. Ses yeux se hasarda sur son visage, ses lèvres, ses cheveux, partout, d'un air perdu, triste. Une main vint alors se poser sur la joue d'Alice et elle posa son front contre le sien, fermant les yeux. Un murmure vint alors sortir de ses lèvres. Un murmure chagriné.
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Sujet: Re: Rolling in the Deep # Alice&Talia Dim 29 Mai - 20:25
La voir ici la renverse, la bouscule. Alice s'effrite. Elle perd ses forces, son bon sens, elle perd tout. La voir la poignarde, la transperce d'une douleur nouvelle. Car une pensée s'immisce dans son esprit. Une seule pensée qui fait basculer des mois de doutes, des mois de déni, des mois de haine et de folie. Comment va-t-elle faire ? Comment va-t-elle trouver la force ? Alors qu'il ne lui reste plus rien, alors qu'elle n'est plus qu'une carcasse humaine, qu'une enveloppe vide... Comment va-t-elle lui résister ? Comment le pourrait-elle ? Comment ne pas s'infliger le coup ultime en s'effondrant dans ces bras qu'elle chérit tant ? Elle sait pourtant que la revoir lui est interdit, que l'aimer lui est interdit. Elle le sait puisqu'elle est la première à se l'être rabâché sans cesse pendant des mois, elle le sait parce qu'elle est la seule à s'être punie elle-même, la seule à s'être maintenue dans cet état de semi-mort, juste pour pouvoir souffrir, encore et toujours, en s'imaginant avec elle. Et que faire maintenant qu'elle l'a sous les yeux ? Que faire maintenant qu'elle pourrait, en quelques pas, aller la rejoindre ? La toucher ? Effleurer sa peau du bout des doigts, envoyer valser la douleur, envoyer valser les pensées, ne laisser plus place qu'aux sensations, qu'à sa Passion pour elle ? Que faire ? Elle sait qu'elle ne doit rien faire de tout ça. Mais sa raison s'est brisée, anéantie, il y a bien longtemps déjà. La raison n'a plus sa place ici. On ne raisonne pas quand on Aime. On ne peut pas lutter. On est faible, quand on Aime. On est démuni, désarmé. Alice ne peut plus rien. Elle se sent s'effondrer, pourtant ses jambes restent étrangement debout. Elle voit ce corps qu'elle connait si bien, mais pourtant pas assez, se tourner vers elle. Elle voit son visage. Elle voit ses lèvres, ses yeux, elle voit tout. Alice pleure. De tout son coeur meurtri, en silence, elle pleure. Elle n'a jamais rien vu d'aussi beau, d'aussi douloureux, que son visage, aussi détruit que le sien. Elle reconnaît en Talia la même douleur qu'en elle-même, elle y reconnaît la même peine, la même souffrance. Et la haine s'envole. Elle ne peut pas haïr cette femme. Elle ne peut pas lui en vouloir pour tout ce qu'elle lui a apporté, mais que le Destin lui a repris. Elle voudrait le pouvoir, car cela simplifierait les choses. Elle pourrait ainsi se convaincre que ce n'est pas par Amour qu'elle se laisse dépérir, mais par dépit. Elle pourrait partir de ce monde haineuse, mais encore intacte. Mais ce serait se voiler la face. Et ce n'est plus possible maintenant qu'elle se retrouve face à la personne qu'elle aime. Comment même avait-elle pu croire que cela marcherait ? Non. Elle ne peut faire autrement que d'Aimer, inconditionnellement, Talia. Juste l'Aimer... Et cela lui insuffle une dernière pointe de vitalité. Juste pour ce soir. Juste pour cette heure, juste pour être capable de ne pas tomber face à elle, pas tout de suite. Elle tombera plus tard. Ce soir elle vit. Demain, ce sera différent. Mais ce soir... Ce soir...
Chaque pas de Talia dans sa direction lui paraissait trop rapide et trop lent à la fois. Son coeur semblait imploser, pas préparé à un tel assaut d'émotions. Il était maltraité depuis trop longtemps. Il battait toujours plus vite, toujours plus fort, tant et si bien qu'Alice aurait voulu lui hurler de se taire, pour lui laisser plutôt écouter le bruit discret des pas de Talia s'approchant d'elle, pour briser enfin le silence cruel de nombreux mois de séparation. Alice retenait son souffle. Ses mains tremblaient, comme tout son corps. Véritable feuille morte, ses joues creuses étaient inondées de larmes. Elle ne quittait plus Talia des yeux, quitte à en souffrir chaque seconde un peu plus. Ce soir, Alice était amoureuse, et rien d'autre.
"Tu m'as tellement manqué... " Son souffle contre sa peau, son front contre le sien, ses mains sur elle. La peau d'Alice s'enflamma, son coeur comme un brasier éclata dans sa poitrine. Elle inspira enfin à nouveau, achevée, apaisée. Ses mains fragiles serrèrent doucement les hanches de Talia. Elle était vide de forces, mais s'acharnerait tout de même à la toucher, à la serrer contre elle du mieux qu'elle le pouvait. Pour un dernier soir, une dernière heure, une dernière fois.
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Sujet: Re: Rolling in the Deep # Alice&Talia Mar 15 Nov - 21:46
Talia Grace & Alice Lefroy
Le premier amour sera toujours présent pour l'éternité
Ses mains contre elle, chaque partiel de son être tout près de son corps, c'était comme si on lui avait de nouveau rendu la vie. Cela faisait longtemps qu'elle attendait ce moment, ces retrouvailles, elle l'imaginait depuis des mois. Elle pensait ne jamais pouvoir l'approcher, elle pensait ne jamais pouvoir réussir à combattre cette barrière invisible qui les retenait toutes les deux. Même si ce moment là était peut-être l'instant qu'elle avait tant attendu depuis qu'elles s'étaient séparées, cette appréhension de ne pas pouvoir la toucher, car trop grande était la souffrance de la vérité, l'avait toujours guetté. Comment pouvait-elle passer outre de ce qu'elles étaient réellement ? Elle ne pouvait nier ce lien de sang même si son amour pour Alice était énorme, prenant place dans son corps tout entier, consumant abondamment son être. Elle ferait tout pour elle, mais c'était un trop grand obstacle et cela l'avait complètement achevé. D'ailleurs, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, ne sachant plus réellement comment gérer cet amour qui la dévorait peu à peu, la rendant amère. Cette vérité l'avait tué, voilà le résultat de cet amour tout compte fait. La confiance qu'elle avait envers les personnes qui étaient pour elle, très importantes dans sa vie, avait été complètement anéantie par cette réalité qu'on lui avait caché depuis des années. Peut-être que si elle avait su qui elle était réellement et quel lien elle avait avec la famille Lefroy, elle ne serait pas tombée amoureuse d'Alice. Elle ne se serait pas retrouvée dans cette situation où elle avait l'impression de ne plus savoir ce qu'elle devait faire. Où elle avait juste envie de mourir parce qu'elle ne pouvait pas vivre sans l'amour de la jeune femme. Où tout lui manquait et pourtant elle ne pouvait absolument rien faire pour réparer ce qui avait été brisé. C'était ça en faite le plus dure. De ne pas pouvoir faire grand chose face à cette vérité. Bien sûr, elle aurait aimé ne pas trop accorder d'importance à ce lien de sang qui les unissait malgré elles, mais non... Non, elle ne pouvait pas s'en foutre et laisser passer, dire que ce n'était pas grave et que leur amour était plus grand que ça. Elle ne pouvait pas nier ce qu'elles étaient et ça la tuait.
Le seul contact de son toucher sur son corps lui donnait envie de pleurer. Elle avait envie de déverser toute cette souffrance qu'elle avait ressenti durant son absence, elle avait envie de lui dire combien cette situation était juste merdique et que c'était impossible pour elle de continuer sans l'avoir à ses côtés. Et pourtant, rien ne sortait. Sa gorge était nouée. Elle ne voulait pas non plus casser ce moment où elles s'étaient enfin retrouvées, mais en même temps comment ne pouvait-elle pas ressentir l'envie de verser des larmes ? Talia était fatiguée. Fatiguée de la personne qu'elle était devenue sans la présence d'Alice. Fatiguée de ressentir de la haine mêlée à du chagrin. Chaque fois qu'elle revenait dans la demeure, la seule envie qui l'habitait était de monter l'escalier qui donnait au premier étage, d'ouvrir la porte de la chambre du fond, la sienne et de s'engouffrer dans ses draps pour pouvoir l'avoir contre elle. Apaiser cette peine qu'elle ressentait. Elle pensait qu'Alice était le remède à ça mais même si elle se confortait dans cette pensée, ce moment là ne lui faisait pas du bien. Au contraire, cela avait ravivé sa peine. La faisant revivre, certes, mais dans cette blessure qui l'avait englobé depuis qu'elle avait su pour elles deux. Cela lui faisait prendre encore plus conscience que c'était impossible pour elles d'être de nouveau ensemble.
Ses mains passèrent sur les épaules, qui glissèrent vers le visage d'Alice et elle secoua légèrement la tête. Cela faisait tellement mal de ne pas pouvoir fixer tout ce qui avait été annihilé par cette vérité, de ne plus avoir cet espoir que l'amour pouvait triompher encore une fois. Elles avaient tellement enduré tant de chose et pourtant là, il n'y avait rien à faire. Juste profiter de ce qui semblerait être le dernier moment qu'elles passaient ensemble... Talia approcha ses lèvres des siennes, l'embrassant doucement puis elle ne put retenir ses larmes qui coulaient automatiquement. Les mots d'Alice lui déchiraient le coeur. Elle ressentait la même chose et la jeune femme l'avait sans doute deviné vu l'état où Talia était. Ses lèvres restant collées contre les siennes, elle passa ses bras autours de la nuque d'Alice, voulant l'avoir contre elle. La prendre dans ses bras. L'effet de l'alcool qu'elle avait ingurgité avait amplifié son chagrin et ses envies qu'Alice puisse rester comme ça contre elle. Non, elle n'avait plus envie de la lâcher maintenant qu'elle l'avait retrouvé même si cela la faisait souffrir, elle ne voulait plus qu'elle puisse lui échapper à nouveau... C'était trop dur...