Lydia avait voulu emmener son frère avec elle. Pour une de ces sortie mensuel. Et c'était vrai que Will' en avait bien besoin, mais c'était plus fort que lui. Il ne voulait pas sortir. Il avait tellement vécu dans sa bulle, renfermer sur lui même qu'il était encore étonnant que Lydia insiste encore pour l'emmener de force quelque part. Peut être savait elle que William aimait quand elle organisait quelque chose pour lui, pour qu'ils passent du temps ensemble. A moins qu'elle n'ait trouver personne pour venir avec elle ce soir...

Quoi qu'il en soit ils étaient dans le petit salon en train d'arranger leurs beaux habits en attendant qu'on attèle les chevaux. Pour la dixième fois de la journée, William allait essayer de convaincre sa soeur de renoncer à ces projets. Et pour une fois il avait de "bonnes" raisons.

"Lydia, nous allons au théâtre, mais êtes vous folle? Tout ce bruit, toute cette foule, vous savez que je supporte de moins en moins le vacarme. Voulez vous torturer votre propre frère? Je vous prie de croire que je en survivrais jamais à cette sortie..."

William exagérait bien sur, sa soeur ne le torturait pas, enfin bien moins qu'il ne ce torturait lui même. Elle avait certainement compris que moins son frère sortirait moins il aurait envie de sortir. Et c'était hors de question qu'elle laisse son frère devenir un ermite. William songea en effet que tout compte fait, sa soeur le connaissait bien. Et lui, pas si bien que ça.
Oh non, maintenant il allait être obligé d'aller voir cette pièce avec Lydia, pour en savoir un peu plus sur elle. Mais vraiment sur elle, pas pour connaitre tous les derniers potins et les dernières rumeurs de Meryton.
Les sentiments fraternels réussissaient à surpasser la maladie. l'amour surpassait toujours tout. Et il était heureux en ce moment d'avoir son adorable et incroyablement bavarde petite soeur à ces côtés.

William soupira et dit: " C'est bon chère Lydia, ne répondez pas à cela. Je vais venir avec vous au théâtre, mais j'espère bien que vous avez réserver un balcon rien que pour nous, je ne veux aucun lord, aucune lady, aucune miss qui glousse à mon oreille où qui accable de reproche les comédiens."

Une des passions, somme toute nombreuses, de Miss Shatterney était le théâtre. Elle adorait voir ses personnages préférés prendre vie sur scène, sentir les émotions des comédiens... Mais ce qui lui plaisait encore plus dans cette activité, était de trouver un public... pour faire sa propre comédie ! Se parer de sa plus belle toilette, voir tous les regards tournés vers elle... un délice ! A Meryton les soirées mondaines se faisaient rares et ne pas apparaitre dans ces rares occasions serait un sacrilège.
D'une autre part, une chose qu'elle ne pouvait supporter était le manque d'entrain de son frère adoré pour toute vie sociale. Il détestait fréquenter les lieu publics. Sortir était pour lui un supplice : sa maladie, encore fort obscure, lui provoquait d'insoutenables migraines, plus encore en présence de bruits soutenus. Mais Lydia pensait que, pour être un lord digne de ce nom, il se devait de paraitre en bonne société et de passer au dessus de ses "petits maux de tête".

William était tout pour elle. Et bien qu'elle détestait voir quelques pauvres Miss tourner autour de son frère, elle savait qu'il était nécessaire pour lui de trouver une femme qui prendrait soin de lui. Enfin quand elle dit, qu'il doit se trouver une femme, ce n'est qu'une façon de parler. Il épousera la femme qu'ELLE aura choisi, point. Pour cela, il fallait qu'elle sorte avec lui, le plus souvent possible. Elle ne savait que trop bien que beaucoup des demoiselles du village convoitaient le jeune homme. Il fallait qu'elle repère lesquelles avaient ses faveurs pour connaitre l'ennemie, et s'en débarrasser au plus vite. Une sortie au théâtre s'imposait donc, vraiment.
Elle fut donc fort satisfaite de le voir se ranger de son avis assez rapidement. Elle avait déjà une foule d'arguments à lui opposer pour le faire venir. Elle les noterait précieusement, pour une autre fois. Ne jamais gaspiller un bon argument était sa devise.
Elle sourit, lui fit son regard le plus charmeur, celui pour lequel il craquait à chaque fois, celui de sa petite soeur adorée. Elle battit des cils et fondit dans ses bras, telle une petite tornade. Impossible qu'il change d'avis.

- Mon cher William, comme je suis heureuse ! Nous allons tellement nous amuser ! Je vous promets que vous ne serez point déçu !

Elle prit soin de rajouter l'argument de taille, histoire de finir de le convaincre :

- Je vous aime tellement, vous l'ai-je assez dit ?

Evidemment qu'elle l'aimait plus que tout au monde, mais le mentionner à cet instant relevait plus d'un brin de manipulation. Sacrée Lydia ! Beaucoup se demandait comment elle pouvait avoir un frère aussi calme, sage, et posé. Tout son contraire. A Meryton on se plaisait à dire qu'ils étaient différents même physiquement, la blonde et le brun, deux opposés. On se demandait si un jour, il arriverait à la canaliser, un peu. Pour le moment, il n'avait pas pris soin de la remettre dans le droit chemin. Peut être parce qu'elle savait parfaitement dissimuler toutes ses péripéties. Au moins pour son frère, enfin c'est ce qu'elle croyait. L'arrivée des lettres de commérages à la mairie, pourrait, un jour, poser problème, mais pour le moment, Lydia s'en sortait plutot bien.

Le fiacre arriva et elle le précipita pour qu'il entre, l'emportant dans son tourbillon habituel, le noyant de paroles. Le point de non retour fût atteint. Lydia avait obtenu la sortie tant désirée.

Spoiler:

Sa soeur avait un énorme besoin d'attention. Elle devait ce montrer, être aimée, admirée, enviée. Mais ce qu'elle ne savait pas c'est que petit à petit elle détaignait sur William. Jamais il ne l'aurait avouer. Mais il était plaisant de regarder les gens s'écarter devant eux, comme la mer rouge. Les voir chuchoter à l'oreille de leurs voisins dès que les enfants Shatterney apparaissait était source de réconfort! Incroyable. Lui aussi était superficiel. Pfff, cette Lydia faisait vraiment tout ce qu'elle voulait de lui. C'était comme une enfant qui jouait avec des jouets grandeur nature. Pas méchamment, mais elle réussissait à les faire jouer dans son sens, jouer avec elle et pas contre elle.
Les gens n'étaient que des marionnettes pour sa petites soeur, tant qu'ils n'avaient pas gagner son attention et son respect de manière honnête. Il devait avouer qu'elle avait toujours bien choisis ces amis, des gens respectables et intelligents.
"Je vous aime tellement, vous l'ai-je assez dit ?3
Quelle manipulatrice! William avait bien envie de lui lancer une petite pique pour enlever son sourire victorieux à sa soeur, mais il avait accepter de lui même de venir. Il ne pouvait plus faire demi-tour maintenant...

"Oui, vous me le dites assez souvent, surtout quand je me range de votre avis Lydia" lui répondit-il en lui appuyant doucement sur le nez avec son doigts.

"Comment pourrais-je vous refuser quelque chose que vous aimez tellement à cause d'une pitoyable excuse, un jours entier de repos et ma fatigue après ce soir n'y paraitra même plus!"

Ensemble ils allaient souvent à l'opéra. Pour voir un opéra en entier, ils étaient obliger d'y aller 4 où 5 fois. Les voix des chanteurs avaient tendance à rendre William vite malade. Mais à petite dose, ces sorties lui faisaient du bien et il ce sentait moins inculte quand il parlait avec les autres jeunes gens des spectacles que lui aussi avait vu. Plutôt endurer milles sorties au théâtre que de laisser Lydia lui raconter acte par acte, scène par scène, ligne par ligne l'histoire, décrire les acteurs et les décors. Elle n'avait jamais assez de la journée cette pipelette. Heureusement qu'elle avait une voix douce.

Maintenant la seule chose que William espérait c'était de ne rencontrer personne, pour ne pas avoir d'autres occasions de discuter. Sa soeur ayant un cercle de connaissance plus étendu que le lac bordant Meryton, il adressa une prière silencieuse à Dieu. Qui était capable de prévoir ce que leur escapade promettait. En montant à la suite de sa soeur dans le fiacre, William ce retourna et jetta un dernier coup d'oeil au manoir. Dans quel aventure s'embarquait-il encore? Le rire de Lydia venant de la cabine sonnait comme une promesse...

Spoiler:

Lydia sourit de son air angélique et monta dans voiture. Elle frappa contre la petite fenêtre qui la séparait du cocher et lui ordonna :

« Dépêchez vous nous sommes pressés, nous ne voulons pas faire attendre notre public »

Elle rit et se tourna vers son frère qui montait dans la voiture. Devant son ai perplexe elle ajouta :

« Tout le monde se presse pour voir les enfants Shatterney, si nous arrivons ne retard, nous décevrons tout le monde, et ferons de l’ombre aux comédiens en entrant dans la salle alors qu’ils sont déjà en scène.  Cela ne me déplait pas, mais c’est trop cruel. Allez, asseyez-vous, le cocher est déjà parti, vous allez avoir mal au cœur »

Elle tira sur sa manche pour qu’il vienne s’asseoir à ses côtés tandis que les chevaux s’emballaient. Une fois qu’il fût à ses côtés, elle posa sa tête sur son épaule, et se remit à parler, comme d’habitude.

« La pièce est magnifique, au la fin est si merveilleuse, voyez-vous, Dom Juan charme toutes les femmes, des plus nobles jusqu’aux paysannes, et à la fin… Oh je ne dois pas vous dire la fin, suis-je bête ! Enfin je peux vous dire que le comédien interprétant Dom Juan est un ami, oh il est charmant ! Nous avons eu l’occasion de discuter pendant la tempête ! Oh vous ai-je parler des costumes ? Magnifiques ! Dommage que Dom Juan meurt à la fin… Oh mince je vous ai dit la fin ! Heureusement que je ne vous ai pas parlé du Commandeur, je … »

Elle leva les yeux pour lui, avec un air de chat potté.


« Les comédiens racontent bien mieux l’histoire »
Puis elle haussa les épaules d’un air de petite fille. La voiture était déjà arrivée, 20 minutes que Lydia parlait. En un éclair elle se précipita dehors.

Elle adorait le théâtre. Une occasion de narguer tous ses prétendants, mais aussi ses rivales. Evidemment elle pouvait, aussi, surveiller qui s’approchait de trop près de son grand frère. Et étaler au grand jour leur beauté, et leur prestance.
Devant la calèche, elle jaugeait l’assemblée réunie. Daphnée discutait avec Mary, Cael était seul dans un coin, fumant négligemment un cigare, cette garce d’Elinor n’était pas très loin, mais aujourd’hui, Lydia ne s’intéresserait pas à elle. Georgiana lui sourit, elle lui rendit le bonjour avec un aimable sourire et signe de la main. Elle irait converser avec elle plus tard. Divers militaires lui ayant fait la cours, sans succès ou presque, étaient là également. Elle regarda discrètement son frère pour voir s’il avait remarqué le capitaine qui l’avait sifflée sur son passage. Elle rougit vivement espérant qu’il n’ait rien remarqué, cela était tellement déplacé. Elle attrapa William par le bras et essaya de l’entrainer à l’intérieur.

Bon sang, mais elle ne s'arrêtait jamais de parler! C'était sa maladie à elle. Née pour brasser de l'air, encore heureux qu'elle avait hériter de l'intelligence des Shatterney et que bien étant une pipelette accomplis, elle disait aussi d’intéressantes choses. Cela lui avait d’ailleurs permis d'étendre son influence au manoir, plus à la ville, à tous les niveaux. Elle savait tout, elle était au courant de tout avant tout le monde. On la chouchoutait, on essayait de l'acheter, de rester dans son entourage. Mais ces profiteurs de volaient pas longtemps autour de la jolie lumière qu'elle dégageait. Ils se brûlaient vite les ailes, laissant la place à d'honnêtes demoiselles et monsieur. Sa pour sur elle était bien entourer.
Ce soir William allait avoir une jolie démonstration de ces vautours qui voulaient une place à leur côté.


Le théâtre c'était son royaume, elle avait vu toutes les pièces, elle les connaissaient par coeur. Gare à qui conque essayait de la contredire sur le moindre détail.
Il n'était pas monter que déja le cocher lançait les chevaux sur la route poussiéreuse. (ouai une route quoi!)

"Lydia, les gens retarderons le début de la pièce pour vous... Croyez moi sur parole quand je vois dit que vous DEVEZ faire ralentir ces chevaux. Mon coeur ne supportera pas un second soubresauts."

Il allait lui vomir dessus... Quelle impatience pour quelqu'un d'aussi jeune! Mais bon elle était très divertissante.

Une fois assis, ça allait mieux. Mais sa soeur n'en avait pas fini avec lui, elle entreprenait de lui raconter de façon très détaillée, quelle genre de pièce et quelle histoire ils allaient voir. Son esprit ce déconnecta peut à peut. De toute façon dans pas très longtemps, il allait la voir la pièce. Mais si il écoutait Lydia, il saurait même la fin. C'était plus fort qu'elle.

Enfin le théâtre. Et il y avait foule. William en fut surpris, il ne s'attendait pas à voir autant d'amateurs de théâtre dans cette ville.


La soirée promis d'être intéressante quand William vit Lydia ce cramponner à son bras. Oui il avait entendu les sifflets, et oui il avait bien compris que sa soeur ne souhaitait pas rencontrer toutes les personnes dehors. Et pour pas changer il ne reconnu presque personne, seulement Miss Radcliff au loin, Georgiana l'amie de Lydia et Lord Vaughn qui apparemment semblait s'ennuyer..

"Rendrons directement dans le théâtre veux-tu Lydia, je ne souhaite pas m'attarder dehors..."
Non, pour lui aussi, aucun embarassement public ce soir.