Lydia parlait, parlait, parlait. Et ne se contrôlait pas vraiment. De toute façon, elle savait qu'en compagnie de sa chère cousine, elle pouvait tout dire (ou presque). C'était assez soulageant que de pouvoir avouer quelques uns de ses petits travers.
Dans sa reflexion elle rappela qu'elle n'avait pas été se confesser depuis un trop long moment, et que, pour le salut de son âme, il fallait qu'elle aille se faire pardonner, au plus vite.

Sa cousine en vint à parler de Blythe. Blythe, le seul, l'unique, le magnifique. Elle savait bien que toutes les demoiselles du village lui tournaient autour, Victoria, par exemple, qui n'était pas encore au courant de son attention extrême pour lui. Pour l'instant deux personnes étaient informées : Talia, son espionne attitrée depuis peu, et Sarah.
Elle avoua donc à sa cousine avoir espionner "légèrement" le bel invité. Comme si on pouvait espionner à moitié ! En tout cas, ce doux moment lui avait été fort agréable. L'intimité du réveil, était plus douce, plus merveilleuse, et puis il dormait torse nu, et Lydia n'avait pas manqué un seul détail.


- Oh Sarah, il est tellement beau au réveil! Il est toujours beau d'ailleurs ! Je ne me lasse pas de le croiser dans les couloirs ! Hélas...

Elle soupira. Hélas était le mot! Il ne se préoccupait pas d'elle, ne lui adressait quasiment jamais la parole. Leur relation ne risquait pas d'évoluer. Ainsi elle ne pouvait pas en apprendre plus sur lui et cela l'agaçait.

- Hélas, il n'est pas très coopérant avec mes projets. Nous n'avons vécu aucun moment de complicité. Je ne sais rien sur lui. Mais Sarah, je vais te faire une confidence. Je sais que, toi, tu peux me comprendre. Connais-tu Talia ? Je lui ai demandé de suivre Blythe. Rien de bien méchant, bien sur ! Je souhaite juste connaitre son emploi du temps, ses fréquentations, son thé préféré, son plat préféré, sa couleur préférée, l'heure où il a faim, son compositeur préféré, son livre préféré, son....

Lydia s'interrompit. D'accord elle voulait savoir beaucoup à son propos, et ce n'était pas la peine de continuer son énumération. Elle s'était déjà trop emportée.

c'est à ce moment là que, à son tour elle remarqua l'ambiance un peu...spéciale qui régnait. S'il n'était pas 17h00, elle aurait juré que la nuit et la tempête se levaient en même temps. Elle plissa les yeux et inspecta les alentours.

- Oh my god !

Spoiler:

Lydia n'avait pas été des plus dégourdies. Elle était plus à l'aise dans les soirées mondaines, qu'à la campagne. Sortir des sentiers battus, au sens propre du terme, l'horrifier. Au contraire, pour sortir des sentiers battus au sens figuré du terme, elle excellait. Après une nuée de petits cris stridents, elle était désormais littéralement étalée par terre. Elle pesta, se releva avec quelques difficultés et s’assit. Décidemment, ces derniers temps, elle tombait beaucoup.

Elle regarda sa cousine. Si elle n’avait rien ? Mais elle souffrait de mille douleurs. Un exemple ? Cette égratignure (minuscule, certes, mais si douloureuse) sur sa douce jambe. Mais le pire, j’ai bien dit le PIRE c’était sa pauvre robe abimée. Pour toute circonstance, il y avait une robe. Et pour toute robe il y avait une recherche éperdue. Et cette robe lui avait couté plus cher qu’il n’y paraissait. Tout bas, elle se mit à parler à sa pauvre robe bleue pâle, tâchée de terre et déchirée.

- Ma pauvre robe, respire bien, calme-toi. Tu vas voir, cela va passer, je t’emmènerai à la couturière, je sais que tu n’aimes pas ses grandes aiguilles, mais elle ne veut que ton bien, maman sera là pour la surveiller, elle ne te fera pas de mal et te rendra aussi belle qu’avant.

Elle éclata de rage envers celle qu'elle tenait pour responsable :

- MAIS C’EST IMPOSSIBLE. MA ROBE ! TU AS VU DANS QUEL ETAT EST MA ROBE ! MAIS QUELLE IDEE TU AS EU DE VENIR DANS UN ENDROIT AUSSI HORRIBLE ! QUEL AFFREUX ENDROIT. TOUT TOMBE EN RUINES. AUCUN DECORATEUR N’A DU METTRE LES PIEDS ICI DEPUIS DES LUSTRES !!!

Sarah semblait perplexe. Lydia regarda autour d’elle. Tout était si lugubre ! Un château en ruines, il n’y avait bien que sa cousine pour apprécier un tel endroit. Elle soupira. Elle y avait été un peu fort, mais il était de son devoir de gentille cousine de maltraiter Sarah, il fallait lui apprendre la vie, la sortir de ses éternelles rêveries.
Lydia : Oh et puis ne reste pas à me regarder comme cela. Aide-moi, et dépêche-toi !
Elle soupira de nouveau. Ses yeux jetaient des éclairs vers Sarah, à sa place, je me dépêcherais d’intervenir. Si à ce moment très précis, elle pensa que plus jamais, oh grand jamais elle suivrait sa cousine. Désormais celle ci devrait la suivre, l'écouter, lui OBEIR mais plus jamais elle ne lui laisserait d'initiatives.

LYDIA : ... je sais que tu n’aimes pas ses grandes aiguilles, mais elle ne veut que ton bien, maman sera là pour la surveiller, elle ne te fera pas de mal et te rendra aussi belle qu’avant.

Sarah avait entendu Lydia marmonner toute seule, en contemplant les plis de sa propre robe. Sarah s'était approchée, et elle vit les tâches de boue sur le buste de la robe, et les marques de déchirure au bas. Elle fronça des sourcils. Lydia était plutôt douée avec les aiguilles et dans tout ce qui concernait les tissus et rubans. Cependant, cela étonnait grandement qu'elle se charge elle-même de recoudre la robe. Leur gouvernante Gabrielle allait certainement y passer un booooon moment pour que la robe retrouve son bon état et convienne aux exigences de la capricieuse jeune fille. Sarah ne comprenait pas tout ce mélodrame autour d'une.. ROBE quoi ! Lydia en avait des tonnes au manoir, elle en avait même mis dans le placard de Sarah, prétextant qu'elle n'avait plus de place dans sa propre chambre ! Ainsi, Lydia passait de temps en temps dans la chambre de Sarah pour récupérer ses affaires. Cela dérangeait Sarah et ses petites expériences scientifiques, mais Lydia n'en voyait pas la gêne. Non, elle pensait plutôt que c'était un moyen de parler un peu avec sa cousine solitaire, et l'AIDER peut-être à se sentir moins mise à l'écart. Sarah était donc devenue une sorte de cas social à "améliorer" pour Lydia et Victoria. La cousine Victoria avait dernièrement emmené Sarah à un salon de thé pour choisir un potentiel mari dans la salle. C'était affreusement embarrassant. Les deux filles ne comprenaient donc pas que Sarah se suffisait à cette vie quelque peu étrange. Pire encore, elles cherchaient à bouleverser ce mode de vie.
Lydia se retourna brusquement vers sa cousine. Elle la regardait d'un air terrifiant, droit dans les yeux. Sarah craignait le pire xD. Elle reculait doucement, ... mais c'était trop tard. Lydia avait pété un plomb xD. Sarah voyait presque de la fumée sortir des narines de son amie. Sarah secoua la tête pour essayer de calmer sa folle imagination, mais rien n'y fit.

LYDIA : MAIS C’EST IMPOSSIBLE. MA ROBE ! TU AS VU DANS QUEL ETAT EST MA ROBE ! MAIS QUELLE IDEE TU AS EU DE VENIR DANS UN ENDROIT AUSSI HORRIBLE ! QUEL AFFREUX ENDROIT. TOUT TOMBE EN RUINES. AUCUN DECORATEUR N’A DU METTRE LES PIEDS ICI DEPUIS DES LUSTRES !!!

Sarah avait la bouche grande ouverte, et les yeux complètement... : xD! Ce n'était même pas sa faute >_< ! Elles avaient marché toutes les deux, sans faire attention au lieu de destination xD ! C'était aussi de la faute de Lydia après tout, elle aurait pu ne pas parler de Blythe et les distraite toutes les deux T_T' xD.

LYDIA : Oh et puis ne reste pas à me regarder comme cela. Aide-moi, et dépêche-toi !

Sarah hocha de la tête, et sortit de ses pensées. Elle prit les mains de Lydia et l'aida à se relever. Soumise xD xD. Après réflexion, Sarah regarda le ciel, et se rendit compte que ce n'était ni Lydia ni elle les responsables, sauf si elles possédaient des pouvoirs magiques. C'était la tempête qui approchait, et le vent qui soufflait tellement fort les avait fait tomber toutes les deux. Sarah vit des nuages sombres se rapprocher au-dessus d'elle et craint le pire... Et s'il pleuvait ? La jolie coiffure de Lydia... Oh non !!! xD xD

Lydia, dans sa colère noire, fut tout de même satisfaite de constater que Sarah lui était gentiment subordonnée. Il lui suffisait de hausser la voix pour obtenir ce qu’elle souhaitait d’elle. La terreur était, selon Miss Shatterney la meilleure des solutions pour Reigner. C’est pourquoi, elle trouvait fort comiques ces auteurs du siècle passé qui pensaient instaurer une « démocratie ». Le pouvoir au peuple ? Aux petites gens ? Mais quelle idée ! Heureusement, l’Angleterre restait attachée à la monarchie malgré quelques idées saugrenue de constitutionalité… Dieu les bénissent, le bon roi George III ne laisserait pas les impies, les gueux, les pauvres ploucs prendre son trône.

La miss attrapa la main de sa cousine avec toute la rage qui pouvait la caractériser. Pauvre Sarah, elle allait passer un sale quart d’heure. Plus Lydia regardait sa pauvre robe adorée et plus elle se sentait furieuse. Intérieurement, elle cumulait tous les reproches qu’elle pouvait adresser à Sarah. L’emmener se baladait dans des lieux plus que douteux, son manque singulier de loquacité, son manque d’équilibre avaient été les acteurs de la chute de la pauvre Lydia, et encore plus grave, de la mort de sa robe. Ne me demandez pas comment une faible propension à la discussion peut faire chuter quelqu’un, tout ce que je peux dire c’est que la miss en était persuadée. Elle fulminait. Elle caressa sa robe et son doux tissu pour tenter de se calmer. Et puis non, pourquoi se calmer ? A quoi bon, il fallait qu’elle martyrise Sarah, histoire de passer ses nerfs et de lui faire passer l’envie d’un jour recommencer. Elle repassait dans sa tête toutes les fois où elle surprenait sa cousine faisant des expériences dangereuses près de ses précieuses robes, qu’elle laissait en pension dans sa chambre. Il fallait que cela sorte et se mit à crier sur sa pauvre amie :

- Sarah ! Tu es vraiment impossible ! Tu n’as aucun respect pour les choses les plus précieuses, les plus délicates, les plus gentilles ! Mes robes ! Tu entends mes robes !! Tu crois que je ne te vois point quand tu manipules de l’acide si près de mon armoire dans ta chambre ? Tu sais ce que sous-entend « mettre en pension » ?! Cela signifie que mes filles, mes robes, mes amours, sont laissées sous ta responsabilité et que tu te DOIS d’en prendre soin ! De les aérer, de les chérir, de les dépoussiérer si besoin, de leur parler pour les rassurer en leur expliquant que leur mère les met en pension pour leur bien, pour qu’elles ne soient pas trop serrées avec leurs sœurs dans l’armoire principale ? de la psychologie Sarah ! PSY-CHO-LO-GIE !! Tu manques à tous tes devoirs et voilà que tu causes la perte d’une de mes amours ! Comment surmonteront-nous, moi & ses sœurs, de telles blessures ? Tu peux me le dire, toi, madame je sais tout ?

Ouf, le monologue était terminé ! Elle reprit son souffle, elle avait vraiment crier sans cesse, en oubliant presque de respirer. Elle avait les yeus exhorbité et était toute rouge. Hors d’elle, Lydia décida de stopper nette la balade et s’assit parterre sans autre but que de rester là, au milieu de nulle part. Peut être qu’ainsi Lady Tiddler comprendrait enfin, les réalités, ce qu’était la vraie vie ! Elle criait comme une vraie furie, faisait de grands gestes dans tous les sens. Elle se demandait comment un jour, elle réussirait à trouver un mari à une pauvre fille aussi peu coquette et aussi bizarre. Elle savait qu’elle, Lydia, lui faisait terriblement d’ombre, mais quand même ! Tout restait possible, si seulement elle pouvait un peu plus lui ressembler ! Oui, l’Hôpital se fout de la charité et en est fier.

Le temps s’assombrissait dangereusement et l’humidité faisait déjà des dégâts dans la chevelure de Lydia. Elle qui avait passé des heures à se coiffer, à faire en sorte que ses cheveux soit un modèle de coiffure lisse… Si elle savait qu’une violente pluie allait s’abattre sur elles, Miss Shatterney serait déjà en train de courir. Dire que l’addition coiffure détruite et robe défigurée allait rendre Lydia encore plus hystérique et lui faire péter son dernier plomb…